jeudi 29 novembre 2012

Mon ami François

Salut à tous,

Il y a quelques semaines, nous avions découvert que l'Elysée ouvrait ses jardins le dernier dimanche de chaque mois, et ce gratuitement. Nous avions donc décidé de participer à la deuxième édition de ce qui est forcément, quelque part, de la com présidentielle. N'empêche que visiter un lieu de pouvoir aussi prestigieux, c'est quand même pas banal. Moi, perso, je ne peux pas résister à ce genre d'attraction.


On avait déjà essayé de visiter l'Elysée l'année dernière, pour les journées du patrimoine, mais les cinq heures de queue nous avaient découragé assez vite. En plus à l'époque c'était Sarkozy le locataire, et je n'étais pas non plus emballé de le voir en vrai... Là ce n'étaient que les jardins, la queue était nettement moins impressionnante, mais au moins je ne risquais pas de croiser le moindre nabot populiste. D'ailleurs, y avait peu de chance que je ne rencontre aucun président de la République, genre en train de biner son jardin ou faire trempette dans sa fontaine. Du moins, a priori.

Après avoir acheté des churros au marché de noël qui longe le bas de la plus belle avenue du monde - et qui est déjà noir de monde - , on rejoint donc la file qui poirote devant l'Elysée, à quelques hectomètres de là. On est 4, et même 5, puisque nos amis M&R, et leur adorable gamine L., nous accompagnent dans cet étrange périple. On nous annonce une heure de queue, mais ce sera deux fois moins en fait. Juste le temps de prendre une ou deux photos du grand palais illuminé par le soleil couchant - oui, fin novembre, le soleil est déjà couchant à 15h - , ou de cet improbable atelier massage qui s'est ouvert juste à côté de la file... ah si on avait fait ça devant les boucheries pendant la guerre, l'occupation aurait été une formalité, c'est sûr ! ...

C'est donc plus vite que prévu notre tour, et c'est tant mieux, on peut ainsi parfaitement profiter de ce splendide temps que nous accorde ce mois de novembre gris et humide, comme tous les mois de novembre. C'est donc une fontaine guillerette et des jardins verdoyant qui nous accueillent dans cet ancien hôtel particulier - c'en est toujours un, dans un sens - , situé à un jet de talonnette du studio Gabriel cher à Drucker. Il fut le cadeau de Louis XV à la Pompadour - pas facile à déballer les cadeaux, à l'époque - avant de devenir le lieu de pouvoir des chefs d'état français sous Napo III. Bref, c'est pas le Formule 1 de la Porte Champerret.

Ecoutez, franchement ce n'est pas Versailles, mais c'est quand même très, très impressionnant d'être là. Contrairement à l'ancien château de Louis XIV, ceci n'est pas une coquille vide, désormais uniquement dédiée à l'accueil de plusieurs centaines de milliers de touristes par an : c'est un lieu où, chaque jour, des décisions se prennent, où régulièrement les leaders de ce monde se rendent, où chaque semaine le gouvernement de la France se réunit... un lieu qu'on voit quasi quotidiennement sur les chaînes infos, même si on le voit en général plutôt d'en face, pas des jardins. Pour voir les jardins, faut aller dans une mairie et voir la photo officielle de Hollande. Bref, comme l'Assemblée Nationale, que je rêve également de visiter, notamment un jour où les députés sont là, c'est un lieu de pouvoir, perpétuellement dans l'actu. Et ça, ça vous met les poils en l'air.

Nous voilà donc dans les jardins, à marcher sur une pelouse pas mal grasse et même un peu boueuse - il n'a pas toujours fait beau ces derniers temps, mais quand même - quand tout d'un coup nous voyons les gens, qui se situaient près du palais, soudainement se regrouper à un endroit, tandis que d'autres, un peu plus éloignés, se mettent à courir vers l'attroupement. Incrédules mais présageant assez vite de la nature de cet évènement qui serait capable de faire courir dans la pelouse boueuse des Parisiens bien élevés, on cède à la mode locale et commençons à nous rapprocher à notre tour, de plus en plus vite. Malgré mon manque de pratique depuis un an, je me surprend même à courir. Tous les gens se regroupent autour de quelque chose ou quelqu'un, et c'est sûrement pas Marisol Touraine qui se serait perdu. A priori.

