Premier matin à Rio.
La technique réputée pour battre en brèche le décalage horaire est-ouest, c'est d'essayer de se coucher le plus tard possible pour être cassé le lendemain. Problème, quand on est remonté dans nos chambres il était très tôt, et on s'est endormi comme des loques. J'ai réussi à tenir jusqu'à... je sais pas, 22 h ? J'ai essayé de regarder "127 heures" sur l'ordi que mes amis m'avaient prêté en prévision de l'article que je devais taper pour Sport24, mais j'ai tenu 12 minutes et 7 secondes à peu près. Pour tenir éveillé je n'aurais pas du miser sur un film où un mec fait du vélo dans le désert pendant le premier quart d'heure. Un Terminator, ça aurait été mieux.
Du coup, le lendemain, à 5h je suis frais comme un gardon. Il fait encore nuit dehors, je vais d'ailleurs pouvoir admirer mon premier lever du soleil sur la ville, même si la vue de la chambre est assez quelconque, et je profite du wifi de l'hôtel et du fait que mon père est un nettement plus gros dormeur que moi pour tchater avec mes amis durant plusieurs heures, eux pour qui il va bientôt être l'heure de manger en France...
A un moment, il faut quand même se lever, mais je sais déjà que le reste de ma semaine va être comme ça : réveil aux aurores, soirées compliquées. Cinq heures de décalage, ce n'est pas rien pour un papy comme moi. Bref on descend prendre notre (copieux) petit déjeuner. Mon père fait déjà fonctionner son prodigieux sens relationnel hérité de ses années de président de foot pour parler avec tous les Français qui partagent notre hôtel et la salle du resto, tandis que je fais plusieurs allers retours pour poser mon petit dej sur la table. Oui, quand je voyage, il vaut mieux que je mange beaucoup le matin, sinon j'endure l'enfer toute la journée. Bienvenue dans ma vie de goinfre.
Avant de sortir, je mets en place mon plan de bataille contre les moustiques qui pourraient nous mener la vie dure, et notamment nous transmettre la Dengue, ce que nous ne voulons pas. En plus de la batterie de vaccins que nous avons du nous fader avant de partir, notamment contre l'hépatite chais plus quelle lettre et surtout la fièvre jaune, j'ai amené du produit anti moustique pour mettre sur la peau - qui sent merveilleusement mauvais - ET du produit anti moustique pour mettre sur... les vêtements. Oui, les moustiques locaux sont tellement balèzes qu'ils peuvent nous piquer à travers nos sapes. Du coup, on est intégralement recouvert de trucs qui puent, et ce sera comme ça tous les matins. Venez nous emmerder avec vos gros dards maintenant, juste pour voir.
Notre programme du jour ? Ben le Pain de Sucre, évidemment ! D'habitude j'aime bien finir par le meilleur, et ce sera d'ailleurs le cas vu qu'on va terminer par l'autre summum de Rio, le Corcovado, mais là j'ai trop envie de voir ça. Le Pain de Sucre, cette merveille de la nature qu'on peut voir au sud dès qu'on s'approche des plages de Flamengo et Botafogo (j'ai l'impression de bosser sur le championnat brésilien à chaque coin de rue...). J'ai trop hâte.
Sauf que c'est pas du tout à côté. Rio est une ville tout en longueur, du nord au sud, coupée au milieu par la forêt de Tijuca et son sommet, duquel le Corcovado nous tend les bras. Et nous, on est au nord, et le Pain de Sucre au sud est de la ville. Heureusement, il y a le métro. Bon il n'y a que deux lignes de métro là-bas, et que se suivent en plus (!), mais elles suivent surtout tout le front de mer, à l'est, donc elles nous amèneront quasiment directement au Pain de Sucre. Quasi.
