lundi 28 février 2011

Royal


Salut à tous,

Aujourd'hui j'avais enfin du temps à moi, et, coup de bol, l'occasion de faire ce que j'avais envie de faire ces dernières semaines, à savoir revoir "The King's Speech", bêtement appelé en France (et non au Québec) "le discours d'un roi". La première fois, dès la sortie de la salle j'avais envie de le revoir. Non pas, comme pour le "6e sens" par exemple, pour voir comment le suspense a été construit et la fin, énorme, subtilement amenée. Mais plutôt pour revivre les émotions qui m'avaient habité quelques minutes plutôt. Pour moi, c'est juste un des tous meilleurs films que j'ai jamais vu dans ma vie.

Du coup là j'y suis retourné, et pour tout dire, une fois assis dans une salle pleine comme un œuf, effet Oscar oblige, j'ai eu comme un doute. Bon c'est un super film, mais je l'ai déjà vu, est-ce que j'allais ressentir les mêmes choses, alors qu'à chaque scène j'allais savoir ce qui allait se passer ? Ce doute s'est cependant assez vite estompé. Dès la première scène, et ce discours bégayé à Wembley en 1925, j'ai été pris à nouveau, bouleversé par les expressions de Colin Firth et d'Helena Bonham Carter, et cette scène où cet homme de pouvoir voit sa puissance présumée s'effondrer publiquement, aux oreilles de tout l'empire britannique, sans parler de sa femme, des pontes et des notables qui l'entourent. C'est quand même beau, les grands acteurs.



La suite est du même acabit. Le premier face à face entre le membre de la famille royal guindé et colérique, et l'Australien excentrique qui exige l'égalité pour pouvoir traiter son bégaiement est terriblement savoureux, déjà sans doute une scène mythique du cinéma. Si Colin Firth est l'un des Oscars du meilleur acteur les moins discutables de l'histoire, Geoffrey Rush aurait également mérité une statuette en tant que second rôle.

Et la scène finale, évidemment, est bouleversante.



Sur les notes sublimes de Beethoven, le duo se remet en branle. Colin Firth est... massif, dans sa performance. Geoffrey Rush, tellement subtil, le dirige au début, et puis au bout d'un moment le laisse faire, et semble même touché par le discours qu'il a pourtant lui-même permis d'exister. Ça fait 2h11 que je suis sorti du ciné, et j'ai toujours cette musique dans la tête, entêtante. Si vous ne l'avez pas vu, c'est une erreur, faites le.

En dehors du fait que j'adore ces reconstitutions historiques, encore plus quand les personnages y sont réussis, comme l'est Churchill par exemple, c'est ce genre de films, d'œuvres, qui me donnent envie de créer des choses, raconter des histoires comme je le faisais quand j'étais gosse, dans mes BDs ou sur ma machine à écrire, que j'ai usé en un temps malheureusement record, comme la plupart des objets qui ont la mauvaise idée de m'échoir. C'est comme si j'y arrivais par procuration. Quand je regarde ces œuvres-là, j'ai pas seulement envie de me remettre à écrire - ça m'arrive occasionnellement, mais trop malheureusement - mais que ça donne quelque chose, que ça marche. C'est vraiment quelque chose que j'ai dans le ventre, que je sais pouvoir faire si j'en avais les moyens mentaux, si j'arrivais à me faire mal. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire.

Bref, pour tout vous dire, j'ai encore envie de le revoir. Ça ne m'avait plus fait ça depuis le dernier volet de Star Wars, que j'ai vu six fois :p

Je vous laisse.

vendredi 25 février 2011

Tron


Salut à tous,

Depuis l'annonce de la sortie de la suite de Tron au cinéma, j'avais envie de voir, ou de revoir ce film mythique et surtout incroyablement visionnaire. Ce matin, j'ai assouvi ce souhait, je l'ai vu en streaming, en VF certes - avec un Jeff Bridges affublé de la voix de Stallone - mais en chair et en os... enfin façon de parler.



