vendredi 20 avril 2012

Droite ou Gauche ?

Salut à tous,

Allez, dans 48 heures, on y est. On en saura un peu plus sur l'état politique de la France, et notamment les rapports de force entre la Gauche et la Droite. Parce que, même si Bayrou veut nous faire croire le contraire, partant d'un bon sentiment, on en revient toujours à la même question : la France est-elle un pays de Gauche ou de Droite ?

Pour répondre à ce genre d'interrogations mathématiques, finalement, j'ai un truc à moi, que j'aime beaucoup : les stats. Et là encore, comme pour le football ou d'autres domaines, ça parle, à défaut de clôturer un débat. Mais ça aide pas mal quand même.

Pour ce faire, je me suis contenté de prendre en compte les résultats aux premiers tours des deux élections majeures en France, depuis 1981, à savoir les Présidentielles - il y en a eu 5 - et les Législatives - qui ont eu lieu 7 fois. Pourquoi ? D'abord parce que je n'ai pas que ça à faire, j'ai une vie et un boulot, et ensuite parce que ce sont ces élections qui mobilisent en général le moins d'abstention. Et puis ce sont elles qui décident le législatif et l’exécutif en France, ce n'est pas rien. Désolé pour les Cantonales, les Municipales et les Européennes...

Voici pour l'abscisse, voyons maintenant l'ordonnée : j'ai retenu les six partis, ou les six courants de pensée, qui dominent largement la politique française, et pas seulement depuis 30 ans. A savoir : l'UMP - ou le RPR -, le PS, le PC, le Centre - UDF puis Modem -, le FN et les écologistes. Dans ces entités, j'ai rajouté d'autres composantes qui sont apparues ponctuellement, recueillant très peu de voix en général, ou qui sont trop proches d'une des entités majeures pour en être séparée. Exemple, j'ai compté le MNR de Bruno Megret dans les scores du FN ; même chose pour les Radicaux de Gauche dans le PS, et, pour cette année par exemple, les différentes composantes de l'extrême gauche (LO, NPA...) dans le PC. Comme ça, c'est plus clair, moins fouillis. Mais même là, on va le voir, des voix s'éparpillent ailleurs quand même. Par exemple, où mettre les chasseurs ? Sans doute entre l'UMP et le FN, mais où exactement ? Finalement, j'ai tranché : je les ai renvoyés dans leurs forêts. De toutes façons, leurs scores sont trop faibles pour être véritablement significatifs.

Voilà le résultat :


Premier résultat, le bilan général des 12 dernières élections majeures depuis 1981 : le PS est en tête avec en moyenne 26,74 % des voix, suivi de l'UMP, 21,92, puis le Centre, 16,04, le PC, 10,47, le FN, 9,28, et enfin les Verts, 3,49. Si vous comptez super vite, vous avez constaté une chose : on a perdu 12,06 % dans l'affaire, ce qui n'est pas rien. Et c'est une moyenne, en plus.

Rassemblons donc ces scores, pour répondre d'entrée à notre question initiale. Si on additionne les scores du PS, du PC et des Verts, donc de la Gauche, on arrive à un score de 40,7 %. Pour la Droite, c'est-à-dire l'UMP, le Centre et le FN, on arrive à 47,24 %. Il y a donc bel et bien plus d'électeurs de
droite que de gauche en France depuis 30 ans, mais ils ne sont pas majoritaires. Pour cela, il faudrait savoir pour qui les 12 % restant avaient voté à l'époque...

Ce qui peut étonner, c'est le score très important du Centre. Pourtant, il ne faut pas oublier une chose : avant que le RPR, et surtout l'UMP, sous l'impulsion de Chirac puis Sarkozy, n'avalent l'UDF comme une vulgaire petite entreprise ruinée, cette dernière avait été le parti majoritaire en France, puisque c'était celui de Valéry Giscard d'Estaing, président de 1974 à 1981. Dans le même temps, le RPR, créé donc par Chirac, n'était qu'un sympathique accompagnateur... Si j'avais ajouté les scores des années 70, nul doute que le score des Centristes auraient été encore plus larges... D'ailleurs, Bayrou ne fait pas toujours des scores ridicules, loin de là.

Même chose pour l'extrême gauche : avant les années 2000, le PC et ses potes dépassaient allègrement les 10 %, avec des pointes à plus de 17 % en 1981. Ce n'est plus arrivé depuis les Présidentielles de 2002 (13,81). Et avant, c'était encore plus énorme. Le PC, qui dominait autrefois le PS, a depuis laissé largement la place à son ancienne succursale.

