Salut tout le monde !
Je crois qu'il est temps de me mettre au récit de ma "nouvelle vie". Pour être honnête, cette dernière ressemble furieusement à la précédente. Elle sent juste un peu moins le graillon.
J'ai relu mon dernier post, où je confiais, dans un texte quelque peu confus, les légitimes questionnements qui me taraudaient avant de passer sous le scalpel et perdre les deux tiers de mon estomac. J'aimerais y répondre à présent que j'y vois beaucoup plus clair.
Des changements relatifs
J'ai d'abord dit que tout serait différent. Effectivement, je ne mange plus du tout comme avant. J'en suis au deuxième mois, durant lequel je dois éviter les aliments grillés, trop durs, les viandes grasses, les crudités... ce qui représente un progrès très important par rapport aux deux premières semaines où je ne consommais que de la soupe, et les deux suivantes où je devais me contenter de purées. L'éventail des possibilités s'ouvre peu à peu, j'ai remangé mes premières brochettes de poulet japonaises cette semaine, je mange ce que je préfère au monde, à savoir du fromage (sur lequel je n'ai aucune restriction autre que quantitative, Dieu merci)... le plus dur est au restaurant. Dernièrement j'en ai fait quelques uns, et j'ai plus ressenti de frustration qu'autre chose. Vous voulez manger un petit morceau de viande blanche avec des légumes cuits, une petite purée ou quelques pâtes, sans gâcher 75 % de votre assiette, au restaurant ? Vous pouvez toujours courir. Vivement que des restaurants qui proposent que des petites portions, toutes simples et pas chères, soient un jour créés. En attendant, je vais continuer de payer 10-15 euros des plats dont je ne mange que 25 %, quand j'ai de la chance.
Donc ça oui, ça change. Tout comme le problème de mes pantalons que je trimballe comme des sacs à patates. Vu le rythme de ma perte de poids - hier j'en était à -27 kilos, dont -18 depuis ma sortie d’hôpital, il y a un mois et demi - je ne vais pas me risquer à acheter des
Je crois qu'il est temps de me mettre au récit de ma "nouvelle vie". Pour être honnête, cette dernière ressemble furieusement à la précédente. Elle sent juste un peu moins le graillon.
J'ai relu mon dernier post, où je confiais, dans un texte quelque peu confus, les légitimes questionnements qui me taraudaient avant de passer sous le scalpel et perdre les deux tiers de mon estomac. J'aimerais y répondre à présent que j'y vois beaucoup plus clair.
Des changements relatifs
J'ai d'abord dit que tout serait différent. Effectivement, je ne mange plus du tout comme avant. J'en suis au deuxième mois, durant lequel je dois éviter les aliments grillés, trop durs, les viandes grasses, les crudités... ce qui représente un progrès très important par rapport aux deux premières semaines où je ne consommais que de la soupe, et les deux suivantes où je devais me contenter de purées. L'éventail des possibilités s'ouvre peu à peu, j'ai remangé mes premières brochettes de poulet japonaises cette semaine, je mange ce que je préfère au monde, à savoir du fromage (sur lequel je n'ai aucune restriction autre que quantitative, Dieu merci)... le plus dur est au restaurant. Dernièrement j'en ai fait quelques uns, et j'ai plus ressenti de frustration qu'autre chose. Vous voulez manger un petit morceau de viande blanche avec des légumes cuits, une petite purée ou quelques pâtes, sans gâcher 75 % de votre assiette, au restaurant ? Vous pouvez toujours courir. Vivement que des restaurants qui proposent que des petites portions, toutes simples et pas chères, soient un jour créés. En attendant, je vais continuer de payer 10-15 euros des plats dont je ne mange que 25 %, quand j'ai de la chance.
Donc ça oui, ça change. Tout comme le problème de mes pantalons que je trimballe comme des sacs à patates. Vu le rythme de ma perte de poids - hier j'en était à -27 kilos, dont -18 depuis ma sortie d’hôpital, il y a un mois et demi - je ne vais pas me risquer à acheter des
pantalons XXXL, au lieu des XXXXL actuels, sachant que dans quatre ou cinq mois j'aurais plutôt besoin de porter des XXL, voire des XL. Je veux bien devenir une fashion victime, mais pas une conso victime non plus. En même temps, oui mes pantalons sont moches mais je n'ai jamais été une gravure de mode non plus donc bon... changement relatif.
La santé ? Oui je me sens plus léger, le contraire serait étonnant après avoir perdu en poids l'équivalent d'un gamin de 7-8 ans, et 16 % de ma masse de départ. Mais au niveau forme physique je suis au même niveau qu'avant. Je ne parle pas de 2011, quand je courais. J'ai maigris mais je n'ai pas encore fait de muscles, et je me traîne toujours. J'ai toujours l'apparence d'un monsieur patate géant, avec un tronc énorme et des jambes plus maigres que jamais.
