vendredi 17 mai 2013

Devenir méchant

Salut à tous,

Je regarde - je dévore - la série la plus géniale que j'ai jamais vu. Je sais, je l'ai déjà dis avant. Pour 24, Dexter, the Big Bang Theory... ce qui prouve à quelle point la qualité exceptionnelle de beaucoup de séries américaines n'a peut-être pas de limites. A chaque fois on croit qu'ils ne feront jamais mieux que ça. A chaque fois, on a tort.

Il s'agit de Breaking Bad, une série qui passe sur une chaîne américaine peu connue, AMC, qui a eu le nez creux en acceptant le concept proposé par un ancien réalisateur sur X-Files, Vince Gilligan, là aussi un quasi inconnu. Comme quoi série américaine ne veut pas dire grosse production ou blockbuster. On touche là presque à de la télé indépendante. D'ailleurs ça se voit au moins dans la première saison : c'est du fait maison, de l'artisanat, du travail de maître. Mon frère A. m'a tanné pour que je la regarde, je ne le regrette pas une seconde.

Évidemment, si vous ne connaissez pas, ne lisez pas la suite et téléchargez, précipitez vous sur les DVD ou sur Arte, qui apparemment diffuse les épisodes. A voir en VO, bien sûr. Et d'extrême urgence
!

En même temps je me dis que si seuls ceux qui ont vu la série lisent la suite, ça ne sert à rien que je raconte. Tant pis, ce sera pour ceux qui ne veulent pas la regarder. Si je leur donne envie de la regarder, ils seront bien niqués !

On est accroché tout de suite par la première scène, le premier épisode. Un modeste - mais génial - prof de chimie dans un lycée d'Albuquerque, au Nouveau Mexique, apprends qu'il est touché par un cancer des poumons, et qu'il n'a plus que quelques mois à vivre. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il décide de se lancer dans la production de Méthamphétamines, une drogue de synthèse hautement addictive, qui se présente sous une forme de cristal, de verre. Pour cela, il s'adjoint des services d'un ancien de ses élèves devenu depuis producteur et dealer de "Meths", Jesse Pinkman, avec qui il ne cessera d'entretenir des rapports très, très compliqués. Ils sont à la fois liés, attachés même envers l'un l'autre, tout en ne cessant de crier dessus, de s'insulter, voire parfois... de se trahir.

Tout est génial dans cette série. D'abord la réalisation, remplie de trouvailles. On est régulièrement déstabilisés par des scènes improbables, qui semblent avoir aucun rapport avec l'histoire, notamment en début d'épisode, avant qu'on en comprenne le sens et qu'on se dise "putain, c'est génial !" On le dit souvent, croyez moi.

On est dans une petite ville du sud des États-Unis, près du Mexique, en plein désert. Les maisons sont basses, tristes, mornes, toutes comme les rues, qui se ressemblent toutes. Le soleil est écrasant, l'ambiance est moite. La musique est souvent latino, excellente, et accompagne parfaitement l'action. La réalisation n'est pas du tout saccadée, ultra énergique, non... les réalisateurs prennent souvent le temps avec certaines scènes, justement pour étirer les choses, mais en bien. Je sais pas comment dire... c'est génial.

Ensuite, les personnages. Walter H. White, le chimiste, est le prototype du pauvre petit mari de banlieue sans envergure, très doué dans son domaine mais qui n'a pas eu la carrière qu'il mérite, peu expansif, bref le mec invisible. Mais ce qui est intéressant, c'est son évolution, au fur et à mesure qu'il devient physiquement et mentalement "mauvais" - "breaking bad" - , qu'il plonge dans les emmerdes qu'engendrent forcément le monde de la drogue. Il ne s'agit pas ici simplement de le produire, il faut aussi se fader les dealers, les cartels... la violence. Tout ce qu'il ne connaît pas, mais qu'il va vite apprendre à connaître. Et ce, en cachant évidemment sa double vie à sa femme enceinte et à son fils adolescent et handicapé