Notre station, c'est Carioca, on ne peut pas rêver mieux comme nom de station. C'est comme si des touristes à Paris résidaient près de la station "Titi parisien", voyez. Bon, on a quand même dans les 20 minutes de marche pour y aller, parmi des immeubles divers et variés, entre la Défense et des bâtiments plus populaires, et le long de l'Opéra, mais ensuite, c'est impeccable. Le métro est loin d'être blindé et est très propre, on est nickel. En 20 minutes, on arrive à la station Botafogo, et là on va vraiment commencer à goûter à la ville de Rio. A pied, on arrive à la plage du même nom, mais avant il faut traverser la large voie rapide qui dessert la ville du nord au sud, et que les voitures empruntent à toutes berzingues. Comme nous sommes des garçons extrêmement débrouillards, nous traversons au péril de nos vies, avant de nous apercevoir qu'en fait il y avait un tunnel pour passer dessous... Bref nous prenons quelques photos de la plage, puis on part à pied vers le Pain de Sucre. Et oui, c'est pas complètement à côté non plus. A l'hôtel on nous avait conseillé un arrêt de bus, mais on le cherche encore. C'est pas grave, on est (un peu) jeune, ça va le faire. C'est pas comme si le soleil tapait déjà bien fort - il est genre 10h du mat - ce qui m'incite à me tartiner de crème solaire, déjà.
Bref finalement nous arrivons sur une grande place où des bus et des voitures stationnent, et des touristes un peu partout également. A notre droite, l'entrée où nous devons faire la queue, au pied du Morro da Babilônia, au-dessus de nous de longs câbles pour le funiculaire, et à notre gauche le Morro da Urca, la première "colline" qui devance celle du Pain de Sucre. Oui, le voyage est en deux étapes, vous allez voir.
Tout d'abord on va faire la queue. J'ai eu la bonne idée de ne pas réserver nos places, je n'y ai pas pensé parce que je pensais que de toutes façons on ferait forcément la queue, et parce que je suis nul en organisation de voyages. Bref on poireaute une heure dans une queue en serpentin dans un hall, au milieu de centaines de touristes venus de toute la planète, vu les maillots de foot qui nous entourent. Argentine, Russie, Croatie, Angleterre, France... y a de tout. Hors Coupe du Monde ça doit être pareil, sauf que ça doit moins se voir puisqu'ils ne doivent pas porter de maillots de foot. Pendant ce temps, ceux qui ont acheté leurs billets à l'avance passent devant tout le monde. Et on les déteste tous cordialement.
La queue est en deux temps : une fois sortis du hall, on se retrouve en plein cagnard pour faire une deuxième fois la queue. Finalement on arrive au guichet, et là on constate avec bonheur que pour les plus de 60 ans, c'est moitié prix. Non, ce n'est pas pour moi, bande de salauds. Bref on économise des sous, et ça va nous sauver la vie, j'y reviendrais.
Finalement on monte dans le funiculaire. En chemin, on croise des ouvriers qui renforcent un pied de béton avec des planches de bois... leur rafistolage parait tellement dérisoire que nous les prenons en photo, tout en riant jaune. Ok y a peu de chance qu'il y ait d'accident, mais y a plus rassurant comme scène. Bref c'est parti, on monte vers le Morro da Urca. Et déjà, la vue est magnifique. Ça crépite de partout dans la cabine. Une fois au sommet, on doit - encore - faire la queue pour parcourir le sommet du Morro, entouré d'arbres exotiques et de singes qui se cachent partout, tandis que mon père se fait encore des amis. Au fur et à mesure de nos rencontres, on se rend compte à quel point notre petit trip fait petit bras à côté des dingos de l’Équipe de France, qui la suit vraiment partout. On ne cessera de rencontrer des gens qui étaient au premier match, à Porto Alegre, puis au deuxième, à Salvador... et qui continuerons après. Eux, ce sont des vrais, des fous. Ceux avec qui on discute en haut du Morro da Urca étaient déjà à l'Euro 96, à Liverpool... ils devaient moins être emmerdés par les moustiques et la crème solaire. Pas par les stades mythiques, en revanche.
