mercredi 25 avril 2012

Le cas de la Marine


Salut à tous,

La soirée électorale fut mitigée, dimanche soir. Bien sûr, voir Sarkozy deuxième, et ses sbires tenter de nous convaincre que c'était un score formidable, et qu'il a fait mentir les sondages (ce qui est faux, du moins pour sa part) était des plus réjouissants. Mais voir l'autre salope troisième avec 17 % de voix, ça donne toujours autant envie de vomir.

il faut d'ailleurs préciser une chose à propos des fachos : vous vous rappelez du tableau des élections que je vous ai montré cette semaine ? Il montrait notamment qu'en 2002, au premier tour, l'extrême droite avait remporté plus de 19 % des voix, contre 17 cette année. Pourtant, on nous répète qu'il s'agit là du record du FN. Pour le FN à proprement dit, oui, c'est un record, surtout que l'abstention était énorme à l'époque. Mais en 2002, le borgne avait ramassé "seulement" 16,86 % des voix, ce qui est extrêmement faible pour un qualifié au second tour, et plus faible que le score de sa fille, 10 ans et un jour plus tard. Mais n'oublions pas non plus les 2,34 % de l'inoubliable MNR dirigé par Bruno Mégret, qui n'avait pas fait scission avec le FN pour des raisons de programme, mais uniquement parce que ce dernier n'avait pas obtenu la place de chef dont il rêvait ! Il n'y avait donc pas la largeur d'un papier à cigarette de différence entre le FN et le MNR à l'époque, du moins sur le plan des "idées". On ne peut donc pas dire que le FN a fait mieux qu'en 2002, il a même baissé...

Bref il n'empêche que Miss France a mis une branlée à mon champion, Jean-Luc Mélenchon. Perso, j'ai pas compris. Je ne pense pas qu'il ait vraiment souffert au dernier moment du vote utile en faveur
de Hollande, puisque ce dernier n'a pas fait un score supérieur à ce que les sondages lui prédisaient. Non, c'est bien l'autre salope qui lui a piqué des voix, à peu près 3-4 %. Le truc étonnant, surtout, c'est qu'en général les électeurs du FN ne sont pas abstentionnistes : quand la participation augmente, les fachos baissent toujours, mécaniquement. Là, les incertains, les indécis, ceux qui pensaient ne pas aller voter, ont finalement voté pour elle, du moins en partie, ce qui est inédit. Quand j'ai vu durant la journée que l'abstention allait être beaucoup moindre que prévu, j'ai eu confiance, je me suis dit que ça allait faire mordre la poussière à Le Pen. En fait, elle en a probablement profité.

Autre sujet intéressant, les projections des votes à 20h. Quand tout le monde a annoncé Marine Le Pen à 20%, je me suis dit qu'elle baisserait durant la soirée, et ça n'a pas loupé. Pourquoi ? Parce qu'il manquait les votes des grandes villes. Et, hormis dans celles du sud, les citadins, en général plus diplômés et moins sujets à la misère, ne votent pas FN, ce qui lui fait dire souvent que ceux qui osent ne pas voter pour lui ne sont que des bobos nantis. Des démocrates, peut-être aussi. 6,20 % à Paris, 7,78 à Nantes, 8,22 à Bordeaux, 13,40 (quand même) à Lille, 9,43 à Caen, 9,87 à Lyon, 10,98 à Rouen, 10,34 à Toulouse... ça en fait des bobos. Dans le même temps, les fachos ont recueilli 21,22 % à Marseille, 23,03 à Nice (deuxième devant Hollande !), 23,37 à Toulon (également devant Hollande), 20,61 à Nîmes... plutôt mourir qu'aller habiter un jour dans le sud.

Du coup, les votes des grandes villes, et notamment de Paris, tombant tardivement, le score du FN a perdu 3 % dans la soirée. L'écart entre Hollande et Sarkozy s'est également réduit : autre mauvaise nouvelle.

Résultat, Hollande possède apparemment des réserves de voix supérieures à Sarkozy, mais elles ne sont pas naturelles : s'il ne comptait que sur celles de l'extrême gauche (12,81 % au total) et des Verts (2,31, le pire depuis 1988), il serait nettement en minorité (40,7 %, contre 47,24 au triptyque UMP-Modem-FN). Mais ceux qui auraient pu être des alliés du nabot n'ont pas encore appelé à voter pour lui, ce qui n'a pas été le cas à gauche. Résultat, une bonne partie des électeurs frontistes ou du Modem vont soit ne pas voter, soit se partager en deux. Mais ça ne reste pas un mouvement naturel, c'est juste un phénomène ponctuel de rejet contre Sarkozy. Résultat, si celui-ci, en charmeur et en bête politique qu'il est, parvient à les séduire de nouveau, il passera. Comme en 2007, quand il avait siphonné les voix du FN pour battre la gauche.

Manifestement, il se fiche royalement des 9 % de Bayrou, qui peuvent aller voter Hollande si ça les chante. Ce qu'il veut, ce sont les voix du FN, qui lui garantirait, avec celles de Dupont-Aignan, que je n'ai compté nulle part (1,79 %), un total de 46,87 %. Insuffisant apparemment, mais avec l'abstention, et quand même une partie des voix de Bayrou, ça pourrait passer. Une chose est sûre, une petite partie des centristes voteront Sarkozy, parce que le Centre a toujours été de droite depuis 40 ans, faut pas me raconter de blagues. Mais tant que ça restera un phénomène mineur, c'est dans la poche.

