mardi 31 juillet 2012

Hollidays...

Salut à tous !

Ça y est, ça se précise ! Dans moins de 24 heures, je serais en train d'apprécier à sa juste valeur la météo londonienne, ses embruns, sa fraîcheur... et ses dizaines de milliers de fans qui vont se presser dans les bus et les métros. Mon agoraphobie ordinaire va en prendre un coup, mais c'est pour la bonne cause.

Cet après-midi, départ pour le sud de Paris, où nous attends l'appartement d'une adorable amie qui a l'avantage de se situer sur le trajet du RER B, celui qui mène en moins de 20 minutes à la Gare du Nord. On espère le prendre demain matin à 6h12, pour être sur place à 7h30. Départ de Paris environ trois quarts d'heure plus tard...

A Londres, avec mon Amour on va assister à deux épreuves : Gabon-Corée du Sud masculin dès demain soir à Wembley (oui oui Wembley, le temple du football !) puis samedi un quart de finale du
même tournoi masculin, peut-être avec la Grande-Bretagne, toujours à Wembley ! On avait demandé d'autres épreuves pour varier un peu mais on n'a pas été choisi... Entre les deux, avec mon pote Z. et un autre ami qui nous accompagne à Londinium, on va voir de l'escrime, jeudi. Si on m'avait dit qu'un jour j'assisterai à de l'escrime à Londres... ça va être fun, comme diraient mes potos quebecquois !!

Par ailleurs, on va beaucoup se balader, assister à des spectacles de rue, apprécier la fête, visiter... et essayer de ne pas se faire piquer nos affaires. Manifestement il n'est pas conseillé d'amener des sacs aux épreuves, donc on risque de se balader avec nos porte-feuilles dans les poches... très moyen. A vérifier quand même. Par ailleurs, je compte envoyer des photos sur ce blog grâce à mon tel, mais il paraît qu'ils vérifient tout et suppriment les photos non autorisées des JOs...

En tous cas, à nous les Fish&Ships (pour moi ce sera Saussage&Ships, thank you very much) et les petits dej anglais :D Y a que moi qui les aime dans mon entourage, mais je les aime pour 40...

Ensuite, départ dimanche midi de Londres, direction Paris où nous attends, trois heures plus tard... un TGV pour Bergerac, via Bordeaux, qui nous fera arriver en Gironde vers 23h30... là-bas nous attendront tous nos amis, dans une grande et belle maison équipée d'une piscine, coincée en plein dans les vignes de Monbazillac... au programme cette fois : piscine, glandage, piscine&glandage, thank you very much. Et des jeux, beaucoup de jeux. Et des conneries à faire, beaucoup de conneries. J'ai hâte d'y être, là aussi.

Enfin, samedi en 8, on repart pour Bordeaux, où nous attends un train pour... Toulouse. Pas vraiment en ligne droite ce trajet, vous me direz, mais le choix était limité. Là-bas, on passera deux jours pour terminer ces vacances, en compagnie de mon frère et de sa douce, qui tiennent un hôtel sur place depuis quelques mois. J'ai hâte de voir ça !

Bref, alors qu'on nage encore dans la préparation des valises, on a déjà la tête ailleurs. C'est peut-être - je dis bien peut-être - le meilleur moment des vacances.

A plus tard !!

samedi 28 juillet 2012

Oh Danny Boy...

Salut !

Hier, je me suis régalé devant la première cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de ma vie. Non pas que j'en avais jamais vu avant, mais c'était la première que je regardais du début à la fin, sans m'ennuyer ni quoique ce soit. Même l'interminable défilé des athlètes (1h30, quand même) m'a plu.

Je ne sais pas si c'est parce que c'était Londres, l'Angleterre, la Grande-Bretagne, ce pays tellement beau et extraordinaire, à l'Histoire incroyable, mais j'ai vraiment kiffé ces trois heures, même avec les commentaires de Gilles Boulleau, Harry Roselmack, Denis Brognard et Amélie Mauresmo sur TF1... Il faut dire que quand vous avez sous la main un génie comme Danny Boyle et un sens inné de la tradition ET de la modernité, comme l'ont les Anglais... ça aide. Exploser les budgets aussi, ça peut aider. En pleine période de crise, ce gouffre à fric pourrait se révéler douloureuse pour Londres et la Grande-Bretagne... et donc ses voisins.

