Bon
et si je me mettais - enfin ! - à la rédaction de notre journée à
Boston ? Il serait temps en effet... certains évènements - personnels ou
nationaux - m'ont légèrement retardé, mais pas autant que la flemme et les jeux vidéos, soyons tout à fait honnête.
Après
cette journée passée à chasser les phares, nous quittons notre cottage
adoré et la Maine pour la grande ville et le Massachussets. Et oui,
avant que vous le demandiez, rien que le fait d'aller dans le Massachussets nous a donné envie d'écouter le morceau du même nom des Bee Gees, oui celui-là bande d'ignares. D'ailleurs on ne s'en est pas privé dans la voiture, durant ce trip sur les gigantesques autoroutes américaines. Oui je l'ai déjà dit que tout était énorme là-bas, des routes jusqu'aux bagnoles en passant par les tubes de dentifrices, celui que j'ai acheté début octobre à New York venant à peine de rendre sa dernière goutte... mais tant qu'on y est pas allé on a du mal à imaginer.
Mais avant de quitter le Maine, sur le chemin nous sacrifions aux obligations touristiques locales en visitant une petite ville "typique" du coin, au nom inimitable de Kennebunkport. C'est aujourd'hui une ville touristique, ça se voit au nombre de boutiques de souvenirs qui composent son centre ville, ainsi qu'au nombre de touristes qui arpentent leurs rayons. Mais son succès est aussi du au fait qu'elle a su parfaitement conserver son visage de ville typique du Maine, située non loin de la mer, à l'économie essentiellement basée sur la pêche (et aujourd'hui le tourisme, certes). Les maisons sont basses, en bois, parfois montées sur pilotis... promis c'est la dernière fois que je vous bassine avec Stephen King, mais si vous voulez voir dans quelle atmosphère se déroulent beaucoup de ses premiers romans, il faut aller das une ville comme celle-ci. En plus, la proximité d'Halloween, à l'époque, rajoute un peu à l'ambiance générale du lieu...
Bref on y passe la matinée, on fait le tour, on investit une boutique où on fait quelques achats... c'est là qu'on se rend compte qu'il s'agit d'un des véritables bastions républicains du pays. Des t shirts en faveur des Bush, dont elle est un des lieux, sinon le lieu de villégiature, et contre Obama, sont omniprésents dans les rayons du magasin. Moi je me contente d'acheter un t shirt avec un requin dessus, tellement plus sympathique... par ailleurs, et ça on le constatera plusieurs fois par ailleurs, les Américains, contrairement à ce qu'on pourrait croire, et notamment venant de Républicains notoires, adorent parler avec des Français, et la vendeuse nous offre aussitôt une petite ristourne sur nos achats parce qu'elle est déjà allée à Marseille une fois, ou je sais plus où. Ou alors c'est juste parce que pour eux, le commerce y a rien de plus important et qu'ils seraient prêts à faire pareil pour des Irakiens si ces derniers avaient des sous...
Bref je vais pas passer mon post sur Kennebunkport parce que sinon qu'est-ce que ça va être pour Boston...
Nous reprenons donc la route. Deux heures plus tard environ, nous voilà dans les faubourgs du berceau de la Révolution Américaine. J'ai les poils qui se dressent, tout comme les premiers buildings, signe que nous pénétrons bel et bien une grande ville américaine. Là-bas, gros patelin signifie buildings interminables, c'est comme ça ils peuvent pas s'en empêcher. Et là-bas comme à New York, ça fait vite son petit effet, d'immensité, d'élégance, de puissance. C'est impressionnant, tout simplement.
Après avoir laissé Z et les petits visiter le musée des jouets de la ville, activité qui va les occuper un petit moment, nous garons notre Chrysler dans un parking. Là encore, nous touchons du doigt l'incroyable bonne humeur naturelle des Américains, cet optimisme, ce sourire quasi automatique, avec le mec chargé de garer notre voiture. Oui oui, on refile la clé de notre voiture de location à un type qu'on croise à l'entrée du parking, et il va nous la garer. Oui vous pouvez le dire, on aime le risque nous, on est des fadas. En tous cas le mec est souriant, drôle et mort de rire devant notre tête effarée devant ce système improbable, alors qu'il a pas forcément le job du siècle. Il nous donne un ticket, et c'est parti pour la visite...
