mercredi 9 avril 2008

Faux-cul, décervelée, haineuse, bienvenue dans la pensée unique

Salut à tous !

Mon assiduité très relative à ce blog ne joue certainement pas en sa faveur, et je préfère ne pas en connaître les chiffres de fréquentations. C'est pas grave en même temps, après tout les blogs au départ on les présentait comme des journaux intimes... publiques, pas des tribunes comme c'est souvent le cas désormais. Ben voilà, je reviens à la source du blog : c'est un journal intime, que vous, éventuels lecteurs, pourriez lire après l'avoir trouvé sous mon lit, caché derrière deux caleçons douteux et un exemplaire poussièreux de l'Equipe datant de septembre 2005. Dans ce cas, bienvenue, et bonne lecture.

Vous savez quoi ? Je vais encore parler de foot, et en même temps pas du tout. Si vous trouvez des traces de nom de joueur de foot, d'analyse tactique ou de critique sur l'arbitrage dans ce qui suit (et pourtant je pourrais, sachant que Pauleta vient de se voir refuser 2 buts valables en 2 matches, dans l'indifférence générale évidemment, stop a y est c'est tout), et ben vous me le dites et je les enlève. D'ailleurs, cette absence totale de rapport avec le terrain prouve que ce que je vais dire tombe sous le sens.

A moins que vous vous soyiez retrouvé coincé dans votre Micra parce qu'un gros con ce sera garé trop près de votre portière, et qu'il n'aura pas récupéré sa voiture depuis - dans ce cas vous êtes mort de faim et de soif, mes condoléances, et je me demande vraiment ce que vous foutez là - aucune chance que vous soyiez passé à côté du tsunami médiatique né de la banderole vue lors de la finale de la Coupe de la Ligue, remportée, paraît-il - mais les images sont rares - par le PSG. De fait, depuis ce samedi, ou jamais sans doute victoire ne fut si peu fêtée et encore moins relevée, je digère cette affaire. J'ai préféré attendre la fin de la tempête, et réagir à froid, j'ai donc fait exactement l'inverse de tout le reste de la population. Accablé, comme tout être de bon sens qui se respecte, par le message débile de cette banderole, dont je ne révèlerai pas le contenu tout simplement parce qu'il est connu de tous, et ce n'est pas la peine de lui faire encore plus de pubs, je me suis tout de suite dit que ça allait être la fête du club et de ses supporters, évidemment amalgamés avec les 10 crétins auteurs de cette blague de potache. Evidemment, ça n'a pas loupé.

Entre Sarkozy qui se fait passer pour le héros qui a su, par son intervention décisive et prompte - 4 minutes - faire enlever cette vérue du stade, au maire de Lens, qui porte plainte envers tout et n'importe quoi et réclame de rejouer le match - et si on recommençait les élections municipales parce qu'il y a eu des votes pour le Front national en France ? -, aux interventions de Dany Boon et autres personnalités fortement qualifiées dans cette affaire, on a tout eu. Tout. Extraits tirés des Cahiers du Foot, une fois de plus parmi les seuls à ne pas plonger quand on leur dit de plonger :

"Frédéric Thiriez a donné le ton et fait admirer son vibrato: "Nous sommes tous des Ch'tis". La banderole n'est plus seulement insultante pour les "rivaux lensois" des supporters parisiens (L'Équipe, dimanche), mais pour "toute une région sur laquelle on a craché" (Gervais Martel, lundi). Le registre de l'humiliation s'impose. Il faut surtout justifier – tout en l’entretenant – l’emballement en cours. Manifestement, il faut convaincre les Nordistes qu'ils ont été outragés. Martine Aubry fustige "une banderole haineuse et violente" qui "humilie tous les habitants du Nord-Pas-de-Calais". On invente des concepts en accouplant des notions. Dans la bouche de Guy Delcourt, cela donne "racisme régional", comme s’il fallait à tout prix accorder à la banderole un label d’ignominie indépassable.

"
Face à la peine des Ch'tis, le PSG avoue sa 'honte'" (Le Parisien). "On a insulté un peuple, on a insulté une région", renchérit Jean-Pierre Papin. Gervais Martel en a "gros sur le cœur" et parle de "viol". Guy Delcourt, maire de Lens, se dit "humilié". Il demande qu'une minute de silence soit observée à l'Assemblée nationale "à la mémoire des mineurs qui sont morts pour la France et de ceux qui sont encore en train de mourir". "Derrière le Racing Club de Lens, c'est le contrat social qui était visé; derrière les Sang et Or, c'était le bleu-blanc-rouge", clame Christophe Barbier dans L'Express.

