mardi 15 avril 2008

Boycott !

Bonjour à tous !

Ce matin, je regardais la matinale de Canal. Ca m'arrive pas souvent, d'abord parce qu'en général le matin j'écoute la radio, et puis le matin, ben en général j'écoute la radio. Ou alors je dors. Ben là, je me suis dit qu'étant encore en repos aujourd'hui (avec mes journées à domicile de vendredi et samedi, je suis pas allé bosser depuis mardi dernier...), je vais me garder de côté le pod cast de Nagui et Manu, et je vais regarder ce qui se passe dans l'émission suivie par tous les 28-45 ans actifs et Parisiens de France. En même temps, cette émission se termine à 8h35, donc là j'écoute la radio...

Rien d'original dans cette émission, des chroniqueurs, des infos, la météo, j'ai l'impression d'avoir déjà vu ça. L'idole de toute une génération de trentenaires féminines, Bruce Toussaint, qui a le bon goût de faire encore croire à l'amour tous les gros de France (en tous cas ceux qui regardent et qui ont des amies qui regardent) est le prototype du type sympa, avec qui on a envie de partir en Scénic, en vacances à Deauville, et se balader au bord de la mer avec un pull autour du cou et un double cône à la main, tandis que notre brushing rend l'âme dans les alizés marins. Sauf quand il dit, a propos d'un site qui propose de ne pas regarder les JO : "Non mais euh... c'est une blague ? Ca ne sert à rien !" Là j'avais plutôt envie de le laisser en plan sur l'aire d'autoroute de Beuzeville et de finalement partir en Bretagne, tellement mieux que Deauville à tous les niveaux, et tout seul.

On peut comprendre après tout, on est corporate ou on ne l'est pas. Et oui, Canal va retransmettre les JO, d'ailleurs son chroniqueur, un jeune Ken dont on a également vu les clônes dans d'autres émissions similaires, après avoir révélé le nom de ce site internet sacrilège, s'est immédiatement excusé de cet exocet lancé contre les intérêts économiques majeurs de sa boîte. Je crois que ce pauvre hère va avoir les doigts douloureux quand la règle de Bertrand Meheut sera passé dessus, à plusieurs reprises.

On peut lire un peu les mêmes arguments dans
l'Equipe. Oui l'Equipe, vous savez, le journal qui détient le monopole de l'information sportive quotidienne en France, et qui voit quand même son audience très sérieusement s'éroder depuis plusieurs mois. L'Equipe qui ose, imitant le Munster affirmant que le camembert pue, traîter les pro-Boycott de "faux-culs" !! A ce propos, je vous conseille cet article, qui prouve que le monopole entraîne la médiocrité, paru, bien entendu, dans les merveilleux Cahiers du Foot. L'Equipe qui, forcément, compte sur la poule aux oeufs d'or olympique pour se refaire un peu la cerise cette année, et qui ne peut donc sérieusement donner de la consistance à l'idée d'un boycott sans se tirer une balle dans le pied. Canal, l'Equipe : deux entités aussi crédibles dans ce débat que Sarkozy sur celui sur les re-mariages avec des top models.

Donc, ça ne sert à rien, à ce qu'on dit. Donc, comme ça ne sert à rien, il ne sera absolument pas génant de regarder du sport se dérouler dans un stade construit par des paysans arrachés de force à leurs terres pour y bosser 20h/24 pendant plusieurs mois avec pour tout salaire la vie sauve, ou presque puisque certains y ont trouvé la mort, dans ce stade. Ca ne sert à rien, oui. Sauf que, à part aller en Chine, défaire l'armée chinoise, libérer le Tibet, créer plusieurs partis politiques et plusieurs journaux libres, je ne vois pas ce que nous, simples citoyens lambda, pouvons faire qui pourrait réellement servir à changer les choses de façon substancielle. Boycotter "le dragon bleu", le petit resto chinois du quartier ? Jeter à la benne le service d'assiettes en porcelaine de chine offerte par mamie Gisèle ? Boycotter les brocantes, afin de ne plus risquer de "chiner" ? Se balader avec un pin's avec écrit dessus "les Chinois, franchement, des fois vous êtes pas toujours très gentils quand même, mettez-les en prison mais ne les enchaînez pas non plus, ça doit faire mal", histoire de répondre au dévastateur "pour un monde meilleur", que le CNOSF vient d'interdire aux athlètes français à cause de son message subversif et un poil trop ancré politiquement (sans rire, voir l'article de Sport24) ? Manifester tous les jours dans les rues de Paris ou ailleurs contre la politique chinoise, en Chine et au Tibet ? Même de ça, franchement les Chinois en ont autant à foutre que du dernier disque d'Eve Angeli. Au moins un point commun avec la France, au passage.