Je vous le dit tout de suite, si Boston est une des grandes villes américaines, en tous cas au niveau de la notoriété - il s'agit de la 10e agglomération du pays avec 4,5 millions d'âmes, mais "seulement" 600 000 pour la ville même - , c'est loin d'être le cas de son centre et de ses principales attractions touristiques, qui se visitent en moins d'une journée. Tout de suite, on se dirige vers le Boston Common, le grand parc qui fait le lien entre les beaux quartiers, à l'ouest, et la vieille ville - qui va fêter ses quatre siècles dans 14 ans -, au nord est. On ramasse quelques cartes touristiques, et mon œil y est tout de suite accroché par le tracé du Freedom Trail, dont m'avait parlé mon ami D, resté à Montréal mais qui a déjà visité la ville avec A, et qui permet de visiter tous les lieux historiques de la Révolution Américaine qui pullulent dans tout le centre bostonien. Vu que je suis un peu venu pour ça - très égoïstement, je le concède, mais je ne suis pas sûr de revenir souvent à Boston dans ma vie future - je suis très excité, et je force un peu mes trois compagnons, pas forcément aussi passionnés que moi par l'Histoire, Am, M et son fils P, à suivre également ce chemin illustré au sol par une ligne de pavés. Elle part d'un type habillé comme à l'époque de Benjamin Franklin et qui, au vu des froid et du vent, doit avoir les coucougnettes dans le même état aujourd'hui que celles du glorieux inventeur et signataire de la déclaration d'indépendance : très, très ridées, et toutes petites.
Défilent alors devant nous, perdus au milieu des tours de verre qui découpent la grisaille du ciel, une série de bâtiments vieux de trois siècles pour la plupart, complètement irréels dans ce paysage ultra moderne, qui marque encore plus leur ancienneté et leur authenticité, si c'était possible. Le State House, le très vieux cimetière de King's Chapel, ses tombes multi centenaires, la statue de Benjamin Franklin, la Old South Meeting House... moi, pour tout vous dire, je veux surtout voir deux trucs : le site de la bataille de Bunker Hill - ce sera fait plus tard - et celui du Massacre de Boston, véritable coup d'envoi des évènements de la Révolution Américaine, marqué par une dalle devant l'Old State House, le plus ancien immeuble de la ville, lui aussi complètement irréel au milieu de ses jeunes et immenses successeurs.
Mon émotion quand nous parvenons en ce lieu où s'est joué, même si ça peut paraître exagéré mais pas tant que ça, au vu de l'influence de l'Amérique indépendante depuis plus de deux siècles, une partie de l'avenir du monde, est assez intense. Les lieux historiques comme ceux-ci, sont habités certes avant tout par les millions de touristes comme moi qui viennent polluer le coin avec leurs selfies, leurs chaussures de marche et leur nez en l'air, mais surtout par les fantômes de ceux qui ont écrit l'Histoire, parfois par leur sang, leur intransigeance, leur persévérance. Certes, comme notre Révolution, celle des Américains est avant tout une révolte de bourgeois fâchés d'être un peu trop écrasés d'impôts, et qui parviennent à mobiliser le peuple pour qu'ils défendent leurs petits intérêts. Mais l'Histoire d'un pays majeur s'y est joué en partie ici, sous l'égide des fils de la liberté, et moi ça me touche.
Après toutes ces émotions - et ces kilomètres avalés en plein vent humide - il est temps de nous poser pour manger. Nous nous arrêtons au Faneuil Hall - prononcez Fanouille - , qui fait également partie du Freedom Trail, en tant qu'ancienne salle de réunion, notamment pour les fils de la Liberté qui ont mené la révolte, Samuel Adams (dont la statue nous accueille devant le bâtiment) en tête. Aujourd'hui, c'est un lieu ultra touristique ou une armée de visiteurs venus du monde entier parcoure le grand couloir composé exclusivement de snacks et de restaurants, et coupé en son centre par un grand hall en forme de dôme où ces mêmes visiteurs se disputent les tables disponibles pour manger et se reposer.
