samedi 10 mai 2008

Les cordes de mon arc

Salut à tous, bande de feignasses socialo-communistes qui profitez trop de ce mois de mai de feignasses socialo-communistes !

Et oui, en ce moment la France n'en fait pas beaucoup. A cause de tous ces jours fériés, nul doute que la France produit moins, la balance de son commerce extérieur va en pâtir, on va encore plus se faire bouffer par l'Inde et la Chine, va y avoir du chômage, des licenciements, de la misère, les jeunes vont cramer des voitures, les vieux vont à nouveau voter Le Pen et Mathieu, le candidat miraculeux car présent depuis plus de 70 jours mais un peu imbu de lui-même de "Tout le monde veut prendre sa place" va perdre en se croutant sur une question sur le nom de la montagne la plus élevée des Pays-Bas. Et le PSG va descendre.

En attendant la fin du monde, une vague nostalgique me serre les boyaux. Notez que je ne suis pas fan de la nostalgie en soit : se replier sur le passé en se faisant inutilement du mal, ce qui est le cas que ce soit de bons ou de mauvais souvenirs finalement, n'a jamais représenté pour moi un intérêt considérable. Mon Amour adore la nostalgie, elle passe des heures parfois à regarder ses vieilles photos (vive le numérique, dieu merci je n'ai pas d'appareil photo) ou lire de vieux mails et il faut bien le dire, ça m'énerve un peu. Ca sert à quoi ? C'est du passé, c'est derrière... à la limite je préfère penser à mes mauvais souvenirs (pas trop mauvais quand même), au moins il n'y a pas de "j'aimerais bien revivre ça, c'était bien...".

Donc en fait ce n'est pas de la nostalgie, juste un constat : à 33 ans à peine sonnés, j'ai déjà eu plusieurs vies professionnelles assez distinctes entre elles, dans la façon de travailler principalement. Je dirais que le point commun de tout ça c'est la vente, mais en même temps toutes les boîtes font de la vente pas vrai ? Même dans le journaliste on vent de l'info, du contenu, que ce soit aux gens ou à d'autres boîtes, comme nous. Bon, commençons, dans l'ordre chronologique, j'aime bien.

- D'abord, Renault. Mon père y travaille depuis ses 17 ans, il va en fêter 56 en octobre, vous imaginez s'il est corporate. Ou coincé, c'est selon. Je crois qu'il stresse pas mal à propos de la retraite, j'imagine bien, se retrouver d'un coup avec rien à faire après 40 ans à bosser sans discontinuer, ça doit être assez impressionnant. Donc moi, dès l'âge de 17 ans il a fortement "insisté" pour que je bosse l'été à la Régie. En fait, mon avis il se l'est vite mis là ou le soleil ne brille que quand votre string pète, et encore. C'est sa méthode. Donc je suis allé travailler à la chaîne pendant un mois, en 1993, 94 et 95, il me semble. 94 a été la meilleure année : je bossais la nuit, ça manquait de nanas certes (celles-ci n'avaient pas le droit de bosser la nuit à cette époque, je ne sais pas si cette règle inique existe toujours aujourd'hui...) mais le type qui bossait en face de moi sur la chaîne était très sympa, je me rappelle même de son nom, ce qui est incroyable venant de moi, il était d'origine italienne et on écoutait à la radio les matches de la Coupe du Monde, notamment la fameuse demi-finale des partenaires de Roberto Baggio face à ces enfoirés de Bulgares (2-1, 2 buts du Turinois au catogan). Un très bon souvenir. Un des étés, j'ai aussi conduit un tracteur pour transporter des wagons de pièces diverses, c'était marrant.

- Ensuite, la Halle aux Vêtements. Cette période s'est finalement étirée sur incroyables 7 années, un septennat entier à la fin duquel j'était le 2e plus ancien employé, et quasiment responsable du magasin enfant. Quand j'y pense, c'est du délire total, surtout que j'avais été recruté comme vigile. Sauf que le soir même de mon 1er jour, à une heure de la fin on m'a demandé, comme aux autres, de ranger un rayon. J'ai fait ça pendant des années, ensuite j'ai fait de la caisse, de la livraison, pour finir par remplacer la responsable du magasin enfant, qui allait accoucher (la fille, pas le magasin). De bons souvenirs également, même si c'était évidemment bien relou quand j'y repense. Surtout au début, quand le magasin était pas mal emmerdé par les jeunes du Val Fourré, c'était parfois chaud, après ça s'est arrangé quand le magasin a recruté des jeunes du quartier. J'ai surtout vu défiler 4 gérants extrêmements différents, au moins, du type du sud-ouest avec un gros chien qui terrorisait les vendeuses au point qu'elles refusaient d'entrer dans la réserve, à l'ancienne 68arde tout le temps mal lunée, sosie vieillissante de Mylène Farmer. Marrant.