Pour être honnête, je ne sais plus si je l'avais vu. Rappelons que j'avais 7 ans à sa sortie, en 1982 - glip. Aucune chance que je l'ai vu au ciné, puisque je n'y suis pas allé avant le collège. Ensuite, bizarrement il n'est jamais passé à la télé, du moins pas à ma connaissance, alors qu'il possède toutes les qualités pour être un classique des soirées dominicales : c'est spectaculaire, l'histoire est assez binaire, comme son environnement, et puis c'est un film Disney, il ne faut pas l'oublier. Mais si il a anticipé certains films, comme Total Recall, Matrix ou Terminator - les machines qui deviennent trop puissantes et veulent diriger le monde - il a en revanche terriblement vieilli. Il suffit de passer une nuit comme je viens de le faire à jouer à Call of Juarez pour le voir. Aujourd'hui, aucun gamin au monde ne peux imaginer à quel point nos jeux vidéos d'enfant étaient ridiculissimes. mais tellement kiffants, car révolutionnaires !



Gamin, j'avais plutôt lu le livre, que ma mère m'avait offert. Oui, comme souvent ils avaient sorti un bouquin tiré du film, en bibliothèque verte ou rose, je ne sais plus. Toujours est-il que ce bouquin m'avait profondément marqué, comme beaucoup de ceux que j'ai dévoré tout seul, dans ma grotte, tandis que la vie, la vraie, déroulait son ruban au-delà de ma porte et ma fenêtre. D'où cette impression - erronée, je pense - d'avoir vu le film.

Du coup, compte-tenu du décalage technologique avec aujourd'hui - chose à laquelle Star Wars, plutôt plus ancien, a échappé après plus de 30 années de progrès - je me demande bien à quoi peut ressembler la suite, toujours avec l'excellent Jeff Bridges, que j'adule littéralement. Ont-ils modernisé ce monde virtuel où les héros se baladent ? Forcément, mais comment ? Et les critiques complètement pourries que j'ai lu et entendu sont-elles justifiées ? Dans ces cas-là, peu importe au fond. Quand on a aimé une histoire, on doit voir la suite, même si c'est à chier, comme le troisième volet des Bronzés par exemple, le 4e d'Indiana Jones ou le Star Wars Episode I, suite de la première trilogie, heureusement rattrapé par le II et surtout le III, exceptionnel.

Bref, je vous laisse !

samedi 19 février 2011

Télé démultipliée


Salut à tous,

Ca me fait toujours une impression étrange de toucher à un des "progrès" de cette époque, des mois, voire des années après tout le monde. Je vais pas dire que je me sens normal tout d'un coup, parce qu'on va encore me dire que je me prends pour quelqu'un d'autre (et ça, c'est formellement interdit, 'tention), mais quand même, ça fait drôle.

Ce qui fait encore plus drôle, et ce qui énerve encore plus, c'est quand on se rend compte que le "progrès" sus-nommé mérite vraiment des guillemets.

Là par exemple, mon fournisseur internet, qui devait aussi me fournir, en plus du net, donc, et du téléphone, la télévision avec plein de chaînes géniales et tout, m'a enfin envoyé un décodeur en état de marche. Et ce, à quelques semaines du couperet de la télé numérique. A partir du 8 mars, je n'allais plus pouvoir compter sur mon antenne externe pour tenter de regarder mes 5 chaînes hertziennes et demi entre les flocons de neige. Déjà, j'étais privé de Canal depuis décembre. Ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers... je me rattrapais en regardant en ligne, mais ce n'est pas très pratique quand vous êtes déjà sur votre ordi. Et je ne parle pas de ce bandeau noir hyper énervant qui défilait au milieu de mon écran pour me dire que je devais me mettre au bonheur du numérique...

Quand j'ai changé de fournisseur, il y a un peu plus de 4 ans il me semble, il m'avait envoyé un décodeur qui avait fonctionné environ 5 jours, avant de se crisper dans une envolée de pixels du plus bel effet, au moment de mon retour d'Angleterre. Qu'à cela ne tienne, j'en demande un autre, qui lui ne marchera jamais. Et comme je ne suis pas du genre à insister lourdement, et comme il me semblait que je ne ratais pas grand chose de toutes façons - dans l'idéal c'est Canal Sat que je voudrais, mais bon - ben j'ai laissé traîné. Pour ce que je regardais à la télé.. du foot, des documentaires, des émissions culturelles ou/et politiques, ça se trouve facilement sur les chaînes traditionnelles. C'était juste l'image qui était à chier par terre, quand elle me parvenait. Mais là non plus, je ne suis pas particulièrement exigeant. Vous verriez ma télé, vous comprendriez que ce n'est pas une insulte pour elle de devoir fournir des images merdiques. Et puis Christian Jeanpierre, sous la neige, en bleu ou en orange, il est toujours aussi niais.

