jeudi 30 juin 2011

Wanna


Bonjour à tous,

A une (énième) journée de boulot du mois de juillet, ses best of à la télé et son Tour de France, je ne peux pas dire que je sois dans les meilleures dispositions mentales pour fêter cette arrivée estivalo-calendaire dans ma vie. Beaucoup de choses me prennent la tête en ce moment, sans que j'arrive vraiment à les identifier ou de les analyser, rien de grave à chaque fois mais tout accumulé, ça fait quand même un gros pâté de trucs relous. En clair, chuis pas d'humeur. Hier soir j'ai envoyé paître mon cousin sur Facebook, même chose ce matin avec une vendeuse du Casino pour qui l'amabilité de bon matin est manifestement en option. Je crois qu'il vaut mieux pas me parler en ce moment.

J'ai envie de tellement de choses en ce moment. De vacances, bien sûr, ça c'est pour dans un peu moins de trois semaines. J'ai besoin de voir la mer, me baigner dedans, me foutre la tête sous l'eau et me battre avec les vagues. J'ai envie de louer une voiture quelque part et de rouler, rouler, rouler... sans m'arrêter. J'ai envie de voir des montagnes inondées de soleil ou coiffées de brumes. J'ai envie de payer un truc dans un pays étranger avec une monnaie inconnue.


America - A Horse with no Name par Discodandan

J'ai envie de réaliser un truc, faire quelque chose. Un roman, une longue marche, une course, un truc qui ferait que j'aurais l'impression d'avoir fait au moins un truc une fois dans ma vie. J'ai envie de retrouver l'inspiration qui m'habitait quand je passais mon temps à dessiner durant ma scolarité. Je ne dessine plus du tout aujourd'hui.

J'ai envie de faire un foot qui durerait des heures, de marquer une demi douzaine de buts, m'éclater le corps comme rarement, me dépenser comme jamais. J'ai envie d'habiter en Angleterre, avec au moins un chien. Il me faut un gros chien, qui lève les oreilles quand on l'appelle, qui laisse des poils partout et qui prend toute la place sur le canapé. J'ai envie de gagner une partie de RISK. Pas en jouer une, en gagner une.

J'ai envie de faire découvrir la trilogie du Parrain à mes amis, tout au long d'une nuit qui resterait hermétique au temps et à l'espace. Ou juste faire une nuit blanche avec eux, en m'étouffant de rire. Bref, j'ai envie de tellement de chose que je crois qu'en fait, j'ai peut-être simplement envie de changer de vie.

Je vous laisse.

mardi 28 juin 2011

Il pleuvait sur Nantes


Salut à tous,


A y est, ils sont barrés. Les voilà repartis dans leur contrée nantaise, qui n'a même pas le bon goût d'être bretonne. Ces amis parmi mes amis ont effectué hier et aujourd'hui leur deuxième décentralisation personnelle, une nouvelle fois rejetés par des loyers parisiens toujours plus scandaleux pour les familles qui ne roulent pas sur l'or et n'ont pas les relations pour ne pas en souffrir.

Et nous, on se retrouve là. Sans ciment, sans moteur, sans point de chute pour nos bêtises. Largués dans une ville qu'on connaît trop, qu'on a arpenté 100 fois, 1000 fois, dont on connaît par cœur les salles de ciné, les salles de spectacle les plus prestigieuses, le métro à la sueur. On a eu envie de leur dire de rester, tellement égoïstement, ces dernières années. Ils nous on écouté, parfois, mais là ils n'ont pas pu.



Ils se retrouvent donc là-bas, dans cet ancien fief du beau jeu à la Française, à quatre stations de tram du stade de la Beaujoire, de ses tribunes en forme de vagues et ses recrues trouvées en quatrième division, faute de mieux. Dans un superbe appart tout blanc avec un étage/mezzanine, quatre chambres (au lieu de deux...) et plein d'espace pour que la demi équipe de hand que forment leurs enfants puissent s'ébrouer comme il faut. La dernière fois, ils n'avaient pas été loin d'être heureux, et ils avaient eu le temps de se faire des amis, déjà. Parce qu'ils n'ont pas trop de problème pour ça, en général. Cette fois, ils vont y arriver sans problème.

Nous on les a aidé, alors que les laisser en plan aurait été un bon moyen de les empêcher de partir finalement. Qu'on a été con, en fait... on a donc bravé deux tonnes d'affaires, de bouquins divers, de jouets, de meubles. Trois heures pour remplir deux camions, et autant pour les vider, sous un cagnard absolument pas nantais, je tenais à le dire. On était un petite dizaine, quand même. Quelle efficacité pour les aider à se barrer ! La plus paradoxale des preuves d'amour.

C'est con, mais à y réfléchir, ils sont (pas étaient, sont) un peu le grand frère et la grande sœur que je n'ai pas eu, moi qui ait le redoutable honneur d'être l'ainé de ma fratrie. Je vais les voir un peu cet été, un peu cet hiver pour les fêtes, mais nos moments en communs vont s'espacer, par la force des choses et de la distance. Va falloir trouver d'autres gâteaux maisons à dévorer, d'autres fesses masculines à regarder (contraint et forcé, je précise), d'autres rires collectifs à partager. La dernière fois ça avait duré un an et demi, là ça pourrait bien durer plus longtemps. Ça donne presque envie d'aller s'installer là-bas.