Une chose est sûre, Hollande ne doit pas courir après ces mêmes voix frontistes. S'il s'en approche un peu trop, il risque d'éroder le report de voix des électeurs de Mélenchon, pour qui le vote en faveur du FN est une horreur absolue. Le mieux, c'est qu'il laisse Sarkozy se dépêtrer avec elles, qu'il le laisse vendre son âme à sa guise. Au pire, il récupèrera quelques voix supplémentaires chez Le Pen, mais dégoutera du monde au Modem. Au mieux, les électeurs frontistes verront la supercherie, et ils ne voudront plus voter pour la copie, comme en 2007. Le Pen leur a suffisamment répété qu'ils avaient été déçu des "promesses" de Sarkozy dans les secteurs qui leur sont chers, l'immigration, les Arabes et les Noirs. Pourtant, il a bien mouillé sa chemise dans ce domaine (entre 30 et 40 mille reconductions à la frontière par an, stigmatisation des Roms...), mais ça n'a pas suffit... Le Pen veut sa peau pour récupérer la place d'opposition à la gauche, et elle pourrait bien y arriver, surtout que manifestement beaucoup, à l'UMP, ne craignent plus de fricoter avec elle. Quand je pense au scandale que ça avait été quand quelques présidents de régions du sud avaient osé s'allier au FN pour gouverner, dans les années 90... aujourd'hui, ça ne choque plus personne. A force de faire 15 % aux présidentielles, le FN est devenu fréquentable.

Il y a eu ça, et il y a eu la "démocratisation" de ses idées par l'UMP. En moins de dix ans, et notamment durant le dernier quinquennat, Sarkozy, Guéant, Buisson, Copé, Besson, Hortefeux et toute la Droite Populaire, Mariani, Myard et compagnie, ont réussi à rendre les idées du FN "officielles". Si des ministres d'un parti républicain et apparemment démocrate disent les mêmes choses que le FN, c'est que finalement ce n'est pas aussi affreux, si ? Sinon ils ne les diraient pas, pas vrai ? Ils garderaient un droit de réserve, une certaine dignité, si ces idées étaient honteuses ? 30 % des jeunes sans bac ont voté FN. Une bonne partie de la génération qui arrivera aux manettes dans quelques années ne considère plus le FN comme un danger, mais comme une alternative crédible, un interlocuteur respectable. Le même parti qui noyait des Arabes et balade toujours ses skinheads chaque 1er mai, du côté de la statue de Jeanne d'Arc.

Tout cela n'est pas très réjouissant, il faut le reconnaître. Ca nous prépare des années difficiles, et ce sans même parler de la crise de la dette que le prochain président va devoir gérer de la façon la plus juste qui soit, et malgré la grande hostilité des marchés. Une équation quasi impossible à résoudre...

Je nous souhaite bon courage, les gens ! Et allez voter hein !

Je vous laisse !

vendredi 20 avril 2012

Droite ou Gauche ?

Salut à tous,

Allez, dans 48 heures, on y est. On en saura un peu plus sur l'état politique de la France, et notamment les rapports de force entre la Gauche et la Droite. Parce que, même si Bayrou veut nous faire croire le contraire, partant d'un bon sentiment, on en revient toujours à la même question : la France est-elle un pays de Gauche ou de Droite ?

Pour répondre à ce genre d'interrogations mathématiques, finalement, j'ai un truc à moi, que j'aime beaucoup : les stats. Et là encore, comme pour le football ou d'autres domaines, ça parle, à défaut de clôturer un débat. Mais ça aide pas mal quand même.

Pour ce faire, je me suis contenté de prendre en compte les résultats aux premiers tours des deux élections majeures en France, depuis 1981, à savoir les Présidentielles - il y en a eu 5 - et les Législatives - qui ont eu lieu 7 fois. Pourquoi ? D'abord parce que je n'ai pas que ça à faire, j'ai une vie et un boulot, et ensuite parce que ce sont ces élections qui mobilisent en général le moins d'abstention. Et puis ce sont elles qui décident le législatif et l’exécutif en France, ce n'est pas rien. Désolé pour les Cantonales, les Municipales et les Européennes...

Voici pour l'abscisse, voyons maintenant l'ordonnée : j'ai retenu les six partis, ou les six courants de pensée, qui dominent largement la politique française, et pas seulement depuis 30 ans. A savoir : l'UMP - ou le RPR -, le PS, le PC, le Centre - UDF puis Modem -, le FN et les écologistes. Dans ces entités, j'ai rajouté d'autres composantes qui sont apparues ponctuellement, recueillant très peu de voix en général, ou qui sont trop proches d'une des entités majeures pour en être séparée. Exemple, j'ai compté le MNR de Bruno Megret dans les scores du FN ; même chose pour les Radicaux de Gauche dans le PS, et, pour cette année par exemple, les différentes composantes de l'extrême gauche (LO, NPA...) dans le PC. Comme ça, c'est plus clair, moins fouillis. Mais même là, on va le voir, des voix s'éparpillent ailleurs quand même. Par exemple, où mettre les chasseurs ? Sans doute entre l'UMP et le FN, mais où exactement ? Finalement, j'ai tranché : je les ai renvoyés dans leurs forêts. De toutes façons, leurs scores sont trop faibles pour être véritablement significatifs.