Nous mangeons nos bagels, puis j'abandonne mes compagnons qui ont d'autres idées en tête. Lassés, on peut les comprendre, par ma chasse aux vieilles pierres et autres fantômes, ils ont décidé de visiter d'autres quartiers plus attrayants. Nous nous fixons un lieu et une heure de rendez-vous en fin d'après-midi, à l'ancienne - c'est-à-dire sans aide véritable de nos téléphones qui coutent chers en pays étrangers - et me voilà parti dans une de mes marottes favorites : la visite d'une ville étrangère, tout seul, livré à moi-même. Mon excitation est à son comble.
C'est que je suis loin d'avoir exploité à fond le Freedom Trail, et au fur et à mesure que je me rapproche de la mer, qui n'est de toutes façons jamais très loin, les bâtiments anciens se font plus présents, les rues moins droites, l'impression de voyager à une autre époque presque plus réelle. Faut y croire, mais c'est possible. Ma prochaine étape, c'est la maison de Paul Revere. Mais laissez-moi tout d'abord vous parler d'Assassin's Creed III. Si si je vous jure, je vous en ai déjà parlé et c'est intéressant. J'en ai pour une seconde.
Cinquième opus de la série malgré son numéro, il se déroule d'abord durant la Guerre de 7 ans - elle en a duré 9 -, premier véritable conflit mondial puisqu'il a mobilisé trois continents au minimum et qui a vu la France, pourtant surpuissante militairement et aidée par les populations indiennes locales, s'incliner contre les Anglais dans le nord est américain et ainsi perdre quasiment toutes ses possessions du Nouveau Monde, hormis quelques îles. Mais cette victoire britannique a coûté très cher à la couronne, qui du coup se tourne vers les bourses des colons qu'ils ont "défendu" contre les Français. Ce qui provoque la colère légitime des colons, qui ne sont pas représentés au parlement à Londres mais qui doivent quand même cracher au bassinet, puis, à terme, la Révolution. L'Histoire c'est génial, tout est lié. Vous suivez ?
Donc au début le jeu se déroule dans les années 1750 puis vingt ans plus tard, à l'orée de la Révolution. Et c'est là que l'on vit littéralement tous ces évènements : on assiste au Massacre de Boston, on participe directement à la Boston Tea Party, premier acte concret des Patriotes, en jetant nous mêmes des caisses de thé dans le port tout en défendant les leaders de la révolte, on parcours au péril de notre vie les champs de bataille de Lexington, Concord, Bunker Hill, Monmouth... et on rencontre Paul Revere dans sa maison, qu'on peut admirer de l'extérieur, tellement elle est parfaitement reproduite. Cette dernière tient toujours debout, c'est désormais un musée dédié à son ancien propriétaire et mes pas fébriles se dirigent vers cette dernière à cet instant précis, tout en laissant derrière moi la forêt de buildings. Je rentre dans le vieux Boston, le vrai, à taille humaine.
La maison est indiquée par des petits panneaux, qui me mènent à une rue presque ordinaire, hormis la vieille maison de planches bleues qui s'y trouve. Il y a du monde mais pas trop, le temps de dépenser 3 dollars pour y rentrer et c'est fait. Alors oui, il s'agit d'une visite à la queueleuleu, on admire de loin la reconstitution de la cuisine, de la salle à manger, de la chambre, on lit les textes... ça dure pas très longtemps, ça ne vous explose pas à la tronche niveau spectacle, mais c'est intéressant, même si les photos étaient interdites. Et c'est HIS-TO-RI-QUE. Paul Revere, c'est ce type un peu fallot qui a pris son cheval une nuit pour parcourir la cambrousse, et prévenir les patriotes que les Anglais arrivaient pour leur botter les fesses - "the red coats are coming !". Grâce à lui, ils ont pu se regrouper et résister face aux troupes anglaises, et remporter la première bataille de la Guerre d'indépendance, Lexington et Concord. Et il avait une maison sympa.