Notre intuition se confirme à notre arrivée au niveau du troupeau qui s'est désormais formé autour de l'évènement... François Hollande, vous savez, le Président de la République, je suis sûr que ça vous dit quelque chose même si ça fait que six mois qu'il est là, a choisi notre heure de passage pour aller faire un tour dehors, saluer les visiteurs en toute simplicité, juste entouré par une demi douzaine de gardes du corps équipés d'oreillettes, discrets mais réels.

Il n'est pas très grand, mais pas aussi petit de qui-vous-savez, du coup même moi je dois tendre mon cou pour apercevoir le crâne présidentiel - et un peu déplumé aussi. Il est accompagné par madame, Valérie Trierweiler, tout sourire et en pleine phase "je dois plaire aux Français parce que pour l'instant ils hésitent entre Bachar El Assad et moi pour savoir qui est le plus sympa des deux". Hollande - oui, le Président, vous savez - prends des photos avec les gens, qui se pressent autour de lui autant que la sécurité le permets. Désolé de le dire, mais il est très affable, très proche, et la légende comme quoi il aime peut-être plus serrer des mains que son "mentor" corrézien, Jacques Chirac, n'est pas une légende, justement. On sent qu'il kiffe ce bain de foule, impromptu ou non. Il distribue les "oh mais vous êtes chez vous vous savez !" On se doute qu'il n'a que des électeurs acquis autour de lui, et que donc il ne risque pas grand chose au niveau réclamations ou questions qui fâchent, et que nos sacs ont été méticuleusement fouillés après que nous soyons passés au travers de portiques de sécurité digne d'un aéroport, mais quand même, on ne sait jamais. S'il a peur d'un mauvais coup - ce serait facile -, il ne le montre pas en tous cas.

Je tente évidemment une avance. D'accord, les jardins ouvrent tous les mois, mais qui nous dit qu'il sort du palais à chaque fois ? Probablement que si, mais faut tomber à la bonne heure alors ! Bref, je n'ai pas non plus l'intention de venir tous les mois me cailler les miches au bas des Champs. Donc, autant profiter de l'aubaine. Hollande est en mode zig zag, il avance sur son perron au gré des poignées de main et des prises de photo, parfois effectuées par Trierweiler elle-même... c'est énorme. Ma copine M parvient à se faire prendre en photo avec sa fille - qui s'en fout d'une force complètement comique, ce sera marrant de voir sa réaction dans quelques années, quand elle reverra la photo et connaîtra l'Histoire de France - , j'arrive à mon tour tout près du chef de l’exécutif, quand je me rends compte qu'aucun appareil photo ami n'est dans les environs, et je n'ai plus de place dans mon téléphone... la foule est dense, on s'est dispersé. Je recule et file chercher quelqu'un pour immortaliser la rencontre. J'y retourne ensuite avec M, et décide de renouveler la même tactique qui m'avais réussi la première fois : saisir la trajectoire présidentielle, et se planter dans la foule mouvante, en face de lui, en attendant le point de rencontre, inévitable. Et le voilà devant moi, tout d'un coup.

Comme aux 50 personnes précédentes, minimum, il me demande d'où je viens. Je réponds les Yvelines, il me dit "oh ben c'est pas loin" ! Fort en géo en plus, il est vraiment parfait pour le job ce mec. Je lui demande si on prend prendre une photo, il me fait "bien sûr !" Génial. Cette semaine, des ministres ont du lui demander des arbitrages, des syndicalistes ont du lui réclamer des trucs, Valérie lui a peut-être demandé de faire la vaisselle... et moi je lui demande une photo, et il dit oui. J'aurais été vexé qu'il dise non, vu qu'il en avait fait une cinquantaine avant, mais quand même...

M prends une première photo, puis se marre : "allez, faut sourire hein !", juste pour faire marrer les gens, et ça marche. Deuxième photo, clic clac, et me voilà pour l'éternité numérique pris en photo avec le septième président de la Ve République, le dirigeant de la 5e puissance mondiale et membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. Bref, c'est plus une huile, c'est un champ d'oliviers. Quitte à perpétuer une image végétale, je dirais que j'ai gardé la banane durant tout le reste de la journée. Je crois que dans 10 ans, je continuerais d'être effaré par cette photo. Vous imaginez une photo de vous petit avec Giscard ou Mitterand ?

Avec Teddy Riner, ça fait deux, quelle année !


Bref voilà, sur ce je vous laisse, euheuh.

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