Je viens de terminer la saison 4, sur une véritable apothéose. Si vous n'en êtes pas là abstenez vous de lire la suite, mais cette fin de saison... dans les saisons 3 et 4, Walter - dont le surnom, Heisenberg, est emprunté à un grand chimiste allemand du siècle dernier - est employé par un personnage génial, un redoutable dealer de drogue à grande échelle, qui se cache sous une image de très gentil et très serviable directeur de fast food, nomme Gustavo Fring. Ce dernier est... juste terrifiant. Vous rêvez de méchants machiavéliques, insupportables ? Vous avez là le meilleur d'entre eux. "Gus" est avenant, il est poli, il n'élève jamais la voix, participe à toutes les bonnes actions de la ville, y compris à celle des Stups (!), et il est littéralement insondable, insubmersible, impénétrable, imperturbable. Génial !

Il offre à Walter et à Jesse un immense labo ultra moderne, qui leur permettront de lui fournir des centaines de kilos de "meths" par semaine, et de les rendre tous les trois - mais surtout lui - très très riche. Mais rapidement, leurs relations vont sérieusement se détériorer, et se concluront par la fin de la saison dont je vous ai parlé. C'est tellement génial que je n'ai pas envie de vous décrire ça, ce serait forcément moins bien.

D'autres personnages enrichissent encore plus ce tableau déjà intéressant. La femme de Walt, Skyler, gobe tout au début mais assez vite s'éloigne de son mari en raison de ses nombreux mensonges, jusqu'à ce qu'elle apprenne la vérité à la fin de la deuxième saison. Par la suite elle va se révéler parfois encore plus machiavélique que son mari, en l'aidant notamment à blanchir l'argent déjà gagné. Leur fils, Walter Junior, est un garçon handicapé, très sensible et intelligent, qui adule son père même s'il n'hésite pas à lui dire ses quatre vérités. C'est quand même beau, car rare, de voir un rôle de handicapé dans une série, déjà, et interprété par un véritable handicapé.

Il y a aussi un avocat véreux, Saul Goodman, hilarant au possible, qui les assiste dès qu'ils ont un soucis. Et c'est très souvent. Et y a le beau-frère de Walt, Hank, qui est génial, là encore. Sous une carapace de beaufitude tenace et de blagues pourries, derrière un bide proéminent se cache un remarquable flic, qui se trouve bosser pour... les Stups, et qui sauve même au moins une fois les fesses de Walter, sans le savoir bien sûr. Et voilà donc notre Walter obligé de se cacher aux yeux de son propre beau-frère, qui devient vite obsédé par la capture du fameux "Heisenberg" qui inonde son secteur des meilleurs "meths" du pays. Le jour où il va tout comprendre, ça va être génial. Parce que je ne peux pas croire qu'il n'arrivera jamais à coincer Walter.

Bref je raconte mal, il est trois heures du mat... matez vous cette série, de toutes façons dès que vous aurez commencé, vous ne pourrez plus vous arrêter. C'est une drogue, hautement addictive.

A plus tard !

3 commentaires:

Stormette a dit…

Je confirme, c'est hautement addictif ! Nous avons dévoré tous les épisodes, après avoir découvert la série sur Arte il y a longtemps. Et pour le coup, c'est une des rares séries américaines dont la version française est plus qu'acceptable, pourtant d'ordinaire je ne jure que par la V.O.

Zébastiane a dit…

Qu'est-ce que ça sera une fois que tu auras vu le début de la saison 5 !
Je ne suis pas d'accord avec ta liste de série les plus géniales ; je place Breaking Bad dans mon top, juste derrière The Wire.

Gildas Devos a dit…

Je l'ai vue depuis le temps, elle est excellente aussi ! Maintenant je n'ai qu'une hâte, c'est que cette saison 5 reprenne ! La fin s'annonce fabuleuse ! Et je n'ai jamais vu the Wire.