Hop, au bout du chemin, deuxième funiculaire. Cette fois, le pain de sucre nous impose son immense ovalité. C'est beau, c'est majestueux, c'est naturel, c'est magnifique. Au bout de deux heures de queue cumulées, on arrive enfin en haut, et là la litanie des photos commence. Les touristes sont partout, à faire la queue au bar, à se battre pour un point de vue, tous avec leur appareil photo/smartphone à la main. Faut dire que la vue est... estomaquante. Et oui, j'invente des mots aujourd'hui.
Devant nous, plein axe, le Corcovado, seul truc plus élevé que nous dans la ville, et qui semble nous faire coucou. De là où nous sommes, il fait rikiki. A sa gauche - donc à notre droite - tout le sud de la ville, des morros un peu partout, de la montagne, des plages scintillantes, le minuscule aéroport Santos-Dumont qui aligne ses deux pistes pile au bord de la baie. Des avions - exclusivement des vols intérieurs - passent au-dessous de nous (!) pour y atterrir. A gauche, la plage de Copacabana, resplendissante. Tout le reste c'est de l'eau, du reflet de soleil, des collines, le pont de Niteroi, et... une ligne jaune polluante au-dessus de la ville, visible à l’œil nu.
A mon humble avis, même le meilleur appareil photo du monde ne peut retranscrire fidèlement la qualité exceptionnelle de cette vue. Toute tentative d'immortalisation est une trahison. Il FAUT voir ça de ses yeux, un jour, et que vos rétines en soient éternellement marquées. Je vous le souhaite ardemment à tous.
Le chemin inverse est moins long. Par contre, on n'a pas prévu assez de sous pour la journée, donc on marche. Objectif : la plage de Copabacana où se trouve la fan zone pour voir au moins la fin d'Italie-Uruguay, un immense espace avec des écrans géants tout le long, et trouver à manger en chemin. Finalement, après avoir traversé un tunnel (!) on se trouve un bouiboui qui diffuse le match et où on déguste un délicieux repas typiquement brésilien. Un plat brésilien, ça veut dire du riz, des haricots noirs et éventuellement de la farine de manioc, qui fait office de pain. Et c'est une tuerie. Il est plus de trois heures de l'après-midi.
On repart vers la plage, mais le temps qu'on y arrive, l'Uruguayen Diego Godin a déjà crucifié ses cousins italiens (81e minute). On se balade un peu le long de l'Avenida Atlantica au milieu de supporters et de touristes omniprésents, puis on se dit qu'on va aller à la Casa Bleue pour récupérer nos billets pour France-Équateur, le lendemain. Ça, c'est le point de rendez-vous des supporters français à Rio, loué par la fédé au Jockey Club. Pour ça, on va devoir prendre le bus, le métro ne va pas plus à l'ouest...
Le bus c'est particulièrement folklo à Rio, mais une fois qu'on a compris le principe, ça va tout seul. On s'en fiche des numéros de ligne, de savoir si on est au bon arrêt de bus, comme à Paris. Non, là il suffit de se poser à un arrêt de bus, n'importe lequel, tous les bus sont susceptibles de s'y arrêter. Évidemment, vaut mieux se mettre dans la bonne direction si possible... et là, faut surveiller les noms de quartiers qui s'affichent au sommet des bus. Si y en a un qui vous intéresse, vous hélez le bus, qui s'arrête. Voilà. Les Cariocas, eux, ils savent quelles lignes il faut prendre, mais pour un touriste, une fois qu'il a capté le concept, ça va tout seul. Pour le coup là, heureusement qu'une gentille dame qui ne causait pas un traitre mot d'Anglais (et encore moins de Français, of course) nous a aidé pour prendre le bon bus... ensuite, ça ira mieux.