Le réalisateur de Trainspotting et de Slumdog Millionaire s'est fait plaisir, et nous a fait plaisir. Je ne me souviens pas des cérémonies précédentes, celle de Pékin était exceptionnelle paraît-il, mais celle-ci était incroyable, poétique, révolutionnaire, animée, joyeuse, éblouissante... la transformation en quelques instants de la Grande-Bretagne verte et pimpante d'il y a deux siècles en nation de la révolution industrielle, ces tours qui sortent du sol (elles étaient où avant ? Dans le parking ??), ces milliers de figurants, cette musique... c'est la première fois que j'ai envie de revoir une cérémonie d'ouverture ! Sérieusement, ils vont sortir un DVD non ?

Ce qui est bien avec les Anglais, c'est que quand ils mettent en avant leurs artistes populaires, tout le monde les reconnaît. Paul McCartney, les Artics Monkeys, Kenneth Branagh, David Beckham... et Rowan Atkinson, AKA Mr Bean, qui nous a sorti un numéro hilarant d'un pianiste chargé d'une seule et unique note pendant les Chariots de Feu de Vangelis, interprété par le Grand Orchestre de Londres, celui de Star Wars. Et celui-ci de s'endormir et de s'imaginer courir sur la plage de St-Andrews, comme dans le film (qui ne passe JAMAIS à la télé ou au cinéma, sérieusement ? Ce ne serait pas le moment là ? Une génération entière n'a jamais vu ce film mythique, dont moi...)... qu'est-ce que c'était drôle ! L'humour british...


Avec mes amis on était très déçus, en 2005, de la défaite de Paris face à Londres pour l'organisation de ces JOs. On y était à l'Hotel de Ville, au milieu de la foule complètement convaincue de la victoire... Mais on aurait mis qui à la place de ces stars internationales, symboles d'une culture à la fois populaire et branchée ? Johnny ? Florent Pagny ? Les Prêtres ? Dany Boon ? Mon dieu, on est passé tout près d'une humiliation en mondovision... Quant au spectacle, même si on avait trouvé une réalisateur aussi innovant et imaginatif que Danny Boyle, on aurait tout fait pour respecter les budgets... ce qui aurait sans doute rendu notre production un peu moins spectaculaire...

Le défilé, quant à lui, était émouvant. Difficile d'imaginer l'émotion de ces petits pays, ces petites îles perdues au milieu d'océans, parfois représentés par seulement un ou deux athlètes parce que la règle veut qu'il y ait au moins un sportif par pays, quitte à en sélectionner de très mauvais, ces nations lilliputiennes dont absolument personne ne parle, jamais, et qui arborent avec fierté leurs costumes traditionnels et leurs visages jusque là inconnus ? Ceux des pays africains sont magnifiques, comme toujours. Les bermudas américains, en revanche... en même temps, c'est la tradition là-bas. S'ils avaient du porter leur costume traditionnel, ils seraient rentrés dans le stade avec des bottes, un Stetson sur la tête et un cheval entre les jambes...

La France, elle, avait mis des costumes blancs très classes, et Laura Flessel avaient l'air de kiffer. Les basketteurs et les handballeurs, eux, ont bien fait les cons tout le long, notamment Ali Traoré et Nicolas Batum, tout ça sur une bande son de très grande qualité. Normal, c'était une bande-son britannique... difficile de faire mieux que la pop anglaise. Non vraiment, voilà quasi quatre heures parfaites pour célébrer le début de mes vacances :D Et dans trois jours je serais là-bas... dans un bordel total de nationalités et de fêtes, avec des rues et un métro blindé... pourvu qu'il fasse un peu moins chaud qu'ici...