La preuve qu'il est aussi populaire et mythique de ce côté de l'Atlantique qu'inconnu du notre, je le recroise un peu plus loin à l'entrée d'une rue piétonne qui porte son nom, le Paul Revere Mall. Le mec est à cheval et il a une certaine classe. Plus que moi et ma capuche serrée jusqu'au nez en tous cas. Parce qu'on est à Boston et qu'à Boston, ben il pleut je vous ferais dire. Bref, au bout du mall de Paul Revere je m'arrête à la Old North Church pour effectuer une de mes autres marottes favorites, l'achat de vieilles cartes pour la future grande pièce que à moi où j'afficherais toutes les cartes que j'ai acheté dans ma vie, un jour. Après un dernier cimetière, le Copp's Hill Burying Ground, me voici plein nord, prêt du Charleston Brigde, que je compte bien traverser à pied au dessus de la Charles River, en direction du clou de ma journée : le Bunker Hill Monument.
Je sais c'est long, mais c'est bientôt fini, promis. Vous allez bientôt pouvoir redonner des nouvelles à vos proches. Moi ça fait bien deux heures que je suis sur ce post interminable et j'ai encore les photos à mettre...
La traversée est dantesque. Je suis battu par les vents, le pont métallique vibre drôlement à chaque passage de voiture, tandis que je laisse derrière moi le centre de Boston pour atteindre Charleston, ancienne ville et désormais quartier de Boston, où s'est déroulé le plus dantesque et peut-être le plus important affrontement de la Guerre d'indépendance américaine. Où une poignée de héros américains comme les USA les adulent ont certes perdu une bataille, mais ont tenu en échec des troupes britanniques deux fois plus nombreuses et évidemment mieux entrainées et équipées, décidées à forcer le siège de la ville entretenu par les Patriotes. Les débats furent sanglants, mais surtout pour les Anglais - 1000 morts sur 2600, contre 100 morts sur 1500 défenseurs. La définition même de la victoire à la Pyrrhus. Grâce à cette "défaite", les Patriotes ont pu se replier parfaitement, ce qui a permis les futurs succès de l'armée menée par George Washington. Si les révolutionnaires avaient été massacrés par les Anglais ce jour là, comme prévu, il n'y aurait pas eu d'indépendance, pas d'États-Unis libres. Quel visage aurait le monde aujourd'hui si les Anglais l'avaient emporté ?
Après avoir traversé l’extrêmement pimpante et charmante Charleston - je déconne pas, c'est très joli - j'arrive enfin sur la colline de Breed Hill, où se sont déroulés les combats. Oui la bataille s'appelle Bunker Hill, mais ils se sont gourés de colline... du coup la bataille a gardé le mauvais nom de colline. Pas grave, la colonne qui me surplombe de 67 mètres, au milieu d'une pelouse, est quand même impressionnante. Je rentre dans le bâtiment qui recouvre ses pieds, et c'est là que j'apprends qu'un escalier interne permet d'atteindre son sommet. A l'époque j'avais déjà perdu une cinquantaine de kilos, je courrais déjà un peu, donc allons-y, qu'est-ce que j'attends ?
294 marches plus tard, j'ai envie de mourir tellement mes poumons me brulent, mais la vue sur Boston, en face, malgré la pluie, est superbe. Vraiment, je suis content de ma journée, qu'il me reste à terminer. Je veux d'abord visiter un bateau posté non loin de là, l'USS Constitution, qui date de cette époque et qui est aujourd'hui le plus vieux navire de guerre encore à flot au monde, rien que ça. Croyez-le ou non, pour le visiter je dois passer les mêmes contrôles que pour prendre un avion... le bateau en lui même n'a rien d'exceptionnel, et mon timing pour retrouver les autres au Boston Common commence à être serré, donc j’expédie tout ça et repars vers la ville, en envoyant un texto payant pour dire où j'en suis.
Dans Boston, je passe devant le TD Garden, qui est déjà moins historique, puisqu'il s'agit de la grande salle omnisports de la ville, elle-même très sportive, où évoluent notamment les basketteurs des Celtics ou les hockeyeurs des Bruins. Je traverse ensuite le très charmant quartier de Beacon Hill, tout en pente, en pavés et en petites maisons coloniales, que mes amis ont visité plus tôt dans l'après-midi. Je les retrouve frigorifiés par mon retard près de la statue de George Washington. Je récupère mon Amour pour une petite visite d'un dernier quartier, Back Bay, tout en grandes avenues vertes longées par des bâtiments cossus. Après avoir retrouvé Z, M et leurs mômes vers Copley Square - de mémoire - nous reprenons notre voiture pour filer à notre hôtel, dans la grande banlieue bostonienne.