Désolé, j'ai déjà été plus inspiré, mais c'est tout ce que mon cerveau embrumé et désordonné, peu aidé, il est vrai, par des bras de vieillard arthritique à qui on aurait greffé des barbelés, peut offrir comme prose ce soir. Je suis extrêmement triste, pour tout vous dire. En quelques mois, mes parents et maintenant mes amis sont partis se réfugier là-bas, entre la Bretagne et la Loire-Atlantique. Écoutez, je vais tenter un dernier coup pathétique pour les faire revenir : en regardant bien la France, cet endroit ressemble un peu à son aisselle, ou la base de son nez. Hanlàlààà, les boules eh oh, n'importe quoi d'habiter sous un bras hééé, raaah, ça va les poils ça tient chaud ? Marche pas ? Tant pis, j'aurais essayé.

Je vous laisse.

lundi 20 juin 2011

Parti or not parti


Salut à tous,

Depuis des semaines, je me refuse à parler de l'affaire DSK, comme de l'affaire Tron. D'ailleurs, je déteste parler des affaires tant qu'elles ne sont pas jugées. Ça paraît évident dit comme ça, mais on ne peut pas dire que cet adage ait été respecté dans les médias, sur ces affaires comme sur d'autres.

Le problème, c'est de parler d'affaires sans prendre parti, tout en y mettant de l'émotion, involontairement ou pas, parce qu'on n'est pas des machines. Mais comme l'objectivité est une vue de l'esprit absolument utopique, à partir du moment où on aborde une affaire de ce genre, on donne forcément son avis. Pas forcément dans les mots d'ailleurs, ce sont souvent eux les plus faciles à contrôler. Non, je pense plutôt à des mimiques, des tournures de phrase, des silences, des choix de thèmes aussi. Et puis, parler des victimes PRESUMEES - un mot clé, s'il en est, depuis un mois et demi -, c'est forcément quitter la ligne droite qu'on avait décidé de suivre.

En plus de celles déjà évoquées plus haut, deux autres affaires m'ont interpellées aujourd'hui : celle de Colonna, qui clame son innocence mais qui a été condamné une troisième fois dans l'affaire Erignac, et celle de cet ouvrier agricole qui, lui, va sans doute être déclaré non coupable après avoir été condamné deux fois à une quinzaine d'années de prison pour le viol d'une jeune fille qui avait manifestement menti. Au point qu'on avait constaté, après qu'elle soit revenu sur ses déclarations, qu'elle était en fait vierge après son viol présumé... Et je ne parle pas de l’affaire Omar Raddad, remise au goût du jour par un film que je ne manquerais sous aucun prétexte.

Voyez-vous, l'affaire DSK a fait parler en un mois et demi à peu près autant de personne que l'existence de Dieu ou la poule et son œuf en 2000 ans. Y a d'abord ces amis, à qui on a reproché de l'avoir défendu dans un premier temps. Et là je ne parle pas des imbéciles comme Lang ou Kahn, et leurs dérapages manifestes. Je pense plutôt aux Strauss-Kahniens, dont je ne partage pas les idées libérales, comme Moscovici ou Cambadélis. Ca a choqué après coup, comme par exemple Ruquier qui n'a cessé d'en parler pendant des semaines à la radio. Mais si on vous annonçait, à vous, qu'un de vos meilleurs amis était accusé de viol dans un hôtel, vous ne le défendriez pas ? Vous y croiriez tout de suite ? "Quoi, Jean-Claude, un violeur ? Purée, c'était mon meilleur pote, mais au fond je l'ai toujours su ! Ordure, va te faire castrer chimiquement !" En tous cas, je ne pense pas que ma première réaction serait celle-là. Du moins je l'espère !

Ensuite, assez vite au fond, quelques jours plus tard, le temps que l'on digère les images hallucinantes d'un des hommes les plus puissants du monde mis au même niveau qu'un petit dealer du Queens ou qu'un méchant dans 24 - images d'autant plus choquantes qu'on y est pas du tout habitué, dans ce pays à la fois attaché (en principe) à la présomption d'innocence mais surtout au respect exagéré des élites et autres hommes de pouvoir... - , y a eu les autres. J'ai bien essayé de compter le nombre de fois que j'ai entendu la phrase "on a tendance à oublier qu'il y a aussi une victime", mais entre temps y a eu Roland Garros et la signature de Gameiro au PSG, et mon décompte s'est embrouillé aux alentours de 125 776. Et encore, je n'ai pas pu TOUT regarder tout le temps, j'ai du en oublier quelques centaines. Si des gens ont vraiment oublié qu'il y avait une victime, c'est que ce sont des bienheureux, vu qu'ils vivent manifestement dans la nature, dans des endroits extrêmement reculés, genre avec les Dogons sur les haut plateaux africains, ou au Pôle Sud par exemple.

Déclarer que Straus-Kahn est FORCEMENT innocent vu que ces amis ne l'imaginait pas capable de faire ça - en même temps, qui garderait sérieusement un ami soupçonnable de ce genre de crimes ? - , c'est tout aussi contraire à l'éthique que demande la Justice que de dire qu'il l'a FORCEMENT fait, vu que c'est une pauvre femme de ménage immigrée qui l'a dit, en accusant en plus un pervers notoire vu qu'il trompe souvent sa femme. Se sont donc ajoutés à cette affaire quelques poncifs et autres amalgames grossiers tels que "un homme infidèle est un pervers", "les hommes politiques sont tous des obsédés, surtout si en plus ils sont infidèles", ou "elle a forcément été manipulée par des ennemis politiques de DSK, vu qu'elle est noire et faible". Au passage, on a assisté au réveil des féministes, qui avaient auparavant effectué une bonne sieste au moment du débat sur les prostituées. Que celui qui n'a pas donné son avis sur cet affaire m'explique de suite sa présence devant un ordinateur, alors qu'il devrait être en train de renforcer sa hutte de bambou au Pakistan, en vu de la mousson.