Jean Paulhan, qui a posé les bases de la résistance dès 1940, et fondateur d'une revue portant précisémment ce nom, dira d'une telle utopie : "
Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué. C'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeille". C'est comme pour une élection : ta voix en elle seule n'est qu'une goutte dans l'océan, mais si on les enlevait toute il n'y aurait pas d'élection. La réalité, c'est que rien n'est minime, tout compte. Si personne ne regarde ces JO, ça va chier, quoiqu'on en dise. Si un des favoris des JO avait décidé de refuser d'aller aux JO au lieu de penser à ses petites médailles dont se contrefoutent complètement les innombrables victimes du régime chinois, ça aurait chié. Pendant des mois je me suis dit "y en a bien un qui va avoir ce courage !" Peine perdue ! On vit dans un monde consensuel, ou le moral de nos sportifs, pauvre petits otages d'un élan populaire formidable lors du dernier passage de la flamme, est plus pris en considération que le sort des opposants chinois, ou l'essentiel, c'est de vendre des airbus ou des TGV, bref, un monde à gerber.

En août, je ne regarderai pas les JO. Hu Jintao s'en contrefout, ses prisonniers aussi, mais pas ma conscience, et c'est avec elle que je vis.

Bonnes journées !

lundi 14 avril 2008

Ba qui ? Koné pas

Bonjour à tous,

Pour mon anniversaire, mon pote D., qui va nous abandonner dans une poignée de semaines pour aller conquérir le Québec, m'a payé une place pour aller voir PSG-Nice, qui se déroulait hier soir. C'était bien sympa de sa part, d'abord parce que c'est cher, ensuite parce que ça faisait plus d'un an je pense que je n'étais pas allé au Parc. C'était surtout risqué : aller voir le PSG quand on en est supporter, c'est un peu comme aller en vacances à Beyrouth, c'est joli mais t'es jamais sûr de subir des évènements qui vont gâcher tes vacances.

Le Parc, c'est magique. D'abord, c'est le plus stade de France, même si ce n'est pas très difficile. Pour un stade vieux de 34 ans, c'est une belle performance. Ensuite, il est quasiment fermé : il y réside donc les soirs de match, en terme de résonnance, un son exceptionnel, qui tourne et vous cloue à votre siège, aussi inconfortable soit-il. Quand les 2 kops se répondent, c'est un peu comme quand les deux pans de la mer se referment sur les cavaliers de Ramsès II dans les
10 Commandements : un double fracas. Un choc à chaque réponse. Un régal. Moi, quand je suis là-bas, je ne me sens plus, je ne suis plus le type à côté de qui personne ne s'asseoit dans le RER parce que je prends une place et demie, je ne suis plus l'anti Sarkozyste notoire, favorable au Boycott des JO, je ne suis plus rien, je suis habité. Au Parc je suis une des gouttes du torrent, je crie, je dirige, comme un Chef qui dirigerait son orchestre devant la télé. D. a du halluciner, comme d'autres avant lui. Je ne suis pas spectateur comme la majorité des publics de stade en France, je participe physiquement. Je finis éprouvé, enroué... et dévasté quand le scénario se révèle trop cruel.

