Salut à tous,
Tic tac tic tac tic tac... elle a été tellement longue cette campagne qu'on pouvait se demander à un moment si on allait y arriver. Et ben oui, finalement on y est. Hollande est enroué, Sarkozy brasse du vent, Mélenchon minaude, Le Pen éructe... on sent que chez les candidats aussi, la cloche est attendue avec impatience. Une bonne nuit de sommeil et un repas normal en famille, voilà ce dont ils rêvent à mon avis.
Je me rappelle de mes élections précédentes... ma première présidentielle fut celle de 1995. Autant dire que pour l'instant, je n'en ai gagné aucune ! C'est même flippant maintenant que je l'écris... je n'ai jamais gagné une présidentielle ! Des législatives, oui, des régionales, voire municipales (pas depuis dix ans...) parfois, mais des présidentielles, jamais.
La première, donc, j'avais 20 ans et j'étais au lycée. J'étais en STT option secrétariat (on ne rigole pas dans le fond), que j'avais préféré à l'option commerciale parce qu'il y avait une fille que j'aimais qui avait choisi cette voie, et qu'au fond je m'en foutait royalement, vu que je voulais être en L, à la base. Alors secrétariat ou commerce... ça m'en touchait une sans bouger l'autre, comme qui dirait. Bref, du coup je me suis retrouvé dans une classe de 23, dont 20 filles. la meilleure année scolaire de ma vie, et ce sans parvenir à sortir avec une seule d'entre elles. Mais mes deux congénères masculins et moi, on avait été traités comme des rois par ces demoiselles pendant neuf mois. Quand même, le moment où un des deux mecs était sorti avec la fameuse fille, j'avais moins aimé, surtout qu'il était d'une laideur difficilement descriptible. Encore aujourd'hui je ne comprends pas, mais passons.
C'est la première fois que je parlais politique avec d'autres personnes que mes parents, avec qui c'était enrichissant mais rarement contradictoire, puisqu'ils partageaient, peu ou prou, mes opinions et mes valeurs, qu'ils avaient su me léguer, ce qui n'est pas si automatique que ça. C'était donc la première fois que je trouvais de la résistance lorsque je parlais politique, et ça m'a donc fait un choc de rencontrer mes premières personnes de droite. A 20 ans, vous imaginez ? Provenir d'une famille fondamentalement communiste et ouvrière, et me rendre compte qu'il y a des gens qui ne pensent pas que l'argent pourri le monde, et qu'il faut protéger les plus faibles socialement avant de vouloir enrichir les déjà riches, ça surprend, croyez moi. Si j'avais été confronté plutôt à ces opinions tellement opposées aux miennes, peut-être serais-je plus tolérant et moins nerveux quand je discute politique, qui sait. Je ne pouvais pas avoir un oncle UMP (enfin RPR, à l'époque...), bordel ?
Remarquez, je me demande si je n'en avais pas un... mais finalement ça parlait peu politique à la maison, notamment quand on recevait des gens. Du coup, j'ai rien vu venir. Et les opinions de gauche, pour moi, coulaient de source. A un tel point que quand j'étais gosse, je croyais que ce qu'on appelait la "gauche", c'étaient les communistes, et la "droite", les socialistes, parce qu'on ne parlait que de ça à la maison, à l'époque où le PC existait encore sans l'aide d'un sénateur socialiste débauché. Tout le reste n'existait pas pour moi, et quand c'est apparu c'est devenu comme l'ennemi ultime.