Au final, si on essaie désespérément d'être objectif, je dirais qu'on a quand même surtout entendu ceux qui ne croient pas en son innocence - qui est encore possible, sinon autant économiser un procès et quelques mois de loyer mirobolants à Anne Sinclair -. C'est le problème du traitement des victimes. C'est complètement humain de prendre le parti du plus faible, surtout quand l'écart est aussi gigantesque. Même si je ne suis pas sûr que Nafissatou Diallo ait une chance de recueillir beaucoup de voix en cas de scrutin entre elle et lui. Quand on voit la veuve du préfet Erignac affirmer que justice à été faite après que Colonna ait été condamné une troisième fois, on espère qu'elle a raison, parce que vivre ce que l'ouvrier agricole accusé de viol, Omar Raddad ou Patrick Dils ont vécu en étant enfermé en prison durant des années alors qu'ils étaient innocent, je ne le souhaite à personne. DSK est sûrement coupable, mais il est peut-être innocent. Oui, il paraît que les complots politiques n'existent pas, si on excepte bien sûr le Watergate, l'affaire Baudis ou l’affaire Clearstream et autres joyeusetés de barbouzes de ce genre.

C'est toujours pareil avec l'émotion journalistique : on la pare de tous les attraits, mais c'est la meilleure façon de dire des conneries, et d'en faire aussi. Si DSK est innocenté, va y avoir un festival de vestes retournées, sans parler, évidemment, de ceux qui vont penser à un arrangement. C'est bien pour ça que quoiqu'il se passe désormais, DSK est foutu, il ne peut pas gagner, même s'il gagne.

Je vous laisse.

vendredi 17 juin 2011

On va voir les vaches ?


Salut à tous,

Ce WE, comme quasiment chaque année, on est parti défier les embruns normands. Cette fois, notre choix s'est porté sur la charmante bourgade de Cheffreville, à une petite vingtaine de kilomètres de Lisieux. Lisieux, je connaissais déjà de vue : j'y passe à chaque fois pour aller en Bretagne, j'y emprunte une longue rocade puis une autoroute qui mène à Caen, et à chaque fois j'admire en chemin la Basilique, copiée paraît-il sur celle de Rome d'ailleurs.

Tous les ingrédients habituels étaient réunis : une maison pleine de pierres et de chambres, un peu de pluie, des vaches autour, des jeux et plein d'amis. Certains étaient manquants pour cause de résidence prolongée au Canada, et d'autres pour d'autres raisons mais qui nous feront finalement l'exquise surprise de débarquer samedi en fin d'après-midi. On serra un peu serré mais ça vaut largement le coup, cette arrivée donnera un véritable coup de fouet à ce WE. Surtout que ces mêmes amis, par ailleurs habitués de ce blog, déménagent dans deux semaines dans un trou dénommé... attendez, je regarde mes fiches... Mantes ? Nancy ? La Bourboule ? Enfin bref, un truc au bord de la mer, j'imagine avec une boulangerie, une église et un garde-forestier, et qui reçoit l'électricité les années bissextiles. Les charmes de la nature et du dépaysement... bref ils vont partir, donc en ce moment on essaie de profiter d'eux au maximum, même si ça ne suffira manifestement pas à les retenir.

Bref, en plus cette année on y a ajouté un peu de sel : une petite dizaine d'enfants, allant de 8 mois à 10 ans, et qui vont pas tarder à être supérieurs en nombre aux adultes. Les enfants, quand c'est nombreux, mais pas seulement, ça apporte certes du bruit, des pleurs et ça prends beaucoup de temps et d'attention aux adultes, mais aussi de la vie, de la joie et des photos qui font déjà dates. Mais je vais arrêter de vous prendre la tête, et je vous laisse savourer ces quelques photos...

Je vous laisse.

jeudi 16 juin 2011

Mariage gay, très gay


Salut à tous,

On ne pourra plus dire que la gauche manque d'idée, qu'elle ne fait que critiquer Sarkozy (faut dire que c'est quand même un boulot particulièrement chronophage...), etc. Cette semaine, le PS, qui depuis bientôt 10 ans maintenant végète dans l'opposition comme il l'a fait pendant des décennies avant que Mitterrand puis Jospin viennent offrir à la Droite des boucs-émissaire idéaux pour expliquer, 15 ans après, pourquoi la France va mal (les 35 heures et SOS Racisme, évidemment !), a décidé de se prendre pour la majorité, en proposant des lois et des textes qui avaient aussi peu de chance d'être votés à l'Assemblée que moi de devenir chroniqueur de Ruquier à l'automne prochain. Mais il s'agit avant tout de provoquer des débats autrement que dans des salles des fêtes remplies de nostalgiques de l'OAS et d'anciens électeurs du FN, raflés par Sarkozy il y a 4 ans, comme l'UMP l'a fait avec l'identité nationale et la laïcité (enfin, l'Islam). Et, moi qui ne suis vraiment pas Socialiste - l'eau tiède, c'est dégueu - je dois dire que ces initiatives, tellement désespérées et en même temps signes qu'il y a encore de la vie dans ce mammouth informe et usé jusqu'à la corde, m'ont réjoui. J'aurais été encore plus jouasse si ces textes avaient été votés, mais là ça aurait été quand même une sacrée surprise. Tout le monde n'est pas Simone Veil.