Une fois dedans, fraude impossible : y a un tourniquet - difficilement franchi par votre serviteur, mais j'ai quand même réussi à ne pas rester coincé... - et un agent à qui payer les trois Reals réglementaires. Donc deux fonctionnaires par bus. Comme quoi ils ont les moyens à Rio :p
Trois quart d'heure de bus plus tard, passés à surveiller sur ma carte si on est au bon endroit, nous voilà au Jockey Club, qui est quasi désert. C'est drôle de voir un hippodrome à Rio, c'est pas vraiment le genre de truc que je m'attendais à découvrir ici. Et comme c'est loin de tout, y avait peu de chance qu'on y aille si on n'avait pas été des supporters français... On a quand même une belle vue sur le Corcovado, qui nous tourne le dos. Une fois les billets récupérés, on repart prendre le bus, en visant un bus qui va à Lapa, tout simplement. Quand j'ai dit tout à l'heure que la réduction au Pain de Sucre nous avait sauvé la vie, c'est parce qu'il ne nous restait juste assez pour payer le bus... vu qu'on était hyper loin de l'hôtel et aussi du métro, à part Europe Assistance, je ne vois pas comment on aurait pu rentrer dans nos pénates... on aurait dormi sur place peut-être. Bref le retour est sympa, on longe le Jardim Botanico, le Corcovado nous accompagne à notre gauche pendant un petit moment, puis on remonte vers Lapa... on aura vu pas mal de la ville, quand même.
Nous voilà de retour à l'hôtel, complètement épuisés, et on se pose devant Japon-Colombie... Tandis que mon père s'offre un petit burger d'en bas de l'hôtel, moi je file boire un verre avec mon boss, qui réside dans un hôtel à Catete (ça se dit Catetche, me demandez pas pourquoi), près de Flamengo, et un ancien collègue, qu'on retrouve à l'hôtel des journalistes français, juste à côté. On discute pas mal, c'est vraiment hyper intéressant, on croise un Guy Roux pas très frais, c'était marrant. Ma seule soirée où je tiendrais jusqu'à minuit... comme quoi c'était possible. Suffisait de pas se poser sur un lit :p
A plus tard ! Bonne séance photos :p
La technique réputée pour battre en brèche le décalage horaire est-ouest, c'est d'essayer de se coucher le plus tard possible pour être cassé le lendemain. Problème, quand on est remonté dans nos chambres il était très tôt, et on s'est endormi comme des loques. J'ai réussi à tenir jusqu'à... je sais pas, 22 h ? J'ai essayé de regarder "127 heures" sur l'ordi que mes amis m'avaient prêté en prévision de l'article que je devais taper pour Sport24, mais j'ai tenu 12 minutes et 7 secondes à peu près. Pour tenir éveillé je n'aurais pas du miser sur un film où un mec fait du vélo dans le désert pendant le premier quart d'heure. Un Terminator, ça aurait été mieux.
Du coup, le lendemain, à 5h je suis frais comme un gardon. Il fait encore nuit dehors, je vais d'ailleurs pouvoir admirer mon premier lever du soleil sur la ville, même si la vue de la chambre est assez quelconque, et je profite du wifi de l'hôtel et du fait que mon père est un nettement plus gros dormeur que moi pour tchater avec mes amis durant plusieurs heures, eux pour qui il va bientôt être l'heure de manger en France...
A un moment, il faut quand même se lever, mais je sais déjà que le reste de ma semaine va être comme ça : réveil aux aurores, soirées compliquées. Cinq heures de décalage, ce n'est pas rien pour un papy comme moi. Bref on descend prendre notre (copieux) petit déjeuner. Mon père fait déjà fonctionner son prodigieux sens relationnel hérité de ses années de président de foot pour parler avec tous les Français qui partagent notre hôtel et la salle du resto, tandis que je fais plusieurs allers retours pour poser mon petit dej sur la table. Oui, quand je voyage, il vaut mieux que je mange beaucoup le matin, sinon j'endure l'enfer toute la journée. Bienvenue dans ma vie de goinfre.