Voilà le résultat :


Premier résultat, le bilan général des 12 dernières élections majeures depuis 1981 : le PS est en tête avec en moyenne 26,74 % des voix, suivi de l'UMP, 21,92, puis le Centre, 16,04, le PC, 10,47, le FN, 9,28, et enfin les Verts, 3,49. Si vous comptez super vite, vous avez constaté une chose : on a perdu 12,06 % dans l'affaire, ce qui n'est pas rien. Et c'est une moyenne, en plus.

Rassemblons donc ces scores, pour répondre d'entrée à notre question initiale. Si on additionne les scores du PS, du PC et des Verts, donc de la Gauche, on arrive à un score de 40,7 %. Pour la Droite, c'est-à-dire l'UMP, le Centre et le FN, on arrive à 47,24 %. Il y a donc bel et bien plus d'électeurs de
droite que de gauche en France depuis 30 ans, mais ils ne sont pas majoritaires. Pour cela, il faudrait savoir pour qui les 12 % restant avaient voté à l'époque...

Ce qui peut étonner, c'est le score très important du Centre. Pourtant, il ne faut pas oublier une chose : avant que le RPR, et surtout l'UMP, sous l'impulsion de Chirac puis Sarkozy, n'avalent l'UDF comme une vulgaire petite entreprise ruinée, cette dernière avait été le parti majoritaire en France, puisque c'était celui de Valéry Giscard d'Estaing, président de 1974 à 1981. Dans le même temps, le RPR, créé donc par Chirac, n'était qu'un sympathique accompagnateur... Si j'avais ajouté les scores des années 70, nul doute que le score des Centristes auraient été encore plus larges... D'ailleurs, Bayrou ne fait pas toujours des scores ridicules, loin de là.

Même chose pour l'extrême gauche : avant les années 2000, le PC et ses potes dépassaient allègrement les 10 %, avec des pointes à plus de 17 % en 1981. Ce n'est plus arrivé depuis les Présidentielles de 2002 (13,81). Et avant, c'était encore plus énorme. Le PC, qui dominait autrefois le PS, a depuis laissé largement la place à son ancienne succursale.

A noter qu'en 1981, lors de la Présidentielle remportée par Mitterand, c'était les forces de Droite qui étaient en tête au premier tour, avec 50,4 %, devant celles de Gauche (49,57). Il y a donc eu des voix qui ont changé de camp entre les deux tours... peut-être des voix centristes, parce que le FN n'était pas présent cette année là, du moins aux Présidentielles.

Mais si le pays est de Droite, c'est surtout le cas depuis le milieu des années 90, et surtout depuis 10 ans. Parce qu'avant 1992, la gauche n'était allée qu'une seule fois sous la barre des 49 %, lors des législatives de 1986 (43 %). A partir des législatives de 1993, ça a été la Bérézina. Depuis 19 ans (!), la Gauche n'a dépassé que trois fois les 40 %, lors des Présidentielles de 1995 et 2002, ainsi que lors de sa victoire aux législatives de 1997 (47,03 %). Oui oui, vous avez bien compris : lors des Présidentielles de 2007, la Gauche n'a fait que 36,4 % au premier tour, contre 62,42 pour la Droite. Saluons donc la performance de Ségolène Royal qui a donc réussi à grappiller 11 % à Sarkozy entre les deux tours, notamment chez Bayrou... ça n'a pas suffit.

Autre constat : si on différencie les deux élections, l'écart est énorme. Durant les cinq dernières présidentielles, le PS (27,03 %) et l'UMP (25,2) sont au coude à coude, avec le Centre derrière (17,77), puis le PC (12,86), le FN (11,8) et les Verts (4,2). Résultat : la Droite mène largement, 54,77 à 44,09. Pour les 7 législatives, le PS baisse mais mène très largement : 26,54, devant l'UMP (19,58),
le Centre (14,8), le PC (8,76), le FN (7,47) et les Verts (2,98). Résultat : la Droite mène encore, mais de peu (41,85 contre 38,28). On voit déjà une chose : c'est au moment d'élire les députés que les voix se dispersent le plus, logique (98,87 contre 80,13). Ensuite, ça confirme que quand l'enjeu devient plus local, les gens votent plus à gauche, on l'a constaté durant le dernière décennie. Ce qui est intéressant, c'est de voir que le PS résiste mieux que l'UMP au moment de passer aux Législatives, et de présenter des candidats un peu partout en France. Sans doute parce que le PC et les Verts sont trop bas pour lui piquer trop d'investitures, contrairement à l'UMP, qui laisse beaucoup de place aux Centristes, qui se rallient volontiers au bateau amiral une fois l'Assemblée élue. Le PS et le PC s'entendent moins bien que l'UMP et le Centre, finalement. Sans doute les électeurs de Droite sont aussi moins attachés à un parti qu'à un autre : ils naviguent aisément entre l'UMP et le Centre. Beaucoup plus facilement qu'entre le PS et le PC, a priori.

