jeudi 22 novembre 2012

James Bond, retour aux sources

Hello à tous,

Un petit post ciné, ça vous dit ? Et pas du petit ciné à la Française genre on passe notre temps à table, ou collé à une fenêtre ou assis sur une plage sous la pluie, non, du ciné comme on aime en consommer sans modération, même si on sait que ça a coûté beaucoup de blé et qu'on va manger du placement de produits à plein tube : Bond, James Bond.

Le dernier est génial, tout simplement. Vu qu'on n'avait pas vraiment vu les deux précédents avec Daniel Craig, on a vite fait rattrapé ce retard, même si on sait qu'en temps normal, les James Bond ne se suivent pas du tout, et qu'on peut les regarder dans le désordre tout en comprenant tout, puisque les histoires n'ont quasiment aucun lien entre elles, à part le héros et, parfois, le méchant. Sauf qu'on a bien fait en fait, vu que les deux premiers Daniel Craig sont directement liés l'un à l'autre, ils se suivent même directement dans le temps, ce qui n'est pas commun, je l'ai dis. En revanche, le troisième sorti cet automne n'a pas de lien avec les deux premiers.

Les films avec Craig sont tellement différents de ceux, tellement plan plans et rasoirs, d'avec Pierce Brosnan (le pire 007 de l'histoire, selon moi, et pourtant y avait Roger Moore en concurrence...) qu'on a l'impression qu'il y a 30 ans entre les deux séries de film. Daniel Craig est quasi inexpressif, il est
violent, ultra physique et ses films offrent un spectacle, notamment des scènes de bagarre ou des poursuites, en voiture ou à pied, d'un niveau assez exceptionnel, et pour tout dire jamais vu dans des James Bond avant ça. Bref, en plus du dépaysement, des paysages, des intrigues et des jolies nanas, on a un truc en plus dans les trois derniers de la série : de l'action, de l'adrénaline. Et on kiffe vachement.

Pour en revenir à Craig en lui-même, c'est vrai qu'on assiste à un tournant. Il est moins drôle façon britannique que les autres, et dans ce registre il rejoint un peu plus Sean Connery, celui qui incarne littéralement James Bond selon moi, et qui n'a jamais été remplacé. Il est extrêmement musclé, ce qui change également, n'est pas poilu, et là il rejoint plutôt Roger Moore (qui, en revanche, avait à peu près 150 ans pendant sa période, ce qui le rendait aussi physique que le héros d'un film de Godard), tout comme le fait qu'il soit blond. On a tort de penser que la tradition en souffre : dans les romans de Ian Flemming, il est blond, justement. Perso je le trouve très bon, y en avait marre de ce Brosnan qui minaudait avec ses costumes cintrés de maître d'hôtel, et jouait de ses sourcils toutes les trois minutes.

Une tradition est vraiment bafouée, on peut à la fois le regretter (parce que c'était une source d'amusement) et s'en féliciter (parce que c'était ridicule) : maintenant, quand James Bond se bat, qu'il nage dans l'eau, et bien il est décoiffé, blessé, mouillé. Ce qui n'était pas le cas des autres, qui ressortaient de n'importe quelle situation difficile aussi bien coiffé qu'avant un cocktail chez Maxim's. Quand Craig a une cicatrice, il la porte, et ça lui rajoute de la virilité, lui qui semble déjà être tombé dedans quand il était petit.

Les deux premiers opus de la nouvelle série avait cédé à la mode de faire des "... begins", c'est-à-dire la genèse des héros. Ces 25 dernières années, on a eu droit à un Batman begins (mais à deux Jokers), deux Spiderman begins, un Superman begins... sans parler des Star Wars, qui se situaient également avant la première trilogie. Bref, toujours le même truc, suffit qu'un truc fonctionne pour que tout le monde fasse pareil... Donc voilà, le jeune James Bond débute dans le premier, Casino Royale : il aime pas se mettre en costard, ne boit pas de martini super compliqué, etc. Et il va devenir le James Bond qu'on connait durant ce film, puisqu'il doit s'habiller et boire pour affronter le Chiffre au poker... le second, Quantum of Solace, fait immédiatement suite au premier, puisqu'il doit retrouver les vrais méchants dans l'affaire, et notamment ceux qui ont tué sa copine Eva Green (sublime).

Skyfall est complètement différent. Après deux films où Bond débute, le voilà présenté comme usé, sur le retour... tout comme M, magistralement interprété par Judith Dench, qui y a un rôle comme jamais elle n'a eu, qu'il fut un homme ou une femme, et même quand elle était enlevée par Sophie Marceau dans les années 90, avec Pierce Brosnan...

Ce qui est génial dans ce film qui marque les 50 ans de la franchise, c'est le retour aux sources total qu'il offre. On y voit le retour de Q (qui a genre 20 ans dans le film, un geek de première), de Moneypenny (une black, pour remplir le cahier des charges), de l'Aston Martin, et surtout une fin de film entièrement tournée en Écosse, dans les Highlands, d'où vient James Bond à l'origine. Et là,
forcément, je peux vous dire que j'étais aux anges... mes Highlands adorés étaient filmés comme dans mes rêves, qui sont devenus des souvenirs. Il y a vingt mois de cela, j'étais là-bas, et j'en rêve encore la nuit. Ces collines escarpées, à l'herbe rare, couronnées de nuages et de bruine... quelle merveille. Rien que pour toute cette fin, j'ai envie de le revoir. Et d'y retourner, bien entendu. J'ai envie d'y retourner, très, très vite. Et cette fois, je ferais que les Highlands, pas Edimbourg. Un road trip jusqu'au bout du monde et sur l'Île de Skye. J'en bave, mes amis.

Bref, on assiste également à un changement de M, ce qui n'était plus arrivé depuis les débuts de Pierce Brosnan, en 1995. A l'époque, la nomination d'une femme à ce poste avait démontré une volonté de féminiser un peu un ensemble terriblement machiste. C'est d'ailleurs la gageure de la série depuis une vingtaine d'années, maintenant que les mentalités ne tolèreraient plus un héros qui feraient tomber les minettes en claquant simplement des doigts. Ça ne passerait plus, logiquement. Sauf que ça faisait partie de la panoplie de James Bond, c'était même son essence, son ADN. Si James Bond ne couche pas au moins avec la James Bond girl, c'est plus qu'une tradition qui tombe... c'est comme si les Jedis se battaient avec des bouts de bois pour pas se faire mal, vous voyez. Du coup, les scénaristes doivent jongler entre la force de la tradition et les obligations modernes de féminisme. Pas simple. Et à l'époque, l'arrivée de Judi Dench en M, soit sa patronne, marque véritablement ce changement : elle dit clairement à Bond qu'elle n'aime pas sa façon de se conduire avec les femmes, et lui dit qu'il est ringard, un des derniers vestiges de la Guerre Froide. Difficile aujourd'hui de dire ça de Daniel Craig, qui se balade avec des tablettes tactiles, et ce malgré sa ressemblance troublante avec Vladimir Poutine...

Bref, voilà une franchise qui parvient s'adapter à son temps, elle dont le thème, justement, semblait difficile à concilier avec les changements de la société. Pourtant, 50 ans après, il est toujours là, et c'est de plus en plus un régal d'aller les voir au ciné... alors que j'y allais un peu à reculons avec Brosnan... et avant j'étais trop jeune :p Bref j'ai hâte de voir le prochain !

Je vous laisse.

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