Donc, dans ma classe, beaucoup de filles, de futures secrétaires - je veux dire, des "assistantes de direction", désolé. Et elles aimaient bien Chirac, ces filles. Pour son programme économique ? Sa politique sociale ? Non non, parce qu'il "faisait plus président" que Jospin. C'est ce jour là que j'ai commencé à penser que le suffrage universel était une aberration, si l'élection ressemblait à ce point à un concours de beauté, et surtout si l'éducation civique n'était pas plus répandue dans ce pays qui aime pourtant tant la politique. Mais il faut dire qu'élire un Roi tous les 5 ou 7 ans, c'est quand même excitant non ? Parce que c'est ça, finalement. Le président réside dans un palais, ses apparitions médiatiques sont des évènements sans commune mesure avec quoique ce soit, et ses interviews sont plus des concours de cirage de pompe que de véritables interrogatoires. Les journalistes étrangers n'ont pas fini d'être effarés par la façon avec laquelle nos journalistes sont choisis par le Château, et affables avec son locataire quand ils l'ont en face de lui... une question un peu "osée", et l'impudent a aussitôt droit aux gros yeux présidentiels... et il peut être sûr qu'il ne reviendra plus. Et ça, ça ne date pas de Sarkozy, c'était comme ça sous le premier président de la Ve République, De Gaulle. Si ça nous choque avec Gnafron, c'est finalement parce qu'il ne fait pas président, que sa tronche, ses façons et sa langue font que sa présence dans ce fauteuil aussi prestigieux dénote singulièrement. Ses prédécesseurs faisaient quand même beaucoup moins représentant de commerce, plus monarque genre Louis-Philippe, même ce grand couillon de Chirac.
Bref donc 1995, d'entrée, a entamé mes illusions d'une élection uniquement portée par les idées, les projets et la compétence, plutôt que l'apparence ou le sex-appeal... voire le sexe tout court, puisqu'en 2007, je me rendrais compte que beaucoup était prêt(e)s à voter pour Ségolène Royal parce que c'était une femme, ce qui n'avait pas un grand rapport avec un programme politique. Quoique... bref, comme pour Obama, avoir une femme présidente aurait été une formidable avancée sociétale pour ce pays terriblement paternaliste. Mais l'idée de voter pour quelqu'un PARCE QUE c'était une femme, ça me semblait juste ahurissant, même si je comprenais la mécanique. Mais dès qu'on me parle de crédibilité extérieure, d'apparence ou d'autres joyeusetés de ce genre pour voter pour quelqu'un, ça me rend dingue, même quand l'intention est bonne, comme pour Royal. Si le FN promulguait un candidat noir - il serait capable de ce genre de canular - je ne voterais pas pour lui pour autant. Si j'ai voté Royal au second tour, c'est parce qu'elle était de gauche et affrontait Sarkozy, point barre.
Bref, entre temps, moi qui croyait que 95 avait été une mauvaise expérience - je me souviens avoir été abattu lorsque le résultat s'était affiché sur ma petite télé, en me disant "putain, 7 ans !" alors qu'en fait on n'en est toujours pas sorti, 17 ans plus tard... - voilà que ma seconde présidentielle, celle de 2002, s'approchait. Je n'étais plus au lycée mais à la fac, j'avais d'autres amis avec qui on avait fait une soirée électorale pour le premier tour... depuis, quand j'ai une invitation de ce type j'accepte, mais toujours avec une grosse appréhension. Si le candidat souhaité par les invités de la soirée - en général, c'est le même... - gagne, c'est super, mais quand il est battu, bah ça fout un peu l'ambiance en l'air... alors quand il est devancé au premier tour par les fachos, c'est un carnage, plus personne ne parle. C'est un peu comme si tu allais à un concert au pif, soit Pink Floyd, soit Franck Michael, si t'as pas de chance ta soirée risque d'être longue, très longue... sauf si t'es gérontophile. Remarque, ça marche pour les deux, ça.