Le premier d'entre eux concerne le mariage homosexuel. Contrairement à ce que j'ai entendu ici ou là, il ne s'agit pas d'obliger TOUS les homosexuels à se marier, là ça aurait été une véritable punition collective, un fléau qui se serait ajouté à tous ceux qu'ils ont déjà subit depuis toujours. Oui, parce que pour certains l'argument "qui a dit que les homos voulaient se marier ?" était recevable, aussi incroyable que cela puisse paraître. Je suis pour le mariage gay, tout comme je suis pour l'autorisation faites aux gauchers ou aux rouquins de ne pas être brûlés sur les places de villages comme c'était l'usage il y a quelques siècles, et pourtant je ne suis concerné du tout par aucun de ces cas. Au passage, je suis droitier, châtain, hétéro et en plus chauve, c'est dire si, en dehors d'une surcharge pondéral très supérieure à la moyenne mondiale, voire nationale, je suis d'une banalité abyssale.

Plus sérieusement, je suis pour, mais je ne vais pas m'étendre sur mes raisons. Elles tiennent en gros sur une certaine liberté, mais surtout sur l'égalité : aujourd'hui, les couples gays sont, surtout dans les grandes villes, parfaitement intégrés, ils vivent comme les autres et on se doit de considérer leur sexualité comme égale aux autres. Un festival de portes ouvertes enfoncées au bulldozer ? Pas pour le FN mais surtout les inénarrables députés de la "Droite Populaire", ces types improbables qui, tels de vulgaires gays refoulés, n'assument pas leur part fascisante en demeurant à l'UMP, un parti paraît-il républicain, en tous cas modéré et de gouvernement, alors qu'ils auraient manifestement toute leur place dans la maison d'à côté, le FN. Ainsi, ma nouvelle idole, le député du Nord Christian Vanneste, a affirmé avec un sourire jusqu'aux implants, que le mariage gay serait une "aberration anthropologique". Jacques Myard, qui lui a la particularité d'être mon maire, ce dont je suis vraiment peu fier, et qui peut se reposer, dans sa bonne ville de Maisons Laffitte, sur un matelas de plus de 60 % de vote UMP pour garder à vie son écharpe, a carrément proposé, histoire de faire un peu d'humour et de détendre l'atmosphère, "le mariage zoophile". C'est ici que ça se passe. Voilà. Il y a donc encore des gens, en 2011, qui pensent manifestement que l'homosexualité est une mode, une déviance, une maladie, une marotte, tout ce que vous voulez. Mais surtout un danger pour le pays, sinon ils ne seraient pas contre, si ? Quand je vous dis que la France régresse, ce n'est pas qu'une crainte, c'est un fait. Aujourd'hui, ces gens ont pignon sur rue, sont au pouvoir, aux manettes, et nous font revivre avec un enthousiasme juvénile les glorieuses années 30, au mieux. Mais on y arrivera, ces encrassés du bulbe ne sont pas éternels et plus vieux que nous, ça passera un jour, vous inquiétez pas.

L'autre projet de loi qui, lui, va tenter de passer dans les prochains jours, c'est la légalisation du cannabis. Là, les portes ouvertes ne sont évidemment plus de rigueur. On est là dans un cas beaucoup plus complexe, qui divise d'ailleurs beaucoup la Gauche. Selon moi, de deux choses l'une : soit on arrête l'hypocrisie, et on légalise une drogue nettement moins dangereuse et meurtrière que l'alcool ou le tabac, véritables piliers de notre économie et de notre société, pour mieux la contrôler et piquer leur sale boulot aux salopards des cages d'escaliers de banlieue ; soit on interdit toutes les drogues, y compris le tabac et l'alcool, donc, toujours en raison de cette fameuse hypocrisie, et on mène une guerre majeure à tous ces trafics. Une chose est sûre, tant qu'on restera au milieu du gué comme on l'est actuellement, en conservant certains poisons parce qu'ils font partie du patrimoine français tout en en interdisant d'autres parce qu'ils n'ont pas d'AOC, et qu'on laisse faire les choses dans certains milieux, il ne risque pas de se passer grand chose. De toutes façons, ce n'est pas au niveau national qu'on peut faire quelque chose, mais au niveau international.

Bref, tout ça fait réfléchir dans un sens quand même plus noble que de savoir si on a le droit d'avoir plusieurs nationalités, si on doit chanter la Marseillaise quand on va jouer au foot, si on peut porter un foulard ou une croix ou si l'Islam met en danger la République. Peut-être qu'en 2012, si la majorité a changé de camps, la France pourra rattraper le retard qu'elle a pris sur ses voisins pour qui elle a été un modèle, à une époque, sur le plan des avancées sociétales et des idées.