A plus tard ! Je vous promets d'essayer de vous envoyer des photos !

jeudi 26 juillet 2012

Batman, une conclusion quasi parfaite

Salut à tous,

Preuve du retour à la vie de ce blog, après un mois de sommeil dû autant à l'actualité footballistique - et à l'entretien, très prenant, de mon blog dédié à ce sujet, ici présent - qu'au manque de sujets à exploiter, je m'en vais vous faire une critique du film que je suis allé voir hier matin, tout seul, à la Défense, tranquillou pépère, un film que j'attendais avec une grande impatience depuis le début de l'année : le troisième Batman de Christopher Nolan. Je vous épargne le titre complet (the Dark Knight Rises), les titres de la trilogie deviennent de plus en plus longs, après "Batman begins" et "the Dark Knight". S'il y avait eu un quatrième en programmation, ça aurait pu être "The Dark Knight is skying at Vale".

Mais a priori, il y n'y en aura pas d'autres. Enfin, pas de cette trilogie. Mais ne vous inquiétez pas, ça fait deux séries de films en moins de 25 ans, donc on devrait avoir droit dans 10 ou 15 à une nouvelle série de films... mais ça va être difficile de faire mieux. Vous me direz, on disait la même chose après les deux premiers films de Tim Burton. Mais là, Christopher Nolan a mis la barre très, mais alors très
très haut.

Je vais spoiler à mort a priori, alors pour ceux qui ne sont pas encore allé le voir et qui comptent prochainement le faire, bonne journée ! Et revenez après l'avoir vu pour me dire ce que vous en avez pensé !

J'ai adoré ce film. Il est extrêmement bien filmé, très esthétique, l'histoire est bien chiadée, et les personnages très efficaces, notamment Batman, Bane et Catwoman, les personnages principaux. Mais je ne l'ai pas
adoré comme je m'apprêtais à l'adorer. Vous me direz que c'est le coup classique où on s'attend à trop et qu'on est forcément déçu, mais ça m'arrive rarement, du moins j'ai l'impression. Même avec un a priori positif, si j'adore un film, je l'adore. Et inversement avec un a priori négatif. Je m'attendais à un truc incroyable, gigantesque, et ce n'est pas ce que j'ai eu, mais ça aurait pu. Au final, c'est un film à ne rater sous aucun prétexte, mais ce n'est pas le meilleur de la série. Je pensais qu'il serait meilleur que le 2, mais ce n'est pas le cas au final.

Pourquoi donc ? Ça tient à mon avis à un truc : les "bad guys". Dans le 2, the Dark Knight, la performance de Heath Ledger en Joker est tellement extraordinaire - un joker complètement différent de celui de Jack Nicholson, plus sale, plus nihiliste, plus violent mais drôle quand même - qu'elle participe largement à faire de ce deuxième opus un des chefs d’œuvre du cinéma, et je pèse mes mots. Si l'histoire du film, notamment l'évolution d'Harvey Dent, futur Double Face, et la fin, marquée par le sacrifice de Batman pour offrir un vrai héros à Gotham, semblent suffire pour en faire le meilleur de la série, la différence se fait aussi par la présence du Joker, tout aussi violent et anarchiste que Bane, le nouveau "bad guy", mais avec quelques degrés d'humour et de recul. Bane est une montagne de violence, certes très intelligente et machiavélique, voire spirituelle, mais qui reste très premier degré, contrairement au Joker, qui surpasse très largement tous les "vilains" des films de Super Héros.

Pourtant, dans les deux films de Tim Burton, le meilleur des deux films est le deuxième, alors que le Joker est dans le premier. Mais il faut avouer que le Pingouin de Danny de Vito se défend pas mal
non plus. Dommage qu'il n'y soit pas dans la nouvelle trilogie ! Après tout, dans les deux on a eu le Joker, Catwoman, Double Face, Bane (dans un petit rôle dans le deuxième navet de Joel Schumacher, il m'avait échappé...), et y a même une esquisse de Robin à la fin du film d'hier... Heureusement, on a évité Poison Ivy et Batgirl...