Le fait est qu'hier, avec D. on a assisté à un des grands matches de la saison, du moins sur le plan de l'intensité et surtout de son scénario. Un de ces scenarii (j'enlève l'accent, c'est Italien comme mot, enfin je crois) que l'on ressent toujours de façon très forte, mais dans des sens opposés, selon qu'on est supporter d'une équipe, de l'autre, ou qu'on soit spectateur neutre. De fait, même en tribune de presse, et même devant Canal, des spectateurs neutres il devait pas y en avoir des masses hier. Enfin, j'me comprends.

Paris entame bien son match. Certes, il y a des lacunes dans son jeu (manque de mouvement devant, dernière passe déficiente) mais Paris pousse, bouscule au courage une des meilleures défenses de Ligue 1, réputé pour son jeu de contres de qualité. Le piège est tendu, et va vite se refermer sur des Parisiens offensifs mais terriblement maladroits, à l'image du jeune Chantôme qui, j'en suis sûr, jouera un grand rôle dans la remontée en 2009, au mieux...

Relais de Laslandes - 2e meilleur buteur de l'histoire de la Ligue 1 en activité, pas très loin derrière... Pauleta - pour Koné, qui trompe Landreau. En début de match j'avais dit à D. qu'il fallait se méfier de Laslandes, qui ne court plus et marque encore moins mais qui compense par une intelligence de jeu phénoménale, qui fait de lui le véritable cerveau de cette équipe. Ca a pas loupé. Comme d'hab, Paris ne le mérite pas mais Paris est mené. Ca fait toujours aussi mal, après plusieurs mois d'abstinence de Parc des Princes, de voir les joueurs adverses fêter leur but au Parc. C'est ce qui fait sans doute le plus mal. C'est un peu comme si vous invitiez des gens chez vous et qu'ils faisaient la fête autour de la table parce que vous leur avez servi est très mauvais. Ca vexe, vous avez envie de leur dire "vous avez été élevé chez les Sarkozy ou quoi ?"

On atteint donc la mi-temps sur ce score particulièrement injuste. Après avoir vu, à la pause, deux équipes de gamins réussir en 5 minutes ce que les 2 équipes adultes n'avaient pas réussi avant en 9 fois plus de temps - mais avec des défenseurs pour les empêcher, quand même-, on assiste à un bon retour des Parisiens, qui égalisent par Luyindula, que je ne croyais plus capable de ne se créer ne serait-ce qu'une occasion dans le reste de sa carrière. C'est toujours terrible de voir un joueur au passé si exceptionnel (à Strasbourg et à Lyon) se traîner comme s'il avait récupéré les jambes de son grand oncle. Là il ne marque pas un but à la Luyindula, mais on ne lui en veut pas. Bien au contraire. Et c'est Pedro qui provoque ce but, Pedro, notre idole à tous. Saint-Pedro, maintenez-nous.

Tient, justement, à un quart d'heure de la fin, l'Aigle déploit ses ailes pour tromper le sosie de Pierre Palmade, accessoirement futur gardien des Bleus - plus que Manbanda, idole des rédactions sportives de ce pays -, Hugo Lloris. 2-1 ! Incroyable, que c'est bon ! Que c'est bon ! Ca va tenir, c'est pas possible ! On va se maintenir, c'est sur ! On ne peut pas marquer 2 buts à cette équipe de Nice sans gagner, ce ne serait pas moral.

Les secondes sont comme des années, les minutes comme des siècles. Nice se met enfin à pousser, et rate une 1e occasion par Koné, qu'on ne voyait plus depuis son but. Mais la défense parisienne, si au point depuis le début du match, et sensé être le point fort de l'équipe, va se ridiculiser dans les 10 dernières minutes. La faute à la sortie de Rothen sur blessure à l'heure de jeu. D'abord parce que son remplaçant, Souza, qui a par ailleurs fait plutôt une bonne entrée, est un milieu droit ou axial, pas un milieu gauche, ce qui va ouvrir des brêches dans ce couloir, d'ou viendront les 2 buts assassins. Ensuite parce qu'avec sa sortie, le lien avec les 3 (!) attaquants s'était singulièrement réduit, au point de disparaître. Nice est aux manettes.