Bref, 2002 m'a démonté. Comme pour le 11 septembre, je pense que tout le monde se souvient de ce qu'il faisait le 21 avril 2002, dans la soirée, lorsqu'il a appris qu'il allait devoir aller voter entre Chirac et Le Pen, la varicelle et la variole, Mussolini et Hitler, Napoléon III ou Napoléon, de la jardinière de légume ou une salade d'endives, Dunkerque ou Charleroi, etc. Imaginez - ou rappelez-vous - le déchirement que ce fut d'aller voter ce jour là. Entre les deux tours, le peuple républicain avait défilé dans Paris pour refuser l'idée que les fachos soient véritablement en lice pour atteindre le pouvoir. Dans les cortèges bondés - j'y étais, je me souviens d'un sentiment d'enthousiasme mais aussi d'étouffement -, des adolescentes brandissaient des pancartes "No pasaran !!" et des portraits du Che. Le gouvernement avait également annoncé que ceux, qui s'annonçaient nombreux, qui comptaient aller voter complètement vêtus de noir en signe de deuil seraient refoulés des bureaux de vote ! La France, bien assise sur ses fameux Droits de l'Homme, et qui aimait tant donner des leçons de morale démocratique au reste du monde, vivait un des moments les plus noirs de son Histoire, et n'en était pas fière. Encore aujourd'hui, quand on voit la droite "modérée" utiliser allègrement les arguments du FN pour des fins électorales, on se rend compte à quel point cette élection a fait du mal au pays, et c'est loin d'être terminé.
Et puis vint 2007, donc, j'en ai déjà parlé. Fin de la période Chirac, l'élection se déroule autant sur le net qu'à la télé, est plus citoyenne qu'avant, donc, et deux jeunes loups s'affrontent pour succéder à ce vieillard déjà à moitié sénile, et sourd en plus, qui ne faisait rien depuis 2002, où il avait perdu une occasion unique de réunir le peuple contre la peste noire, après qu'il ait été élu avec 82 % des voix... forcément, après ces années molles, consternantes, chloroformées, les gens ont été plus séduits par l'énergie maladive de Sarkozy, qui les séduisait en plus en leur promettant la sécurité, que par la faconde quasi christique de Royal, réincarnation de Jeanne d'Arc, jusque dans le fait qu'elle fut sans doute trahie par le parti, et notamment Hollande, comme la pucelle par Charles VII. Déjà distancée, elle ne parvint pas à retourner Sarkozy lors du débat, parvenant même à faire passer ce dernier pour un calme, ce qui n'était pas gagné. C'est ce qui me fait un peu peur pour 2012 : Hollande est loin d'avoir gagné contre Sarkozy, il a intérêt à avoir une sacrée avance en voix avant le débat. D'après les derniers sondages ça semble bien parti, mais on ne sait jamais.
Bizarrement, même sur Facebook, je rencontre peu de gens de droite, alors qu'ils représentent tout de même encore aujourd'hui quasiment la moitié de la population. Il y en a, quand même. Ce qui est "marrant", c'est que ceux de gauche que je côtoie me semblent encore plus pessimistes que moi, ils ont peur d'un retournement de situation, disent ne pas se fier aux sondages, ce qui n'est pas complètement stupide a priori, vu l'antécédent de 2002. Mais s'ils se trompent souvent, ils ne se trompent pas avec une telle marge. Quand Jospin devançait Le Pen dans les sondages en 2002, il ne le devançait que de 5 à 8 points maximum, et les gens avouaient moins volontiers qu'ils vont voter Le Pen qu'aujourd'hui. Aujourd’hui, c'est quasiment le double, et ce dans toutes les enquêtes. A la rigueur, si on se fie au sondage d'hier qui met Sarkozy à 5 points de Hollande et à 7 de Le Pen, on peut un peu plus imaginer un 21 avril à l'envers. Et là, si on pourra toujours déplorer la présence des fachos à un second tour, pour la deuxième fois en trois élections, ce qui sera tout sauf un hasard, ce sera quand même tout bénèf pour la gauche. Et puis ce, serait moins choquant : ça restera un duel droite-gauche, ce qui n'était pas le cas en 2002... ce sera moins un déchirement pour les électeurs UMP de voter Le Pen, si ? En tous cas pas pour la moitié d'entre eux, à mon avis...
Bref, je vous laisse, et allez voter hein ! Sinon je viens vous chercher, moi !