Bref, en dehors de ça, il y a quelques défauts au film d'hier, qui ternissent un petit peu le bilan. Pas au point d'en faire un mauvais film, juste pour le mettre un peu en dessous de Batman Returns et The Dark Knight. D'abord, il y a la performance de Marion Cotillard. Dès le milieu du film, on se dit qu'elle est louche, et qu'elle va faire un sale coup à Batman, et ça ne loupe pas à la fin. Mais le plus drôle c'est quand elle meurt... je sais pas combien il lui a fallu de prises pour réaliser cette scène, mais c'est la preuve que jouer un mourant, c'est pas si facile que ça, même pour une pro comme elle. Bref, elle joue mal, et son personnage est assez inintéressant, je dois dire, même s'il est essentiel au film. J'espère pour elle que cette performance ne jouera pas des tours à sa carrière aux États-Unis... parce que jouer dans un Batman, et rouler une pelle à Christian Bale, c'est quand même la grande classe.

Ce dernier s'en tire super bien, comme d'habitude. Christian Bale, c'est un monstre de concentration, de jeu bien placé, sobre, juste ce qu'il faut. C'est un des tous meilleurs acteurs actuels, si ce n'est le meilleur, et peut-être le meilleur Bruce Wayne de l'Histoire. Mais quand même, avoir le dos brisé par Bane (comme dans le BD) et s'en remettre par un replacement rapide d'une vertèbre et quelques séries de pompes, même Christophe Lambert aurait protesté tellement on y croit pas. La force de Batman, c'est justement de n'être qu'un homme, sans pouvoir magique, qui s'en sort que par son intelligence, sa science du combat et ses gadgets. Là, ça ressemble un peu à un miracle, du genre Matrix quand Neo est ressuscité par un bisou de Trinity... J'ai entendu 2 ou 3 rires dans la salle, ce n'est pas très bon. Même chose pour le rétablissement très lent puis ultra rapide du commissaire Gordon. Il tient le lit dans un hôpital durant 90 % du film, puis au moment où des tueurs arrivent pour lui régler son compte, il se lève et leur fait la misère en trois coups de cuiller à pot. Pas mal Gary !

Bref, ne nous attardons pas non plus sur ces détails, même s'ils n'existent pas dans les autres films. Ça reste un formidable film, avec un Bane assez impressionnant. Il y a un autre aspect particulier à ce film, lui aussi très critiqué par ailleurs : sa trame sociale et politique. Beaucoup disent que c'est un film de droite, réactionnaire, anti-indignés et anti-occupy Wall Street. Ceux là oublient qu'avant la révolte populaire initiée par Bane et qui, c'est vrai, fait énormément penser à la Terreur révolutionnaire, ainsi qu'à d'autres révoltes du même style, il y a
également une grosse critique de la société actuelle, et notamment du libéralisme. Et ce, dans ce film et ceux qui précèdent. Donc oui, Bane engendre une révolution, des tribunaux arbitraires et tout, et oui les héros ce sont les courageux flics qui font face aux méchants révoltés, mais en même temps il faut bien être conscient que c'est ce qui risque d'arriver un jour !

Bien sûr, il n'y aura pas de bombe nucléaire dans l'affaire, du moins je l'espère... mais toutes les révolutions sont violentes, voire ultra violentes, sanglantes. La Révolution Française, celle de Russie, en sont les meilleurs exemples, sans parler de la Libération, qui a engendré des atrocités un peu partout en France et en Europe. Dans les deux premiers cas, il s'agissait de réactions populaires à la misère et à l'oppression des plus riches, qui ne pensaient qu'à s'empiffrer aux dépends des plus faibles. Soit exactement ce qui se passe aujourd'hui. Pour l'instant la révolte est pacifique en Europe, mais qu'est-ce qui nous interdit de penser que ça pourrait changer si la seule solution que les gouvernements continuent d'appliquer pour régler la crise est d'écraser les plus faibles d’impôts, de réductions de salaire et d'avantages sociaux ? Pas l'Histoire, en tous cas. Nous vivons une époque violente, comme celles qui l'ont précédée, et qui se sont toutes terminées de façon sanglante. Pourquoi pas celle-là ? Soit ce système politico-financier s'humanise et se tourne vers les plus faibles, ceux qui pourraient le détruire si ça ne s'améliore pas, soit... ça pourrait bien mal finir. Et ce film, même gavé d'effets spéciaux, l'illustre très bien.

Voilà, allez voir ce film (en même temps si vous avez lu ce post, l'intérêt est désormais relatif...), et surtout dites moi ce que vous en avez pensé !