J'ai passé une putain de journée, et peut-être battu mon record en terme de longueur de post. Encore désolé. A plus pour la suite !
Mais avant de quitter le Maine, sur le chemin nous sacrifions aux obligations touristiques locales en visitant une petite ville "typique" du coin, au nom inimitable de Kennebunkport. C'est aujourd'hui une ville touristique, ça se voit au nombre de boutiques de souvenirs qui composent son centre ville, ainsi qu'au nombre de touristes qui arpentent leurs rayons. Mais son succès est aussi du au fait qu'elle a su parfaitement conserver son visage de ville typique du Maine, située non loin de la mer, à l'économie essentiellement basée sur la pêche (et aujourd'hui le tourisme, certes). Les maisons sont basses, en bois, parfois montées sur pilotis... promis c'est la dernière fois que je vous bassine avec Stephen King, mais si vous voulez voir dans quelle atmosphère se déroulent beaucoup de ses premiers romans, il faut aller das une ville comme celle-ci. En plus, la proximité d'Halloween, à l'époque, rajoute un peu à l'ambiance générale du lieu...
Bref on y passe la matinée, on fait le tour, on investit une boutique où on fait quelques achats... c'est là qu'on se rend compte qu'il s'agit d'un des véritables bastions républicains du pays. Des t shirts en faveur des Bush, dont elle est un des lieux, sinon le lieu de villégiature, et contre Obama, sont omniprésents dans les rayons du magasin. Moi je me contente d'acheter un t shirt avec un requin dessus, tellement plus sympathique... par ailleurs, et ça on le constatera plusieurs fois par ailleurs, les Américains, contrairement à ce qu'on pourrait croire, et notamment venant de Républicains notoires, adorent parler avec des Français, et la vendeuse nous offre aussitôt une petite ristourne sur nos achats parce qu'elle est déjà allée à Marseille une fois, ou je sais plus où. Ou alors c'est juste parce que pour eux, le commerce y a rien de plus important et qu'ils seraient prêts à faire pareil pour des Irakiens si ces derniers avaient des sous...
Bref je vais pas passer mon post sur Kennebunkport parce que sinon qu'est-ce que ça va être pour Boston...
Nous reprenons donc la route. Deux heures plus tard environ, nous voilà dans les faubourgs du berceau de la Révolution Américaine. J'ai les poils qui se dressent, tout comme les premiers buildings, signe que nous pénétrons bel et bien une grande ville américaine. Là-bas, gros patelin signifie buildings interminables, c'est comme ça ils peuvent pas s'en empêcher. Et là-bas comme à New York, ça fait vite son petit effet, d'immensité, d'élégance, de puissance. C'est impressionnant, tout simplement.
Après avoir laissé Z et les petits visiter le musée des jouets de la ville, activité qui va les occuper un petit moment, nous garons notre Chrysler dans un parking. Là encore, nous touchons du doigt l'incroyable bonne humeur naturelle des Américains, cet optimisme, ce sourire quasi automatique, avec le mec chargé de garer notre voiture. Oui oui, on refile la clé de notre voiture de location à un type qu'on croise à l'entrée du parking, et il va nous la garer. Oui vous pouvez le dire, on aime le risque nous, on est des fadas. En tous cas le mec est souriant, drôle et mort de rire devant notre tête effarée devant ce système improbable, alors qu'il a pas forcément le job du siècle. Il nous donne un ticket, et c'est parti pour la visite...
