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jeudi 8 janvier 2015

Où est Charlie ?

J'irai bien faire un tour au Brésil encore aujourd'hui, mais je dois parler d'hier.

Pourtant rarement j'ai eu autant de mal pour poser des mots sur ce que je ressens depuis une trentaine d'heures maintenant. Branché, vissé à iTélé, je scrute mon écran pour savoir quoi penser, essayer de comprendre pourquoi le monde, telle une balançoire défaillante, un peu bancale, un peu rouillée, se met tout d'un coup à nous envoyer dans le décor, alors qu'on demandait juste à fendre tranquillement l'air, en tendant les pieds vers l'avant, puis vers l'arrière. Pourquoi, une fois par décennie, tout craque, les coutures du rideau cèdent et nous laissent entrevoir le côté sombre de la petite comédie que notre société nous joue pour nous donner l'impression que nos existences ont un sens. Pour nous faire croire que le seul but dans la vie, c'est de se lever tôt pour aller trimer pendant quarante ans, histoire de pouvoir se payer un beau cercueil. Des fois, des évènements soulèvent le voile et nous montrent combien tout cela est du vent, combien tout cela est dérisoire. Comparé à l'essentiel, à savoir la vie, et son infinie fragilité.

On est habitué à entendre aux infos que des gens sont morts. Des vieux, parce qu'ils n'avaient plus d'essence, des soldats, parce que leur métier est de risquer leurs vies, des otages, parce que des gens leurs ont déjà volé une partie de leur existence et les privant de liberté, des quidams dans des accidents, parce que la vie sélectionne arbitrairement, comme ça, au hasard, en fermant les yeux et en pointant du doigt des malchanceux. Ça nous attriste, ça nous touche, on se dit "oh merde, c'est dingue ça", parce que voilà, c'est moche de mourir, mais ça ne nous détourne pas vraiment quand même du déroulé de nos vies à nous, qui ont l'audace de continuer. Est-ce que vous êtes restés prostrés devant votre télé quand Robin Williams ou Joe Cocker sont morts ces derniers mois ? Pas sûr, non. Ce sont des chapitres que l'on clôt, tout au plus. Dans une poignée d'années, on essaiera de se rappeler, en vain, de l'année de leur décès. Parce qu'aussi déplorables soient-ils, ils se seront noyés dans l'océan des nouvelles tristes qui ponctuent nos journées de camés de l'info.

Non, là c'est différent. Ces sont des gens qui devraient mourir comme leur aîné Cavana, vous savez, vieux, avec une grosse moustache et un air fripon, un mélange entre le vieux con et le nostalgique de mai 68. Tranquillement, de vieillesse, à sa table à dessin, devant un western, en écoutant du jazz, que sais-je. Une mort paisible, après avoir agité pendant tout une vie les consciences et les intelligences avec des dessins ou des textes brillantissimes, insolents, après avoir passé des décennies à décrire des époques différentes, des gens différents, les ridiculiser, les parodier, à ne trembler devant personne, parce que pourquoi trembler ? On a beau dessiner la bite de Hollande, il ne va rien nous arriver de grave non ? Un contrôle fiscal, à la rigueur... Vu qu'on vit dans un pays terriblement libre, on s'en rend paradoxalement compte alors même que la liberté a pris un autobus dans la gueule hier, le dessinateur le plus insolent qui soit ne peut risquer sa vie pour ses œuvres, normalement. Pas vrai ?

Mais non, eux sont morts comme à une époque révolue, qui n'a pu exister que sous l'occupation ou, avant cela, sous les rois ou les empereurs. A l'époque où La Fontaine devait ruser en utilisant des animaux pour se moquer du roi. Même sous De Gaulle et son ORTF, et son ministère de l'information bouclé à double tour, il y avait des caricatures. D'accord, Hara Kiri avait été fermé après sa une "bal tragique à Colombey, un mort", le lendemain de la mort du Général. Mais les dessinateurs qui y travaillaient s'étaient retrouvés au chômage, pas étendus sur le sol de leur salle de rédaction, criblés de balles. Ce sont des actes, des images de temps non pas révolus, mais carrément anachroniques. Comment est-ce possible ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Ce genre d'évènements changent le monde, et souvent on peu deviner ce qui va se passer ensuite. Le 11 septembre, par exemple, on a tout de suite senti que deux civilisations allaient se retrouver face à face, et que même si on savait qu'on ne devait pas céder aux instincts les plus bas, ça n'allait pas aller mieux sur ce plan. Et, de fait, la défiance et la haine à peine voilée entre l'occident et le moyen-orient n'a cessé de monter depuis plus de 13 ans. Pour aboutir à ça. Parce que c'est ça, aussi. Ce massacre à Charlie Hebdo, c'est une des balles perdues du carnage de Manhattan. Le monde dans lequel on essaie de nager est l'enfant de cette rencontre terrible de l'automne 2001, entre un occident débarrassé depuis une décennie de la menace soviétique et qui se croyait enfin seul au monde, et des fondamentalistes islamiques qui sentaient qu'il y avait une place à prendre en face du grand Satan.

Peut-on mesurer l'ampleur du désastre ? Cinq des meilleurs dessinateurs de France ont disparus du paysage, parmi les plus féroces, les plus talentueux, les plus mythiques aussi. Charb, Tignous, Honoré, ce n'était pas rien déjà. Mais Cabu et Wolinski... excusez-moi mais là, c'est encore plus terrible. Comment imaginer que l'éternel Wolinski, le fabuleux Wolinski, comment concevoir que le génial Cabu, comment ces mecs là qui dessinent la France et sa société sous toutes leurs coutures depuis cinq ou six décennies, depuis les époques De Gaulle ou Pompidou, avant le net, à l'époque des trois chaînes, avant que les femmes puissent ouvrir un compte en banque sans demander l'autorisation à leur mari, depuis toujours quoi, merde, comment ces mecs là ont pu finir leurs vies sous les balles de deux abrutis encagoulés et embrigadés ?

Je sais qu'une vie en vaut une autre, et que les autres, celles des policiers, celles des inconnus qui sont également tombés hier, méritent également tous les honneurs. Mais pour moi, hier, on a assassiné Coluche six fois, tout simplement. Les cinq dessinateurs et Bernard Maris, le chroniqueur de France Inter. Je vais me faire tuer par mes amis indécrottables optimistes, qui ne veulent voir que le positif - alors qu'ils ont pourtant plein de raisons, plus que moi, même, de sombrer dans la dépression parfois - mais les pessimistes ont raison, le monde ne va pas dans la bonne direction. Je cherche désespérément une nouvelle, la nouvelle, qui me ferait croire en un avenir meilleur. Les rassemblements spontanés ? Oui c'est beau, c'est magnifique, et ça prouve qu'une partie de la population, au moins, est encore dotée d'une conscience et d'un amour pour la justice. Et ça va inciter pendant quelques temps - une semaine ? Plusieurs ? - la classe politique à s’afficher unie et solidaire. Comme si la France pouvait fonctionner comme ça sur la durée. Mais même ça n'est pas vraiment souhaitable, pour le débat démocratique. Un monde où tout le monde serait d'accord ? Il n'y aurait plus de Charlie Hebdo alors.

Non, cet évènement va provoquer ce qu'on peut déjà poindre à l'horizon, et même plus près que ça, dans les insinuations de l'extrême droite et de la Droite Forte, quand ces tristes sires évoquent notre "civilisation" attaquée, quand la mère Le Pen parle déjà de retour de la peine de mort alors que les corps de Cabus et ses collègues ne sont pas encore refroidis après avoir insisté lourdement sur le caractère islamiste de l'attentat, quand Dupont-Aignan, dans les instants qui ont suivi le massacre, réclamait la fermeture des frontières... on y va tout droit, à l'étape suivante. Le Pen au deuxième tour ? Des mairies FN ? De la roupie de sansonnet. Une grande partie du pays réclame du populisme, peu de réflexion, beaucoup d'action, quelle qu'elle soit. Elle veut de la force, elle ne veut pas savoir pourquoi ni comment, juste quelqu'un qui donne l'impression de la guider. Oui, une partie de la France est ouvertement raciste, on ne peut plus aller dans un commerce, sur un forum, lire des commentaires, sans croiser un livre là-dessus, des propos là-dessus. C'est partout, c'est étouffant, c'est omniprésent. Et la catastrophe d'hier va précipiter tout ça. Comment croire que le peuple va renouveler sa confiance en Hollande ou en Sarkozy ? S'il n’écoute pas Mélenchon - il devrait -, il écoutera Le Pen. Et là, mes amis, tous aux abris.

Je vous laisse. RIP Charlie.

dimanche 12 janvier 2014

Dehors les fachos

Salut à tous,

Juste après vous avoir sincèrement souhaité une très bonne année, je vais aborder un sujet qui montre que cette bonne année, ben elle est pas vraiment gagnée. Comme celles d'avant d'ailleurs, que le déluge de souhaits en bonheur et en bonne santé qui l'ont inauguré n'a pas influencé en quoi que ce soit sur leur taux de bonheur. En tous cas sur le plan général.

Oui, moi aussi je m'y mets, à parler de Dieudonné. Parce que le côté particulier, clivant, de cette affaire oblige presque tout le monde à choisir un camp. Dans sa chanson "Leisenstadt", qui se demande notamment comment on a pu en arriver au nazisme dans les années 30 en Allemagne, J.J.Goldman souhaitait "si possible très longtemps à ne pas avoir à choisir un camp". Et depuis des années, même après la montée et la dé-diabolisation de la parole raciste en France grâce aux bons offices de Sarkozy et de ses roquets, on y avait à peu près échappé. Ça fait un petit moment maintenant que la France n'a plus été confrontée à l'obligation de choisir un camp sur le plan moral, de cette manière ; le référendum de 2005 sur la constitution européenne de Giscard, qui a profondément marqué la fracture entre les Français sur l'Europe et ses dérives, était plus un choix politique que moral, même si les partisans du oui ont caricaturé leurs adversaires, dont je faisais partie, en les faisant passer pour des anti européens primaires, voire des souverainistes. Ça faisait beaucoup d'électeurs potentiels pour de Villiers, mais peu importe.