Avant de sortir, je mets en place mon plan de bataille contre les moustiques qui pourraient nous mener la vie dure, et notamment nous transmettre la Dengue, ce que nous ne voulons pas. En plus de la batterie de vaccins que nous avons du nous fader avant de partir, notamment contre l'hépatite chais plus quelle lettre et surtout la fièvre jaune, j'ai amené du produit anti moustique pour mettre sur la peau - qui sent merveilleusement mauvais - ET du produit anti moustique pour mettre sur... les vêtements. Oui, les moustiques locaux sont tellement balèzes qu'ils peuvent nous piquer à travers nos sapes. Du coup, on est intégralement recouvert de trucs qui puent, et ce sera comme ça tous les matins. Venez nous emmerder avec vos gros dards maintenant, juste pour voir.
Notre programme du jour ? Ben le Pain de Sucre, évidemment ! D'habitude j'aime bien finir par le meilleur, et ce sera d'ailleurs le cas vu qu'on va terminer par l'autre summum de Rio, le Corcovado, mais là j'ai trop envie de voir ça. Le Pain de Sucre, cette merveille de la nature qu'on peut voir au sud dès qu'on s'approche des plages de Flamengo et Botafogo (j'ai l'impression de bosser sur le championnat brésilien à chaque coin de rue...). J'ai trop hâte.
Sauf que c'est pas du tout à côté. Rio est une ville tout en longueur, du nord au sud, coupée au milieu par la forêt de Tijuca et son sommet, duquel le Corcovado nous tend les bras. Et nous, on est au nord, et le Pain de Sucre au sud est de la ville. Heureusement, il y a le métro. Bon il n'y a que deux lignes de métro là-bas, et que se suivent en plus (!), mais elles suivent surtout tout le front de mer, à l'est, donc elles nous amèneront quasiment directement au Pain de Sucre. Quasi.
Notre station, c'est Carioca, on ne peut pas rêver mieux comme nom de station. C'est comme si des touristes à Paris résidaient près de la station "Titi parisien", voyez. Bon, on a quand même dans les 20 minutes de marche pour y aller, parmi des immeubles divers et variés, entre la Défense et des bâtiments plus populaires, et le long de l'Opéra, mais ensuite, c'est impeccable. Le métro est loin d'être blindé et est très propre, on est nickel. En 20 minutes, on arrive à la station Botafogo, et là on va vraiment commencer à goûter à la ville de Rio. A pied, on arrive à la plage du même nom, mais avant il faut traverser la large voie rapide qui dessert la ville du nord au sud, et que les voitures empruntent à toutes berzingues. Comme nous sommes des garçons extrêmement débrouillards, nous traversons au péril de nos vies, avant de nous apercevoir qu'en fait il y avait un tunnel pour passer dessous... Bref nous prenons quelques photos de la plage, puis on part à pied vers le Pain de Sucre. Et oui, c'est pas complètement à côté non plus. A l'hôtel on nous avait conseillé un arrêt de bus, mais on le cherche encore. C'est pas grave, on est (un peu) jeune, ça va le faire. C'est pas comme si le soleil tapait déjà bien fort - il est genre 10h du mat - ce qui m'incite à me tartiner de crème solaire, déjà.
Bref finalement nous arrivons sur une grande place où des bus et des voitures stationnent, et des touristes un peu partout également. A notre droite, l'entrée où nous devons faire la queue, au pied du Morro da Babilônia, au-dessus de nous de longs câbles pour le funiculaire, et à notre gauche le Morro da Urca, la première "colline" qui devance celle du Pain de Sucre. Oui, le voyage est en deux étapes, vous allez voir.
Tout d'abord on va faire la queue. J'ai eu la bonne idée de ne pas réserver nos places, je n'y ai pas pensé parce que je pensais que de toutes façons on ferait forcément la queue, et parce que je suis nul en organisation de voyages. Bref on poireaute une heure dans une queue en serpentin dans un hall, au milieu de centaines de touristes venus de toute la planète, vu les maillots de foot qui nous entourent. Argentine, Russie, Croatie, Angleterre, France... y a de tout. Hors Coupe du Monde ça doit être pareil, sauf que ça doit moins se voir puisqu'ils ne doivent pas porter de maillots de foot. Pendant ce temps, ceux qui ont acheté leurs billets à l'avance passent devant tout le monde. Et on les déteste tous cordialement.