Koné va se balader dans la défense et tromper Landreau, juste sous nos yeux. J'était pile dans la trajectoire de son tir, avant même qu'il rentre y avait déjà but. Notons, pour augmenter le taux d'ironie dans ce match, que Koné, auteur de 12 buts cette saison, n'avait encore jamais marqué à l'extérieur... il y a des gens qui choisissent leurs matches. Ederson, le futur Lyonnais, qui avait raté un penalty face à Lille le week-end dernier et qui était critiqué pour avoir un peu trop la tête dans le Rhône, va l'imiter, après voir éliminé Yepes et Armand. Yepes qui faisait un match de malade derrière jusque là, repoussant tout, taclant quand il fallait. Un roc. Qui ne fut plus qu'un plot, un pantin désarticulé comme l'a souligné mon collègue de Sport24 Vincent Duchesne dans son compte-rendu. Les Niçois s'imposent, et mon coeur est brisé, je suis effondré. Je vois le défenseur niçois Apam, à l'autre bout du terrain, se mettre à genou et remercier son Dieu, quelqu'il soit. Ce qui tendrait à prouver que soit Dieu, comme le reste de sa création, n'aime pas le PSG, ou plus simplement qu'il n'existe pas, pas plus que ses collègues, plus occupés à nous envoyer de la neige ou de la grêle en plein mois d'avril plutôt que de s'occuper du Tibet ou de la crise alimentaire en Afrique.

D'habitude, quand on sort du Parc après une défaite, on entends parmi la foule des cris de colères, de déception, des analyses tactiques à l'emporte-pièce, on réclame la tête de l'entraîneur. Là, rien. Est-ce parce qu'on était en tribune Paris, et pas dans un des virages ? Les supporters, habitués depuis 2 ans au bas de tableau, semblent résignés à la descente. Et je les comprends, on y va tout droit. "On", parce que s'ils descendent, je m'abonne, et j'irai ptet même les défendre à Vannes, Châteauroux ou Niort. Histoire de voir du pays. On y va tout droit parce que du club des 4 menacés (Paris, Lens, Strasbourg et Toulouse), on était les seuls à recevoir. Lens et Strasbourg ont perdu, mais à l'extérieur, ça compte nettement moins. Pour se maintenir, le mieux est de faire le plein à domicile, ça devait suffir, avec 44 points c'était dans la poche. On n'avait pas le droit de perdre, et on ne méritait pas de perdre. Surtout pas comme ça.

Désolé pour ce nouveau post de foot, je comprends bien que ça ennuie les gens dans le pays le moins footballistique à l'est du Colorado, mais moi en ce moment, entre les problèmes de mon club chéri, et le boulot qui me prends beaucoup de temps et qui tourne QUE autour de ce sport qui passionne tant de gens dans le monde, et qui est capable de réunir plus de 160 000 spectateurs en 2 demi-finales de Coupe d'Angleterre, à Wembley (rappelons les têtes d'affiches : Portsmouth, seul club de Premier League, Barnsley, Cardiff et West Bromwich Albion), bref avec tout ça, difficile de penser à autre chose.

Dernière chose, la banderole vue dans le virage Auteuil, juste au moment de la reprise du match : "Démagogie, désinformation, hypocrisie, sensationnalisme, antiparisianisme: bienvenue chez les médias".

Je ne peux que souscrire à deux mains avec ce constat.

Bonnes journées quand même.

jeudi 10 avril 2008

Boule de canon

Salut à tous !

Aujourd'hui, pour changer, je vais vous parler de foot, et cette fois pour de vrai. Si si, je vous jure. J'ai constaté que pour mon dernier post, comme pour les émissions de télé, mon audience chutait littéralement après les mots "je vais vous parler de foot", pouf ça zappait vite fait. Donc là ça doit être pareil, tant mieux j'aime bien les ambiances intimistes.

Aujourd'hui, je savoure mon 2e jour de repos d'affilée. sauf que les week-end en pleine semaine, je vous les conseille moyen, y a personne et vous vous ennuyez comme des rats morts qui s'ennuient. Mais au moins je peux souffler, après 6 jours dantesques ou j'ai fait que bosser, bosser et encore bosser, 24h/24 ou presque.