Que faire d'autre ?

Pourquoi on s'est mis à parler soudainement de Dieudonné pendant les fêtes alors que ça fait dix ans qu'il a définitivement abandonné le costume d'humoriste pour celui de tribun antisémite, je ne sais pas, j'étais pas là, j'étais en Bretagne avec mes amis. Comme pour beaucoup de gens, donc, cette affaire est apparue soudainement, et comme souvent pendant les congés, les gens découvrent ça à leur retour avec effarement. Ce qui a sans doute déclenché tout ce toutim, c'est ce que Dieudonné a dit dans son spectacle à propos de Patrick Cohen, le journaliste de France Inter, et sur le fait que, je cite, "les chambres à gaz... dommage". Mouarf, hilarant ! Il ne faut surtout pas l'interdire, il est trop drôle ! C'est de l'humour, bien sûr !

On accuse Manuel Valls de lui avoir fait de la pub, et de l'avoir conforté dans son rôle favori, comme c'est le préféré, depuis toujours, de l'extrême-droite dans tous les pays de la terre, celui de victime du système et d'un complot, quel qu'il soit, même s'il est souvent juif, à les entendre. Argument indiscutable et recevable. Mais qu'aurait-il fallu faire d'autre ? Ne rien faire parce que sinon il passe pour la victime, le laisser vomir sa haine sur scène, ce qui lui permet de toujours se faire passer pour un comique ? Naulleau et consort me sortent qu'il faut simplement appliquer la loi, là encore je suis d'accord. Mais c'est ce qui se passe actuellement ! Interdire les manifestations xénophobes, racistes et antisémites, c'est déjà la loi. C'est juste qu'avant, elle n'était pas appliquée. Si Dieudonné était bien habillé, avec une belle mèche et qu'il était blanc, et s'il sortait les mêmes horreurs, ça ferait longtemps qu'il serait interdit, voire en prison. Mais comme il était humoriste, avant, et noir, donc forcément protégé de tout racisme, ben du coup il a le droit, parce qu'il a, je cite encore les candides et/ou ses anciens amis, "tellement de talent". Le Pen aussi, il avait du talent, ça ne l'empêchait pas d'être condamné à chaque dérapage. Hitler aussi, quel show-man c'était ! C'est quoi le talent, un totem d'immunité contre toute interdiction et de censure, même si tu outrepasses la loi ? Qu'est-ce qu'on s'en branle, qu'il ait eu du talent un jour ? Delon aussi il a eu du talent, mais j'irai pas voir ses films pour autant, parce qu'aujourd'hui il est gâteux. Ben Dieudonné c'est pareil, il est devenu con et antisémite, donc dehors.

Valls a fait son job

J'en peux plus de cette affaire. Si on ne parle que de ça, c'est de la faute de Valls, certes, mais aussi des médias, qui en font tellement trop avec lui, comme ils en ont fait trop avec Sarkozy y a dix ans. Quoique Valls fasse, lui le politique le plus populaire du moment, ça enclenche des boucles infernales sur les chaînes infos. Je ne supporte pas ce type et sa face de pet, son sourire de faux-cul et ses sourcils accusateurs. S'il allait au deuxième tour d'une élection présidentielle face à la droite, à part peut-être Copé ou le FN, je ne suis pas sûr de me déplacer pour aller voter pour lui. Cependant, même s'il en a fait trop, il a quand même fait son job de ministre de l'Intérieur, pour une fois. Ce boulot, ce n'est pas seulement de venir faire une visite avec le visage outré et compassionnel à Marseille dès qu'un type se fait buter, en promettant des renforts policiers à chaque fois. C'est aussi de faire des choses concrètes, d'agir quand un type utilise sa célébrité et son talent d'orateur pour faire revenir la peste noire dans ce pays, qui n'a jamais eu besoin de grand chose, dans son Histoire, pour retomber du mauvais côté. En 1940, ce n'était déjà pas la première fois que les juifs ou d'autres représentants de religions étaient persécutés dans l'ancienne "fille aînée de l'église". La France a créé les Droits de l'Homme il y a deux siècles, et a officiellement coupé les ponts avec le Pape il y a un siècle. Son passé anti juif, anti protestant ou anti musulman est beaucoup plus ancien, mais aussi plus lourd.

Dieudonné est hors la loi

Valls ne pouvait pas faire autrement. Le phénomène des quenelles dépassait les bornes, il devait réagir, c'est son job. Les quenelles qui sont INDISCUTABLEMENT des gestes antisémites, sinon ils ne seraient pas exécutés par les partisans de Dieudonné devant tous les lieux de l'Histoire juive, que ce soit le Mur des Lamentations ou l'école de Toulouse où des enfants ont été assassinés par Merah. Comme Dieudonné est INDISCUTABLEMENT antisémite, lui qui ne fait pas seulement chanter "Shoah ananas" par son public, il a aussi fait venir Robert Faurisson ou fait acclamer Youssouf Fofana sur scène. Comment peut-on encore discuter de telles évidence ? Nos actes font ce que nous sommes.

Ce n'est pas de la politique, ce n'est pas un débat sur la liberté d'expression, c'est un combat de salubrité publique. Y en a marre d'entendre dire qu'il y a des sujets plus importants. C'est vrai que les médias devraient parler d'autres choses, en plus de ça. Mais la lutte contre la peste fasciste doit mobiliser toutes les forces du pays. Quand un corps est frappé par un cancer, il se mobilise totalement pour le détruire. Le fascisme est un cancer qui se développe très vite, si on ne frappe pas très fort. Un traitement de cheval, c'est ce qu'il va falloir administrer au pays pour qu'il se débarrasse de ces salopards que sont Dieudonné, Soral, Zemmour et compagnie. Oui, Zemmour aussi, parce que le racisme et la xénophobie sont d'autres pans du débat français qu'il faut traiter, et vite fait. Ça fait trop longtemps qu'on laisse faire, ce n'est plus possible. Nos grand-parents ne se sont pas battus contre ça à leur époque pour que ça revienne maintenant.

Allez, sur ce, à plus tard, je vous laisse.

mercredi 15 mai 2013

Choses rares ou choses belles

Salut à tous,

J'étais au Trocadero, lundi soir. Forcément, moi qui ai une belle propension à rater souvent ce genre évènements, je ne voulais pas rater ça. Voir la remise du trophée de mes yeux, moi qui ai attendu la moitié de ma vie pour voir le PSG de nouveau champion ! Un rêve, non négociable.

Et pourtant j'ai du le négocier, un peu contre mon gré au début. En fait, je me suis vite rendu compte que j'avais bien fait de battre en retraite.

Débutons par le commencement : j'arrive au Trocadero avec mon Amour (qui ne restera pas, elle est plus maline que moi) vers 16h00, soit moins de trois heures avant la présumée remise. J'ai rien à faire cet aprèm, alors autant faire comme pour les
concerts, j'arrive le plus tôt possible pour être dans la "fosse", juste devant le podium. En fait au début la circulation reste ouverte, et donc on est retenu par un cordon de CRS d'un côté de la route, juste devant la "tribune" de presse, tandis qu'en face de nous, à l'entrée de l'esplanade des droits de l'Homme, nous regarde de son œil unique un Hexagoal géant, avec écrit dessus "Champion de France". J'imagine à ce moment là que ça va rester comme ça, qu'on restera à distance du podium, et que la distance permettra au bus des joueurs d'arriver tranquillement, et de livrer la fournée de joueurs attendue. Mon inexpérience de ce genre d'évènements parle à ce moment là...

En attendant, c'est extrêmement bon enfant. Les journalistes se baladent dans la foule de supporters, les interviewent, les filment... on ne peut pas dire qu'ils soient calmes, c'est normal, mais il ne font rien de mal. C'est joyeux. Y a même des fumigènes, déjà. Les mêmes qu'on voit dans les stades et qu'on voit souvent utilisés par les chaînes de télé dans les bandes annonces de match, ou dans les manifs de toutes sortes. Bref, qui sont critiqués quand ça arrange tout le monde. En tous cas on peut bouger normalement, il n'y a aucun problème, c'est exactement la fête qu'on attendait, et même qu'on espérait. Sauf si on s'attendait à une réunion de joueurs de bridge de Seine et Marne, bien sûr.

Et puis à un moment, les flics lâchent le cordon de sécurité. Immédiatement, tout le monde court vers le podium... sauf moi, évidemment, complètement surpris. Du coup, moi qui était super bien placé, je le suis un peu moins, mais quand même mieux que 90 % de la foule totale : je suis dans la masse de supporters qui chantent, chantent et rechantent, pile dans l'axe du podium, ou presque. Je ne vois pas la Tour Eiffel dans l'Hexagoal, mais elle est quand même juste derrière. A priori, je devrais bien les voir quand ils arriveront du Parc des Princes.