Je me rappelle de mes élections précédentes... ma première présidentielle fut celle de 1995. Autant dire que pour l'instant, je n'en ai gagné aucune ! C'est même flippant maintenant que je l'écris... je n'ai jamais gagné une présidentielle ! Des législatives, oui, des régionales, voire municipales (pas depuis dix ans...) parfois, mais des présidentielles, jamais.
La première, donc, j'avais 20 ans et j'étais au lycée. J'étais en STT option secrétariat (on ne rigole pas dans le fond), que j'avais préféré à l'option commerciale parce qu'il y avait une fille que j'aimais qui avait choisi cette voie, et qu'au fond je m'en foutait royalement, vu que je voulais être en L, à la base. Alors secrétariat ou commerce... ça m'en touchait une sans bouger l'autre, comme qui dirait. Bref, du coup je me suis retrouvé dans une classe de 23, dont 20 filles. la meilleure année scolaire de ma vie, et ce sans parvenir à sortir avec une seule d'entre elles. Mais mes deux congénères masculins et moi, on avait été traités comme des rois par ces demoiselles pendant neuf mois. Quand même, le moment où un des deux mecs était sorti avec la fameuse fille, j'avais moins aimé, surtout qu'il était d'une laideur difficilement descriptible. Encore aujourd'hui je ne comprends pas, mais passons.
C'est la première fois que je parlais politique avec d'autres personnes que mes parents, avec qui c'était enrichissant mais rarement contradictoire, puisqu'ils partageaient, peu ou prou, mes opinions et mes valeurs, qu'ils avaient su me léguer, ce qui n'est pas si automatique que ça. C'était donc la première fois que je trouvais de la résistance lorsque je parlais politique, et ça m'a donc fait un choc de rencontrer mes premières personnes de droite. A 20 ans, vous imaginez ? Provenir d'une famille fondamentalement communiste et ouvrière, et me rendre compte qu'il y a des gens qui ne pensent pas que l'argent pourri le monde, et qu'il faut protéger les plus faibles socialement avant de vouloir enrichir les déjà riches, ça surprend, croyez moi. Si j'avais été confronté plutôt à ces opinions tellement opposées aux miennes, peut-être serais-je plus tolérant et moins nerveux quand je discute politique, qui sait. Je ne pouvais pas avoir un oncle UMP (enfin RPR, à l'époque...), bordel ?
Remarquez, je me demande si je n'en avais pas un... mais finalement ça parlait peu politique à la maison, notamment quand on recevait des gens. Du coup, j'ai rien vu venir. Et les opinions de gauche, pour moi, coulaient de source. A un tel point que quand j'étais gosse, je croyais que ce qu'on appelait la "gauche", c'étaient les communistes, et la "droite", les socialistes, parce qu'on ne parlait que de ça à la maison, à l'époque où le PC existait encore sans l'aide d'un sénateur socialiste débauché. Tout le reste n'existait pas pour moi, et quand c'est apparu c'est devenu comme l'ennemi ultime.
Donc, dans ma classe, beaucoup de filles, de futures secrétaires - je veux dire, des "assistantes de direction", désolé. Et elles aimaient bien Chirac, ces filles. Pour son programme économique ? Sa politique sociale ? Non non, parce qu'il "faisait plus président" que Jospin. C'est ce jour là que j'ai commencé à penser que le suffrage universel était une aberration, si l'élection ressemblait à ce point à un concours de beauté, et surtout si l'éducation civique n'était pas plus répandue dans ce pays qui aime pourtant tant la politique. Mais il faut dire qu'élire un Roi tous les 5 ou 7 ans, c'est quand même excitant non ? Parce que c'est ça, finalement. Le président réside dans un palais, ses apparitions médiatiques sont des évènements sans commune mesure avec quoique ce soit, et ses interviews sont plus des concours de cirage de pompe que de véritables interrogatoires. Les journalistes étrangers n'ont pas fini d'être effarés par la façon avec laquelle nos journalistes sont choisis par le Château, et affables avec son locataire quand ils l'ont en face de lui... une question un peu "osée", et l'impudent a aussitôt droit aux gros yeux présidentiels... et il peut être sûr qu'il ne reviendra plus. Et ça, ça ne date pas de Sarkozy, c'était comme ça sous le premier président de la Ve République, De Gaulle. Si ça nous choque avec Gnafron, c'est finalement parce qu'il ne fait pas président, que sa tronche, ses façons et sa langue font que sa présence dans ce fauteuil aussi prestigieux dénote singulièrement. Ses prédécesseurs faisaient quand même beaucoup moins représentant de commerce, plus monarque genre Louis-Philippe, même ce grand couillon de Chirac.