Je vous laisse.

vendredi 10 juin 2011

La saveur amère de l'échec programmé


Bon ben voilà, les résultats sont tombés, du moins pour les 20. Et je ne suis pas dedans, bien entendu ! Ça aurait été trop beau, trop parfait, que je parvienne à m'extirper de cette petite vie étriquée, passée derrière cet écran à soit bosser, soit glander depuis des années, grâce à un moyen d'apparence aussi simple. Il ne m'est pas arrivé de grands malheurs dans ma vie pour le moment, mais pas de grand bonheur non plus, malgré quelques pics dans les deux sens. J'ai essayé de provoquer la haute montagne, qui s'est gaussée de moi. "Retourne à tes études, p'tit gars, arrête de te prendre pour ce que tu n'es pas. Tu as sérieusement cru qu'il te suffisait de pondre un petit texte comme ça, de le répéter dans ton coin et de faire la queue quatre heures, de sentir tes entrailles te serrer au moment de passer à l'acte comme si tu allais enfanter, pour pénétrer le saint des saints, des studios de radio prestigieux, côtoyer tous ces gens que tu admires comme s'ils étaient tes égaux, et faire que cette tentative ne reste pas un one shot ? Mais t'as mangé un bisounours ou quoi ?"

C'est plutôt le bisounours qui vient de m'avaler, de me gober même. J'ai l'impression d'être une boulette de papier jetée à côté d'une poubelle, après qu'un auteur bidon a griffonné sur mon ventre un énième jet littéraire raté. De la chique qui s'est prise, durant un instant, pour un chewing gum goût fraise banane. Didier Deschamps qui se serait lancé dans une série de dribbles pour montrer à Zizou ce qu'il sait faire, lui aussi, et se ramasser devant le premier joueur du Liechtenstein venu.

Si le destin est un doigt jeté au hasard dans une foule pour bénir des gens, il n'est pas passé loin. Je vous avais parlé des trois personnes avec qui j'avais fraternisé dans la queue. Et bien, le fameux jeune beau avec des poils partout à été sélectionné, lui, alors qu'on s'est pas quitté d'un mètre pendant près de quatre heures. Si vous voulez le voir, il s'appelle Thomas, et il est ici, avec les 19 autres veinards qui ont devancé 698 personnes, quand même. Vous pouvez voter pour lui si vous voulez, mais je vous ferais une confidence : il est très sympa, son texte est intéressant, mais concrètement ça me ferait une belle jambe qu'il gagne. Quand on perd, on est tout seul, et quand on gagne aussi.

Après le casting, lundi, on était allé prendre un pot/manger dans un des Quicks des Champs, et on s'était lu chacun nos textes. Moi je voulais pas, vu que j'avais même refusé de lire ma "perle" - désormais, ce terme a une signification plus... gazeuse - à des amis très proches, mais vu que les deux filles, Claires et Pamela, avaient lu le leur, j'étais obligé d'obtempérer. Et le fait est que leurs textes à elles, mais aussi leur interprétation, avaient été proches de la perfection. Vraiment ! C'était drôle, fin, subtile et très bien joué. J'avais lu ensuite mon truc, me sentant devenir nain ligne après ligne, en me disant que si je devais être dans les 3 élus, ce serait au moins derrière ces deux nanas, ce qui était hautement improbable. Elles n'ont pas non plus été sélectionnées, et peuvent légitimement être déçues, elles.

Puis Thomas avait lu son texte. A la différence des nôtres, le sien n'avait pas vocation à être drôle : ça parlait de la jeunesse, des vieux en politique, etc, c'était une diatribe, très bien écrite au demeurant, mais pas drôle. Il ne jouait pas mieux que nous, parce que lui n'avait pas à jouer finalement. C'est la preuve qu'au fond, ils ne cherchaient pas forcément quelque chose de drôle, mais plutôt une qualité de texte, même si manifestement il y en a de marrants dans la sélection finale. Mais je vous avoue qu'après avoir tenté d'en écouter un autre, j'ai abandonné. Je vous laisse vous régaler, mais pour moi c'est une page à tourner le plus vite possible, parce que sinon la déprime me guette sérieusement.

Comment n'ai-je pas réussi à écrire un truc meilleur que ça ? Comment ai-je pu baisser à ce point ? Il y a 10 ans, j'écrivais très bien, il me semble ; les textes sortaient de ma tête aussi vite qu'une savonnette entre des mains trop pressées, parfois sans que je m'en rende compte ; des textes longs, avec de bonnes vannes, du moins si j'en croyais ceux qui les lisaient sur le forum de Friends, alors que je débutais sur le net avec ma connexion limitée et d'une lenteur toute helvétique.

J'ai écris quatre chroniques avant de me reporter sur la dernière ; mais au fond, à chaque fois je savais que c'était de la merde. C'était, au mieux, un peu marrant, avec quelques vannes lourdes, et au fond, c'était vide. J'ai eu un mal fou à les écrire, ce qui, dans mon cas, est toujours mauvais signe : plus j'ai du mal à écrire, plus c'est laborieux, retouché, moins c'est bon. Si j'ai choisi la dernière chronique, c'est parce qu'elle est sortie plus vite que les autres. Mes meilleurs textes, toujours selon moi, ont été écris d'un coup, d'un jet, lâchés comme ça dans la nature. Si je me met devant mon clavier en me disant que je dois écrire un truc drôle, je n'y arrive pas ; il faut aussi que ce soit imprévu, que j'ai l'idée avant dans la tête. Je ne suis donc clairement pas fait pour un métier qui consiste à être drôle mécaniquement, sur commande, quotidiennement, automatiquement. Je suis drôle quand on ne me le demande pas.