La foule devient vite très pressante, et je suis vite obligé de rentrer l’Équipe dans mon sac, vu que je n'ai plus de place pour la lire, ni même bientôt pour ne serait-ce que regarder ma montre. Il reste dans les deux heures à poireauter, ça va être long. A un moment, une première secousse survient sur ma droite. Une autre réponds, sur ma gauche. Assez vite, j'ai l'impression de ne plus maîtriser mes jambes, je ne fais que réagir aux mouvements de foule. On est tous littéralement collé les uns aux autres, et dès que des crétins poussent d'un côté, on se retrouve comme soulevés. Et moi, pour que je sois soulevé... je tiens encore une heure, il fait chaud, y a encore du soleil... et puis vers 18h15 je lâche l'affaire. Dans ces cas là, la technique c'est de suivre un mec qui va en arrière et qui crée un semblant de chemin dans la masse. Je recule, pour me retrouver dans des eaux moins... denses.

Je me rapproche des journalistes aussi, qui sont très nombreux. Je reconnais Olivier Le Foll, le journaliste de "terrain" d'iTélé, qui au début saluait du pouce les chants et les démonstrations de joie devant la caméra des supporters, et qui passera ensuite sa soirée à geindre sur le plateau de sa chaîne, pour dire qu'il a eu très peur, que c'était la guerre, etc. Encore un qui n'a rien vu venir. Je vois aussi, sur la fin, Daniel Lauclair. Pourquoi, j'en sais rien, mais il était là. Des années qu'il veut se faire passer pour un journaliste sportif, après avoir commenté le Tiercé pendant des années, mais il est aussi crédible au bord d'un terrain ou près de supporters qu'un cheval dans le 93.

Je suis plus libre de mes mouvements, même si le podium est désormais difficilement visible de là où je suis, compte tenu du nombre de drapeaux dressés en l'air et des fumigènes. Et je fais 1m92... et je ne parle pas de ceux, les pauvres, qui étaient derrière moi. Mais bon, je le vois quand même. De chaque côté du parvis, des écrans géants sont dressés, sur lequel on voit les joueurs parisiens s'approcher en bus, faire les cons, prendre en photo là foule... ces joueurs là ont l'habitude des triomphes de ce genre, mais ils restent des gamins dans ce cas là, ce que j'apprécie beaucoup. Ces joueurs auraient pu être blasés de gagner un titre moins ronflant que celui de champion de France, après en avoir empilé dans des pays plus prestigieux sur le plan du foot... ce n'est pas le cas. Même Beckham, multi titré (il jouait déjà lors du dernier titre, en 1994...) semble avoir gagné son premier trophée... des champions quoi.

Je suis au milieu des supporters, encore. C'est jeune, pas plus de 25 ans, sauf quelques historiques, qu'on sent être présent depuis des lustres, et qui chantent et font les gestes presque automatiquement. Je reconnais aussi des têtes qui, comme moi, n'ont pas supporté les mouvements de foule de devant le podium, et qui ont eux aussi reculé. En attendant ça se resserre - l'afflux de supporters est constant - , ça s'enfume, et je dois encore reculer. Je suis vieux, je n'ai plus l'habitude pour ces conneries. J'ai rarement eu autant conscience de mon âge avancé que lundi dernier, peut-être est-ce ça qui m'a déprimé le plus, encore plus que la fête gâchée, au fond.

A un moment, tout le monde lève la tête. En haut du Musée de l'Homme, à notre droite, là où est écris :

Choses rares ou choses belles
Ici savamment assemblées
Instruisent l'œil à regarder
Comme jamais encore vues
Toutes choses qui sont au monde

un mec a escaladé l’échafaudage qui grimpe jusqu'en haut du bâtiment. Il se dandine, brandit son écharpe, fait des gestes obscène, se balade sur une corniche qui paraît aussi épaisse que sa capacité de raisonnement... j'ai l'impression à chaque instant qu'on va assister à sa mort en direct. Un des rejetons directement nés de cette société qui promeut la célébrité avant toute autre valeur. Il a eu son quart d'heure, il pourra raconter son "exploit" à ses enfants, à qui je souhaite bon courage. La foule est électrisée, rigolarde. Un mec près de moi chante ironiquement "qui ne saute pas est Marseillais !", un autre chante que c'est "un mec"... il parvient en haut, tandis que d'autres "mecs" commencent à l'imiter. Sérieusement, où sont les flics à ce moment là ? On ne demandait pas 150 000 flics, mais au moins une demi douzaine qui surveillent la structure, ça aurait été pas mal, non ? Comment ces types ont-ils pu atteindre une échafaudage aussi dangereux ? Et encore, j'ai raté ceux qui ont escaladé la longue perche de la caméra...

Le speaker, qui jusque là nous félicitait, nous chauffait en lançant les chants habituels, nous annonçait la prochaine arrivée des joueurs - mais il y a trop de monde, le bus est logiquement retardé - commence à ânonner d'une voix peu rassurée qu'il "faut descendre de la tour, elle va tomber !!" La foule rugit de plaisir, comme si elle n'attendait que ça. Peut-être pas autant que la forêt de caméras, juste derrière moi, qui sont sans la moindre exception toutes dressées vers l'évènement. Des flics montent à leur tour pour virer ces couillons, mais ça ne fait qu'ajouter à la confusion. Le mal était fait.

Le speaker ajoute que tant qu'il y aura des gens là haut, les joueurs ne pourront arriver, vu que la sécurité ne sera pas optimale. Tu m'étonnes ! T'imagines si la tour tombe sur Pastore ou Thiago Silva, pouf 100 millions qui s'envolent ! Vous imaginez la catastrophe, ohlàlà ! Je sens les gamins autour de moi très chauds, et en train d'apostropher les journalistes, derrière moi. Bref, je sens sérieusement qu'ils n'arriveront jamais. Ça fait plus de trois heures que j'attends, j'en ai marre, j'ai mal aux jambes, j'ai les yeux explosés par les fumis, je deviens claustrophobe et je sens que ça dégénère... je décide de partir. Tout en évoluant au sein de la foule vers le Boulevard Kleber, je vois tous les regards se diriger derrière moi. je jette un coup d’œil et je constate, effaré, que les gamins ont pris littéralement d'assaut la tribune de presse, malgré les bourre pifs que tentent de distribuer les malabars chargés de sa sécurité. Entraîné par la foule, comme dirait l'autre - celle qui sort, comme moi -, je n'ai pas le temps d'en voir plus.

Je prends le métro sur l'avenue Kleber, et je rentre chez moi, complètement démoralisé. Pourtant, je suis loin d'imaginer à quel point ça va dégénérer. A ce moment précis, je suis surtout dégouté d'avoir du renoncer à voir la remise du trophée, aussi laid soit-il. Un après-midi de gâché, dans les grandes largeurs. Après avoir raté un billet pour voir le Barça, me voilà spolié d'un autre évènement de la grande saison parisienne. Je suis peut-être le plus mauvais supporter parisien qui soit - pas un match au Parc cette année, vous imaginez ? - mais je suis aussi un des plus poissards. On est quand même nombreux dans ce cas, ce lundi.

Ce n'est qu'à mon arrivée chez moi et l'allumage de la télé que je me rends compte du "désastre". Déjà, j'ai raté la remise du trophée d'un quart d'heure... même si ça a duré 5 minutes, j'ai la rage. Comme à leur habitude, les chaînes infos en font trop. Y a eu des incidents en marge des festivités pour les titres de Bordeaux ou Marseille ces dernières années, et même à Saint-Étienne ce printemps pour le gain de la Coupe de la Ligue. Y a-t-il eu les mêmes armadas de pseudos spécialistes sur les plateaux télés pour déblatérer les habituelles âneries populistes et démagos sur les supporters ? Non. On a quasiment rien lu ou entendu sur le sujet. Mais Paris, ça fait vendre, les journalistes sont sur place, ainsi que le ministre de l'Intérieur, les boutiques vandalisées sont plus luxueuses, etc. Le délire médiatique peut démarrer.

Tout est mis dans le même sac, les supporters, les ultras, les casseurs... les supporters du PSG passent tous pour des abrutis capables uniquement de casser quand ils font la fête, et le club parisien passe une nouvelle fois pour un irresponsable. Comme si le PSG, qui a déjà fait le "ménage" - pour moi de façon très discutable, en haussant sensiblement les prix et en supprimant les groupes de supporters, spoliant de leurs passions des milliers d'Ultras - dans ses tribunes, devait également faire la police dans les rues de Paris... déjà en 1996, la cérémonie au Parc des Princes pour montrer la Coupe des Coupes avait été un fiasco à cause de l'envahissement des "supporters". Malheureusement on dirait qu'on ne peut pas organiser de manifestation à Paris, sportive ou non. Les casseurs viennent dès qu'il y a un gros attroupement, quel qu'il soit. Peut-être aussi que si les joueurs étaient arrivés plus tôt, à l'heure par exemple, ça aurait moins dégénéré.

Le problème est nettement plus profond qu'une simple politique de supportariat d'un club de foot. Y aurait eu les mêmes incidents en marge d'une manif de la CGT, on aurait moins parlé, sans doute parce que ça arrive presque à chaque fois. Ce fut le cas aussi en marge de la Manif pour tous... y aura toujours des casseurs... on est le pays au monde qui fait le plus de manifs, mais on ne sait pas les faire.

Bref voilà, encore une preuve que ce club n'est pas vraiment fait pour le bonheur. C'est peut-être pour ça que je l'aime tant, parce qu'il me ressemble sûrement un peu ! Un gros potentiel, peu de résultats.

Je vous laisse !

lundi 13 mai 2013

19 ans

Salut à tous,

En 1994, date du dernier titre de champion du PSG, que je supporte parfois, comme ça...

- C'est le début du génocide au Rwanda, qui fera 800 000 morts en trois mois, et qui fera à peine trois lignes dans les journaux.