Je vous laisse.

mercredi 25 juillet 2012

Passeport mais presque


Salut à tous,

Si tout se passe bien - façon laïque de dire "si Dieu le veut", "Inch Allah", etc - je devrais aller à Montreal/New York en février/mars prochain. Pour cela, il ne faut pas seulement que j'économise à tour de bras (surtout en vue de mon éventuel voyage au Brésil en 2014), il faut aussi que j’acquiers un sésame obligatoire pour franchir les frontières européennes : un passeport.

J'en ai eu un, y a 20 ans, pour ma colo en Égypte. Et non, ne soyez pas vexants, je n'étais pas encore assez vieux à l'époque pour m'en être occupé, merci. Mais vous étiez pas loin quand même... Ce fut donc mes parents qui s'en chargèrent, et notamment du timbre fiscal, qui comptait 500 francs à l'époque. Aujourd’hui, c'est 85 euros... Je me rappelle que le prix m'avait marqué à l'époque, je trouvais que c'était cher pour acquérir un passeport établi par l'Etat alors qu'on paie déjà cher le voyage qu'on va forcément faire, puisqu'on a besoin d'un passeport. Hormis pour les footballeurs qui ne veulent plus compter pour un extra communautaire, il est rare de demander un passeport quand on n'a pas un voyage de prévu.

Donc j'en ai eu un il y a 20 ans, qui m'avait d'ailleurs exclusivement servi pour l’Égypte. Je me rappelle de toutes ces petites pages roses derrière qui suggéraient d'éventuels autres voyages autour
du monde. Mais ces dernières n'ont jamais vu l'ombre d'un tampon, et mon passeport a du devenir obsolète vers 1997. Quinze ans après, c'est moi, cette fois, qui m'en occupe. Et j'espère bien le rentabiliser un peu plus, cette fois. Vous me direz, ce sera pas difficile.

Pour cela, on se doit d'affronter la logique implacable et la soif inextinguible de papier de l’administration française. Vous savez à quel point j'adore collectionner les papiers que m'envoient tout un tas d'organismes pour me rappeler que la vie, ce n'est pas si fun que ça en a l'air. Tu veux t'amuser dans la vie ? Fait d'abord ta paperasse. L'envie d'un bel autodafé mensuel, voilà tout ce que ces putains d'enveloppes officielles m'inspirent tous les jours.

Là, faut que je me force. Et il faut dire qu'ils y mettent du leur, dans l’administration. Et en plus il paraît que c'est rien, comparé à la vie de parents face à la montagne de papiers et de trucs à faire administrativement dans ces cas là, dixit mes amis parents. Et après vous me demandez pourquoi je ne suis pas pressé d'entretenir ma lignée ? Pour ça, notamment. On me demande trois papiers (et les photocopies de ces derniers), et je panique.

Oui parce que non seulement on nous demande des papiers pour en établir un nouveau, mais en plus il faut les faire se multiplier. Je vous l'ai dit, jamais la soif de l'administration ne s'éteint, il lui faut toujours plus de papiers, plus d'encre, plus d'A4... plus il y en a, plus elle est lente, et mieux elle se porte. Du moins le croit-elle. Par là, je ne blâme évidemment pas ses petites mains, qui ne font qu'appliquer les consignes. Elles doivent être les premières à savoir nager dans ces vagues de papiers, et surtout respirer dedans.

On nous demande une pièce d'identité, ça va de soit. Bon, il faut aussi une photocopie de cette dernière, ok. Mais alors pourquoi faut-il un extrait de naissance ? Et la photocopie de cet extrait de naissance ? Vu que je compte garder ma carte d'identité après, je comprends qu'on me demande une photocopie. Mais une de mon extrait de naissance, déjà rendu inutile par l'existence même de ma carte d'identité, pourquoi faire ? J'ai demandé cet acte à ma mairie de naissance, vu que j'en trimballe pas sur moi - je l'ai dit, j'ai une carte d'identité, pas besoin d'un acte de naissance. Du coup, je ne compte pas garder ce papier sans le moindre intérêt, à moins de l'encadrer, tel un témoignage de cet évènement historique qu'est ma venue au monde...