La queue est en deux temps : une fois sortis du hall, on se retrouve en plein cagnard pour faire une deuxième fois la queue. Finalement on arrive au guichet, et là on constate avec bonheur que pour les plus de 60 ans, c'est moitié prix. Non, ce n'est pas pour moi, bande de salauds. Bref on économise des sous, et ça va nous sauver la vie, j'y reviendrais.
Finalement on monte dans le funiculaire. En chemin, on croise des ouvriers qui renforcent un pied de béton avec des planches de bois... leur rafistolage parait tellement dérisoire que nous les prenons en photo, tout en riant jaune. Ok y a peu de chance qu'il y ait d'accident, mais y a plus rassurant comme scène. Bref c'est parti, on monte vers le Morro da Urca. Et déjà, la vue est magnifique. Ça crépite de partout dans la cabine. Une fois au sommet, on doit - encore - faire la queue pour parcourir le sommet du Morro, entouré d'arbres exotiques et de singes qui se cachent partout, tandis que mon père se fait encore des amis. Au fur et à mesure de nos rencontres, on se rend compte à quel point notre petit trip fait petit bras à côté des dingos de l’Équipe de France, qui la suit vraiment partout. On ne cessera de rencontrer des gens qui étaient au premier match, à Porto Alegre, puis au deuxième, à Salvador... et qui continuerons après. Eux, ce sont des vrais, des fous. Ceux avec qui on discute en haut du Morro da Urca étaient déjà à l'Euro 96, à Liverpool... ils devaient moins être emmerdés par les moustiques et la crème solaire. Pas par les stades mythiques, en revanche.
Hop, au bout du chemin, deuxième funiculaire. Cette fois, le pain de sucre nous impose son immense ovalité. C'est beau, c'est majestueux, c'est naturel, c'est magnifique. Au bout de deux heures de queue cumulées, on arrive enfin en haut, et là la litanie des photos commence. Les touristes sont partout, à faire la queue au bar, à se battre pour un point de vue, tous avec leur appareil photo/smartphone à la main. Faut dire que la vue est... estomaquante. Et oui, j'invente des mots aujourd'hui.
Devant nous, plein axe, le Corcovado, seul truc plus élevé que nous dans la ville, et qui semble nous faire coucou. De là où nous sommes, il fait rikiki. A sa gauche - donc à notre droite - tout le sud de la ville, des morros un peu partout, de la montagne, des plages scintillantes, le minuscule aéroport Santos-Dumont qui aligne ses deux pistes pile au bord de la baie. Des avions - exclusivement des vols intérieurs - passent au-dessous de nous (!) pour y atterrir. A gauche, la plage de Copacabana, resplendissante. Tout le reste c'est de l'eau, du reflet de soleil, des collines, le pont de Niteroi, et... une ligne jaune polluante au-dessus de la ville, visible à l’œil nu.
A mon humble avis, même le meilleur appareil photo du monde ne peut retranscrire fidèlement la qualité exceptionnelle de cette vue. Toute tentative d'immortalisation est une trahison. Il FAUT voir ça de ses yeux, un jour, et que vos rétines en soient éternellement marquées. Je vous le souhaite ardemment à tous.
Le chemin inverse est moins long. Par contre, on n'a pas prévu assez de sous pour la journée, donc on marche. Objectif : la plage de Copabacana où se trouve la fan zone pour voir au moins la fin d'Italie-Uruguay, un immense espace avec des écrans géants tout le long, et trouver à manger en chemin. Finalement, après avoir traversé un tunnel (!) on se trouve un bouiboui qui diffuse le match et où on déguste un délicieux repas typiquement brésilien. Un plat brésilien, ça veut dire du riz, des haricots noirs et éventuellement de la farine de manioc, qui fait office de pain. Et c'est une tuerie. Il est plus de trois heures de l'après-midi.