Je vous le dit tout de suite, si Boston est une des grandes villes américaines, en tous cas au niveau de la notoriété - il s'agit de la 10e agglomération du pays avec 4,5 millions d'âmes, mais "seulement" 600 000 pour la ville même - , c'est loin d'être le cas de son centre et de ses principales attractions touristiques, qui se visitent en moins d'une journée. Tout de suite, on se dirige vers le Boston Common, le grand parc qui fait le lien entre les beaux quartiers, à l'ouest, et la vieille ville - qui va fêter ses quatre siècles dans 14 ans -, au nord est. On ramasse quelques cartes touristiques, et mon œil y est tout de suite accroché par le tracé du Freedom Trail, dont m'avait parlé mon ami D, resté à Montréal mais qui a déjà visité la ville avec A, et qui permet de visiter tous les lieux historiques de la Révolution Américaine qui pullulent dans tout le centre bostonien. Vu que je suis un peu venu pour ça - très égoïstement, je le concède, mais je ne suis pas sûr de revenir souvent à Boston dans ma vie future - je suis très excité, et je force un peu mes trois compagnons, pas forcément aussi passionnés que moi par l'Histoire, Am, M et son fils P, à suivre également ce chemin illustré au sol par une ligne de pavés. Elle part d'un type habillé comme à l'époque de Benjamin Franklin et qui, au vu des froid et du vent, doit avoir les coucougnettes dans le même état aujourd'hui que celles du glorieux inventeur et signataire de la déclaration d'indépendance : très, très ridées, et toutes petites.
Défilent alors devant nous, perdus au milieu des tours de verre qui découpent la grisaille du ciel, une série de bâtiments vieux de trois siècles pour la plupart, complètement irréels dans ce paysage ultra moderne, qui marque encore plus leur ancienneté et leur authenticité, si c'était possible. Le State House, le très vieux cimetière de King's Chapel, ses tombes multi centenaires, la statue de Benjamin Franklin, la Old South Meeting House... moi, pour tout vous dire, je veux surtout voir deux trucs : le site de la bataille de Bunker Hill - ce sera fait plus tard - et celui du Massacre de Boston, véritable coup d'envoi des évènements de la Révolution Américaine, marqué par une dalle devant l'Old State House, le plus ancien immeuble de la ville, lui aussi complètement irréel au milieu de ses jeunes et immenses successeurs.
Mon émotion quand nous parvenons en ce lieu où s'est joué, même si ça peut paraître exagéré mais pas tant que ça, au vu de l'influence de l'Amérique indépendante depuis plus de deux siècles, une partie de l'avenir du monde, est assez intense. Les lieux historiques comme ceux-ci, sont habités certes avant tout par les millions de touristes comme moi qui viennent polluer le coin avec leurs selfies, leurs chaussures de marche et leur nez en l'air, mais surtout par les fantômes de ceux qui ont écrit l'Histoire, parfois par leur sang, leur intransigeance, leur persévérance. Certes, comme notre Révolution, celle des Américains est avant tout une révolte de bourgeois fâchés d'être un peu trop écrasés d'impôts, et qui parviennent à mobiliser le peuple pour qu'ils défendent leurs petits intérêts. Mais l'Histoire d'un pays majeur s'y est joué en partie ici, sous l'égide des fils de la liberté, et moi ça me touche.
Après toutes ces émotions - et ces kilomètres avalés en plein vent humide - il est temps de nous poser pour manger. Nous nous arrêtons au Faneuil Hall - prononcez Fanouille - , qui fait également partie du Freedom Trail, en tant qu'ancienne salle de réunion, notamment pour les fils de la Liberté qui ont mené la révolte, Samuel Adams (dont la statue nous accueille devant le bâtiment) en tête. Aujourd'hui, c'est un lieu ultra touristique ou une armée de visiteurs venus du monde entier parcoure le grand couloir composé exclusivement de snacks et de restaurants, et coupé en son centre par un grand hall en forme de dôme où ces mêmes visiteurs se disputent les tables disponibles pour manger et se reposer.
Nous mangeons nos bagels, puis j'abandonne mes compagnons qui ont d'autres idées en tête. Lassés, on peut les comprendre, par ma chasse aux vieilles pierres et autres fantômes, ils ont décidé de visiter d'autres quartiers plus attrayants. Nous nous fixons un lieu et une heure de rendez-vous en fin d'après-midi, à l'ancienne - c'est-à-dire sans aide véritable de nos téléphones qui coutent chers en pays étrangers - et me voilà parti dans une de mes marottes favorites : la visite d'une ville étrangère, tout seul, livré à moi-même. Mon excitation est à son comble.