- Au Kazakhstan, l'actuel président Noursoultan Nazarbayev était élu lors d'élections contestées pour son... deuxième mandat, le premier datant de l'indépendance du pays, en 1990. Et il est loin d'être le plus ancien...

- En Afghanistan, les Talibans apparaissent, et s'emparent de Kandahar début novembre.


- Nelson Mandela est élu lors des premières élections libres de l'Histoire de l'Afrique du Sud.

- Kim Jong-il débute sa belle carrière en Corée du Nord, achevée récemment, en succédant à son père, Kim Il-sung. C'est comme les roi qui s'appellent Louis en France, là c'est des Kim. La même année, les relations entre son pays et les États-Unis se normalisent, après une crise nucléaire, déjà...


- L'Autriche, la Suède et la Finlande adhèrent à l'Union Européenne. La Norvège, elle, refuse.

- On inaugure et ouvre au public le Tunnel sous la Manche, un vieux serpent de mer.

Equipe de legende PSG CHAMPION DE FRANCE 1994 par tigreattack

- Incroyable : en 1994, les troupes russes, mais aussi les forces alliées, évacuent Berlin, plus de 4 ans après la chute du mur ! C'est aussi le cas en Estonie, en Pologne ou en Lettonie.

- Berlusconi devient pour la première fois Premier Ministre en Italie, avec des ministres d'extrême droite dans son gouvernement. Il démissionne en décembre, après un échec total aux élections municipales...

- La guerre fait rage à 2000 kilomètres de la France, en Yougoslavie, et notamment en Bosnie, où les Serbes se comportent comme des bouchers.


- Début de la guerre en Tchétchénie, les Russes intervenant dans cette petite république qui venait d'annoncer son indépendance, mais qui hébergeait aussi un important pipe line vital pour la Russie... ce sera une boucherie, là aussi.

- En France, Robert Hue succède à Georges Marchais, qui dirigeait le PCF depuis 1972. Plus de 12 % de la population active est au chômage. Il est de 10,8 aujourd'hui...

- En musique, de grosses bouzes cartonnent, comme Ace of Base, Boyz II Men, Mariah Carey ou Celine Dion. Au ciné, on savoure la Liste de Schindler, la Cité de la Peur, Philadelphia, Quatre Mariages et un Enterrement, la Reine Margot, Léon, Forrest Gump, Pulp Fiction, The Mask, Ed Wood... un bon cru.
En foot, le Brésil gagne la quatrième de ses 5 Coupes du Monde, en l'emportant face à l'Italie, à Los Angeles, lors de la seule finale sans but de l'Histoire de la compétition (0-0, 3-2). David Beckham en était aux balbutiements de sa carrière à Manchester. De solides espoirs du foot français comme Zouma ou Benzia sont nés cette année là.

- On note les naissances de Dakota Fanning et Justin Bieber, et les décès de Telly Savalas, Pierre Boulle, Jack Kirby, Jean Sablon, Eugene Ionesco, Robert Doisneau, Kurt Cobain, Richard Nixon, Ayrton Senna, Jacky Kennedy, Luis Ocana, Mouloudji, Jean Borotra, Vitas Gerulaitis, Pierre Sabbagh, Burt Lancaster, Raul Julia ou Antoine Pinay, et l'assassinat de Yann Piat. Liste non exhaustive. Mitterand était encore en vie, et même toujours en place, ou presque.

Moi, de mon côté, je ne me rendais pas compte à quel point ça pouvait être cool d'avoir 19 ans, et je n'en profitais pas assez. J'allais entamer ma dernière année de Lycée, avec le Bac au bout, une année assez exceptionnelle sur le plan des amitiés et des souvenirs. J'étais déjà énorme mais j'avais des cheveux, une tentative de barbichette, pas de portable, pas d'ordinateur... Mes frères avaient 16, 13 et 5 ans, et mes parents 42 ans. Quatre ans de plus que moi !

Je vous laisse.

lundi 15 avril 2013

Un papa, une maman, un crucifix

Salut à tous,

Je fais une petite parenthèse dans mon récit de New York (faudrait que je m'y remette d'ailleurs...) pour me replonger un peu dans l'actualité. Je suis très inquiet, sinon révulsé, par ce qui se passe à propos du Mariage pour Tous.

Si y a un truc dont la France doit être fière dans son Histoire, avec la déclaration des Droits de l'Homme, c'est l'instauration de la République, et la séparation de l’Église et de l’État, puis la laïcité. L'idée que notre République, ce régime si souvent critiqué mais qui découle directement de la démocratie même, n'ait absolument aucun compte à rendre à quelque religion que ce soit, c'est exceptionnel, à tous les niveaux : c'est très peu répandu dans le monde - donc une exception - et c'est formidable. Parce que, comme on peut le voir actuellement, deux siècles plus tard, c'est tout sauf facile de résister aux coups de boutoir des intégristes religieux de toutes sortes, notamment les cathos, qui estiment que la France a été et devrait toujours être catholique, et donc obéir aux préceptes de l’Église. Mon cul poilu, oui.

En même temps, il faut les comprendre, ces bas de plafonds rétrogrades : la République fait tout pour leur faire croire qu'on vit toujours dans un régime dominé par le calendrier catholique : on fête Noël, Pâques, l'Ascension, l'Assomption... avec à la clé des jours fériés ! Je ne suis pas contre les jours fériés, vous me connaissez, mais ils devraient être réservés à des évènements laïques et indépendants
de la religion, comme le 14 juillet, les 1er et 6 mai, le 11 novembre... en quoi la République devrait s'arrêter de fonctionner le jour de l'anniversaire - fictif, en plus - de Jésus ? Bref, je m'égare.

Du coup, forcément, ils se croient encore chez eux, les cathos intégristes. Mais vous savez quoi ? Même ça, ça ne leur permet pas de se comporter de la sorte à propos du Mariage pour Tous. Rappelons quand même une chose : il s'agit d'un mariage CIVIL, pas religieux. AUCUN prêtre ne sera jamais obligé de célébrer un mariage gay, impossible. Donc qu'a l'Eglise à voir là dedans ? Ça fait belle lurette que dans notre pays on célèbre des mariages civils, qui évitent aux invités le long, froid et pénible passage à l'église le matin, ainsi que le sermon encore plus relou d'un curé à qui on n'a pourtant juste demandé de célébrer un mariage, et leur permet de plus vite passer à table. J'en ai fait des mariage comme ça, et je n'ai jamais vu à l'entrée de l'église des cinglés brandissant des crucifix et lançant des bordées d'insultes qui les aurait privé du Paradis vite fait, si ce dernier existait. Pourtant, nier le côté religieux du mariage, quelle horreur !

Ce que je ne comprends pas avec ces abrutis, c'est pourquoi ils se mêlent de la vie des gens. Je ne comprends pas. Est-ce qu'ils croient sérieusement qu'un jour on va venir les obliger de se marier avec une personne du même sexe qu'eux ? Cette mesure, qui ne devrait à peine faire que trois lignes dans les journaux si ces crétins ne passaient pas leur temps à manifester contre un truc qui ne les regarde absolument pas, ne va concerner que quelques centaines de personnes. Rappelons que le PACS, qui avait déjà révélé Boutin à l'époque, est plus utilisé par les hétéros que par les homos... là pareil, combien de gays veulent vraiment se marier ? Très peu.  C'est juste qu'ils veulent avoir le DROIT de le faire, s'ils le veulent. Sans doute ceux qui ont des enfants, et qui veulent régulariser leur situation afin de protéger leurs gosses.

Ah oui c'est ça qui les gène en fait, ce sont les enfants. Encore entendre au XXIe siècle qu'il faut un papa et une maman à un gosse, c'est juste incroyable. Des décennies d'avancées humaines, sociologiques, pour entendre encore ce genre d'âneries, pour avoir encore Henri Guaino qui vient pleurer sur les plateaux que personne ne veut débattre avec lui, alors que ça n'arrête pas, justement. C'est vrai que le modèle papa-maman est un modèle qui a fait ses preuves, ça saute aux yeux. Combien de gamins ont été traumatisés par le déchirement de leurs parents, qu'ils divorcent ou non ? Et tous les psychopathes de la Terre, combien d'entre eux ont été élevés par deux parents tout à fait normaux ? Hitler, par exemple, a été élevé dans une famille des plus équilibrées. Qui sait ? S'il avait été élevé par deux mamans, il aurait peut-être été moins coléreux et soupe au lait...

Ce qui m'inquiète le plus dans cette affaire, c'est l'absence totale de critiques venant de la droite dite "républicaine" à propos des excès et des propos absolument hallucinants de beaucoup de militants anti Mariage pour Tous. Qu'ils soient contre, soit ! Mais que Frigide Barjot annonce du sang à François Hollande, que des militants attendent puis coursent Caroline Fourest dans les gares, etc, ça, c'est intolérable, et ça ne devrait pas être toléré par les dirigeants de l'UMP. Mais évidemment, ils ne
vont pas cracher sur un mouvement qui attaque le président et le gouvernement, ça va de soit. Même s'il dépasse régulièrement toutes les bornes.

On vit dans un pays laïque et républicain. Mais actuellement, ceux qu'on entends le plus dans la rue, ce sont les ennemis de la laïcité et de la République, des militants du FN, ultra religieux, le Bloc Identitaire, des anciens du GUD, etc. Tout ce que l'extrême droite, la pensée barbare et rétrograde, peut engendrer dans ce pays. On savait que l'aile droite de la Droite était plus forte que jamais, des sondages annonçant que les trois quarts de l'opinion française était d'accord avec la pensée du FN le confirmaient. On vit dans une période extrêmement dangereuse, où les opinions d'extrême droite ne sont non seulement plus diabolisées, elles étaient ouvertement assumées au plus haut niveau de l’État sous Sarkozy, mais maintenant elles sont partagées par une grande partie des Français. Étrangement les gens sont plutôt favorables au Mariage pour Tous, tant mieux. Mais la très grande vigueur du mouvement opposé me fait vraiment très peur. Il ne s'agit plus d'une bande de Skin Heads isolée qui fout le bordel à Bastille un dimanche. Il s'agit de mouvements organisés, brassant de larges pans de la populations, des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes. Voire des très jeunes... Ça me fait vraiment, mais vraiment très peur.