A y est, voilà que je me reprends pour quelqu'un d'autre. C'est plus fort que moi, il faut que je pense que je suis quelqu'un de drôle, d'intelligent, de fin alors que je suis qu'un gros lourd, rempli de beaufitude et de rêves tellement pathétiques qu'ils donneraient presque envie d'en pleurer. Pourquoi je n'arrive pas à me faire à l'idée que je ne peux pas faire mieux que CA ? Que cette vie terne, linéaire sinon banale, puisque je ne respecte aucun des temps accordés pour les balises obligatoires d'une vie sociale normale (pour rappel : jeunesse-mariage-bébé-vieilliesse), sera mon lot, c'est comme ça ? Pourquoi est-ce que je persiste dans ces rêves de voyage, de radio, de rencontres, que je puisse vivre d'un métier qui m'enivre plutôt qui me plaise, au mieux ? Se présenter à un casting comme ça, c'est avant tout un énorme acte d'orgueil. Et quand ça rate, la réplique est à la hauteur de l'orgueil dépensé.

Oui oui je sais, je ne suis pas à plaindre, je fais partie de l'élite occidentale qui a accès à des choses, comme l'eau ou la nourriture, que plus de la moitié de la planète n'envisage parfois qu'en rêve. Je souscris tout à fait à tout ça, mais là encore ça ne me rend même pas la jambe plus belle, il faut bien le reconnaître.

Je vous laisse, en attendant de nouvelles aventures. Pas celle-là en tous cas, on ne m'y reprendra pas.

mardi 7 juin 2011

Un matin comme ma vie


Vous allez rire.

- 10h ce matin, je pars courir 1 heure, après avoir fait 2 semaines à 50 minutes et 2 à 55. J'emmène avec moi deux pièces de 1 euro vu que l'Equipe coute toujours 1 euro et quelques. Je recopie aussi sur un post it les RIBs de comptes en banque à qui je dois faire des virements de ma banque, qui refuse que je les fasse de mon ordi.

- En courant, je me rends compte que je n'ai pas pris ma carte bleue, et que je n'ai aucun papier sur moi, donc les virements, ce sera pour demain, désolé pour les destinataires concernés qui se reconnaîtront :p

- Je fini de courir, je ne suis pas trop fatigué, même si, comme souvent, ça a été très dur vers la demi-heure, avant que ça se calme. Tout content, je file vers le tabac.

- Sur place, je farfouille dans la housse rose de mon antique iPod pour retrouver mes pièces, qui ne sont plus qu'une : j'ai perdu l'autre en courant, en changeant mon iPod de poche parce qu'il m'irritait la cuisse. Je n'ai donc plus qu'un euro, et le Chinois qui tiens le tabac a l'air aussi enclin à me faire une ristourne de 10 ou 20 centimes que de rendre sa liberté au Tibet. Très énervé, je repars vers chez moi.

- En chemin, je passe par le Parc et je regarde par terre, on ne sait jamais. Et en effet, je retrouve cette foutue pièce en train de briller sur le chemin. Heureusement qu'on n'était pas dimanche matin, et que j'étais quasiment le seul jogger de la matinée, sinon elle aurait vite disparu... Même si j'étais quasiment chez moi, je retourne au tabac, ce serait trop con.

- Sur place, j'achète l'Equipe, qui me revient à... 1 euro.

Je vous laisse.

lundi 6 juin 2011

Casting


Salut à tous,


En ce moment, c'est une fâcheuse habitude : comme les bébés - des autres, certes - avides de biberons, les castings ont une désagréable tendance à me faire me lever à 7h du mat, ce qui n'est pas un horaire raisonnable pour quelqu'un qui émerge rarement avant 9h.

Oui oui, je sais, y a un mot dans cette phrase qui vous a accroché la rétine : c'est le mot "casting" (et non le mot raisonnable, qui sonne aussi mal à mes oreilles que "biscuit" ou "billet", que je déteste totalement). Oui, ce matin, à un jet de gourmette des Champs-Elysées, je passais un casting. Mais je rassure ceux qui tentent de se remettre de m'avoir entendu chanter un jour, ce n'était pas pour X Factor mais pour ça. Un casting sauvage pour recruter des chroniqueurs pour garnir la grille d'été d'Europe 1. Une super idée, qui se calque à un de mes rêves, quelque chose qui m'a toujours donné l'impression d'être fait pour moi : la radio. Pas de question d'apparence, de décor, rien du tout. Juste une voix et un micro. Le média idéal. Et surtout, on peut causer, aller en profondeur, discuter et ce en y allant en tongues et t-shirt.

Évidemment, depuis que j'ai vu cette annonce - et que j'ai décidé d'y aller -, je ne pense plus qu'à ça. Une grosse foule s'annonçait, forcément, et donc les chances de réussite s’évaporaient d'autant, mais j'ai un gros défaut, c'est que je ne peux pas m'empêcher de me faire des films. Finalement, si j'ose trop peu souvent de faire des choses, c'est parce que si je dois faire quelque chose, c'est pour réussir. Échouer, c'est une perte de temps, déprimante en plus. Donc si je sens que j'ai aucune chance, en général j'y vais pas. Mais là, j'ai pas hésité, alors que les chances étaient quasi nulles. Donc si j'y suis allé, c'est que quelque part je devais sentir que j'en étais capable. De toutes façons, je m'en serais terriblement voulu de ne pas avoir essayé. Sauf que je déteste essayer, je veux faire quelque chose, pas essayer. Du coup, je me mets une pression énorme, je veux que ça marche, sinon je vais mal le prendre, je me connais.

