dimanche 1 février 2015

Métamorphose

Salut à tous,

Si vous le voulez bien, je vais faire un petit point sur ce qui occupe actuellement mes pensées, mon corps et un bonne partie de mon temps depuis plusieurs semaines maintenant, à savoir ma prochaine opération de réduction de l'estomac. Je vais déjà tuer un suspense, elle est prévue le 27 février. Si tout se passe bien. Inch Allah quoi.

J'ai vu le chirurgien mi décembre, et ce dernier, plutôt sympa, m'a donné, comme prévu - car mon amie L., qui a connu, avec succès, la même expérience, m'avait particulièrement bien rencardé sur le sujet auparavant - une liste d'une bonne demi douzaine d'examens à effectuer avant de revoir le chirurgien pour définir une date. L. m'avait annoncé entre trois et quatre mois entre le premier rendez-vous et l'opération, pour l'instant je suis dans la fourchette basse. Faut dire que sur le coup, et contrairement à mes habitudes, je n'ai pas perdu de temps.

Bien aidé en cela par mes horaires modulables, et par le fait que le chirurgien, que j'ai vu pour la première fois à Villemoisson-sur-Orge - oui, ça a l'air aussi perdu que le nom du patelin le suggère -, au fin fond de l'Essonne, à 1h30 de trajet de chez moi en rer, m'a annoncé qu'il travaillait également à la clinique du parc Monceau, situé à deux fois moins de temps de chez moi, il m'a envoyé chez ses potes de cette dernière et j'ai ainsi pu caser tous mes rendez-vous au mois de janvier, après avoir fait ma prise de sang dans les jours qui ont suivi mon entretien avec lui. La station Courcelles et les salles d'attente de la clinique sont vite devenus des endroits récurrents...

Radio gaga

Le premier des rendez-vous fut celui de la radiologie, que j'ai pu faire à côté de chez moi. D'abord je fais une écho, vous savez comme les femmes enceinte, avec le gel dégueu tartiné sur le bide et le doc qui fait passer son bitoniau sur ce dernier pour voir... je sais plus trop quoi d'ailleurs, mais a priori il a rien vu de bizarre. Je lui demande si c'est un garçon, il rigole de façon on va dire relative - combien de fois on lui a faite, c'est la question - puis m'envoie dans la salle d'à côté. Ils m'avaient demandé auparavant d'acheter un produit en pharmacie que je devrais boire durant l'examen pour que mon estomac et toute ma tuyauterie apparaissent bien sur les radios. Problème, une fois debout, en caleçon, collé à un appareil gelé, la fille me dit qu'ils ne m'ont pas donné le bon produit, heureusement il lui en reste de côté. Alors pourquoi on doit aller en acheter avant si vous en avez de côté ? J'te jure, bref. En tous cas c'est assez dégueu comme truc, j'ai gardé le gout dans la bouche toute la journée.

De là où je suis, je vois les radios qui s'alignent sur l'ordi de la fille. Sur l'une d'entre elles je vois bon ben mes deux poumons - j'en ai bien deux, malgré l'impression que j'ai dans les escaliers en général, c'est plutôt rassurant - et une masse grise au centre gauche. Bon ça pourrait être le cœur - ça aussi j'en ai un, c'est cool - mais ça y ressemble pas vraiment, c'est rectangulaire et puis merde pourquoi on verrait le cœur et pas les os par exemple ? C'est space. Comme un con je demande donc ce que c'est, et là évidemment l'autre doc, qui était de passage, me dit "ça monsieur c'est le cœur, vous pourriez en avoir besoin". Mouarf, merci docteur, heureusement j'ai des côtes aussi sinon j'aurai pas pu me les prendre pour me tordre de rire. Bref, bilan de cet examen : RAS.

Soufflez dans le pistolet

Pour info, ce jour là on est le 7 janvier. Ça ne vous dit rien ? Si si ça vous dit quelque chose. En fin d'après-midi je dois voir la pneumologue mais entre temps, des illuminés avaient joué à la guerre dans les locaux de Charlie Hebdo et y avait fauché sans autre forme de procès une bonne partie de la fine fleur de la presse satirique française et même mondiale. C'est donc un peu sous le choc que je me rends pour la première fois à la clinique du parc Monceau, à deux stations de Charles de Gaulle Etoile par la ligne 2. Bon moi je maitrise encore pas bien et je sors à la suivante, qui se nomme d'ailleurs Monceau - celle à l'entrée du parc. Mais bon, comme j'ai une demi-heure d'avance, j'arrive quand même comme une fleur à mon rendez-vous. Comme une fleur = avec 20 minutes d'avance.