Au passage, je savoure mais la chute de tension est quand même abyssale, surtout que demain je bosse que le soir, donc en fait ça fait quasiment 3 jours de repos - bien mérités, rajouterais-je. N'empêche, ça fait tout drôle.

Donc ce matin, comme hier, c'était grasse mat. A 9h je me réveille et je met la radio, pour écouter la fin de Nagui et Manu, émission matinale de Virgin Radio, ex Europe 2. Si je n'ai jamais été un fan de Nagui, malgré Taratata, que tout féru de musique ne peut qu'aimer, j'ai toujours été un grand fan de Manu, alias Maître Lévy, ancien acolyte d'Arthur à la radio. Je le suis depuis 15 ans à la radio, et il me fait toujours autant rire. Cet après-midi par exemple, j'écoutais par podcast interposé l'émission de mardi, et à un moment je me suis pas arrêté de rire pendant 2 minutes. Bref.

Et donc, peu avant 10h, et la fin de l'émission, Virgin Radio a eu l'énormissime idée de diffuser ça :



Purée, rarement mon lit avait connu un tel raffut. J'ai pété un cable, j'ai joué de la basse, de la batterie, de la guitare, j'ai chanté comme un Dieu. C'est un des morceaux, avec "Bohemian Rhapsody", "Smells Like Teen Spirit", "Antisocial", "Sambre-et-Meuse" ou "Money for Nothing", qui rendent mon corps, si lourdeaux et peu adapté à la danse, complètement incontrôlable, un peu comme quand on diffuse les Corons au stade Bollaert. La teuf intégrale.

Au delà de ça, ça reste un de mes morceaux mythique de la fin de mon adolescence. Oui parce que en 1994, mon adolescence était sur le point de se finir, même si certains diront que ce processus douloureux n'est pas complètement achevé chez moi, à 33 ans et 12 jours... Je pense que pas mal de trentenaires actuels ou futurs seront de mon avis, c'est un morceau mythique, et surtout incroyablement bien foutu. La basse - jouée par l'ancienne bassiste des Pixies et leadeuse du groupe, Kim Deal - est notamment incroyable sur ce morceau. J'ajoute que c'est souvent une bonne basse qui rends les groupes fabuleux, comme les Red Hots, Nirvana ou les Stones. Pour moi, la batterie c'est le squelette d'un morceau, la batterie la musculature, la guitare et la voix sont les vêtements, les accessoires tout ça.

Sur ces considérations physiologico-musicales, je vous laisse, et bonne madeleine de Proust, comme dirait mon pote Z.

PS : j'ai pas parlé de foot, ahah je vous ai bien eu.

mercredi 9 avril 2008

Faux-cul, décervelée, haineuse, bienvenue dans la pensée unique

Salut à tous !

Mon assiduité très relative à ce blog ne joue certainement pas en sa faveur, et je préfère ne pas en connaître les chiffres de fréquentations. C'est pas grave en même temps, après tout les blogs au départ on les présentait comme des journaux intimes... publiques, pas des tribunes comme c'est souvent le cas désormais. Ben voilà, je reviens à la source du blog : c'est un journal intime, que vous, éventuels lecteurs, pourriez lire après l'avoir trouvé sous mon lit, caché derrière deux caleçons douteux et un exemplaire poussièreux de l'Equipe datant de septembre 2005. Dans ce cas, bienvenue, et bonne lecture.

Vous savez quoi ? Je vais encore parler de foot, et en même temps pas du tout. Si vous trouvez des traces de nom de joueur de foot, d'analyse tactique ou de critique sur l'arbitrage dans ce qui suit (et pourtant je pourrais, sachant que Pauleta vient de se voir refuser 2 buts valables en 2 matches, dans l'indifférence générale évidemment, stop a y est c'est tout), et ben vous me le dites et je les enlève. D'ailleurs, cette absence totale de rapport avec le terrain prouve que ce que je vais dire tombe sous le sens.