C'est que je suis loin d'avoir exploité à fond le Freedom Trail, et au fur et à mesure que je me rapproche de la mer, qui n'est de toutes façons jamais très loin, les bâtiments anciens se font plus présents, les rues moins droites, l'impression de voyager à une autre époque presque plus réelle. Faut y croire, mais c'est possible. Ma prochaine étape, c'est la maison de Paul Revere. Mais laissez-moi tout d'abord vous parler d'Assassin's Creed III. Si si je vous jure, je vous en ai déjà parlé et c'est intéressant. J'en ai pour une seconde.
Cinquième opus de la série malgré son numéro, il se déroule d'abord durant la Guerre de 7 ans - elle en a duré 9 -, premier véritable conflit mondial puisqu'il a mobilisé trois continents au minimum et qui a vu la France, pourtant surpuissante militairement et aidée par les populations indiennes locales, s'incliner contre les Anglais dans le nord est américain et ainsi perdre quasiment toutes ses possessions du Nouveau Monde, hormis quelques îles. Mais cette victoire britannique a coûté très cher à la couronne, qui du coup se tourne vers les bourses des colons qu'ils ont "défendu" contre les Français. Ce qui provoque la colère légitime des colons, qui ne sont pas représentés au parlement à Londres mais qui doivent quand même cracher au bassinet, puis, à terme, la Révolution. L'Histoire c'est génial, tout est lié. Vous suivez ?
Donc au début le jeu se déroule dans les années 1750 puis vingt ans plus tard, à l'orée de la Révolution. Et c'est là que l'on vit littéralement tous ces évènements : on assiste au Massacre de Boston, on participe directement à la Boston Tea Party, premier acte concret des Patriotes, en jetant nous mêmes des caisses de thé dans le port tout en défendant les leaders de la révolte, on parcours au péril de notre vie les champs de bataille de Lexington, Concord, Bunker Hill, Monmouth... et on rencontre Paul Revere dans sa maison, qu'on peut admirer de l'extérieur, tellement elle est parfaitement reproduite. Cette dernière tient toujours debout, c'est désormais un musée dédié à son ancien propriétaire et mes pas fébriles se dirigent vers cette dernière à cet instant précis, tout en laissant derrière moi la forêt de buildings. Je rentre dans le vieux Boston, le vrai, à taille humaine.
La maison est indiquée par des petits panneaux, qui me mènent à une rue presque ordinaire, hormis la vieille maison de planches bleues qui s'y trouve. Il y a du monde mais pas trop, le temps de dépenser 3 dollars pour y rentrer et c'est fait. Alors oui, il s'agit d'une visite à la queueleuleu, on admire de loin la reconstitution de la cuisine, de la salle à manger, de la chambre, on lit les textes... ça dure pas très longtemps, ça ne vous explose pas à la tronche niveau spectacle, mais c'est intéressant, même si les photos étaient interdites. Et c'est HIS-TO-RI-QUE. Paul Revere, c'est ce type un peu fallot qui a pris son cheval une nuit pour parcourir la cambrousse, et prévenir les patriotes que les Anglais arrivaient pour leur botter les fesses - "the red coats are coming !". Grâce à lui, ils ont pu se regrouper et résister face aux troupes anglaises, et remporter la première bataille de la Guerre d'indépendance, Lexington et Concord. Et il avait une maison sympa.
La preuve qu'il est aussi populaire et mythique de ce côté de l'Atlantique qu'inconnu du notre, je le recroise un peu plus loin à l'entrée d'une rue piétonne qui porte son nom, le Paul Revere Mall. Le mec est à cheval et il a une certaine classe. Plus que moi et ma capuche serrée jusqu'au nez en tous cas. Parce qu'on est à Boston et qu'à Boston, ben il pleut je vous ferais dire. Bref, au bout du mall de Paul Revere je m'arrête à la Old North Church pour effectuer une de mes autres marottes favorites, l'achat de vieilles cartes pour la future grande pièce que à moi où j'afficherais toutes les cartes que j'ai acheté dans ma vie, un jour. Après un dernier cimetière, le Copp's Hill Burying Ground, me voici plein nord, prêt du Charleston Brigde, que je compte bien traverser à pied au dessus de la Charles River, en direction du clou de ma journée : le Bunker Hill Monument.