A noter qu'en 1981, lors de la Présidentielle remportée par Mitterand, c'était les forces de Droite qui étaient en tête au premier tour, avec 50,4 %, devant celles de Gauche (49,57). Il y a donc eu des voix qui ont changé de camp entre les deux tours... peut-être des voix centristes, parce que le FN n'était pas présent cette année là, du moins aux Présidentielles.

Mais si le pays est de Droite, c'est surtout le cas depuis le milieu des années 90, et surtout depuis 10 ans. Parce qu'avant 1992, la gauche n'était allée qu'une seule fois sous la barre des 49 %, lors des législatives de 1986 (43 %). A partir des législatives de 1993, ça a été la Bérézina. Depuis 19 ans (!), la Gauche n'a dépassé que trois fois les 40 %, lors des Présidentielles de 1995 et 2002, ainsi que lors de sa victoire aux législatives de 1997 (47,03 %). Oui oui, vous avez bien compris : lors des Présidentielles de 2007, la Gauche n'a fait que 36,4 % au premier tour, contre 62,42 pour la Droite. Saluons donc la performance de Ségolène Royal qui a donc réussi à grappiller 11 % à Sarkozy entre les deux tours, notamment chez Bayrou... ça n'a pas suffit.

Autre constat : si on différencie les deux élections, l'écart est énorme. Durant les cinq dernières présidentielles, le PS (27,03 %) et l'UMP (25,2) sont au coude à coude, avec le Centre derrière (17,77), puis le PC (12,86), le FN (11,8) et les Verts (4,2). Résultat : la Droite mène largement, 54,77 à 44,09. Pour les 7 législatives, le PS baisse mais mène très largement : 26,54, devant l'UMP (19,58),
le Centre (14,8), le PC (8,76), le FN (7,47) et les Verts (2,98). Résultat : la Droite mène encore, mais de peu (41,85 contre 38,28). On voit déjà une chose : c'est au moment d'élire les députés que les voix se dispersent le plus, logique (98,87 contre 80,13). Ensuite, ça confirme que quand l'enjeu devient plus local, les gens votent plus à gauche, on l'a constaté durant le dernière décennie. Ce qui est intéressant, c'est de voir que le PS résiste mieux que l'UMP au moment de passer aux Législatives, et de présenter des candidats un peu partout en France. Sans doute parce que le PC et les Verts sont trop bas pour lui piquer trop d'investitures, contrairement à l'UMP, qui laisse beaucoup de place aux Centristes, qui se rallient volontiers au bateau amiral une fois l'Assemblée élue. Le PS et le PC s'entendent moins bien que l'UMP et le Centre, finalement. Sans doute les électeurs de Droite sont aussi moins attachés à un parti qu'à un autre : ils naviguent aisément entre l'UMP et le Centre. Beaucoup plus facilement qu'entre le PS et le PC, a priori.

Voilà, j'espère ne vous avoir pas trop abruti de chiffres. J'ai fais ce post avant tout pour moi, je dois dire : je sentais que la France était plutôt à droite, mais je voulais en avoir la certitude. Celle ci est présente, mais pas encore ancrée : après tout, la majorité, c'est 50 %, pas 47. La Gauche, pour gagner, doit donc s'efforcer de rallier les indécis, ceux dont les voix se perdent dans des partis souvent improbables. Mais même là, au final, le réservoir de voix est assez mince... il faut aussi compter sur la personnalité des candidats. Et là, évidemment, Mitterand a dévoré Giscard puis Chirac, qui lui n'a pas eu grand chose à faire pour écarter Jospin deux fois. Aujourd'hui, Sarkozy semble avoir plus de personnalité qu'Hollande, mais il est aussi plus détesté. Reste que la partie n'est pas gagnée, parce qu'il ne faudrait pas grand chose pour que les brebis égarées de la Droite reviennent au bercail...

Je vous laisse !

1 commentaire:

Zaza a dit…

Moi je crois sincèrement que la France n'est pas de droite. Additionner des chiffres c'est trop simple. Y a tellement d'indécis et de gens qui change de bord comme de chemise, souvent à l'extrême. J'ai du mal à le concevoir mais, oui, y a des gens qui n'ont pas au fond d'eux une conscience politique. Et puis il y a les abstentionnistes, pas ceux qui sen foutent, ceux qui refuse de voter. Souvent ceux-la ont un fond de gauche.