Sérieux, ce papier ne sert à rien - et encore plus sa photocopie. Et pourquoi pas un exemplaire du Monde du 29 mars 1975 ? Et du Journal Officiel ? Les infos présentes sur mon acte de naissance sont essentiellement déjà présentes sur ma CI. A moins que la profession de mes parents au moment de ma naissance, ou bien l'heure de cette dernière, soient des informations absolument capitales pour établir un passeport ? "Désolé monsieur, on ne peut pas vous accepter sur notre territoire : on n'accepte pas les gens nés avant le lever du soleil. Trop peur des Gremlins".

Autre chose : on nous demande un justificatif de domicile. Du coup, si tu habites à l'hôtel, dans une péniche ou dans une caravane, t'as pas le droit de voyager. Ça existe ! Et si t'es un SDF, pareil. Pourquoi donc ? Pour l'odeur ? Mais si t'as les moyens de voyager et de payer un timbre fiscal, ça veut dire que t'es pas à la rue si ? En quoi ça concerne l'administration française de savoir si celui qui demande ce foutu passeport a bien un logement ? Y a sûrement une super raison qui explique cette demande incongrue, selon moi, mais jusque là, c'est de la surinformation à mon avis. Mais passons. Après tout, une facture, c'est pas trop dur à trouver. Même pour quelqu'un qui ne les ouvre jamais... J'ajoute qu'il faut évidemment une photocopie de cette dernière...

Et encore, ma mairie ne me demande pas non plus mon livret de santé... ne rigolez pas, certaines d'entre elles les demandent... bientôt ils demanderont des échographies, pour bien prouver que vous êtes nés, et que vous n'êtes pas un droïde envoyé sur Terre pour tuer John Connor...

Enfin, les photos. On est maintenant à l'ère du biométrique. Fini les photos ou t'as la tête penchée, une casquette, de grosses lunettes, où t'es trop bas, trop haut, le nez qui coule, bref les photos où t'es normal. Aujourd'hui, la normalité, c'est d'avoir la tête d'un terroriste, dans une époque où justement, il ne vaut mieux pas trop faire terroriste. Surtout quand tu vas à New York... On te demande de te tenir bien droit, exactement dans l'ovale, visage découvert, pas de chapeau, pas de grosses lunettes, et surtout, SURTOUT... tu ne souris pas. Ça te fait une tête d'un mec qui collectionne les armes automatiques dans sa R12 ? Pas grave, au moins t'es biométrique. Et c'est vrai que c'est pas grave, du moment que dans la vraie vie, tu souris. Après tout, ce n'est qu'une photo qui figurera dans ton passeport, qui prendra la poussière pendant quelques années dans un tiroir. Mais en quoi faire la tronche, pose que l'on fait quasi continuellement dans les transports en commun, est plus biométrique que de sourire ? Là encore, je dois pas tout savoir. En tous cas, ça fait un choc quand vous enlevez la photo du photomaton. Ma génération avait l'habitude de sourire sur les photos. Enfin moi, quand je souriais ça se voyait pas... alors imaginez la tête que j'ai quand je souris vraiment pas...

Bref voilà, je crois n'avoir rien oublié... je l'espère en tous cas. Je serais vite fixé sur mes progrès en administratif.

Je vous laisse !

PS : j'ai écris "inch Allah", "terroriste", "arme automatique", "John Connor" et "New York" dans un même post, je devrais vite rentrer dans le dossier du FBI avec ça...

vendredi 20 juillet 2012

Tour de sieste


C'est l'été, les vacances, et le temps s'écoule comme du ketchup hors de sa bouteille. Lentement, très lentement, et poisseusement.

Tout un après-midi se présente devant lui. Il est là, désœuvré, désorienté à l'idée de n'avoir rien à faire après des semaines, des mois, passés au boulot, à toujours avoir quelque chose à faire, même si l'intérêt de ces choses n'est pas vraiment évident en général. Avoir quelque chose d'inintéressant à faire, ou n'avoir rien à faire, la jambe en mousse ou les canards, la peste ou le choléra ? Putain de vie.