Mais au risque de me répéter, j'ai autant de chance de devancer plus de 700 personnes à ce genre de concours que de gagner le Goncours avec mon dernier roman. Surtout que d'après certains échos sur Facebook, ils avaient déjà entendu quelques pépites au bout de 150 candidats. J'étais le 201ème... Du coup, comme plan B, où situer le curseur de la réussite ? Apparemment ils vont annoncer les vainqueurs vendredi, et mettre en ligne sur le site d'Europe 1 les 20 meilleures mardi prochain. Autant j'ai peu d'espoirs d'entendre mon nom durant l'émission de Ruquier en fin de semaine, autant j'espère vraiment faire partie des heureux élus du mardi.

Donc voilà, c'est pour ça que je me retrouve un peu avant 9h, au milieu de la rue François Ier, à quelques décamètres de la maison Dior, dans un quartier où espérer manger pour pas cher tout en évitant les calories de chez McDo ou Quick est aussi chimérique que d'y trouver un Kébab, et sous un ciel menaçant qui m'a incité - fort judicieusement - à emporter mon k-way. Devant nous - oui, mon Amour est venu me soutenir en cette heure matinale... -, une file en serpent devant les vénérables murs d'Europe 1, cette radio traditionnelle, certes, un peu vieillotte parfois, de droite, ça va de soit, mais nettement moins que RTL - cf cette pub absolument sans équivoque sur son orientation politique, et qui donne un peu la gerbe si on a pas sa carte UMP - , moins répétitive que France Info et plus facile à trouver que France Inter, et que j'écoute depuis des années maintenant.

Au début forcément, on se réfugie soit entre ses écouteurs, soit derrière son portable, son journal ou son bouquin. Je choisis le journal, mais pas le bon : mon inconscient décide de me cataloguer aux yeux des observateurs et néanmoins concurrents qui m'entourent en sortant l’Équipe plutôt que Charlie Hebdo, que j'ai aussi acheté. Mais l'honnêteté me fait dire quand même que si j'ai acheté ce dernier, c'est que je sentais que j'allais avoir besoin de lecture. En fait, je ne l'ai même pas ouvert, et je n'ai fini l’Équipe qu'en revenant, ce soir.

La foule est plutôt jeune - enfin, trentenaire en grande majorité, quelques (vrais) jeunes, et peu de plus de 50 ans à vue de nez. Et peu de femmes aussi, même si le visionnage des différentes chroniques, visibles ici, me montre que ces dernières ont du arriver plus tard que moi... ou nettement avant. Bref, à peine le temps de sortir mon journal qu'un type vient me parler. Pas très grand, typé de chais pas où, il commence à me raconter des trucs sans queue ni tête, me tapote l'épaule pour me parler en me faisant "eh m'sieur, eh m'sieur". Je fais comme tous ceux qui auront affaire à lui aujourd'hui : au début chuis gentil, je réponds - quand je comprends -, puis je commence à regarder ailleurs, avant de l'ignorer totalement. C'est pas qu'il était méchant ou agressif, il était juste RELOU, pénible au possible, à répéter en boucle ses "vous me tenez au courant hein", ou "en tout bien tout honneur". Le pire, c'est qu'en plus je culpabilise, la totale. Mais franchement, s'il ne changeait pas vite de tête de turc, la matinée s'annonçait TRES TRES longue.

Un moment il s'éloigne, je ne sais pas trop pourquoi, et là on se regarde dans ma zone avec un sourire entendu, et on commence à fraterniser. L'adversité, rien de tel pour créer des liens. Au gré de ses allez retours - dont un pour suivre une voisine aux toilettes d'un café voisin... - on rigole pas mal, on se moque très peu charitablement de lui, on discute de ce qui nous attends quelques mètres plus loin mais dans si longtemps, etc. En gros, y a ce que j'allais appeler la Parisienne type, si elle n'était pas originaire de Nancy à la base, une autre qui bosse dans le marketing et le jeune beau, étudiant, poils parfaitement taillés - et non rasés - particulièrement apparents, et à la voix soigneusement grave. Des Parisiens intra muros, qui parlent de Vélibs et qui disent ne pas supporter de quitter leurs arrondissements chéris, mais qui sont très sympas, comme quoi ça n'a rien à voir :p

Du coup, pas besoin de lecture, la matinée passe aussi vite que la queue avance lentement. Notre ami Manu - qu'on appelait "Steevy" avant qu'il ne nous apprenne joyeusement son prénom... - a le bon gout de ne pas nous prendre la tête de façon exclusive, mais de propager ce "talent" aux autres parties de la file, ce qui nous fait bien rigoler. Quand la caméra de "C à vous", émission de fin d'aprèm de France 5, vient interviewer quelques personnes, on lui envoie notre mascotte, qui monopolisera comme prévu la caméra pendant 10 minutes. Sauf que la journaliste, sentant, en bonne professionnelle de la télé, ce qu'ils appellent un "bon client", n'hésite pas à le relancer par d'autres questions, même si les réponses obtenues ont autant de sens qu'un raisonnement arithmétique de Claude Guéant sur l'immigration et la réussite à l'école. Mais bon là aussi on s'en fiche, on se marre pas mal quand même.