Mais là, ça allait commencer à urger. Étant persuadé que si je commandais un autre décodeur, ça n'allait pas plus marcher, je me suis mis en quête d'une antenne TNT, sans résultat. Y en avait, mais aucune qui était assurée de capter dans mon trou qui me sert d'appart. Et pas moyen non plus d'acheter de décodeur TNT, je n'ai pas de trou d'antenne... un trou dans un trou, ça jure.

Donc finalement je me suis décidé à relancer mon fournisseur, qui m'a donc envoyé un troisième décodeur. Et miracle, ça marche. Incroyable ! Pourvu que ça dure...

Dans la colonne progrès, je peux donc sans hésiter mettre la qualité d'image, difficilement descriptible par écrit pour tout dire. Mais assez classe, même sur ma télé moisie. Et vous me direz que je peux aussi mettre un choix de chaîne extrêmement étendu ? Bah non, pas vraiment. Avec le fait que je ne peux pas enregistrer un truc ET en regarder un autre (la base, pourtant), je mettrais ça plutôt dans la colonne stagnation, voire récession...

Je veux dire, oui, j'ai quoi, plusieurs dizaines de chaînes à ma disposition, ce qui devrait normalement me permettre de pouvoir, à toute heure, regarder un truc bien à la télé, si l'envie m'en prend. Sauf que depuis que j'ai le décodeur, ça m'est rarement arrivé. Je n'ai quasiment aucune autre chaîne qui diffuse du foot, hormis W9 et France 4, très occasionnellement. J'ai quelques chaînes musicales, qui diffusent les quatre mêmes disques toute la journée, ceux que Pascal Nègre et Max Guazzini leur fournit en l'occurrence. Au niveau ciné, j'ai pas grand chose, et de toutes façons je tombe toujours au milieu des films, ce que je ne supporte pas. Y a des séries, mais même chose, je n'ai plus trop l'habitude de les suivre à la télé, si vous voyez ce que je veux dire... elles passent à des heures indéfinies, et souvent en retard par rapport aux Etats-Unis. J'ai deux chaînes infos qui parlent des mêmes infos parues sur internet plusieurs heures plus tôt. Et puis y a de la télé-poubelle. ENORMEMENT de télé-poubelle.

C'est ça, en fait, le "progrès" pour les nouvelles chaînes : pouvoir mettre encore plus de tartines de télé-poubelle, à toute les sauces. Et même plusieurs couches, pour que ça tienne mieux : en plus des merdes habituelles, y a même des émissions SUR la télé-poubelle, telle que l'ahurissant "les Anges de la Télé-Réalité", qui réunit un aréopage de débiles profonds comme seule la télé-poubelle pouvait dénicher dans les plus mauvais clubs de Nice ou de Tourcoing (oui, je sais pas si vous avez remarqué, mais les candidats de ces émissions viennent soit de la Côte d'Azur, soit du Nord-Pas-de-Calais). La télé-poubelle 2.0, quoi.


Les anges de la télé-réalité : la bande-annonce
envoyé par Tele-Loisirs. - L'info video en direct.

Donc pour l'instant, ça me permet de regarder la télé sans avoir envie de pleurer à cause de la neige ou des couleurs bizarroïdes, mais maintenant à cause de la nullité des programmes, à la fois qualitativement et quantitativement. En clair, la tartine est plus grande, mais le beurre étalé dessus n'est pas de la meilleure qualité, au contraire. Sur cette multitude de chaînes, je n'en ai pas encore trouvé une de la même qualité qu'Arte ou la Cinquième, qui n'ont pourtant pas forcément plus de moyens. Mais elles ont une ligne éditoriale claire, et surtout noble : éduquer et apprendre, plutôt qu'abrutir et désinformer. Donc au final, je regarde toujours les mêmes chaînes... avec l'EquipeTV en plus. Pas si mal, finalement !

Je vous laisse.

dimanche 13 février 2011

Sincérité encaissable


Salut à tous,

Imaginez qu'un doigt divin se décide à me désigner comme auteur de roman. Situation hautement improbable - tout comme l'existence d'un Dieu, d'ailleurs, d'où le lien - pour plusieurs raisons, et notamment parce qu'en plus du fait que je ne suis pas prêt d'avoir le courage, un jour, d'envoyer un truc à un éditeur, il est peu probable que je sois enclin à céder aux trompettes de la renommée chère à mon cher Georges. A la limite, si je publie un jour un bouquin, j'aurais presque envie de le faire sous un pseudonyme, et que je ne montre jamais ma tête à personne. Mais bon, admettons que je cherche à mettre ma vie privée en pâture, et que j'accepte de ne plus pouvoir aller acheter l'Equipe tranquillement.