Ah si, il sait quoi faire. Les infos viennent de se terminer sur la 2, lui vient de poser les reliefs de son repas dans le lave-vaisselle, et il décide alors de reposer son ventre repus et tout ce qu'il supporte - de moins en moins bien avec l'âge, il faut bien le dire - dans son fauteuil fétiche, celui en face de la télé, celui du patron de la famille, même s'il est tout seul aujourd'hui et qu'il ne peut appliquer son patriarcat qu'au chat, qui s'en tape pas mal les coussinets. Ca se fiche de tout, les chats, à part des chattes et de leur ventre. Pas mieux qu'un mec, en fait.

Ça ne l'empêche pas de tendre les jambes - pas le chat hein - sur son repose pied, de baisser le dossier au maximum, et d'allumer France 3. On est début juillet, et comme tous les jours, le Tour de France, sur le service public, remplace Derrick en tant que somnifère
télévisuel. Idéal pour bien digérer les restes de la blanquette de veau du week-end ranimée artificiellement au micro-onde.

Aujourd'hui, le programme est alléchant : une étape de plat, entre Limoges et Bordeaux. Chouette ! Sur France Télé, ils appellent ça une étape de "transition". C'est sûr que pour le transit intestinal, c'est idéal. Les seules obstacles que les coureurs devraient rencontrer sur la route seront les motos de France Télé et la somnolence. Les étapes de plat, c'est un peu comme un film de M. Night Shyamalan : le seul moment où il se passe un truc, c'est tout à la fin, quand les équipes de sprinteurs ont rattrapé les échappées - composées essentiellement de "ptits français" courageux et qui termineront invariablement au-delà de la 50e place - et qu'elles auront lancé leurs flèches à l'assaut de la ligne d'arrivée. Même chose pour le vainqueur du jour, ainsi que les 10 types qu'il a devancé, souvent pour un boyau : 100e place finale assurée, quand ce n'est pas l'abandon. Étrange sport, ou tu peux gagner le tiers des étapes et finir 150e.

Quand il était gosse, ceux qu'il voyait de son fauteuil remporter les étapes se disputaient également le maillot jaune. Merckx, par exemple, s'échinait à gagner toutes les étapes, histoire de montrer qu'il était le meilleur. Et pour ça il était détesté, notamment en France, patrie de Poulidor et des glorieux perdants, même si aujourd'hui il est adulé. Aujourd'hui, y a plusieurs courses différentes dans un Tour de France, mais ce ne sont pas forcément les plus essentielles qui ressortent. Il y a les coureurs qui sont là pour montrer le maillot, c'est-à-dire le sponsor, et dont le véritable métier est finalement VRP, mais avec moins d'allure. Je ne sais pas si vous avez déjà vu un cycliste en interview - oreilles décollées, bronzage disparate, nez pointu, voix nasillarde, accent de Roubaix, on dirait des candidats de la Télé Poubelle - mais ça vaut largement un Djibrill Cissé, dans un autre style mais tout aussi ridicule.

Y a les sprinteurs, ceux qui se battent pour le maillot vert, et qu'on voit au début, quand ça monte pas encore, et à la fin, quand ça ne monte plus. En général, ils sont deux fois moins nombreux qu'au
début. Et il y a le maillot à pois, celui des grimpeurs. Celui là aussi est un peu faussé : on sait bien que celui qui le gagne n'est pas le meilleur grimpeur. Pour qu'il le soit, il aurait fallu que tous les coureurs se retrouvent au pied de chaque col et qu'ils partent tous en même temps, sur la même ligne. Là, on saurait. Mais non, là ce sont les coureurs qui composent les échappées qui prennent les points. Et ils accélèrent pas toujours dans les cols... Pourtant, le vainqueur du maillot à pois - jamais compris le sens de la mode, au Tour de France - est toujours super populaire. Peut-être parce que n'importe qui peut le gagner, ou presque.