Qu'est-ce qui pourrait empêcher cette montée inexorable des idées de l'extrême droite ? Comme toujours, la baisse de la misère, de la crise. La crise de 29 avait engendré la IIe Guerre Mondiale, dix ans plus tard. On va voir où va aboutir la crise de 2008... mais la montée des populismes de toutes sortes, de l'anarchie, est vraiment très très réelle. Surtout quand des mouvements modérés comme l'UMP les chapeautent avec bienveillance.

Je vous laisse.

mercredi 2 janvier 2013

Un bilan

Salut à tous,

Bon, je ne suis pas très bon en résolutions, pour la simple et bonne et raison que la résolution de ces résolutions n'est pas un de mes points forts. A quoi ça sert de se mettre la pression une fois par an, à part se rajouter de la bile à la bile, et de culpabiliser douze mois plus tard en se traitant de raté parce qu'on n'a pas fait ce qu'on avait dit ? Laissons nous porter, y a que ça de vrai, surtout quand on a abusé de champagne et de foie gras, engraissant un peu trop nos facultés mentales déjà usées par le manque de sommeil et un retour sous la pluie à la recherche d'un métro (ça c'est juste moi, mais ça aurait pu aussi être un retard pénible en voiture, c'est vous qui voyez).

En revanche, je peux me risquer à un bilan annuel. Vu que je n'ai pas pris de résolution il y a un an, je ne risque pas d'être déçu. Ça, c'est la version officielle en tous cas. On sous-estime souvent l'esprit humain quant à sa capacité à ne pas être content très facilement, surtout le mien, qui pourrait concourir à une médaille olympique dans ce domaine. A moins que je la rate d'un rien.

Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé pour moi en 2012 ? Bah euh... bon attendez vous me prenez de court là, vous êtes gentils aussi ! Faut que je cherche ! Non mais vous inquiétez pas, je vais trouver. J'ai découvert Amsterdam, j'ai vu les JOs à Londres, j'ai fait Londres-Bergerac en une journée, j'ai fait quelques bonnes soirées avec mes amis, proches ou éloignés géographiquement... je me suis rapproché de certains d'entre eux, aussi. Parmi ces derniers, certains sont cependant repartis dans leur lointaine contrée neigeuse, où on bronze au-dessus de -15 degrés. Bon je les revois dans moins de huit semaines normalement, mais ça fait loin quand même. Et froid aussi, brr !

Dans le négatif, j'ai abandonné la course, à cause de blessures aux orteils (excuse Yannick Noah) et de mon gros bide (excuse Gignac), qui m'avait pourtant occupé l'esprit d'une façon si positive et saine durant toute l'année 2011, forçant mon corps, qui n'a pas tant résisté que ça, à se découvrir des limites inespérées pour lui et son pote, l'esprit. Une heure trente de course dans Paris, il y a une petite quinzaine de mois... c'était bien. Mon dernier souvenir, c'est un footing dans Nantes, le 30 ou 31 décembre 2011, une heure dans la ville à peine éveillée, entre chiens et loups, le château d'Anne de Bretagne étirant ses tours massives à mon passage. Ça aussi, c'était bien. C'est ma dernière course, je rêvais alors de marathon, carrément. Je pouffe de rire jaune. Vu comment je galère actuellement dans les escaliers, à cause de mon souffle mais aussi de mes genoux, je crois que la prochaine fois que j'arriverais à réitérer cet exploit, Franck Ribéry aura gagné la Grande Dictée de Pivot.

J'ai aussi eu une incroyable chance, celle de prendre deux photos assez magnifiques, avec Teddy Riner à Londres, juste avant de prendre le même Eurostar que lui, et avec François Hollande, dans son jardin, entouré d'une foule d'adorateurs, qui risquent d'être un peu moins nombreux s'il lâche la bride sur ses deux meilleurs réformes annoncées, les 75 % et le mariage pour tous. Si ces deux là passent à la trappe, on est bon pour 10 ans de Copé d'ici mes 50 ans... voire pire.

Oui, en dehors de ma petite vie qui, en dehors de ces quelques péripéties voyago-people sans grands effets sur la course de mon destin, n'a donc pas été tellement différente qu'elle le fut en 2011, il y a eu les élections quand même, et le licenciement avec préavis, pourtant, de Sarkozy, et la promotion de Hollande. C'est vrai que ses réformes n'avancent pas, qu'il hésite trop, que pour l'instant ce gouvernement est un four total. Mais vous n'avez pas l'impression que ça sent moins mauvais dans le pays, quand même ? Certes, Manuel Valls, dans les faits, ne fait pas vraiment mieux que ses prédécesseurs Guéant, Besson, Hortefeux, etc. Mais il ne le fait pas par idéologie, en n'insultant pas les Roms, les Arabes, etc. On n'est d'accord que la différence est infime, mais elle est claire et nette.

Pas de ministre raciste, xénophobe, segmentant, anxiogène... pas d'appel du pied officiel venant des hautes sphères étatiques vers le Front National. Vous ne vous rappelez plus de ce qu'était l'ambiance en France il y a moins d'un an encore ? Et au moment du fameux débat sur l'Identité Nationale, qui avait permis de mettre un visage sur la France qui pense tout bas, ces vieux aigris qui sortaient de leurs logis poussiéreux pour venir vomir leur haine envers les noirs, les Arabes, tout ce qui ne ressemble pas à un bon Français catholique et consommateur de saucisson et de Beaujolais. Ces Français qui, selon nos amis politiques désireux de récupérer leurs votes puants et infects, ne "sont pas racistes", juste "malheureux", "incompris". Qu'ils se cultivent pour comprendre la connerie de leurs raisonnement, ou se suicident alors, mais qu'ils laissent le pays tranquilles, bon dieu ! Le vote, la démocratie, c'est une confiance que la République accorde au peuple pour voter intelligemment, dans la connaissance maximum, pas selon leurs haines ordinaires. Ces gens qui votent FN sont donc hors-sujet. En tous cas, depuis huit mois, on ne les entends plus, bon débarras, qu'ils crèvent.

Après cette petite séance soulageante, reprenons un peu le cours normal de ce post... j'ai moins été au cinéma d'ordinaire, mais quand même pas mal non plus. J'ai vu the Hobbit, pour lequel je reste partagé mais qui est malgré tout un bon film, l’excellentissime "Skyfall", la dernière livraison de la franchise James Bond, qui sait si bien se renouveler, en plus de m'offrir un petit retour rafraîchissant dans mon Écosse chérie, et puis voilà, c'est déjà pas mal. Attendez, je regarde mes tickets de ciné... je les ai depuis mars, merde. Vous savez quoi ? Je ferais un post sur le sujet, ça sera plus pratique.

Voilà, que dire d'autres... ben rien. Sans faire de résolutions ni de superstition à l'envers, je pense que cette année 2013 peut-être intéressante. Il va y avoir le doublé Montreal-NY dans deux mois, je vais aussi devoir m'atteler à organiser mon voyage au Brésil, avec tous ceux qui veulent venir et qui sont les bienvenus... et, je l'espère, un déménagement, le plus rapide possible. Inch Allah !

Je vous laisse.

jeudi 29 novembre 2012

Mon ami François

Salut à tous,

Il y a quelques semaines, nous avions découvert que l'Elysée ouvrait ses jardins le dernier dimanche de chaque mois, et ce gratuitement. Nous avions donc décidé de participer à la deuxième édition de ce qui est forcément, quelque part, de la com présidentielle. N'empêche que visiter un lieu de pouvoir aussi prestigieux, c'est quand même pas banal. Moi, perso, je ne peux pas résister à ce genre d'attraction.


On avait déjà essayé de visiter l'Elysée l'année dernière, pour les journées du patrimoine, mais les cinq heures de queue nous avaient découragé assez vite. En plus à l'époque c'était Sarkozy le locataire, et je n'étais pas non plus emballé de le voir en vrai... Là ce n'étaient que les jardins, la queue était nettement moins impressionnante, mais au moins je ne risquais pas de croiser le moindre nabot populiste. D'ailleurs, y avait peu de chance que je ne rencontre aucun président de la République, genre en train de biner son jardin ou faire trempette dans sa fontaine. Du moins, a priori.

Après avoir acheté des churros au marché de noël qui longe le bas de la plus belle avenue du monde - et qui est déjà noir de monde - , on rejoint donc la file qui poirote devant l'Elysée, à quelques hectomètres de là. On est 4, et même 5, puisque nos amis M&R, et leur adorable gamine L., nous accompagnent dans cet étrange périple. On nous annonce une heure de queue, mais ce sera deux fois moins en fait. Juste le temps de prendre une ou deux photos du grand palais illuminé par le soleil couchant - oui, fin novembre, le soleil est déjà couchant à 15h - , ou de cet improbable atelier massage qui s'est ouvert juste à côté de la file... ah si on avait fait ça devant les boucheries pendant la guerre, l'occupation aurait été une formalité, c'est sûr ! ...