On repart vers la plage, mais le temps qu'on y arrive, l'Uruguayen Diego Godin a déjà crucifié ses cousins italiens (81e minute). On se balade un peu le long de l'Avenida Atlantica au milieu de supporters et de touristes omniprésents, puis on se dit qu'on va aller à la Casa Bleue pour récupérer nos billets pour France-Équateur, le lendemain. Ça, c'est le point de rendez-vous des supporters français à Rio, loué par la fédé au Jockey Club. Pour ça, on va devoir prendre le bus, le métro ne va pas plus à l'ouest...
Le bus c'est particulièrement folklo à Rio, mais une fois qu'on a compris le principe, ça va tout seul. On s'en fiche des numéros de ligne, de savoir si on est au bon arrêt de bus, comme à Paris. Non, là il suffit de se poser à un arrêt de bus, n'importe lequel, tous les bus sont susceptibles de s'y arrêter. Évidemment, vaut mieux se mettre dans la bonne direction si possible... et là, faut surveiller les noms de quartiers qui s'affichent au sommet des bus. Si y en a un qui vous intéresse, vous hélez le bus, qui s'arrête. Voilà. Les Cariocas, eux, ils savent quelles lignes il faut prendre, mais pour un touriste, une fois qu'il a capté le concept, ça va tout seul. Pour le coup là, heureusement qu'une gentille dame qui ne causait pas un traitre mot d'Anglais (et encore moins de Français, of course) nous a aidé pour prendre le bon bus... ensuite, ça ira mieux.
Une fois dedans, fraude impossible : y a un tourniquet - difficilement franchi par votre serviteur, mais j'ai quand même réussi à ne pas rester coincé... - et un agent à qui payer les trois Reals réglementaires. Donc deux fonctionnaires par bus. Comme quoi ils ont les moyens à Rio :p
Trois quart d'heure de bus plus tard, passés à surveiller sur ma carte si on est au bon endroit, nous voilà au Jockey Club, qui est quasi désert. C'est drôle de voir un hippodrome à Rio, c'est pas vraiment le genre de truc que je m'attendais à découvrir ici. Et comme c'est loin de tout, y avait peu de chance qu'on y aille si on n'avait pas été des supporters français... On a quand même une belle vue sur le Corcovado, qui nous tourne le dos. Une fois les billets récupérés, on repart prendre le bus, en visant un bus qui va à Lapa, tout simplement. Quand j'ai dit tout à l'heure que la réduction au Pain de Sucre nous avait sauvé la vie, c'est parce qu'il ne nous restait juste assez pour payer le bus... vu qu'on était hyper loin de l'hôtel et aussi du métro, à part Europe Assistance, je ne vois pas comment on aurait pu rentrer dans nos pénates... on aurait dormi sur place peut-être. Bref le retour est sympa, on longe le Jardim Botanico, le Corcovado nous accompagne à notre gauche pendant un petit moment, puis on remonte vers Lapa... on aura vu pas mal de la ville, quand même.
Nous voilà de retour à l'hôtel, complètement épuisés, et on se pose devant Japon-Colombie... Tandis que mon père s'offre un petit burger d'en bas de l'hôtel, moi je file boire un verre avec mon boss, qui réside dans un hôtel à Catete (ça se dit Catetche, me demandez pas pourquoi), près de Flamengo, et un ancien collègue, qu'on retrouve à l'hôtel des journalistes français, juste à côté. On discute pas mal, c'est vraiment hyper intéressant, on croise un Guy Roux pas très frais, c'était marrant. Ma seule soirée où je tiendrais jusqu'à minuit... comme quoi c'était possible. Suffisait de pas se poser sur un lit :p
A plus tard ! Bonne séance photos :p
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