A moins que vous vous soyiez retrouvé coincé dans votre Micra parce qu'un gros con ce sera garé trop près de votre portière, et qu'il n'aura pas récupéré sa voiture depuis - dans ce cas vous êtes mort de faim et de soif, mes condoléances, et je me demande vraiment ce que vous foutez là - aucune chance que vous soyiez passé à côté du tsunami médiatique né de la banderole vue lors de la finale de la Coupe de la Ligue, remportée, paraît-il - mais les images sont rares - par le PSG. De fait, depuis ce samedi, ou jamais sans doute victoire ne fut si peu fêtée et encore moins relevée, je digère cette affaire. J'ai préféré attendre la fin de la tempête, et réagir à froid, j'ai donc fait exactement l'inverse de tout le reste de la population. Accablé, comme tout être de bon sens qui se respecte, par le message débile de cette banderole, dont je ne révèlerai pas le contenu tout simplement parce qu'il est connu de tous, et ce n'est pas la peine de lui faire encore plus de pubs, je me suis tout de suite dit que ça allait être la fête du club et de ses supporters, évidemment amalgamés avec les 10 crétins auteurs de cette blague de potache. Evidemment, ça n'a pas loupé.

Entre Sarkozy qui se fait passer pour le héros qui a su, par son intervention décisive et prompte - 4 minutes - faire enlever cette vérue du stade, au maire de Lens, qui porte plainte envers tout et n'importe quoi et réclame de rejouer le match - et si on recommençait les élections municipales parce qu'il y a eu des votes pour le Front national en France ? -, aux interventions de Dany Boon et autres personnalités fortement qualifiées dans cette affaire, on a tout eu. Tout. Extraits tirés des Cahiers du Foot, une fois de plus parmi les seuls à ne pas plonger quand on leur dit de plonger :

"Frédéric Thiriez a donné le ton et fait admirer son vibrato: "Nous sommes tous des Ch'tis". La banderole n'est plus seulement insultante pour les "rivaux lensois" des supporters parisiens (L'Équipe, dimanche), mais pour "toute une région sur laquelle on a craché" (Gervais Martel, lundi). Le registre de l'humiliation s'impose. Il faut surtout justifier – tout en l’entretenant – l’emballement en cours. Manifestement, il faut convaincre les Nordistes qu'ils ont été outragés. Martine Aubry fustige "une banderole haineuse et violente" qui "humilie tous les habitants du Nord-Pas-de-Calais". On invente des concepts en accouplant des notions. Dans la bouche de Guy Delcourt, cela donne "racisme régional", comme s’il fallait à tout prix accorder à la banderole un label d’ignominie indépassable.

"
Face à la peine des Ch'tis, le PSG avoue sa 'honte'" (Le Parisien). "On a insulté un peuple, on a insulté une région", renchérit Jean-Pierre Papin. Gervais Martel en a "gros sur le cœur" et parle de "viol". Guy Delcourt, maire de Lens, se dit "humilié". Il demande qu'une minute de silence soit observée à l'Assemblée nationale "à la mémoire des mineurs qui sont morts pour la France et de ceux qui sont encore en train de mourir". "Derrière le Racing Club de Lens, c'est le contrat social qui était visé; derrière les Sang et Or, c'était le bleu-blanc-rouge", clame Christophe Barbier dans L'Express.

Le choix des mots
Curieusement, on continue à nier l’humanité des auteurs de la banderole, à la façon de l’éditorialiste du Quotidien du Médecin (!) qui les diagnostique comme des "débiles mentaux" ou de son homologue de L’Indépendant du Midi qui voit en eux des "barbares". On recourt à des métaphores qui expriment la dégradation et la maladie – "Paris et sa gangrène" (L'Équipe), "La gangrène du ballon rond" (La Dépêche du Midi), "la gangrène poursuivra son oeuvre sinistre" (Républicain Lorrain) – et à… des insultes ("Bienvenue chez les cons", Libération). Dany Boon est appelé comme grand témoin de l'affaire et parle de "monstruosité" et de "connerie faite humaine, même pas, d'ailleurs, faite inhumaine" (Aujourd'hui en France).