C'est donc plus vite que prévu notre tour, et c'est tant mieux, on peut ainsi parfaitement profiter de ce splendide temps que nous accorde ce mois de novembre gris et humide, comme tous les mois de novembre. C'est donc une fontaine guillerette et des jardins verdoyant qui nous accueillent dans cet ancien hôtel particulier - c'en est toujours un, dans un sens - , situé à un jet de talonnette du studio Gabriel cher à Drucker. Il fut le cadeau de Louis XV à la Pompadour - pas facile à déballer les cadeaux, à l'époque - avant de devenir le lieu de pouvoir des chefs d'état français sous Napo III. Bref, c'est pas le Formule 1 de la Porte Champerret.

Ecoutez, franchement ce n'est pas Versailles, mais c'est quand même très, très impressionnant d'être là. Contrairement à l'ancien château de Louis XIV, ceci n'est pas une coquille vide, désormais uniquement dédiée à l'accueil de plusieurs centaines de milliers de touristes par an : c'est un lieu où, chaque jour, des décisions se prennent, où régulièrement les leaders de ce monde se rendent, où chaque semaine le gouvernement de la France se réunit... un lieu qu'on voit quasi quotidiennement sur les chaînes infos, même si on le voit en général plutôt d'en face, pas des jardins. Pour voir les jardins, faut aller dans une mairie et voir la photo officielle de Hollande. Bref, comme l'Assemblée Nationale, que je rêve également de visiter, notamment un jour où les députés sont là, c'est un lieu de pouvoir, perpétuellement dans l'actu. Et ça, ça vous met les poils en l'air.

Nous voilà donc dans les jardins, à marcher sur une pelouse pas mal grasse et même un peu boueuse - il n'a pas toujours fait beau ces derniers temps, mais quand même - quand tout d'un coup nous voyons les gens, qui se situaient près du palais, soudainement se regrouper à un endroit, tandis que d'autres, un peu plus éloignés, se mettent à courir vers l'attroupement. Incrédules mais présageant assez vite de la nature de cet évènement qui serait capable de faire courir dans la pelouse boueuse des Parisiens bien élevés, on cède à la mode locale et commençons à nous rapprocher à notre tour, de plus en plus vite. Malgré mon manque de pratique depuis un an, je me surprend même à courir. Tous les gens se regroupent autour de quelque chose ou quelqu'un, et c'est sûrement pas Marisol Touraine qui se serait perdu. A priori.

Notre intuition se confirme à notre arrivée au niveau du troupeau qui s'est désormais formé autour de l'évènement... François Hollande, vous savez, le Président de la République, je suis sûr que ça vous dit quelque chose même si ça fait que six mois qu'il est là, a choisi notre heure de passage pour aller faire un tour dehors, saluer les visiteurs en toute simplicité, juste entouré par une demi douzaine de gardes du corps équipés d'oreillettes, discrets mais réels.

Il n'est pas très grand, mais pas aussi petit de qui-vous-savez, du coup même moi je dois tendre mon cou pour apercevoir le crâne présidentiel - et un peu déplumé aussi. Il est accompagné par madame, Valérie Trierweiler, tout sourire et en pleine phase "je dois plaire aux Français parce que pour l'instant ils hésitent entre Bachar El Assad et moi pour savoir qui est le plus sympa des deux". Hollande - oui, le Président, vous savez - prends des photos avec les gens, qui se pressent autour de lui autant que la sécurité le permets. Désolé de le dire, mais il est très affable, très proche, et la légende comme quoi il aime peut-être plus serrer des mains que son "mentor" corrézien, Jacques Chirac, n'est pas une légende, justement. On sent qu'il kiffe ce bain de foule, impromptu ou non. Il distribue les "oh mais vous êtes chez vous vous savez !" On se doute qu'il n'a que des électeurs acquis autour de lui, et que donc il ne risque pas grand chose au niveau réclamations ou questions qui fâchent, et que nos sacs ont été méticuleusement fouillés après que nous soyons passés au travers de portiques de sécurité digne d'un aéroport, mais quand même, on ne sait jamais. S'il a peur d'un mauvais coup - ce serait facile -, il ne le montre pas en tous cas.

Je tente évidemment une avance. D'accord, les jardins ouvrent tous les mois, mais qui nous dit qu'il sort du palais à chaque fois ? Probablement que si, mais faut tomber à la bonne heure alors ! Bref, je n'ai pas non plus l'intention de venir tous les mois me cailler les miches au bas des Champs. Donc, autant profiter de l'aubaine. Hollande est en mode zig zag, il avance sur son perron au gré des poignées de main et des prises de photo, parfois effectuées par Trierweiler elle-même... c'est énorme. Ma copine M parvient à se faire prendre en photo avec sa fille - qui s'en fout d'une force complètement comique, ce sera marrant de voir sa réaction dans quelques années, quand elle reverra la photo et connaîtra l'Histoire de France - , j'arrive à mon tour tout près du chef de l’exécutif, quand je me rends compte qu'aucun appareil photo ami n'est dans les environs, et je n'ai plus de place dans mon téléphone... la foule est dense, on s'est dispersé. Je recule et file chercher quelqu'un pour immortaliser la rencontre. J'y retourne ensuite avec M, et décide de renouveler la même tactique qui m'avais réussi la première fois : saisir la trajectoire présidentielle, et se planter dans la foule mouvante, en face de lui, en attendant le point de rencontre, inévitable. Et le voilà devant moi, tout d'un coup.

Comme aux 50 personnes précédentes, minimum, il me demande d'où je viens. Je réponds les Yvelines, il me dit "oh ben c'est pas loin" ! Fort en géo en plus, il est vraiment parfait pour le job ce mec. Je lui demande si on prend prendre une photo, il me fait "bien sûr !" Génial. Cette semaine, des ministres ont du lui demander des arbitrages, des syndicalistes ont du lui réclamer des trucs, Valérie lui a peut-être demandé de faire la vaisselle... et moi je lui demande une photo, et il dit oui. J'aurais été vexé qu'il dise non, vu qu'il en avait fait une cinquantaine avant, mais quand même...

M prends une première photo, puis se marre : "allez, faut sourire hein !", juste pour faire marrer les gens, et ça marche. Deuxième photo, clic clac, et me voilà pour l'éternité numérique pris en photo avec le septième président de la Ve République, le dirigeant de la 5e puissance mondiale et membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. Bref, c'est plus une huile, c'est un champ d'oliviers. Quitte à perpétuer une image végétale, je dirais que j'ai gardé la banane durant tout le reste de la journée. Je crois que dans 10 ans, je continuerais d'être effaré par cette photo. Vous imaginez une photo de vous petit avec Giscard ou Mitterand ?

Avec Teddy Riner, ça fait deux, quelle année !


Bref voilà, sur ce je vous laisse, euheuh.

vendredi 28 septembre 2012

Piqure de rappel

Salut à tous,

Bon, je ne vais pas encore m'excuser de moins écrire qu'avant... c'est comme ça, j'ai tenu plus de trois ans à un très bon rythme, mais on ne peux pas toujours être au top. Est-ce que vous me lisiez toujours, vous ? Ben non. Et ben moi, j'écris pas toujours non plus.

En ce moment, j'ai un peu la tête ailleurs, mais je ne sais pas trop où. Je suis moins connecté au monde, aux chaines infos, etc. A partir du moment où j'ai récupéré toutes ces chaînes, j'ai passé mon temps à suivre les infos, les débats, rien ne m'échappait, ou presque, quitte à regarder plusieurs fois d'affilée le même flash info. Je ne voulais rien rater, et je ne ratais quasiment rien.

Il faut dire que les enjeux étaient importants - en politique en tous cas. Je crois que cette mobilisation intense de ma part pour suivre tous les évènements de l'actu française tenaient en un but, un objectif : l'élection présidentielle, et le lourdage du nabot, avec trace de pied aux fesses incluse. Pendant un an, j'étais pendu à la session du soir d'iTélé, je regardais le débat quotidien entre Joseph Macé-Scaron, l'ancien du Figaro tatoué jusqu'aux coudes et dont la mauvaise foi de gauche arrivait même à m'énerver, et Yves Thréard, l'actuel du Figaro, un de ces journalistes de droite (oui il en existe, contrairement à ce que Eric Brunet continue de penser) qui est le moins pénible à écouter pour moi. Oui il a des opinions différentes des miennes, mais il est structuré, il s'exprime bien, argumente bien et n'est pas agressif. Pas comme moi quoi. Ni comme Brunet, dont la mauvaise foi est jouissive.

Bref je suivais tout ça, parce que je ne voulais rien rater de la campagne. Je regardais les débats, je regardais les meetings de Hollande et de Mélenchon, parce que j'avais une telle haine envers Sarkozy, j'avais une telle envie qu'il dégage que j'ai du croire qu'en restant scotché aux infos, j'allais participer à cette tâche nationale, cette nécessité mortelle et sanitaire, qu'était de virer ce démagogue autoritaire, populiste et réactionnaire, qu'était ce sale type. Si je m'en étais foutu, il aurait peut-être gagné, qui sait ? Qu'est-ce que c'est que le cerveau humain, quand même...

Mais depuis l'élection de Hollande, ou du moins à partir des vacances - parce que j'ai quand même goûté à fond ses premières semaines de mandat, rien que pour me faire à l'idée que voilà, a y est, Sarkozy a été viré, et la gauche est au pouvoir, enfin la France ne serait plus un paria dans le monde à cause de son Berlusconi à elle -, j'ai l'impression d'avoir inconsciemment lâché prise. D'abord, les chaînes infos pendant les vacances, c'est pas terrible. L'info est mince, tout comme l'expérience des jeunes journalistes timides et bien coiffés qui remplacent les habituels "titulaires" du poste. Ca baffouille, ça brille trop... bref, on s'ennuie ferme. Vous avez remarqué comme les grands évènements du monde, comme les blockbusters au cinéma, semblent attendre la rentrée ou se mettent en veille pendant les vacances, histoire que le monde entier les voit bien en face ? La chute du mur de Berlin en novembre, le 11 septembre en... septembre, DSK en mai... bon ok, Armstrong sur la Lune c'était en juillet... mais bon, on ne vivait pas encore à l'époque du tout info et de la communication, sinon je suis sûr qu'ils auraient fait plus vite ou attendu deux mois de plus...

