samedi 8 novembre 2008

L'importance de l'extrême


Hello !

L'autre soir, je me faisais un petit plaisir personnel. Une friandise, une gourmandise, un truc à moi, un moment... magique. Un débat sur l'état de la gauche en France. Autant dire que j'avais coupé le téléphone, baissé les rideaux et prévu un paquet de mouchoirs.

C'était chez Frédéric Taddeï, qui tient une émission aussi culturelle que Téléfoot traite de la bonne cuisson du poulet basquaise dans l'hémisphère sud. Son émission, plutôt intéressante par ailleurs, ressemble quand même beaucoup à un talk show ou ce seraient des philosophes ou des anciens prix Nobel qui interviendraient. Y a du neurone, ça c'est sûr, et j'aime bien ça, ça fait plaisir d'entendre des gens qui maîtrisent l'imparfait du subjonctif, pas comme moi quoi. Mais c'est pas de la culture. On entends pas parler de musique, d'art, de peinture, que sait-je...

Là, y avait des philosophes (de gauche, mais fallait-il le préciser ?), mais aussi Denis Olivennes ou Rost. En fait, c'était pas forcément sur la gauche, c'était surtout sur le parti socialiste, qui élisait son premier secrétaire devant une France époustoufflée. Et là, on a senti qu'hormis Rost, ils l'étaient tous, socialistes. Dès qu'on évoquait le nom de Besancenot, y avait comme un froid, vous voyez. Et ça m'a inspiré ce post. Je pensais, en les voyant traîter le sujet d'une façon condescendante, à la façon dont Coluche était traîté par les politiques de l'époque, durant la campagne présidentielle de 1981 : "ouais, c'est bien joli de protester, mais quand il faut gouverner, y a plus personne". Et j'ai pensé que les socialistes, en négligeant à quel point ceux qui choisissent de militer sur le terrain, dans les manifs, et qui proposent, étaient pas près de retrouver le pouvoir. En tous cas, ils ne pourront pas compter sur moi. Au second tour, oui, quand il faut barrer le chemin à la droite. Mais le premier tour, c'est fait pour exprimer ses idées, sinon autant opter pour le système américain, un de droite, un d'extrême droite, et hop, 66 % de participation, ils sont contents parce que c'est un record chez eux, même si c'est un chiffre sacrément faible pour une présidentielle.

Donc les socialistes se sont écartés du peuple, justement parce qu'ils visaient le pouvoir. Et Besancenot n'aura jamais le pouvoir parce qu'il est trop près du peuple. Mais justement, le rôle des extrêmes, c'est quoi ? Ce n'est évidemment pas de gouverner, ça paraît quand même compliqué. La révolution, tu l'annonces pas, tu la fait quand il faut la faire. Ca peux pas être un programme politique. Et si Besancenot arrivait au pouvoir, il perdrait automatiquement ce contact avec les gens, cette rage qui le rendent si populaire, et si vrai, si désintéressé.

Le rôle de l'extrême gauche, c'est de tirer la couverture du paysage médiatique vers lui, proposer des choses, rappeler au PS qu'il doit certes gouverner, mais doit avant tout être de gauche, avant d'être gestionnaire. Si Besancenot fait 15 % en 2012, et qu'avec ses voix le candidat socialiste l'emporte au second tour, ce dernier pourra-t-il faire comme si de rien n'était ? J'y crois pas une seconde. Quand Le Pen est arrivé au second tour en 2002, Chirac a certes gagné ensuite, mais la première chose qu'il a dit à ses ouailles, c'est qu'il avait capté le message des Français. Quel message ? On veut plus de répression, moins d'immigrés, plus de sécurité. Il n'a pas hésité une seconde à exaucer les voeux des fachos du pays, en mettant Sarkozy à l'Intérieur.

Donc critiquer - non, pas critiquer, dénigrer, ignorer, ne pas respecter, négliger Besancenot, c'est se tirer une balle dans le pied. Le gros problème du PS, c'est qu'il s'est coupé de la base, qui, j'en suis sûr, ne veut pas de libéralisme social, pas d'alliance avec le Modem. Il veut un PS de GAUCHE. Pas un PS révolutionnaire, mais un PS qui écoute les gens, un PS humaniste, social, solidaire. Et pas clownesque comme Royal, ou faux-cul comme Delanöe. Il lui faudra aussi régler le problème né du référendum sur la constitution européenne, ou le PS a été fendu en deux, entre ceux qui voulaient une constitution à tous prix, quelle quelle soit, et ceux qui en voulaient une plus sociale, moins libérale. Y a eu une vraie cassure, qui n'est pas près de se résorber, et je ne suis pas sûr que le PS puisse faire, un jour, l'économie d'une scission qui serait, dans un premier temps, très délicate sur le plan électorale. Mais quand on n'est pas d'accord sur un sujet aussi crucial, on n'a rien à faire dans le même parti, si ?

Sur ce, je vous laisse.

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