Donc voilà, miracle, j'ai envoyé un texte à un éditeur qui, emballé par mon style tellement moderne et novateur, par ma plume virevoltante et le message si intéressant que je veux faire passer, a décidé de mettre le paquet sur moi. Le paquet, ça s'appelle notamment d'aller à la télé pour parler de mon bouquin. Et pour que ça marche, coco, y a qu'une émission qui fait vraiment vendre, c'est chez Ruquier, son générique insupportable - que les Rasmus aillent au diable jusqu'à la 35e génération - et son duo de procureurs, Eric Naulleau et Eric Zemmour.

L'émission est interminable, et son enregistrement encore plus, évidemment. Toi, pendant que tu écoutes Copé, premier invité qui, lui, n'a pas eu à réagir aux blagues de Ruquier en début d'émission, déblatérer son discours de faux-dèrche tête à claque, tu te répètes ce que ton éditeur t'as dit de dire. Que ton bouquin est peut-être écrit sommairement mais au moins il est accessible, que les Erics font un métier tellement facile de ce côté du monde littéraire, à donner les bons et - surtout, paraît-il - les mauvais points. Parce que forcément, ils l'ont détesté ton bouquin : les jeunes auteurs, ils aiment rarement. Étrangement, ils les passent plus à la moulinette que des mecs comme Kersauzon, qui ont de la réplique, à la fois orale et physique. Tu n'envoies pas paître de la même manière Alexandre Jardin et une morceau de barbaque d'1m90 qui a fait 15 fois le tour du monde.

Allez, c'est ton tour. Tu regardes l'émission toutes les semaines, et ce qui t'amuses à chaque fois c'est de regarder quelles tronches font les auteurs au moment de quitter leur inconfortable tabouret pour le fauteuil de l'invité. Bon nombre d'entre eux tirent une tête de dix pans de long, et ils n'auraient pas l'air moins guilleret s'ils étaient en route pour la guillotine. Parce que même si leur éditeur leur a répété que, quelque soit le jugement des deux lascars, ton bouquin se vendra comme des petits pains dès le lundi suivant, ce passage télé fait plus penser à un grand oral à vocation décisive pour ton avenir d'écrivain qu'à un simple exercice de promo.



Les Erics, malgré ce que j'ai dit juste avant sur Kersauzon, ne peuvent pas être accusés de ne pas être sincères et surtout calés dans leur domaine. Zemmour, qui nage dans les idées d'extrême droite comme d'autres barbotent dans leur baignoire, est cependant furieusement intelligent, ce qui est paradoxal, mais indiscutable ; il est surtout doté d'une culture historique et littéraire quasi insondable. On dit souvent que les idées frontistes bénéficient de la bêtise et de l'inculture de leurs défenseurs ; Zemmour en est le parfait contre-exemple. Ses connaissances, sa culture, il les utilise de façon biaisées, c'est tout ; il se pare de son amour pour les anciens temps et les vieux auteurs pour accabler la modernité, et donc les idées nouvelles depuis 50 ans, les droits de la femme, la mixité, le métissage des cultures. Pour lui, c'était forcément mieux avant, quand chaque pays restait bien à l'abri derrière ses frontières, histoire de pouvoir maltraiter à sa guise toutes les minorités, y compris celles, comme les femmes, qui sont majoritaires. Reste que sur le plan de l'Histoire et de la littérature, rares sont les gens mieux calés que lui.

Quant à Naulleau, qui est son pendant de gauche mais "modérée" - il manque donc une parole de droite "classique" dans cette émission - il possède également une excellente culture, mais bénéficie aussi de ses connaissances du monde littéraire, puisqu'il est lui-même à la fois auteur et éditeur. Difficile donc de les accuser d'arrivisme, comme on pourrait le faire de certains consultants médiatiques, comme dans le sport et en particulier le foot, par exemple, dans lequel Naulleau effectue également des piges, nettement moins convaincantes à mon avis.