Et depuis, je suis tout ça de loin. Je regarde la France retourner sa veste à propos de Hollande aussi vite qu'elle le fait suivant les résultats de l’Équipe de France de foot. A-t-elle vraiment cru qu'il allait parvenir à tout changer en quelques semaines, vacances incluses ? Certes son action, et celle de Jean-Marc Ayrault, semblent terriblement manquer d'énergie et de poigne. Mais c'est un peu comme si la France passait de l’ectasie à la verveine, comme un junkie qui se mettrait à l'aspirine, un poivrot qui laisserait la vodka pour commencer une carrière d'accro à l'Orangina. Pendant cinq ans, Sarkozy et sa bande de cocaïnomanes sous acides ont habitué le pays à une action trépidante, saccadée, désordonnée, et qui ne cessait de vouloir se contenter que d'accompagner l'actu à coups répété de lois populistes et démagogiques, oubliées aussi vites qu'elles étaient annoncées. Occuper l'espace médiatique, tel était sa devise et son seul et unique programme. Mais sa façon de gouverner faussement énergique a finie par être  trop voyante, et les gens, qui ne sont des moutons que pendant un temps, même trop long, ont fini par le sanctionner. Mais l'addiction était trop forte. Les gens ont été trop habitués à la suractivité, même factice, même superficielle, de Sarkozy.

Pourtant, on pouvait imaginer que Hollande avait justement été élu pour ça, pour que ça s'arrête, que ça se calme. Que les gens n'en pouvaient plus d'être constamment agressés, d'une façon pour les autres, par les lois segmentantes de Sarkozy, qui ne faisaient que diviser, que partager, que pousser les uns contre les autres. Et du coup, Hollande et sa rondeur, son apparente douceur, c'était l'antidote parfait à la Sarkozie, cette maladie qui épuisait la France depuis dix ans. Il allait y avoir du travail, mais ça allait être fait de façon plus juste, et surtout de façon normale, sur la durée, pas la précipitation. Un travail en profondeur, qui n'allait pas forcément se voir, ou beaucoup plus tard. C'est du moins ce qu'on lui demandait.

Et que lui reproche-t-on aujourd'hui ? Exactement de ne pas faire ce qu'il avait annoncé, c'est-à-dire de ne pas occuper incessamment l'espace médiatique à coup de formules chocs et d'avis définitifs. Je me doutais que ça allait arriver, mais pas à ce point. Et puis les médias, sevrés de petites phrases, de sentences xénophobes et de clash en tous jours, lui font payer ce calme trop paisible, qui nuit forcément à leurs chiffres d'audience. Franchement, c'était quoi ce festival de couvertures contre Hollande, du genre "bah alors qu'est-ce tu fous ?", "fini de rire", "est-il si nul ?"... totalement délirant. Comment ça, il gouverne mais ça ne se voit pas, et nous alors ?

Et puis y a Manuel Valls, qui a bien appris par cœur son "petit Sarkozy appliqué", qui tente d'imiter - et plutôt bien pour l'instant - le coup d'état médiatique réalisé par Sarkozy y a dix ans, au détriment d'un Chirac vieillissant. Là, c'est Hollande qui joue le rôle de Chirac, et Valls qui se balade. Mais, si son action contre les Roms est aussi honteuse que celle de ses prédécesseurs à Beauvau, ce n'est pas le cas dans les paroles. Quand Hortefeux ou Guéant accumulaient les horreurs sur les Roms, les Arabes et/ou les Musulmans, Valls ne dit rien de tel. C'est peut-être une petite différence, mais s'en est une réelle, du moins à mes yeux. On n'a pas l'impression que Valls prend du plaisir en ce qu'il fait, contrairement aux autres. Pourtant, je n'ai jamais été un fan de ce type, et ce n'est pas grâce à lui si je me mets un jour à voter Socialiste un jour. Parce qu'une chose est sûr, il sera candidat très vite, peut-être pas en 2012 mais après, c'est sûr et certain. Il ne raye pas le parquet, il l'arrache.

Voilà, pour la politique... et puis y a le PSG, bien sûr. C'est là que mon audience chute brutalement, mais c'est pas grave. Le PSG qui est encore loin d'avoir gagné d'avance le championnat, croyez-moi. Les dernières fois qu'il devait le gagner largement, en 1995-96 ou l'année dernière par exemple, il a échoué. A chaque fois, il est tombé sur des équipes improbables (Auxerre et Montpellier), qui gagnaient leurs matches de façon improbable, et qui n'ont rien fait ensuite, cette fois d'une façon tout à fait logique. Bref, c'était juste pour faire chier quoi.

Surtout, ce qui me gâche les bons résultats actuels, c'est qu'avec le statut acquis par le PSG, avec cette supposée supériorité obtenue grâce à des investissements hors du commun, j'ai l'impression de ne plus goûter complètement certaines victoires, parce que c'est soit-disant normal. Le PSG gagne 4-0 à Bastia ? Normal. 2-1 à Lille ? Normal. 4-1 contre Kiev en Ligue des Champions ? Normal. Il y a deux ou trois ans, de tels résultats auraient été tout simplement inespérés. Gagner à Bastia, oui, mais 4-0, et en ne forçant même pas en plus ? Et mettre 4 buts à Kiev ? Et battre Lille, l'autre favori du championnat et chez qui le club parisien ne gagne jamais, et sur sa pelouse ? Bah non c'est pas des exploits, puisqu'ils sont trop forts. Et du coup, c'est trop facile. Et si on gagne le championnat, pareil, ce sera trop facile. A force de dire que le PSG est trop fort, ils sont en train de ma gâcher le plaisir d'avoir enfin une équipe séduisante, après 15 ans d'attente. Quinze ans ! On n'a pas le droit d'être bon nous aussi ? Et si on l'est, c'est parce que c'est facile et normal ? Comme dirait ce connard de Nanard, "je vous emmerde".

De toutes façons, ce n'est jamais facile avec le PSG, il ne faut pas l'oublier. Parce que malgré nos bons résultats actuels, Marseille a six points de plus. L'année dernière aussi on était derrière Montpellier, tout le monde disait qu'on allait leur passer devant à un moment ou à un autre, et c'est vrai qu'on a tout gagné jusqu'à la fin, mais eux aussi, et au final les deux équipes ont terminé avec des scores de champion... pourquoi pas cette année ? Y a toujours un truc qui va pas avec ce club, foi de supporter. Je ne vois pas ce qui pourrais changer. De toutes façons, on en saura plus quand on aura joué Lyon et Marseille. Là, on sera un peu plus fixé. En espérant que la malédiction se lève - enfin.

Bon ben pour quelqu'un qui ne s'intéresse plus à l'actu... je crois que la perfusion est toujours là.

Je vous laisse !

mardi 15 mai 2012

Changement de propriétaire

Salut à tous,

Voilà, ça fait un peu plus de huit jours maintenant. Une grosse semaine que la France, dans un sursaut de civisme, dans un éclair de lucidité salvateur, a donné son congé au pire président de la Ve République, et de loin. Rendre ma génération nostalgique de Chirac, sachant que j'étais un peu jeune pour juger le septennat de Giscard, même si je l'ai vécu presque complètement, ce n'est pas le moindre des exploits réalisés par Sarkozy.

Quoique, ça dépend de quoi on parle. Si on parle de politique pure, des débats qui ont secoué le pays durant les deux règnes - car il faut bien les appeler de cette manière, dans cette Royauté élective cachée qu'est la France - , on peut dire que Chirac l'emporte, par défaut mais quand même. Lui n'a rien fait, notamment après 2002, cultivant son statut de vieux monarque intouchable qui est la meilleure défense des chefs d'état trop longtemps au pouvoir et en fin de route. Ce fut aussi le cas du deuxième septennat de Mitterrand, d'ailleurs. Il n'empêche que Chirac est aussi responsable de la montée de Sarkozy, puisque c'est lui qui l'a lancé en 2002, afin que ce dernier illustre la volonté d'un président réélu sur un malentendu d'écouter les électeurs du FN et de Jean-Marie Le Pen, participant surprise au second tour de la présidentielle. Je me souviens notamment d'une phrase lors du discours laborieux et un peu glauque que Chirac avait fait à la Concorde, lors de sa victoire : "je vous ai
entendu". De Gaulle ? Juste la forme, alors. Sarkozy à l'Intérieur, c'était le meilleur moyen de faire de ce dernier le nouvel homme fort à droite. En deux ans seulement, il allait se rendre incontournable. Merci Jacques, t'as vraiment rien fait de bon, à part la suppression du service militaire...