Voilà, j'espère ne vous avoir pas trop abruti de chiffres. J'ai fais ce post avant tout pour moi, je dois dire : je sentais que la France était plutôt à droite, mais je voulais en avoir la certitude. Celle ci est présente, mais pas encore ancrée : après tout, la majorité, c'est 50 %, pas 47. La Gauche, pour gagner, doit donc s'efforcer de rallier les indécis, ceux dont les voix se perdent dans des partis souvent improbables. Mais même là, au final, le réservoir de voix est assez mince... il faut aussi compter sur la personnalité des candidats. Et là, évidemment, Mitterand a dévoré Giscard puis Chirac, qui lui n'a pas eu grand chose à faire pour écarter Jospin deux fois. Aujourd'hui, Sarkozy semble avoir plus de personnalité qu'Hollande, mais il est aussi plus détesté. Reste que la partie n'est pas gagnée, parce qu'il ne faudrait pas grand chose pour que les brebis égarées de la Droite reviennent au bercail...

Je vous laisse !

mercredi 18 avril 2012

J - 4 jours, 8 heures, 57 minutes, 27 secondes

Salut à tous,

Tic tac tic tac tic tac... elle a été tellement longue cette campagne qu'on pouvait se demander à un moment si on allait y arriver. Et ben oui, finalement on y est. Hollande est enroué, Sarkozy brasse du vent, Mélenchon minaude, Le Pen éructe... on sent que chez les candidats aussi, la cloche est attendue avec impatience. Une bonne nuit de sommeil et un repas normal en famille, voilà ce dont ils rêvent à mon avis.

Je me rappelle de mes élections précédentes... ma première présidentielle fut celle de 1995. Autant dire que pour l'instant, je n'en ai gagné aucune ! C'est même flippant maintenant que je l'écris... je n'ai jamais gagné une présidentielle ! Des législatives, oui, des régionales, voire municipales (pas depuis dix ans...) parfois, mais des présidentielles, jamais.

La première, donc, j'avais 20 ans et j'étais au lycée. J'étais en STT option secrétariat (on ne rigole pas dans le fond), que j'avais préféré à l'option commerciale parce qu'il y avait une fille que j'aimais qui avait choisi cette voie, et qu'au fond je m'en foutait royalement, vu que je voulais être en L, à la base. Alors secrétariat ou commerce... ça m'en touchait une sans bouger l'autre, comme qui dirait. Bref, du coup je me suis retrouvé dans une classe de 23, dont 20 filles. la meilleure année scolaire de ma vie, et ce sans parvenir à sortir avec une seule d'entre elles. Mais mes deux congénères masculins et moi, on avait été traités comme des rois par ces demoiselles pendant neuf mois. Quand même, le moment où un des deux mecs était sorti avec la fameuse fille, j'avais moins aimé, surtout qu'il était d'une laideur difficilement descriptible. Encore aujourd'hui je ne comprends pas, mais passons.

C'est la première fois que je parlais politique avec d'autres personnes que mes parents, avec qui c'était enrichissant mais rarement contradictoire, puisqu'ils partageaient, peu ou prou, mes opinions et mes valeurs, qu'ils avaient su me léguer, ce qui n'est pas si automatique que ça. C'était donc la première fois que je trouvais de la résistance lorsque je parlais politique, et ça m'a donc fait un choc de rencontrer mes premières personnes de droite. A 20 ans, vous imaginez ? Provenir d'une famille fondamentalement communiste et ouvrière, et me rendre compte qu'il y a des gens qui ne pensent pas que l'argent pourri le monde, et qu'il faut protéger les plus faibles socialement avant de vouloir enrichir les déjà riches, ça surprend, croyez moi. Si j'avais été confronté plutôt à ces opinions tellement opposées aux miennes, peut-être serais-je plus tolérant et moins nerveux quand je discute politique, qui sait. Je ne pouvais pas avoir un oncle UMP (enfin RPR, à l'époque...), bordel ?

Remarquez, je me demande si je n'en avais pas un... mais finalement ça parlait peu politique à la maison, notamment quand on recevait des gens. Du coup, j'ai rien vu venir. Et les opinions de gauche, pour moi, coulaient de source. A un tel point que quand j'étais gosse, je croyais que ce qu'on appelait la "gauche", c'étaient les communistes, et la "droite", les socialistes, parce qu'on ne parlait que de ça à la maison, à l'époque où le PC existait encore sans l'aide d'un sénateur socialiste débauché. Tout le reste n'existait pas pour moi, et quand c'est apparu c'est devenu comme l'ennemi ultime.

Donc, dans ma classe, beaucoup de filles, de futures secrétaires - je veux dire, des "assistantes de direction", désolé. Et elles aimaient bien Chirac, ces filles. Pour son programme économique ? Sa politique sociale ? Non non, parce qu'il "faisait plus président" que Jospin. C'est ce jour là que j'ai commencé à penser que le suffrage universel était une aberration, si l'élection ressemblait à ce point à un concours de beauté, et surtout si l'éducation civique n'était pas plus répandue dans ce pays qui aime pourtant tant la politique. Mais il faut dire qu'élire un Roi tous les 5 ou 7 ans, c'est quand même excitant non ? Parce que c'est ça, finalement. Le président réside dans un palais, ses apparitions médiatiques sont des évènements sans commune mesure avec quoique ce soit, et ses interviews sont plus des concours de cirage de pompe que de véritables interrogatoires. Les journalistes étrangers n'ont pas fini d'être effarés par la façon avec laquelle nos journalistes sont choisis par le Château, et affables avec son locataire quand ils l'ont en face de lui... une question un peu "osée", et l'impudent a aussitôt droit aux gros yeux présidentiels... et il peut être sûr qu'il ne reviendra plus. Et ça, ça ne date pas de Sarkozy, c'était comme ça sous le premier président de la Ve République, De Gaulle. Si ça nous choque avec Gnafron, c'est finalement parce qu'il ne fait pas président, que sa tronche, ses façons et sa langue font que sa présence dans ce fauteuil aussi prestigieux dénote singulièrement. Ses prédécesseurs faisaient quand même beaucoup moins représentant de commerce, plus monarque genre Louis-Philippe, même ce grand couillon de Chirac.