Pour gagner le tour, il faut être un vrai athlète, complet : être le meilleur au contre-la-montre : là ou les coureurs ne peuvent pas se réfugier dans le peloton ou derrière un coéquipier, bref une épreuve de vérité - et bien résister en montagne. Pas besoin de gagner ailleurs, autant se ménager. Pour les attaquants genre Voeckler, dont le nom est répété 15 fois par minutes par Thierry Adam parce que c'est le "chouchou des Français", ils ne peuvent enchaîner plusieurs étapes seul devant, et c'est une sale place au classement général assurée. peut-être que si des mecs comme Moreau, Chavanel ou Casar avaient eu autre chose en tête que de montrer le maillot, et avait décidé de courir un peu plus intelligemment, la France aurait gagné un autre Tour de France depuis 25 ans. Ça et Rolland Garros, ça commence à faire long. Est-ce que Hinault et Fignon était moins populaires parce qu'ils couraient pour gagner le Tour, et non pour gagner une étape de temps en temps ? A l'époque oui, aujourd'hui ils sont regrettés.

Bref, les étapes de plat c'est chiant. Il y a Thierry Adam et ses chuintements, qui vous rappelle les mêmes infos à peu près tous les quarts d'heure, et notamment la composition complète de l'échappée du jour, équipes incluses - un cauchemar, surtout quand ils sont 38 dedans ; il y a aussi Laurent Jalabert, dont le ton monocorde n'aide pas à l'éveil ; et surtout il y a Jean-Paul Ollivier, et son éternelle sinusite. Paulot la science, qui connaît par cœur tous les vainqueurs d'étapes, et même toutes les étapes, depuis un siècle, mais qui est
surtout la caution culturelle de France Télé. La moindre église, le moindre château, et le voilà parti sur une musique d'ascenseur - voire sur des chants grégoriens pour les abbayes - nous racontant l'histoire palpitante des ruines locales, en quelle années elles ont été construites, détruites, reconstruites, qui y a habité, pourquoi ça s'appelle comme ça... si la course monotone ne vous avait pas encore achevé, là c'est fait. Je défie quiconque de tenir éveillé plus de 2 minutes devant un tel traitement de cheval.

C'est donc idéal pour faire une sieste l'après-midi, pendant les vacances, quand les gosses ne sont pas là et madame est sortie ou travaille. Et il n'y a pas que les étapes de plat, il ne faut pas croire ! Même en montagne on s'emmerde maintenant. Pourtant, les organisateurs y croient, quand ils programment 3 ou 4 cols hors catégories pendant une étape. Ils se disent que là c'est sur, ça va attaquer, on va voir les meilleurs en action, que la vérité va sortir de ces pentes mythiques. Zobi ! Si on voit les meilleurs à la fin de l'étape, c'est juste par usure, certainement pas parce qu'ils se seront expliqués ou affrontés. Et si attaque il
y a - pas toujours, il y en a pas eu, cette année -, ce sera dans le dernier kilomètre de la dernière ascension, pas avant. A chaque fois, France Télé diffuse ces étapes majeures du début à la fin. Mais au final, c'est à peine plus palpitant qu'une étape de plat. Rendez-nous Derrick, bordel.

Dans son fauteuil, entre deux réveils en sursaut pendant les pages de pub, il se dit que même il y a quelques années, quand ils étaient tous dopés, c'était plus marrant. Il y avait des grands coureurs, qu'il connaissait, Armstrong, Contador, Ulrich, pas ce Higgins tout droit sorti de Magnum, avec ses rouflaquettes façon Louis-Philippe. Quand il regarde le classement général, il en connaît pas un. Ça lui a fait pareil il y a un mois quand il a regardé le classement de la WTA : le sommet du tennis féminin est décimé, lui qui dominait son collègue masculin il y a quelques années, avec les Williams, les Davenport, les Hingis... tient, encore le majordome de Magnum, bizarre...

Il faut dire que dès qu'un mec gagne ou est leader, il est soupçonné de dopage. Et souvent avec raison, d'ailleurs, avec une longue suspension à la clé... du coup, vu que tu ne peux même pas t'extasier devant un exploit en montagne vu que c'est forcément suspect, tu n'as plus aucune raison de savourer ce "spectacle". Reste la France, qui est belle. Mais pour les documentaires, y a France 5.

Pas de star, pas d'action, pas de rythme... parfait. De toutes façons, France Télé prends sûrement très bien le fait que 90 % des téléspectateurs dorment devant le Tour de France : c'est le meilleur moyen pour pas que les gens zappent. C'est comme ça que TF1 a fait son beurre depuis 25 ans, après tout.

Zzzzzz...