Je sais c'est long, mais c'est bientôt fini, promis. Vous allez bientôt pouvoir redonner des nouvelles à vos proches. Moi ça fait bien deux heures que je suis sur ce post interminable et j'ai encore les photos à mettre...
La traversée est dantesque. Je suis battu par les vents, le pont métallique vibre drôlement à chaque passage de voiture, tandis que je laisse derrière moi le centre de Boston pour atteindre Charleston, ancienne ville et désormais quartier de Boston, où s'est déroulé le plus dantesque et peut-être le plus important affrontement de la Guerre d'indépendance américaine. Où une poignée de héros américains comme les USA les adulent ont certes perdu une bataille, mais ont tenu en échec des troupes britanniques deux fois plus nombreuses et évidemment mieux entrainées et équipées, décidées à forcer le siège de la ville entretenu par les Patriotes. Les débats furent sanglants, mais surtout pour les Anglais - 1000 morts sur 2600, contre 100 morts sur 1500 défenseurs. La définition même de la victoire à la Pyrrhus. Grâce à cette "défaite", les Patriotes ont pu se replier parfaitement, ce qui a permis les futurs succès de l'armée menée par George Washington. Si les révolutionnaires avaient été massacrés par les Anglais ce jour là, comme prévu, il n'y aurait pas eu d'indépendance, pas d'États-Unis libres. Quel visage aurait le monde aujourd'hui si les Anglais l'avaient emporté ?
Après avoir traversé l’extrêmement pimpante et charmante Charleston - je déconne pas, c'est très joli - j'arrive enfin sur la colline de Breed Hill, où se sont déroulés les combats. Oui la bataille s'appelle Bunker Hill, mais ils se sont gourés de colline... du coup la bataille a gardé le mauvais nom de colline. Pas grave, la colonne qui me surplombe de 67 mètres, au milieu d'une pelouse, est quand même impressionnante. Je rentre dans le bâtiment qui recouvre ses pieds, et c'est là que j'apprends qu'un escalier interne permet d'atteindre son sommet. A l'époque j'avais déjà perdu une cinquantaine de kilos, je courrais déjà un peu, donc allons-y, qu'est-ce que j'attends ?
294 marches plus tard, j'ai envie de mourir tellement mes poumons me brulent, mais la vue sur Boston, en face, malgré la pluie, est superbe. Vraiment, je suis content de ma journée, qu'il me reste à terminer. Je veux d'abord visiter un bateau posté non loin de là, l'USS Constitution, qui date de cette époque et qui est aujourd'hui le plus vieux navire de guerre encore à flot au monde, rien que ça. Croyez-le ou non, pour le visiter je dois passer les mêmes contrôles que pour prendre un avion... le bateau en lui même n'a rien d'exceptionnel, et mon timing pour retrouver les autres au Boston Common commence à être serré, donc j’expédie tout ça et repars vers la ville, en envoyant un texto payant pour dire où j'en suis.
Dans Boston, je passe devant le TD Garden, qui est déjà moins historique, puisqu'il s'agit de la grande salle omnisports de la ville, elle-même très sportive, où évoluent notamment les basketteurs des Celtics ou les hockeyeurs des Bruins. Je traverse ensuite le très charmant quartier de Beacon Hill, tout en pente, en pavés et en petites maisons coloniales, que mes amis ont visité plus tôt dans l'après-midi. Je les retrouve frigorifiés par mon retard près de la statue de George Washington. Je récupère mon Amour pour une petite visite d'un dernier quartier, Back Bay, tout en grandes avenues vertes longées par des bâtiments cossus. Après avoir retrouvé Z, M et leurs mômes vers Copley Square - de mémoire - nous reprenons notre voiture pour filer à notre hôtel, dans la grande banlieue bostonienne.
J'ai passé une putain de journée, et peut-être battu mon record en terme de longueur de post. Encore désolé. A plus pour la suite !
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