Bref donc 1995, d'entrée, a entamé mes illusions d'une élection uniquement portée par les idées, les projets et la compétence, plutôt que l'apparence ou le sex-appeal... voire le sexe tout court, puisqu'en 2007, je me rendrais compte que beaucoup était prêt(e)s à voter pour Ségolène Royal parce que c'était une femme, ce qui n'avait pas un grand rapport avec un programme politique. Quoique... bref, comme pour Obama, avoir une femme présidente aurait été une formidable avancée sociétale pour ce pays terriblement paternaliste. Mais l'idée de voter pour quelqu'un PARCE QUE c'était une femme, ça me semblait juste ahurissant, même si je comprenais la mécanique. Mais dès qu'on me parle de crédibilité extérieure, d'apparence ou d'autres joyeusetés de ce genre pour voter pour quelqu'un, ça me rend dingue, même quand l'intention est bonne, comme pour Royal. Si le FN promulguait un candidat noir - il serait capable de ce genre de canular - je ne voterais pas pour lui pour autant. Si j'ai voté Royal au second tour, c'est parce qu'elle était de gauche et affrontait Sarkozy, point barre.

Bref, entre temps, moi qui croyait que 95 avait été une mauvaise expérience - je me souviens avoir été abattu lorsque le résultat s'était affiché sur ma petite télé, en me disant "putain, 7 ans !" alors qu'en fait on n'en est toujours pas sorti, 17 ans plus tard... - voilà que ma seconde présidentielle, celle de 2002, s'approchait. Je n'étais plus au lycée mais à la fac, j'avais d'autres amis avec qui on avait fait une soirée électorale pour le premier tour... depuis, quand j'ai une invitation de ce type j'accepte, mais toujours avec une grosse appréhension. Si le candidat souhaité par les invités de la soirée - en général, c'est le même... - gagne, c'est super, mais quand il est battu, bah ça fout un peu l'ambiance en l'air... alors quand il est devancé au premier tour par les fachos, c'est un carnage, plus personne ne parle. C'est un peu comme si tu allais à un concert au pif, soit Pink Floyd, soit Franck Michael, si t'as pas de chance ta soirée risque d'être longue, très longue... sauf si t'es gérontophile. Remarque, ça marche pour les deux, ça.

Bref, 2002 m'a démonté. Comme pour le 11 septembre, je pense que tout le monde se souvient de ce qu'il faisait le 21 avril 2002, dans la soirée, lorsqu'il a appris qu'il allait devoir aller voter entre Chirac et Le Pen, la varicelle et la variole, Mussolini et Hitler, Napoléon III ou Napoléon, de la jardinière de légume ou une salade d'endives, Dunkerque ou Charleroi, etc. Imaginez - ou rappelez-vous - le déchirement que ce fut d'aller voter ce jour là. Entre les deux tours, le peuple républicain avait défilé dans Paris pour refuser l'idée que les fachos soient véritablement en lice pour atteindre le pouvoir. Dans les cortèges bondés - j'y étais, je me souviens d'un sentiment d'enthousiasme mais aussi d'étouffement -, des adolescentes brandissaient des pancartes "No pasaran !!" et des portraits du Che. Le gouvernement avait également annoncé que ceux, qui s'annonçaient nombreux, qui comptaient aller voter complètement vêtus de noir en signe de deuil seraient refoulés des bureaux de vote ! La France, bien assise sur ses fameux Droits de l'Homme, et qui aimait tant donner des leçons de morale démocratique au reste du monde, vivait un des moments les plus noirs de son Histoire, et n'en était pas fière. Encore aujourd'hui, quand on voit la droite "modérée" utiliser allègrement les arguments du FN pour des fins électorales, on se rend compte à quel point cette élection a fait du mal au pays, et c'est loin d'être terminé.

Et puis vint 2007, donc, j'en ai déjà parlé. Fin de la période Chirac, l'élection se déroule autant sur le net qu'à la télé, est plus citoyenne qu'avant, donc, et deux jeunes loups s'affrontent pour succéder à ce vieillard déjà à moitié sénile, et sourd en plus, qui ne faisait rien depuis 2002, où il avait perdu une occasion unique de réunir le peuple contre la peste noire, après qu'il ait été élu avec 82 % des voix... forcément, après ces années molles, consternantes, chloroformées, les gens ont été plus séduits par l'énergie maladive de Sarkozy, qui les séduisait en plus en leur promettant la sécurité, que par la faconde quasi christique de Royal, réincarnation de Jeanne d'Arc, jusque dans le fait qu'elle fut sans doute trahie par le parti, et notamment Hollande, comme la pucelle par Charles VII. Déjà distancée, elle ne parvint pas à retourner Sarkozy lors du débat, parvenant même à faire passer ce dernier pour un calme, ce qui n'était pas gagné. C'est ce qui me fait un peu peur pour 2012 : Hollande est loin d'avoir gagné contre Sarkozy, il a intérêt à avoir une sacrée avance en voix avant le débat. D'après les derniers sondages ça semble bien parti, mais on ne sait jamais.