Ce que les gens leur reprochent, finalement, ce n'est pas de ne pas connaître leur métier, c'est surtout d'être méchant. D'être cash, voire cruel. Demandez à Claire Keim (prem's !), Harry Roselmack ou Annie Lemoine ce qu'ils en pensent. Mais Naulleau a un argument imparable quand on lui sort ça, c'est de dire que quand ils sont gentils avec un invité et son "produit", celui-ci se plaint nettement moins, et surtout ne leur rétorque pas qu'ils sont faux-culs ou malhonnêtes ; tout d'un coup ils sont sacrément plus dans la vérité. On ne peut donc logiquement pas accepter si facilement leurs compliments et repousser tout aussi aisément leurs critiques, aussi acerbes qu'elles soient. Après, je ne suis jamais allé vérifier leurs dires sur un bouquin, parce que j'ai beaucoup de mal avec l'idée d'acheter un bouquin porté par une promo télé. J'y peux rien, c'est comme ça, moi un bouquin ça a un auteur au visage figé en 4e de couverture, rien d'autre.

C'est donc le ton qu'on leur reproche. On aimerait, comme ça se passe sur tous les plateaux télés de la Terre, ou presque, quelques remarques laudatrices et gentillettes, simplement destinées à faire vendre un bouquin par des animateurs ou chroniqueurs qui, le plus souvent, n'ont lu qu'en diagonale le fameux livre. Pourtant, les gens sont en permanence à la recherche de sincérité. "Dites moi ce que vous pensez, je ne veux pas de mensonge, juste la réalité". Au passage, passons sur le parallèle erroné entre vérité et réalité. Ce n'est pas parce qu'on dit ce qu'on pense que c'est vrai. Le Pen est extrêmement sincère, mais complètement à côté de la plaque.

Sauf que quand on la leur dit à ces gens-là, la vérité, ça passe très mal. Rares - et précieuses - sont ces personnes qui souhaitent qu'on soit absolument sincères avec elles, tant qu'on n'emploie pas un langage de supporter de foot envers un gardien de but qui dégage un ballon, mais qui réussissent à l'encaisser comme il le faut. Du coup, avec ces personnes, on ne peut pas gagner : si on leur ment, on perd parce qu'on est faux, et si on leur dit ce qu'on pense, on perd aussi parce qu'on est méchant. Au final, si la société a créé la langue de bois, c'est sûrement pour nous sortir de la condition animale : les seuls êtres vivants parfaitement incapables de tout mensonge marchent en général à quatre pattes ou avec des ailes, et ce sans moteur. Ils n'ont surtout aucune conscience d'eux-mêmes, ce qui explique qu'ils ne se soucient pas des sentiments de leurs congénères.

N'empêche qu'il faut savoir ce qu'on veut : de la sincérité, forcément cruelle puisque abrupte, et alors on l'accepte et on apprends à l'encaisser, soit de la sociabilité, ce qu'on a fait de mieux dans l'histoire de l'humanité, et on ne va pas chez Ruquier.

Je vous laisse.

jeudi 10 février 2011

Caterpillar


Les filles dans nos cœurs
Font des travaux d'aménagement
Souvent au marteau piqueur
Et sans ménagement
Si vous voyiez dans ma poitrine le chantier
Il se peut que par déprime comme moi vous chantiez

{Refrain:}
Caterpillar dans la lingerie fine
Dans l'eau de Shalimar les barres à mines
Pour tout démolir de nos anciens braseros
Effacer les souvenirs et repartir à zéro



Les filles dans nos cœurs
Font leurs grands travaux
Pour qu'on redevienne enfants d'cœurs
Des p'tits nouveaux
Alors bulldozers grosses machines pelleteuses
Regardez dans ma poitrine le trou qu'elles creusent

{au Refrain}

Les filles nous font pas peur
Parce qu'elles sont toutes petites
Mais elles nettoient dans nos cœurs
A la dynamite
Pour ôter les anciennes douceurs de cousines
Qui nous avaient demandé l'heure un soir en cuisine

{Refrain}

Les filles dans nos cœurs
Font des travaux d'aménagement
Souvent au marteau piqueur
Et sans ménagement
Si vous voyiez dans ma poitrine le chantier
Il se peut que par déprime comme moi vous chantiez

{Refrain}

Alain Souchon

vendredi 4 février 2011

Amateur, amateur... est-ce que j'ai une gueule d'amateur ?