Au fond, ma vie reste la même. Peut-être que la bouffe n'était pas si centrale dans ma vie que ça. Peut-être en fait-on trop dans nos sociétés occidentales où nos petits soucis de privilégiés deviennent vite des énormes problèmes au point d'en parler toute la journée à la télé et dans les médias, beaucoup trop sur le poids et le surpoids. Ou alors est-ce que c'est encore trop tôt pour en parler ? Je fais toujours le même boulot, à la fois intéressant parce que c'est un de mes domaines préférés, mais aussi parfois chiant et surtout très peu enrichissant humainement, vu que je bosse de chez moi. Je vois certains de mes amis régulièrement, d'autres beaucoup moins malheureusement. Qu'est-ce qui pourrait changer, au fond ? Peut-être devrais-je attendre d'avoir perdu l'essentiel de ce que je dois perdre, pour voir ce que ça fait. Faire des voyages ? J'en fais déjà. Du sport ? Ça oui, ça peut être pas mal. Être plus beau ? Vu que j'ai encore une fois perdu surtout dans le visage, effectivement concernant ce dernier, il y a un net progrès. Pour le corps... je serais peut-être mince un jour, mais je ne serais jamais un adonis. Mais là, on parle d'un truc très lointain encore. En tous cas, le nouveau livre que j'étais sensé avoir saisi... je cherche encore le rayon.
La vie, c'est les autres
Je parlais aussi de ma crainte que les gens changent d'attitude avec moi. Ce n'est pas le cas mais encore une fois, c'est trop tôt pour enterrer cette éventualité. Mais je parle beaucoup de ça, et pas seulement parce qu'on m'en parle beaucoup. J'ai envie d'en parler aussi parce que c'est quelque chose d'important qui m'arrive dans ma vie, et ce n'est pas si souvent. J'ai toujours autant de mal à décider si c'est quelque chose de positif ou négatif, parce que cela reste malgré tout la résultante de quelque chose de très négatif et que ça n'a rien de glorieux, mais ça se pose là, et même si pour l'instant ma vie ne change pas vraiment, cela reste un rocher qu'elle doit contourner pour continuer vers la mer. J'ai envie de raconter ce que ça induit, comment je me débrouille, etc. Mais bon, pour être honnête je parle surtout de mon régime actuel. Quand, dans deux semaines, je pourrais manger tout ce que je veux (en petite dose mais quand même), j'aurais moins de matière je pense.
Les gens vont forcément changer, parce que je vais changer. J'ai une amie qui a des problèmes de poids et qui m'a avoué que ce que je faisais l'avait influencée dans sa façon de manger, mais pas vraiment en bien, ce qui m'a un peu interpellé. Avoir une influence négative sur un proche quand on fait un truc sensé être positif, ça fait de la peine, j'espère que ça ne durera pas. Je n'ai pas réussi à comprendre pourquoi, c'est le plus perturbant. Ce qui est drôle, c'est que quand je vois les gens manger, ne serait-ce que normalement, moi qui suis rassasié après seulement quelques bouchées soigneusement malaxées pour pas créer un embouteillage dans la nouille que me sert désormais d'estomac, j'ai l'impression qu'ils s'empiffrent. J'ai envie de leur dire "mais sérieusement t'as encore faim là ? Tu viens de te taper un steak avec des frites et tu prends des profiteroles, sérieusement ?" C'est pas du tout de la jalousie - enfin si, je rêve de profiteroles, mais passons - c'est juste de l'étonnement. En seulement quelques semaines, j'ai carrément pris le pli de ma nouvelle façon de manger. Toujours est-il que je dois me faire à l'idée que je serais toujours celui qui mange le moins, à table. Et socialement, surtout dans ce pays où manger est un art de vivre culturellement essentiel, ce n'est pas vraiment évident à gérer. Ne pas finir un plat, c'est une chose, à peine l'entamer, c'est autre chose.
Au passage, je ne gâche pas qu'au restaurant... je ne compte pas les aliments que je jette chez moi, les purées, etc, que je n'ai pas eu le temps de terminer avant qu'ils ne tournent... va falloir que je trouve une façon de faire. Mais encore une fois, socialement c'est moins gênant de jeter une purée Picard que d'à peine toucher à un feuilleté de boudin noir aux pommes dans un resto...
A propos de ne pas voir ma vie réellement changer, je l'avais un peu deviné quand je disais à la fin de mon post que finalement il me resterait plein d'autres trucs pour compenser l'éventuel manque de ne plus pouvoir m'empiffrer par plaisir. Si je ne ressens quasiment plus la sensation de faim, j'ai parfois des envies compulsives, oui. Comment effacer 25 ans de sa vie comme ça ? Mais ces compulsions ne franchissent pas la limite entre l'instinct et la volonté. Ce n'est pas que je ne veux pas faire d'écart, ce n'est pas que je veux être raisonnable, c'est que je ne peux pas, tout simplement. Quand je pourrais manger ce que je veux, je pourrais éventuellement manger, je sais pas moi, un bonbon, un demi pain au chocolat, quand j'en ressentirais l'envie. Mais ce sera toujours dans le cadre de ce dont j'ai droit en terme de quantité, je n'y dérogerais pas. Ça fait un peu militaire ? Mais il faut bien comprendre que dans deux semaines, je vais commencer à manger pour le goût, et me faire plaisir par le goût. De toutes façons, je n'aurais jamais très faim, même si ça reviendra sûrement un peu. Donc autant me concentrer sur des trucs que j'aime, et ne pas me frustrer avec des trucs que je n'aime pas. Je crois qu'ils s'éclatent moins que ça à l'armée.
Je vous laisse, à plus tard !