Bizarrement, même sur Facebook, je rencontre peu de gens de droite, alors qu'ils représentent tout de même encore aujourd'hui quasiment la moitié de la population. Il y en a, quand même. Ce qui est "marrant", c'est que ceux de gauche que je côtoie me semblent encore plus pessimistes que moi, ils ont peur d'un retournement de situation, disent ne pas se fier aux sondages, ce qui n'est pas complètement stupide a priori, vu l'antécédent de 2002. Mais s'ils se trompent souvent, ils ne se trompent pas avec une telle marge. Quand Jospin devançait Le Pen dans les sondages en 2002, il ne le devançait que de 5 à 8 points maximum, et les gens avouaient moins volontiers qu'ils vont voter Le Pen qu'aujourd'hui. Aujourd’hui, c'est quasiment le double, et ce dans toutes les enquêtes. A la rigueur, si on se fie au sondage d'hier qui met Sarkozy à 5 points de Hollande et à 7 de Le Pen, on peut un peu plus imaginer un 21 avril à l'envers. Et là, si on pourra toujours déplorer la présence des fachos à un second tour, pour la deuxième fois en trois élections, ce qui sera tout sauf un hasard, ce sera quand même tout bénèf pour la gauche. Et puis ce, serait moins choquant : ça restera un duel droite-gauche, ce qui n'était pas le cas en 2002... ce sera moins un déchirement pour les électeurs UMP de voter Le Pen, si ? En tous cas pas pour la moitié d'entre eux, à mon avis...

Bref, je vous laisse, et allez voter hein ! Sinon je viens vous chercher, moi !

vendredi 13 avril 2012

Versailles me fut conté

Salut à tous,

Hier j'ai revisité Versailles, avec mon Amour et mes amis qui s'apprêtent à repartir au Québec. Mais comme la première fois que j'y étais allé, je n'étais qu'un môme en voyage scolaire, je n'avais quasiment aucun souvenir de cette affaire. Du coup, pour moi, c'était quasiment une première.

Bien qu'il ait été ensuite habité par son arrière-petit-fils Louis XV puis par le petit-fils de ce dernier, Louis XVI, et enfin par Napoléon et sa famille (mais uniquement au Grand Trianon), Versailles est presqu'entièrement dédié à Louis XIV, sa vie, son œuvre. Enfin sa vie surtout, parce que vous le savez peut-être, si Louis XIV est sans doute le Roi français le plus connu dans le monde, c'est sûrement celui qui a l’œuvre la moins intéressante. En tous cas, comparé à la longueur de son règne (72 ans, le plus long de l'histoire), cette dernière est ridicule.

La seule chose que le Roi Soleil est faite, et François Reynaert en parle très bien dans son bouquin que je dévore toujours (j'en arrive tout doucement à la Grande Guerre, c'est dire si j'ai encore pas mal de trucs à lire :p), c'est magnifier le concept d'absolutisme, qui existait déjà avant lui mais qu'il a renforcé. Il a porté à des hauteurs jamais vues avant et même après le concept de culte de la personnalité, concept qui est pourtant très répandu chez les chefs d'état. Mais à côté de lui, la plupart d'entre eux ont la confiance en soi de Philippe Poutou.

Son coup de génie, c'est d'avoir réussi à transformer la noblesse française, jusque là indisciplinée envers la couronne française, en une assemblée de moules trop cuites, un aréopage de suceurs de boules sirupeux et suiveurs. Du matin au soir, l'endroit où il faut être, c'est autour du Roi, à l'admirer se faire curer les pieds et poser une pèche. L'évènement de son règne, c'est son opération d'une fistule anale, en 1686. Le Roi décide de tout dans le royaume, absolument tout, et notamment de savoir si le Duc de Montalembert ou le Comte de Troufignon aura l'insigne honneur de venir l'admirer en train de se soigner le cul. L'élu, qui rendra fou de jalousie ses tristes congénères, n'aurait certainement laissé sa place pour rien au monde.

Louis XIV a réussi un autre exploit, mais en revanche il n'est évidemment pas le seul dans l'Histoire de France dans ce cas : il a saigné son peuple d'impôts ignobles, histoire de construire des palais un peu partout et pour n'importe qui, et de faire des guerres inutiles aux frontières, histoire de garder haute la Gloire de la France - enfin la sienne, surtout.

Louis le Grand, comme on l'appelle étrangement, est donc peut-être le premier candidat de télé-réalité de l'Histoire, mais qui aurait réussi : il a bâti sa gloire sur son image, qu'il a travaillée jusqu'au moindre détail histoire de rester comme le plus grand Roi de France de tous les temps. Pourtant, dans le détail il aura du mal à faire mieux, en terme d’œuvre politique ou nationale, que Louis XI, Philippe-Auguste ou Henry IV. En poussant à l'extrême le concept d'absolutisme, en rendant fou de rage son peuple, il a peut-être aussi causé la perte de sa lignée, moins d'un siècle plus tard. C'est pourtant le moins méchant d'entre eux, Louis XVI, qui paiera le prix du délire égotique de son aïeul.