- ABCD : sous ce nom simplissime se cache une boîte au concept assez improbable, la vente de meubles par téléphone. Vous imaginez acheter vos meubles en discutant par téléphone vous ? "Alors madame, j'ai un super canapé trop bien, je vous jure qu'il est très beau. - Ah ben si vous me le jurez alors, je le prends". Fastoche, surtout qu'on appelait sur la zone bourgeoise de l'ouest parisien, rempli de maisons équipées en meubles Louis XV... Le pire, c'est qu'en 2 semaines de présences j'ai été celui qui a eu le plus de rendez-vous, dont un qui été concluant ! Quand je suis revenu pour régler un détail sur ma paie, y avait une ambiance de fin de règne... par la suite, lorsqu'il m'arrivait de passer devant la boîte elle n'y était plus. J'ai été très relativement surpris. N'empêche, c'était mon 1er contact avec la télé-vente, et déjà j'étais pas fan. Ce n'était que le début.

- La Samaritaine : je sais pas si c'est ma meilleure expérience, en tous cas c'est une de celles qui m'a le plus marqué. Le boulot en lui-même était dur physiquement : j'étais debout toute la journée aux portes habillé en costard, je devais signaler les vols quand j'en chopais (très rarement) et j'indiquais aux clients leur route dans un magasin qui m'a paru gigantesque lorsqu'on me l'a fait visiter la 1e fois. Faut dire que je n'étais jamais allé dans ce magasin avant, ou quasiment... Même si y avait des têtes de con, comme partout, y avait une solidarité dans le travail que je n'ai jamais connu ailleurs. On blaguait pas mal quand on se retrouvait à des portes voisines. Et puis le lieu, le lieu... vous vous êtes déjà baladés sur le toit d'un grand magasin la nuit, avec Paris illuminé à vos pieds ? Moi oui, j'étais tout seul et c'est magnifique. Je me suis aussi baladé dans ses couloirs vieux de 150 ans, et ça, en tant que fan d'histoire et de vieilles pierres, ça me parle forcément. 19 mois qui me font aujourd'hui attendre avec impatience la réouverture pourtant très hypothétique de ce magasin mythique.

- Arundel : une expérience très - trop - courte (3 semaines) qui m'a marqué comme si j'y avais passé une décennie. Un endroit magique du sud de l'Angleterre, à 1h30 de Londres et à 5 kilomètres de la mer, que je n'ai malheureusement pas eu le temps de visiter comme je l'aurais voulu... mais j'ai le temps d'y retourner. Une petite ville aux rues étroites et bombées couchées contre un chateau typiquement anglais et absolument incroyable. Et ça au milieu du West Sussex, rempli de prairies et de collines comme on en voit dès que l'Eurostar sort du tunnel. Au centre même de la ville, un restaurant français de tartines, tenu par des Français qui vivent en Angleterre depuis 20 ans. Ce qui fut dur, c'est finalement l'accueil que m'ont réservé les autres employés, Français aussi, parce que les Anglais, eux, ont été tous plus adorables les uns que les autres. Je me suis senti très seuls, isolé, la privation d'internet y étant un peu pour quelque chose. Mais si y a un endroit ou j'aimerais vivre un jour, c'est là-bas. N'empêche, je suis nostalgique là...

- La télévente. Dans 2 boîtes différentes, j'ai vendu pendant des mois des abonnements téléphoniques par téléphone. Et ça marche, boudiou ! Quand j'en parle aux gens, ils me disent tous "de toutes façons moi quand j'ai un appel comme ça je raccroche tout de suite..." Et c'est vrai que dans 70 % des cas, c'est ce qui se passe. N'empêche qu'on faisait 2 ventes par heures, et que c'est un marché incroyable. Moi j'ai apparemment un truc pour faire ça, ma voix passe bien et je suis assez convaincant parait-il. Sauf qu'arnaquer des mémés, et surtout me faire raccrocher au nez toute la journée par des gens malpolis, vous avez beau avoir la fibre de la vente - ce qui n'est quand même pas mon cas, faut pas exagérer non plus - à un moment vous lâchez mentalement. N'empêche, j'ai vu des gens qui faisaient ça depuis pas mal d'années. Faut aimer, même si l'ambiance y est toujours sympa, c'est jeune et ça rigole souvent. Mais la pression du chiffre, le côté désagréable des gens... c'est dur à la longue. Je me dis que je ne referais jamais ça, mais si le chômage me retombe dessus ? Je ne pourrais probablement pas y couper...

- Les trucs actuels, j'en ai déjà parlé précédemment :p

Bonne fin de week-end...

7 commentaires:

Amandine a dit…

Mais c'est pas mal la nostalgie !

Je vois que je connaissais tout de tes jobs :D Mais tu m'as jamais emmenée dans les couloirs de la Samaritaine :((

Zaza a dit…

Tu as oublié ton passage au blue boy fucking palace !

Et sinon... Malgré ce que tu penses, tu es le plus énorme nostalgique que je connaisse !! looool

Gildas Devos a dit…

Bah non, je ne passe pas mon temps à lire de vieux mails, à regarder de vieilles photos... je vois pas à quel niveau je suis nostalgique :p

Zaza a dit…

Pas ceux-là, en effet, mais y a plein d'autres manières ;)

"La tribe c'était mieux avant" etc...

Manue a dit…

oui d'acc avec Zaza :p Ta nostalgie est orale !

Dis donc t'aurais pu organiser une visite nocturne sur les toits de la Samar pour tes potes !!!

;)

Anonyme a dit…

Et comment il a été l'accueil des Français? je suis curieuse...

Gildas Devos a dit…

En fait c'est pas vraiment comparable, vu qu'avec eux je bossais, et avec les Anglais je servais...