Salut à tous,


Retour du foot sur ce blog. Ok, je rigole, j'en parle tout le temps, et pourtant je vous jure que je me retiens, histoire qu'il ne devienne pas l'équivalent d'un blog de foot à la Menès ou à la BRP. Mais bon quand même, c'est un peu mon activité quotidienne, ma passion, et l'actu est riche en ce moment, donc merde quoi.

Deux choses ont mobilisé l'actu footballistique ces derniers jours, en dehors de la comparaison forcément pathétique avec les handballeurs, facile et populiste : la première liste de l'année de Laurent Blanc, et les problèmes des clubs de Ligue 1 en Coupe de France. Et bien, figurez-vous que ces deux thèmes ont un lien, léger mais loin d'être anecdotique.

Blanc a sélectionné - logiquement - pour la première fois - ça c'était moins logique, vu qu'il le méritait depuis un moment - le défenseur central d'Arsenal, Laurent Koscielny, dont le patronyme "polonophone" commence déjà à jouer avec les capacités oratoire des journalistes chargés de relater la nouvelle. Pourtant, pour un nom à consonance polonaise, y a bien pire hein. Imaginez que l'ailier de Dortmund Jakub Blaszczykowski ait opté pour la sélection française, et c'était Thierry Roland qu'on perdait définitivement. Dans les années 50, à l'époque où de nombreux fils d'immigrés polonais faisaient briller l'Équipe de France, on avait trouvé la parade : Raymond Kopaszewski était devenu Raymond Kopa, Théo Szkudlapski se faisait juste appeler Théo, etc. Bref ! On est loin de mon sujet :p N'empêche, il aurait pu choisir la Pologne, comme Ludovic Obraniak (Lille) ou Damien Plessis (Sochaux). Mais ils ont soit attendu trop longtemps, pour le premier, soit n'ont jamais eu la moindre chance d'être appelés en Bleu...

Koscielny a une particularité, c'est qu'en l'espace de trois ans il est passé du National, où il jouait avec Tours, à la Premier League, où il brille dans un des meilleurs clubs du monde. Né à Tulle, formé à Guingamp où il n'a pas eu sa chance - son entraîneur le faisait jouer latéral, j'avais d'ailleurs cette image de lui avant qu'il ne s'impose dans l'axe au sein de l'élite - il rejoint Tours, avec lequel il remonte en Ligue 2 en 2008. Là il brille avec son club, qui rate une deuxième montée consécutive pour 5 points, et comme beaucoup d'excellents joueurs de Ligue 2, il est repéré par l'entraîneur de Lorient, Christian Gourcuff, qui a révélé dans son club plein d'anciens pensionnaires de ce championnat (Gameiro, Sigamary Diarra, Amalfitano...).

En Bretagne, il se révèle. Septième en fin de saison, le meilleur classement de son histoire, Lorient est stabilisé par un défenseur sobre, pas très costaud mais très impressionnant dans l'anticipation et l'intelligence de jeu, sans parler de sa relance, et qui plante en plus quelques buts. A la fin de la saison Arsène Wenger le recrute pour venir jouer à Arsenal, un club parfait pour joueurs français en quête de reconnaissance. Il a joué depuis 27 matches en Angleterre, et inscrit 3 buts. Ce qui est étonnant, c'est qu'un joueur aussi intelligent et brillant que lui ai mis 6 longs mois pour inciter une ancienne référence à ce poste si spécifique, Laurent Blanc, de l'appeler. Mais Koscielny, au même titre que Sakho, c'est l'avenir des Bleus dans l'axe, c'est évident.

Bref, là où je veux en venir c'est que de plus en plus de joueurs qui ne parviennent pas à s'imposer avec leur club formateur se relancent en National, pour rebondir jusqu'en Ligue 1, voire en Équipe de France. C'est une tendance très forte depuis 5-6 ans, depuis la révélation de Ribéry juste avant le Mondial 2006, en passant par Valbuena, Rami ou Gignac, sans parler de l'éphémère Julien Faubert.

Je me suis amusé à composer une sélection des meilleurs joueurs français qui sont passés, à un moment ou à un autre, par le troisième échelon, voire plus bas. En bleu, les joueurs sélectionnés ou appelés récemment en sélection :

Ruffier (Monaco)
Jallet (PSG) Rami (Lille) Koscielny (Arsenal) Faubert (West Ham)
Valbuena (Marseille) J.Marveaux et Jeunechamp (Montpellier) Ribéry (Bayern)
Gignac (Marseille) Giroud (Montpellier)

Pas mal non ? Elle a de la gueule cette équipe, de la technique même, elle n'est pas rugueuse comme on aurait pu l'imaginer d'une sélection de joueurs rejetés par le système de formation français, ou qu'ils ne l'ont même jamais connu. J'aurais aussi pu citer Contout et Sammaritano (Auxerre), Hamouma (Caen)...