Au passage, c'est un truc récurrent : dans les dictatures, c'est souvent le moins méchant qui trinque. Lors des révolutions arabes récentes, les seuls régimes qui sont tombés quasiment pacifiquement sont ceux qui n'ont pas fait tirer sur la foule (Tunisie, Egypte...). Même chose pour l'URSS, qui a pris fin grâce à la compréhension de Gorbatchev, qui est un héros dans le monde malgré son statut de dernier chef soviétique de l'URSS.

Bref, Louis XIV nous a laissé Versailles, évidemment. A quel prix, c'est difficile à dire, mais il était élevé, ça c'est sûr. Les plus grandes œuvres humaines de l'Histoire ont souvent coûté très cher. Combien d'esclaves ont péri sous les pierres des Pyramides ? Pourtant aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que leurs constructions est une bénédiction pour l'Humanité. Les esclaves qui ont sué sang et eau pour tirer des blocs de 300 tonnes (!) en haut des Pyramides et à coups de fouet ne devaient pas partager notre avis béat.

J'ai moins kiffé le château. D'abord, le terme de "château" pour qualifier ce palais me hérisse le poil. En France, on nomme "château" tout et n'importe quoi. La preuve, on surnomme le Palais de l'Elysée le "Château" ! Je suis désolé, mais il y a une différence entre un palais et un château. Ces derniers sont faits pour faire la guerre, et notamment protéger un Roi, un Prince, un noble et sa ville, son peuple. Il sont munis de tours, de créneaux, de canons, etc. Ils sont massifs, peu gracieux, remplis de soldats sales, ils sont en général construits sur des hauteurs pour les rendre encore moins faciles à attaquer, et se voient de loin. Du coup, Versailles est hors sujet. Il a été pris par le Peuple de Paris - et notamment ses femmes - en moins d'une journée lors de la Révolution...

Dans le monde Anglo-Saxon, on fait la différence. Les palais sont des
palace, et les châteaux, des castle. La preuve, c'est qu'en Anglais, le château de Versailles se nomme... the Palace of Versailles. C'est-à-dire que les Anglais sont un peuple guerrier, et s'ils ont une langue moins riche que la notre - juste ce qu'il faut, en fait -, ils savent mettre les bons mots aux bons endroits. Allez voir un castle anglais, celui d'Arundel par exemple, que je connais un peu, et vous comprendrez la différence. Parce des châteaux comme ça en France, qu'on appelle en fait châteaux forts, il y en a finalement pas beaucoup.

Bref, j'ai moins kiffé. D'abord, je l'ai dit, tout tourne autour de Louis XIV, qui me fascine autant que Loana ou Jean-Pascal. Les trucs sur Napoléon, notamment l'expo sur les peintures de ses batailles pars Louis-François Lejeune, un peu plus. Il faut dire qu'en revanche, je suis un peu fan de Napoléon. Certes, il fut aussi égocentrique que Louis XIV, il a également saigné son peuple, mais lui était un authentique génie militaire, comme peu d'hommes l'ont été dans l'Histoire du Monde (César, Hitler, Alexandre ?), et notamment en France. Et puis il a laissé à la France l'Université et le Code Civil, quand même. Pas vraiment un ange, aucun de ses prédécesseurs ne le fut, mais au moins il est fascinant pour d'autres raisons autre que par sa seule personne. Il a marqué l'Histoire de l'Europe, la remodelant au gré de ses conquêtes. Louis XIV aussi a fait la guerre - ils l'ont tous fait, ça faisait quasiment partie du devoir d'un monarque en Europe... - mais avec moins de succès.

Bref, assez de digression. J'ai moins kiffé notamment parce qu'il y avait un monde dans le Château... invraisemblable. Les moutons filant à l’abattoir se marchent moins dessus. Le chemin qui nous fait visiter les différentes pièces n'est pas large, et les groupes de touristes nombreux. Pour réussir à s'approcher, il faut avoir des épaules, et j'en ai. Mais si je m'en étais servi, il y aurait eu des blessés. Heureusement qu'il y avait la galerie des glaces, un peu plus large. Mais pompeuse, tellement pompeuse !

Heureusement, il y a le jardin, symétriquement parfait, immense (6 kilomètres de long il me semble) et superbe sous le soleil. Le plus beau semble pourtant se situer à l'abri des regards, tout au bout. Après avoir visité les Grands et Petits Trianons (fruit des caprices de Marie-Antoinette, que le cinéma américain tente désespérément de faire passer pour une pauvre petite victime de son temps, alors qu'elle n'a fait que vider les caisses d'un royaume dont elle se fichait éperdument, juste pour son bon plaisir, parce qu'elle s'ennuyait, choupette), il faut passer le Temple de l'Amour puis marcher un peu pour se retrouver au Hameau de la Reine. Là, attention merveille.

On a l'impression d'être dans un décor de cinéma, dans la Comté des Hobbits. Les maisons sont coquettes, avec des toits de paille, des escaliers en colimaçon, des petits jardins, un lac avec des cygnes glissant dessus, un ferme avec des vrais animaux dedans (chèvres, brebis, ânes, moutons...)... un paradis. Tout ça parce que Louis XVI a eu envie de faire plaisir à sa femme, qui s'ennuyait vu qu'il ne l'honorait jamais (il a fallu 7 ans pour qu'il la touche). Deux palais et un village juste pour elle : la preuve que même quand il n'est pas réel, l'amour peut faire faire n'importe quoi aux gens, du moment qu'ils y mettent le prix.