Bref, Sarkozy a été un accident, finalement. Un malheureux accident, comme ces derniers le sont souvent d'ailleurs, mais un accident quand même. Une parenthèse de démagogie, de populisme, de haine à peine contenue envers tout ce qui ne lui ressemble pas et/ou ne veut pas le suivre, de conduite du pays à l'aveuglette, ou plutôt à la lecture des fait-divers. Cinq ans ça paraît court, mais j'ai l'impression qu'on a eu le temps quand même d'oublier à quoi ça ressemble une politique apaisée, même dans ces temps chaotiques et incertains, à quoi ressemble un président un peu au-dessus de la mêlée, qui laisse agir ceux qu'il va choisir demain pour gouverner, etc. Je ne dis pas que c'est ce que Hollande fera, mais en tous cas il a tout fait pour montrer qu'il reviendrait à un peu plus de sérénité, de calme, moins de gesticulation. Quitte à peut-être renouer avec ces président-monarques qui ont excédé les Français, au point d'envoyer à l'Elysée ce... ce... je suis à court de termes pour qualifier celui qui ne sera bientôt plus que le mari désœuvré de Carla Bruni.

En 2007, les Français n'en pouvaient plus de Chirac, de ses pantalons sous les aisselles, son audition défaillante, l'inertie quasi complète du pouvoir, ce côté Prince Charles qui se baladerait à poil sur une terrasse pendant ses vacances, et qui aurait manifestement tapé avec joie dans toutes les caisses qu'il trouvait. Aujourd'hui c'est un gentil papy que les gens aiment regretter, surtout maintenant qu'il est sénile et qu'il drague les minettes devant les caméras du Petit Journal. La mémoire collective a inventé Alzheimer, à mon avis. En tous cas elle l'incarne très souvent, quel que soit le sujet.

Sarkozy a donc été jeté. Pourquoi ? Tout a été dit. A droite, on est tellement persuadé que 98 % des
journalistes français sont de gauche qu'il n'y a même pas besoin de trouver d'autres raisons. Et même si ça consiste d'abord à oublier que Sarkozy avait ces mêmes médias dans la poche en 2007, et qu'il faut oublier, dans ce décompte simpliste, l'intégralité de la rédaction du Figaro, une partie de celle du Nouvel Obs, du Point, etc. Christophe Barbier il est de gauche, sérieusement ? Et Giesbert ? Et Apathie, qui n'a que les mots dette et rigueur à la bouche ? Et Zemmour ? Et Brunet ? Et Polony ? Et Thréard ? Et Rioufol ? Et Ney ? Ils sont peut-être pas nombreux, mais on les voit quand même beaucoup pour une minorité à ce point ignorée...

Pour le reste, il y a plusieurs explications. D'abord, Sarkozy n'a jamais fait président. Et là, je ne parle pas seulement du physique. C'est vrai, avec ses tics, ses talonnettes, son attitude constamment agressive et belliqueuse, il n'a jamais engendré la quiétude et la sérénité. C'était le stresse incarné. Mais s'il n'a pas été président, c'est surtout dans sa gouvernance, qui a été totale. Non seulement il n'a laissé que des miettes à ses "collaborateurs", en faisant régner la terreur dans ses rangs pour qu'aucune tête ne dépasse au-dessus de la sienne, ce qui n'était pas un mince exploit, mais en plus il n'a fait que diviser les gens, jeter les uns aux visages des autres. Pour fédérer cette France normale qui, selon lui, se tait mais n'en pense pas moins, il a attaqué tous ceux qui sortaient de la norme : les plus pauvres, les chômeurs, les Roms, les Arabes, les Musulmans, les émigrés, etc. Dans ce "courageux" et perpétuel courroux, il a oublié une seule minorité, parce que s'en est une seulement par le nombre : les plus riches, ses amis, ceux qu'il croit seuls capables de créer de la richesse et des emplois. Mais la richesse créée n'a atterrit que dans leurs poches, et ils ont surtout détruit des emplois dans le même temps. Éternelle illusion de la droite, que croire que ce sont les riches qui créent les richesses, et non les travailleurs, à la base.

Et puis, durant la campagne, il n'a pas franchit la ligne, il a sauté par dessus avec un trampoline. Il a provoqué sa propre loi Hadopi en copiant éhontément la programme du FN, tout en laissant de côté avec une assurance hallucinante tout le reste du pays : la gauche, le centre, dont le chef l'a logiquement lâché. A propos du choix de Bayrou on a parlé de surprise, mais comment aurait-il pu sérieusement choisir Sarkozy après tout ce que ce dernier avait dit durant les dernières semaines de la campagne ? En 2007, sa haine personnelle envers Sarkozy l'avait poussé à voter blanc, en annonçant avant cela qu'il ne voterait pas Sarkozy, ce qui ne voulait pas dire qu'il choisissait Royal. Cette fois, à cette même haine s'est rajouté le dégoût. Bayrou et moi avons peu de points en commun, mais je le considère comme un type intègre, honnête et surtout humaniste, et pour tout dire assez couillu politiquement. S'il devait rester fidèle à ce portrait à ce moment là, il ne pouvait que choisir Hollande. Il l'a dit lui-même : sur l'économie, il choisissait Sarkozy. Mais sur les valeurs, l'humain, sur les spots télés de Sakozy dans lequel on voyait une borne frontalière à la France avec une écriture en Arabe dessus, genre le danger sarrasin rôde au-delà de nos si fragiles frontières, un hommage durect au Bruno Mégret des années 90, il ne pouvait que choisir Hollande, ou au moins répudier Sarkozy. Le fait qu'il ait été le seul parmi les représentants de la Droite modérée - Juppé, Raffarin et Fillon, malgré quelques critiques, Bachelot, Baroin... même Borloo, que je croyais plus courageux - à le faire montre cependant que la politique politicienne a encore quelques belles décennies devant elle.

C'est une parenthèse qui s'est achevée, mais ne nous leurrons pas : la droite populiste reviendra. 37 % des gens partagent les idées du FN, soit le gros 15 % de ce dernier plus un  bonnpartie de l'électorat de l'UMP qui n'ose pas franchir le pas, et pas mal d'abstentionnistes. Si l'extrême gauche est fréquentable, contrairement à celle de droite, c'est plus elle qui semble le plus proche d'accéder au pouvoir un jour. Il suffit que ces différentes parties actuellement distinctes se rassemblent, et alors on pourra trembler les amis.

Allez, parlons d'Hollande maintenant. C'est quand même un truc énorme qui s'est passé. Hollande, qui n'était absolument plus rien politiquement il y a trois ans, après son départ de la tête du PS. Hollande, qui était encore plus moqué à gauche qu'à droite, cette dernière l'aillant toujours ignoré et sous-estimé jusque dans les dernières heures de la campagne, et encore aujourd'hui d'ailleurs.
Hollande qui, tout au long de ces années ou sa bonhomie rondouillarde a fait tout autant sa légende que son sens du consensus mou et son physique extrêmement quelconque. C'est un peu comme si aujourd'hui on me disait que Jérémy Toulalan allait devenir le meneur de jeu de l'Équipe de France après l'Euro, et gagner la Coupe du Monde.

Une histoire incroyable. Je me suis régalé de toutes les biographies qui sont sorties simultanément à son propos, dans la presse ou à la télé. Un parcours politique jumelé avec celui de sa compagne Ségolène Royal, qui sera cependant toujours la première, à part au tout début, en 81, lorsqu'ils rejoignent tous les deux l'équipe de Jacques Attali, conseiller principal de François Mitterrand. Mais ce sera elle qui rejoindra en premier un gouvernement, en 1992 (écologie) et elle qui, bien sûr, se lancera dans la présidentielle, en profitant du désarroi de Hollande, qui était premier secrétaire du PS lors de l'échec en 2002 et au référendum européen en 2005, et qui était donc éreinté. Ce coup là provoquera sans doute la fin de leur couple.

Mais Hollande a soigneusement caché la légende qui allait le porter à l'Élysée. Qui imagine, par rapport à son image de mou, de rigolard, qu'il a osé s'attaquer à Chirac en Corrèze en 1981, pour devenir député ? Et surtout que, malgré sa défaite, logique - Chirac est élu au premier tour, mais il a manqué 350 voix à Hollande pour accrocher le ballotage... - , il s'est accroché, se représentant, se battant, écumant les marchés, les réunions, avant d'être finalement élu en 1988 dans une autre circonscription, mais toujours en Corrèze. Entre les deux, il est resté là-bas, principalement, pour s'implanter électoralement. A la tête du PS, il n'a jamais eu la tâche facile face aux éléphants, qui lorgnaient sa place tout en étant ravis que ce soit lui qui prenne les coups lors des défaites électorales.

Quand on s'intéresse aux destins victorieux, on a toujours l'impression qu'il suffit de se battre, d'y croire et ça marche. Dans ces cas là, on oublie toujours ceux qui se sont battu, y ont cru, mais ont
perdu quand même. Dire que celui qui a gagné y a cru, et les autres non, c'est terriblement simpliste. Mais ce fut le cas de Hollande, qui a caché cette rage de réussir par des contours arrondis, et une gentillesse apparente qui cachait cette volonté de dingue qu'il a eu. Après, la chance (DSK, et succéder à Sarkozy) a aussi joué, bien sûr. La performance a finalement été de remporter la primaire, notamment face à Aubry qui ne lui a pas fait de cadeaux, et de battre Sarkozy lors du débat. Là, pas sûr que beaucoup de socialistes auraient fait aussi bien.

Maintenant, même à gauche on sait qu'il ne révolutionnera rien. Les gens ne l'ont pas élu pour ça, d'ailleurs, mais pour qu'il injecte un peu plus de justice, de douceur politique, de calme, d'honnêteté dans le débat politique. En gros, après 5 années de LSD, il leur fallait un bon petit pétard. Mais là encore, pas de faux espoirs : les gens seront vite lassés, et quand ils en auront marre ils iront voir ailleurs. Espérons quand même que ce sera après 2017...

Je vais pas rater la passation, demain. Juste pour voir la tronche de Sarkozy. Un dernier petit plaisir.

Je vous laisse !