Le choix des mots
Curieusement, on continue à nier l’humanité des auteurs de la banderole, à la façon de l’éditorialiste du Quotidien du Médecin (!) qui les diagnostique comme des "débiles mentaux" ou de son homologue de L’Indépendant du Midi qui voit en eux des "barbares". On recourt à des métaphores qui expriment la dégradation et la maladie – "Paris et sa gangrène" (L'Équipe), "La gangrène du ballon rond" (La Dépêche du Midi), "la gangrène poursuivra son oeuvre sinistre" (Républicain Lorrain) – et à… des insultes ("Bienvenue chez les cons", Libération). Dany Boon est appelé comme grand témoin de l'affaire et parle de "monstruosité" et de "connerie faite humaine, même pas, d'ailleurs, faite inhumaine" (Aujourd'hui en France).

On n'hésite pas devant les comparaisons: le président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron, parle de "
nazillons". En une du Monde, Plantu dessine une croix gammée sous la banderole. Le MRAP évoque un "message xénophobe", cédant ainsi le Nord-Pas-de-Calais à Belgique. Mercredi, Bernard Laporte fixe la barre un peu plus haut: "Samedi, nous avons atteint le paroxysme de l'idiotie et de la bêtise humaines". Il confiera aussi son souhait "d’éradiquer ces gens-là" des stades." (extrait de "Banderole décomposition", datant du 7 avril)


... que rajouter ? L'éxécution fut sommaire, exemplaire, mais le coup de grâce n'a pas encore été donné. Ce sera le cas demain, lorsque la commission de discipline de la Ligue se réunira. Comment pourraient-ils se priver du plaisir d'enlever des points au PSG, qui n'a vraiment pas beaucoup ? Ils n'ont pas hésité à le faire à Bastia, pour une poignée de crétins racistes qui ont insulté le Libournais Kébé, et à Metz, pour un (!) type qui s'est cru intelligent d'insulter le Valenciennois Ouaddou. Dans les deux cas, comme dans le cas du PSG demain, le sportif, c'est-à-dire ceux le moins responsable dans ces affaires, est sanctionné. Les points, ce sont bien la propriété des joueurs non ? Des techniciens, de l'entraîneur ? Sont-ce les fachos des tribunes qui ont gagné ces points, comme les Nantais qui avaient offert 2 points à Toulouse la saison dernière, ce qui avait permis au plus faible club n'ayant jamais représenté la France en Ligue des Champions de se faire étriller par Liverpool (0-1, 0-4), après être passé de la 8e à la 3e place (!).

Ok, là c'était du foot, mais c'était une digression, ça compte pas.

Pourquoi enlever des points ? Pour que ce soit plus lisibles pour les gens. Comme les clubs sont sensés nager dans les milliards d'Euros, selon la sagesse populaire, une simple amende, aussi grosse soit-elle, ne parlerait pas à la population, ne lui ferait pas sentir combien la Ligue est concernée et sait se montrer sévère. Pourtant, je peux vous dire qu'une amende d'un ou plusieurs miliions d'Euros, redistribués ensuite au foot amateur, ferait nettement plus mal qu'un point. Que ce soit pour Bastia, désormais écarté de la lutte pour la montée en Ligue 1, ou Metz, depuis longtemps relégué en Ligue 2, ça ne change rien. En ce qui concerne le PSG, s'il descends à cause de ce point en moins, ça risque de se mesurer en dizaines de millions d'Euros... autant les reléguer tout de suite dans ce cas, comme le réclame certains réduits du bulbe.

La réalité, c'est que mon club de coeur se meurt, que tout le monde fout des coups de tatanes dans le cadavre parce que c'est la mode et que c'est facile, et ça m'arrache les tripes. C'est pas grave, je le suivrais et le soutiendrais en Ligue 2, en National, en DH, en promotion de Ligue, en Championnat du dimanche matin, ou vous voulez. Tant que ces couleurs qui m'ont fait rêver contre le Real (2 fois), Barcelone, Liverpool, le Bayern, la Corogne, Parme, Marseille (oui oui, c'est arrivé), qui ont gagné 13 titres majeurs en 26 ans, dont 7 coupes de France, 3 Coupes de la Ligue (record national) et une des deux Coupes d'Europe françaises, qui détiennent le record de demi-finales européennes d'affilée (5, de 93 à 97, dont les 2 dernières victorieuses) et qui oeuvrent énormément en faveur des clubs amateurs en Ile-de-France, tant que ces couleurs bleues et rouges seront portées par des footballeurs sur un terrain de foot, je les soutiendrais. Si je ne les soutiens pas quand ça va mal, quand les soutenir ?

Sur ce, je vous laisse.

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