La pneumo est marrante, un peu... en fait ça fait un mois que j'essaie de savoir comment la qualifier. Elle vient très certainement du Moyen-Orient, a je dirais la cinquantaine, elle galère avec son ordinateur comme si il sortait de son carton d'emballage... bref, bizarre, mais marrante. Bon, sur le coup quand je lui ai annoncé que j'étais "journaliste" - j'en suis pas vraiment un mais ça va plus vite comme ça - elle me sert une mine contrite méritant un César d'honneur. "Ohlàlà c'est vraiment horrible ce qui s'est passé ce matin..." On discute un peu de ça, comme des millions de gens entre eux dans le pays je suppose. Et là elle me dit : "en même temps leurs dessins... ils ont pris des risques, ils ont un peu provoqué..."

Bon marrante mais pas toujours finalement.

BREF elle me fait souffler dans un pistolet et m'annonce pour résultat que j'ai une capacité pulmonaire un poil en dessous du minimum - 79 au lieu de 80. Raison : chuis trop gros, mes organes pèsent sur mes poumons. Mazette. Je vais souvent entendre ça comme raison pour les rares trucs qu'on m'a annoncé, mais je vous rassure tout de suite, on ne m'a rien trouvé de sérieux, heureusement. En même temps y a rien d'étonnant. Bref, elle me donne rendez-vous au 20 janvier pour faire une polygraphie, un test d'apnée du sommeil. Ok merci docteur, au revoir. Bilan : j'ai pas assez de souffle, reporter d'urgence mon prochain récital au Royal Albert Hall.

L'escroc de Courcelles

What else... ah le pompon du pompon, le psychiatre. J'y vais deux jours après, le 9 donc, matin de la poursuite des frères Kouachi dans le Val de Marne. J'ai rendez-vous à 9h du mat rue de Courcelles, mais pas à la clinique, dans un cabinet privé. Je rentre dans le salle d'attente la plus classe de l'univers connu. On se croirait dans Huis-Clos, mais avec des meubles du Second Empire et FIP qui passe en musique d'attente. Pour me rassurer je cherche un numéro de Paris Match de 1987, comme dans toutes les salles d'attente, en vain. Merde, que va faire Johnny maintenant que Natalie Baye l'a quitté ? Ok trouver un modèle plus jeune mais qui ? C'est de ce tourment intellectuel majeur que le psy vient me tirer après seulement quelques minutes après mon arrivée. Dommage, on en était qu'au deuxième mouvement de la Ve symphonie en ré mineur de Ludwig van Beethoven.

C'est marrant comme il peut exister un gouffre terrible entre l'impression que donne une salle d'attente et la nullité intégrale de son résident. Oh nullité, c'est un bien grand mot, pour parvenir à posséder un tel cabinet il a du faire de sacrés études, écrire des bouquins et avoir de grosses qualités, c'est indéniable. Il n'empêche que son examen pour savoir si un candidat est apte pour une sleeve est une arnaque totale.

Un examen ? Une feuille avec des questions pré écrites, qu'il me pose et à côté desquelles il note les réponses. Des questions du genre "êtes-vous bien intégré professionnellement ?" "Euh... oui". "Ok, oui donc". "Êtes-vous anxieux ?" "Euh oui comme tout le monde parfois..." "Ok, parfois anxieux". Waw ! Génial ! Je peux faire le même métier ? Si si je peux.

Puis il sort un micro et commence à dicter son compte-rendu sur son ordi. Évidemment le succès est relatif, il doit tout relire et ne cesse de corriger, mais la technologie c'est trop génial quand même, surtout pour en mettre plein la vue aux gens. Surtout, il récite AU MOT PRES les réponses que je lui ai donné. Elle est où l'analyse ? Si c'était pour dire que j’étais anxieux parfois, comme tout le monde, je ne pouvais pas directement le dire au chirurgien et ainsi économiser 90 euros ? Et surtout, s'il s'agissait juste de répondre à un con de questionnaire, sans que nos réponses ne fassent jamais l'objet de la moindre analyse, il ne pouvait pas directement me l'envoyer par mail, ou, mieux, mettre son questionnaire en ligne pour qu'on puisse y répondre directement ? Ah non c'est vrai, les chèques par mail c'est compliqué. Un virement peut-être ?

Un escroc, point barre.

Je ne suis pas du genre à faire des esclandres, donc je sors pacifiquement mais avec encore un peu moins d'illusion, s'il m'en restait, sur l'état du monde et ce que font les hommes pour en profiter pécuniairement. Et sur tout ce qui commence par psy aussi. Bref, je me balade une heure dans Paris, tandis que mes amis me relatent sur mon téléphone la course poursuite par les flics des frères Kouachi, et des journalistes derrière les flics. Amedy Coulibaly n'est pas encore connu. Je passerais mon après-midi à bosser avec en fond iTélé. Journée terrible.

Je vais en rester là pour le moment, j'ai déjà fais trop long. La suite au prochain numéro...

Je vous laisse.

3 commentaires:

Zaza a dit…

La confiance en le corps médical c'est aussi une partie de la guérison !

Vivement fin février ! Et surtout après !

Mona a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mona a dit…


Quel parcours. Tu me sembles bien encadré c'est rassurant...
une étape importante dans ta vie :)