On n'hésite pas devant les comparaisons: le président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron, parle de "
nazillons". En une du Monde, Plantu dessine une croix gammée sous la banderole. Le MRAP évoque un "message xénophobe", cédant ainsi le Nord-Pas-de-Calais à Belgique. Mercredi, Bernard Laporte fixe la barre un peu plus haut: "Samedi, nous avons atteint le paroxysme de l'idiotie et de la bêtise humaines". Il confiera aussi son souhait "d’éradiquer ces gens-là" des stades." (extrait de "Banderole décomposition", datant du 7 avril)


... que rajouter ? L'éxécution fut sommaire, exemplaire, mais le coup de grâce n'a pas encore été donné. Ce sera le cas demain, lorsque la commission de discipline de la Ligue se réunira. Comment pourraient-ils se priver du plaisir d'enlever des points au PSG, qui n'a vraiment pas beaucoup ? Ils n'ont pas hésité à le faire à Bastia, pour une poignée de crétins racistes qui ont insulté le Libournais Kébé, et à Metz, pour un (!) type qui s'est cru intelligent d'insulter le Valenciennois Ouaddou. Dans les deux cas, comme dans le cas du PSG demain, le sportif, c'est-à-dire ceux le moins responsable dans ces affaires, est sanctionné. Les points, ce sont bien la propriété des joueurs non ? Des techniciens, de l'entraîneur ? Sont-ce les fachos des tribunes qui ont gagné ces points, comme les Nantais qui avaient offert 2 points à Toulouse la saison dernière, ce qui avait permis au plus faible club n'ayant jamais représenté la France en Ligue des Champions de se faire étriller par Liverpool (0-1, 0-4), après être passé de la 8e à la 3e place (!).

Ok, là c'était du foot, mais c'était une digression, ça compte pas.

Pourquoi enlever des points ? Pour que ce soit plus lisibles pour les gens. Comme les clubs sont sensés nager dans les milliards d'Euros, selon la sagesse populaire, une simple amende, aussi grosse soit-elle, ne parlerait pas à la population, ne lui ferait pas sentir combien la Ligue est concernée et sait se montrer sévère. Pourtant, je peux vous dire qu'une amende d'un ou plusieurs miliions d'Euros, redistribués ensuite au foot amateur, ferait nettement plus mal qu'un point. Que ce soit pour Bastia, désormais écarté de la lutte pour la montée en Ligue 1, ou Metz, depuis longtemps relégué en Ligue 2, ça ne change rien. En ce qui concerne le PSG, s'il descends à cause de ce point en moins, ça risque de se mesurer en dizaines de millions d'Euros... autant les reléguer tout de suite dans ce cas, comme le réclame certains réduits du bulbe.

La réalité, c'est que mon club de coeur se meurt, que tout le monde fout des coups de tatanes dans le cadavre parce que c'est la mode et que c'est facile, et ça m'arrache les tripes. C'est pas grave, je le suivrais et le soutiendrais en Ligue 2, en National, en DH, en promotion de Ligue, en Championnat du dimanche matin, ou vous voulez. Tant que ces couleurs qui m'ont fait rêver contre le Real (2 fois), Barcelone, Liverpool, le Bayern, la Corogne, Parme, Marseille (oui oui, c'est arrivé), qui ont gagné 13 titres majeurs en 26 ans, dont 7 coupes de France, 3 Coupes de la Ligue (record national) et une des deux Coupes d'Europe françaises, qui détiennent le record de demi-finales européennes d'affilée (5, de 93 à 97, dont les 2 dernières victorieuses) et qui oeuvrent énormément en faveur des clubs amateurs en Ile-de-France, tant que ces couleurs bleues et rouges seront portées par des footballeurs sur un terrain de foot, je les soutiendrais. Si je ne les soutiens pas quand ça va mal, quand les soutenir ?

Sur ce, je vous laisse.