Bref voilà, la visite de tout ça nous a quand même pris 7 heures (!), et nous a coûté des coups de soleil (j'ai la face comme un homard, malgré ma casquette) et des jambes encore douloureuses ce matin. Mais quand même de très belles images dans la tête. Merci au Peuple Français d'avoir subit tout ça pour nous permettre de voir tout ça :p N'empêche, 18 euros c'est pas donné.

Bref, je vous laisse.

lundi 9 avril 2012

Un sens parfait


Salut à tous,

C'est en direct de mes vacances chez moi que je renoue avec l'écriture, après plusieurs postes où je me contentais de l'image. Et le lundi de Paques, ce qui est génial c'est qu'il y a absolument rien à faire dehors, à part se balader ou aller au ciné. Vous me direz, c'est pas mal, et c'est d'ailleurs ce qu'on va probablement faire. Dès qu'on aura décidé de se bouger les miches.

Hier, tandis que le PSG remportait le Clasico manifestement par hasard, vu les commentaires et les articles que j’ai lu ici ou là, on est allé se faire un ciné, justement. On avait le choix : soit on allait se voir le Marsupilami, mais pour cela il allait nous falloir défier une queue de 3 kilomètres devant la salle, soit on allait se voir un film qu'on voulait voir depuis quelques temps, "Perfect Sense". Vu que le Marsu risque de passer pendant très longtemps et dans des salles moins pleines, on a choisi l'autre. N'empêche, la salle était pleine quand même, mais elle était plus petite.

On a bien fait, parce que ce film était génial, franchement. Je vous préviens, je vais raconter le film, donc si vous voulez aller le voir, et je vous le conseille, allez voir ailleurs si j'y suis, et revenez après, merci. En revanche, si ça ne vous intéresse pas, je ne vois pas pourquoi vous continuez à lire. En fait, je me demande si ce post a un intérêt. Bref, je continue quand même.

Ewan McGregor - la raison principale pour laquelle mon Amour voulait voir ce film - et Eva Green - la mienne - sont à Glasgow - notre raison commune -, ils tombent amoureux, intrigue banale. Sauf qu'en fait, la population mondiale se met à perdre un par un ses cinq sens, et eux avec. Et ce qui est intéressant, c'est des voir comment les gens s'adaptent à ces handicaps successifs.

Par exemple, le personnage de McGregor est chef dans un restaurant. Quand les gens commencent à perdre leur odorat, plus personne ne vient. Du coup, ils se mettent à beaucoup plus saler et pimenter leurs plats, pour compenser. Puis vient le goût, alors là ça pose carrément problème. Mais là encore, les gens vont s'adapter, ils vont aller au resto non pas pour bien manger, mais pour s'inviter entre eux. Au restaurant, ils essaieront de rendre leurs plats plus agréables au niveau de la texture, du craquant. Et puis il faut reconnaître que ces deux sens ne sont pas vraiment vitaux, la vie continue plutôt facilement. C'est juste que sentir ou goûter la peau de quelqu'un, c'est quand même sympa, et puis ce souvent eux qui aident à se souvenir.

Les choses se gâtent quand l'audition disparaît. Là, les gens s'enferment chez eux, ils apprennent à communiquer par signes, mais ce n'est pas aussi simple que ça. On se rend compte combien ça doit être terrifiant de ne plus entendre quoique ce soit, notamment sa voix. Le film lui-même s'y met : on n'entend plus que de la musique et la voix off d'Eva Green.

Le film se termine quand, fâchés, les deux amants se retrouvent dans la rue, après avoir failli se manquer à cause de leur surdité. Au moment pile où ils se retrouvent, ils deviennent aveugles. Résumons : ils n'ont plus d'odorat, de goût, ils sont sourds et aveugles. En gros, ils n'ont plus que le toucher. De cette manière déjà, je ne vois pas comment ils pourraient survivre longtemps, surtout que tout le monde est pareil autour d'eux. La suite logique sera qu'ils perdent leur dernier sens, le toucher.

Là, c'est impossible d'imaginer. Quoiqu'il se passe autour de vous, vous ne le savez pas. Si vous tombez, vous ne vous en rendez pas compte. Si vous cherchez à manger, vous ne pouvez y arriver, pareil pour boire. En gros, en quelques semaines, l'humanité s'éteint, et de façon atroce. Heureusement, le film s'arrête quand ils deviennent aveugles... un film muet, encore, ça passe, ça peut même gagner des Oscars, mais un film muet et tout noir... ça n'a plus grand intérêt. C'est un peu comme les monochromes en peinture, en pire.

Dommage juste qu'on ne voit pas complètement comment une relation amoureuse peut évoluer avec la perte des sens. Comment peut-on aimer quelqu'un sans le toucher, le sentir, le voir, l'entendre ? Difficile de retranscrire ça à l'écran.

Ce film entre aussi dans la mode actuelle des films de contamination, notamment par la nourriture ou la pollution, qui travaille autant la population que les réalisateurs. On en avait vu un autre récemment, "Contagion", avec Kate Winslet et Marion Cotillard, de Steven Soderbergh, particulièrement réussi également.

Bref, allez le voir, si ça ne vous embête pas d'aller voir un film dont vous connaissez la fin :p

Je vous laisse.

lundi 2 avril 2012

I did it again

J'imagine que moi, j'ai le droit...

Je vous laisse.

dimanche 1 avril 2012

Drawings



Alors, je me débrouille avec ma palette ou bien ?

Je vous laisse.