Le lien avec la Coupe de France, et la débandade de la Ligue 1, c'est qu'en dehors de la reprise difficile en janvier (ou s'est disputé quasiment trois tours d'un coup !) et de la motivation toute relative (même les 4 rescapés en quart de finale ont fait tourner leurs effectifs durant ces matches) de clubs conscients que le championnat est leur gagne-pain, sachant qu'une coupe ne fait jamais descendre un club, les clubs amateurs n'en ont aujourd'hui que le nom, et bien sûr souvent les structures. Mais quand vous regardez les effectifs de National, voire même de CFA, vous constaterez qu'à hauteur de 50 %, au minimum, il s'agit de joueurs, comme Koscielny et ses compères, qui n'ont pas réussi à passer le cut professionnel, mais qui sont tous passés dans des centres de formation pros, s'entraînant et apprenant un métier en compagnie d'autres qui, eux, et souvent pour des détails, réussiront du premier coup. Ribéry a été viré de Lille parce qu'il n'était pas sérieux. Valbuena, de Bordeaux, ben parce qu'il était trop petit. Imaginez si on avait dit la même chose et au même endroit à Giresse, il y a 40 ans... Le monde amateur s'est depuis délecté de révéler à la France et au monde leurs talents.

Alors certes ils travaillent souvent à côté, mais c'est fini le foot amateur à papa, qui s'entraîne une fois par semaine, terminé les gars du terroir qui lâchent leurs tracteurs le WE pour défier les gars de la ville. Aujourd'hui, ils s'entraînent souvent 4 fois par semaine, guidés par des entraîneurs venant, eux aussi, du monde pro, à l'image de David Guion, le coach de Chambéry, petit poucet de la présente édition.

Regardons un effectif moyen de National : Rouen, par exemple. Y évoluent le défenseur central Michel Rodriguez (32 ans, 58 matches de Ligue 1 avec Montpellier entre 96 et 2000), Cyril Arbaud, formé à Marseille il y a plus de 12 ans, etc. A Cannes, Jan Koller, bientôt 38 ans, 56 buts en 91 sélections avec la République Tchèque, truste la tête du classement des buteurs (11 buts). D'ailleurs, si vous regardez ce classement, un seul joueur parmi les 11 meilleurs n'a jamais joué au-dessus du National. Avant, la D3 c'était champêtre, aujourd'hui c'est soit pro, soit demi-pro. Obligé d'avoir des structures, même pour Luzenac ou Alfortville, quand vous affrontez Strasbourg ou Bastia, qui bataillaient en Ligue 1 y a pas si longtemps. D'ailleurs, ces deux clubs n'ont pas hésité à recruter dans le vivier "amateur" ou semi-pro pour viser la remontée. C'est quasiment dans la poche pour les Corses, et encore possible pour le Racing, dont le superbe stade de la Meinau (29 000 places) n'a strictement rien à faire à ce niveau.

Bref, plus que le niveau de la Ligue 1 qui aurait soit-disant baissé, vieux serpent de mer des partisans de la baisse des impôts pour les joueurs, c'est surtout les divisions inférieures qui a nettement augmenté, grâce à l'excellent travail de nos centres de formation, qui, lorsqu'ils ne fournissent pas la Ligue 1 ou la Ligue 2, inonde les clubs amateurs de très bons joueurs qui ont raté d'un rien la carrière pro. En même temps on dit ça quand la Ligue 1 n'assure pas, mais si elle se reprend l'an prochain, personne ne viendra dire que le niveau du championnat a augmenté...

Je vous laisse.

mardi 1 février 2011

Way back


Salut à tous,

Hier on est allé voir un film surprenant, puisqu'il est à la fois exceptionnel et un peu raté. Je m'explique.

Il s'agit des Chemins de la liberté (the Way back), avec notamment Ed Harris et Colin Farrell. Un film adapté du récit paraît-il réel (mais de façon controversée) d'un mec s'étant échappé d'un goulag en Sibérie pendant la guerre, en compagnie d'une demi-douzaine de prisonniers, afin de rejoindre la Chine, pour ensuite la traverser, vue que cette dernière était aussi communiste que l'URSS. La moitié d'entre eux parviendront à rejoindre l'Inde, après s'être coltiné le désert de Gobi et l'Himalaya. Une bonne petite balade, quoi. Tout cela à pieds, je précise parce que sinon ça n'a pas grand intérêt.