C'est pas de la méchanceté, faut aussi comprendre qu'on était extrêmement nerveux, moi en tous cas, et fallait que ça sorte, que je cause. Et le principal sujet de conversation, c'était lui... Si vous voulez voir la tête de l'objet de nos tourments, la voici. Oui, en photo, il est parfaitement supportable.

Sur le trottoir se succèdent Morandini, Ruquier, Laffont, bronzé comme un exilé monégasque et l'air terriblement pédant... on se fait mitrailler de photos des fenêtres... le temps s'écoule, insouciant. Mais sûrement.

Plus on se rapproche de la fin de la queue, plus la tension monte. Ça fait pompeux comme ça, mais c'est vrai : je ressens de mieux en mieux tous mes organes internes, en particulier mon colon, le bide, enfin bref je me fais dessus quoi. On commence à sortir son petit papier avec son texte tout froissé de sueur et/ou de pluie, s'il n'était pas protégé dans sa petite chemise, pour réviser. Moi il chauffait carrément dans ma poche, question de fusion entre un auteur et son œuvre j'imagine... au bout de la file, alors que j'entends battre mon cœur dans mes oreilles et que j'ai l'impression que mon espérance de vie baisse à chaque respiration, on nous donne des papiers à signer et remplir, qui disent qu'on abandonne en gros tous nos droits, intellectuels, d'image, voire les droits humains, vu qu'ils se laissent le droit de nous fusiller sur place au premier calembour foireux. Enfin c'est ce que j'imagine, vous ne pensez quand même pas que j'ai tout lu non ?

On nous laisse enfin rentrer. En fait, avec le jeune beau poilu qui se prénomme Thomas, on a découvert la salle avant les autres, obligés que nous étions par nos vessies non soulagées depuis presque quatre heures maintenant. En fait cette fameuse salle, que j'avais déjà vue une fois pour une émission de Ruquier, donne directement sur la rue : elle est plongée dans un noir-bleu qui donne l'impression qu'on vient de rentrer dans la salle de commande de l'Enterprise. A une première table, un mec nous raconte pour la 50e fois au moins de sa journée - vu qu'on rentrait 4 par 4 - qu'on va nous donner un numéro, qu'une fois dans la cabine un technicien nous parlera, faudra lui donner nos prénoms et numéros, qu'on a droit à 2'30 mais que si on dépasse un peu, c'est pas grave - sauf qu'à 2'50, ils coupent. Et aussi qu'on peut prendre une bouteille, un Mars et/ou un Twix, mais qu'ils ne nous conseillent pas de manger un Mars : ça colle aux dents. Et là effectivement, quand on s'imagine en train d'essayer d'articuler avec du caramel fondu dans les chicots, on a comme une sueur froide. Mais pourquoi ils nous les donnent alors ? Et si c'est un piège, pourquoi nous prévenir ? Voilà de l'argent bien utilisé, 700 Mars à la poubelle c'est bien vu.

Et puis voilà, on va s'asseoir en attendant qu'un abattoir se libère. Au-dessus de nous, derrière un panneau, des gens nous écoutent, dont David Abiker, chroniqueur d'Europe 1 mais aussi de télé, ancien d"Arrêt sur Image" et cette saison chez Giesbert. Pas le plus marrant, loin de là, mais bon... Y a aussi des écrans, où on peut voir ceux qui passent en ce moment, entourés du bleu si typique de cette station, derrière leur micro à grosse bonnette bleue. Avec les trois autres, on s'est dit qu'on allait boire un verre ou manger ensemble après, et donc on passe l'un après l'autre, moi en dernier. C'est parti, that is the moment of the life of the revenge of the brrrr grrr rrrh.

Pas sûr que Guy Carlier, à sa grande époque, ou même moi à une non moins glorieuse partie de ma vie, aurait pu rentrer dans cette cabine B, mais là ça passait, j'ai bien fait de maigrir. Devant moi, ce micro énorme, un casque qui pend. Je m’assois aussi tranquillement que le permet l'adrénaline qui empoisonne mon corps depuis une bonne heure maintenant, puis met le casque. "Bonjour, comment ça va ? - Très stressé, et vous ?" Question idiote... Il m'explique ce que son collègue m'a expliqué y a 10 minutes, mais je capte un mot sur deux, peu importe. Comme souvent, le passeur, cette partie de moi qui me fait faire des choses que mon moi conscient se sent incapable de faire, prend les commandes.

Pour la première fois depuis que j'ai écris ma chronique - la quatrième tentative -, je la lis sans bafouiller une seule fois. J'arrive à peu près à respecter tous les mots que je dois appuyer et que j'ai écris en rouge, et j'arrive à donner le ton que je veux. Pas vraiment sûr que ça suffise, mais eu moins je n'ai pas de regret. Sauf peut-être de n'avoir pas pondu un meilleur texte, comme j'en faisais si facilement y a 10 ans, quand j'ai découvert le net, les forums et les factures téléphone astronomiques. Mais au niveau de l'interprétation, je n'ai pas failli a priori. Dans la mesure où à chaque fois que j'ai essayé de jouer, j'ai toujours été assez pathétique.

Une fois sorti, la pression ne retombe pas pour autant : maintenant, j'ai envie de savoir. Et tant que je ne saurais pas, je ne respirerais pas normalement, c'est aussi simple que ça. Purée, ce que ce serait bon !

Je vous laisse.