Il est réussi parce que l'histoire, vous l'avez compris, est assez exceptionnelle, et j'espère que l'histoire du type n'est pas du pipeau, parce que ça enlèverait beaucoup de charme à ce récit incroyable. J'ai toujours été passionné par ces histoires de longues marches, de ces longs voyages à pieds qui façonnent l'homme comme peu de choses le font, et qui lui font ressentir à la fois l'immensité du monde et l'infinie profondeur de ses propres ressources. Admettons que l'on marche 10 heures par jours à 5 km/h, soit 50 kms par jour. A ce rythme - très - soutenu mais faisable quand vous avez le KGB aux fesses, il faudrait seulement 10 jours pour faire Paris-Strasbourg, mais il en faudrait 50 pour aller à Moscou. Et ça, c'est quand vous êtes un sportif accompli. J'ai pas réussi à calculer la distance qu'ils ont fait, mais en gros, d'après le film, ils ont fait ça. De quoi vous faire dépenser quelques bonnes tatanes de marche.

Quand j'étais gamin, j'avais écris l'histoire d'un écuyer contraint de traverser l'Afrique au Moyen-Âge, à une époque ou seul le nord de ce continent était connu. Lorsque je travaillais à la Samaritaine, j'avais aussi lu l'histoire de Bernard Ollivier, qui avait traversé l'Asie dans le sens de la largeur cette fois, suivant la Route de la Soie, joignant la Turquie à la Chine à 60 ans, en marchant trois mois par ans sur quatre années. Un récit qui m'avait bluffé. Depuis, je rêve de faire un truc comme ça. Je me contenterais dans un premier temps d'un Paris-Mont-Saint-Michel qui me paraît à peu près dans mes cordes. Enfin, après pas mal d'entraînement.

Il est donc réussi, ce film, pour ça, cette belle histoire, ces personnages excellemment joués, des paysages évidemment splendides et une très belle musique aussi.

Et il est raté parce que certains passages sont littéralement escamotés. Ne lisez pas la suite si vous voulez le voir hein, par contre si vous ne voulez pas le voir (ce serait dommage) ou si vous l'avez déjà vu, et bien continuez.

Ainsi, leur évasion est traitée en 30 secondes. Ils passent du "on va couper le générateur" à "courez, les chiens arrivent", et hop ils sont tous seuls dans la forêt sibérienne. En gros, on passe de la Grande Evasion à la Minuscule Evasion. C'est un concept, c'est moins long mais un peu frustrant.

Ensuite c'est super, même si on a parfois l'impression que l'URSS n'avait pas d'habitant à cette époque. Oui c'est un pays immense, mais quand même... y a vraiment personne quoi. En même temps ils étaient tous au front, j'imagine, mais quand même. Jamais ils ne sont en danger d'être rattrapés, les seuls problèmes qu'ils subissent sont alimentaires et/ou climatiques. M'enfin bon, tant mieux pour eux.

Ah, et l'autre truc qui promettait d'être épique et spectaculaire et qui passe à l'as, c'est l'Himalaya. Le film vient de parler du désert de Gobi pendant une heure, ils y ont enterré deux personnes, ils arrivent à Lassa et là on leur dit "faites gaffe les gars, c'est l'hiver, il va neiger, attendez trois mois avant de grimper l'Himalaya". Tu m'étonnes Youri, je vais pas aller me faire tuer sous une congère de 3 tonnes à un pas du bol de vodka après avoir déjà perdu trois orteils en Sibérie... Qu'à cela ne tienne, ils y vont quand même. Tu te dis alors qu'ils sont cinglés, qu'ils vont en baver comme rarement, sûrement subir des avalanches, des tempêtes, des engelures, des Yétis, enfin Tintin au Tibet quoi, vous voyez le genre. C'est surement arrivé, mais on ne le saura jamais : le plan d'après leur départ, les voilà en train d'être accueillis par des paysans indiens qui leur font un triomphe. Ah ok, bon ! Ben bien joué les gars ! Y a du y avoir un micro climat, chais pas, bref.

Malgré tout c'est plutôt un bon film, allez. A voir quoi !

Je vous laisse.