Bref donc 1995, d'entrée, a entamé mes illusions d'une élection uniquement portée par les idées, les projets et la compétence, plutôt que l'apparence ou le sex-appeal... voire le sexe tout court, puisqu'en 2007, je me rendrais compte que beaucoup était prêt(e)s à voter pour Ségolène Royal parce que c'était une femme, ce qui n'avait pas un grand rapport avec un programme politique. Quoique... bref, comme pour Obama, avoir une femme présidente aurait été une formidable avancée sociétale pour ce pays terriblement paternaliste. Mais l'idée de voter pour quelqu'un PARCE QUE c'était une femme, ça me semblait juste ahurissant, même si je comprenais la mécanique. Mais dès qu'on me parle de crédibilité extérieure, d'apparence ou d'autres joyeusetés de ce genre pour voter pour quelqu'un, ça me rend dingue, même quand l'intention est bonne, comme pour Royal. Si le FN promulguait un candidat noir - il serait capable de ce genre de canular - je ne voterais pas pour lui pour autant. Si j'ai voté Royal au second tour, c'est parce qu'elle était de gauche et affrontait Sarkozy, point barre.
Bref, entre temps, moi qui croyait que 95 avait été une mauvaise expérience - je me souviens avoir été abattu lorsque le résultat s'était affiché sur ma petite télé, en me disant "putain, 7 ans !" alors qu'en fait on n'en est toujours pas sorti, 17 ans plus tard... - voilà que ma seconde présidentielle, celle de 2002, s'approchait. Je n'étais plus au lycée mais à la fac, j'avais d'autres amis avec qui on avait fait une soirée électorale pour le premier tour... depuis, quand j'ai une invitation de ce type j'accepte, mais toujours avec une grosse appréhension. Si le candidat souhaité par les invités de la soirée - en général, c'est le même... - gagne, c'est super, mais quand il est battu, bah ça fout un peu l'ambiance en l'air... alors quand il est devancé au premier tour par les fachos, c'est un carnage, plus personne ne parle. C'est un peu comme si tu allais à un concert au pif, soit Pink Floyd, soit Franck Michael, si t'as pas de chance ta soirée risque d'être longue, très longue... sauf si t'es gérontophile. Remarque, ça marche pour les deux, ça.
Bref, 2002 m'a démonté. Comme pour le 11 septembre, je pense que tout le monde se souvient de ce qu'il faisait le 21 avril 2002, dans la soirée, lorsqu'il a appris qu'il allait devoir aller voter entre Chirac et Le Pen, la varicelle et la variole, Mussolini et Hitler, Napoléon III ou Napoléon, de la jardinière de légume ou une salade d'endives, Dunkerque ou Charleroi, etc. Imaginez - ou rappelez-vous - le déchirement que ce fut d'aller voter ce jour là. Entre les deux tours, le peuple républicain avait défilé dans Paris pour refuser l'idée que les fachos soient véritablement en lice pour atteindre le pouvoir. Dans les cortèges bondés - j'y étais, je me souviens d'un sentiment d'enthousiasme mais aussi d'étouffement -, des adolescentes brandissaient des pancartes "No pasaran !!" et des portraits du Che. Le gouvernement avait également annoncé que ceux, qui s'annonçaient nombreux, qui comptaient aller voter complètement vêtus de noir en signe de deuil seraient refoulés des bureaux de vote ! La France, bien assise sur ses fameux Droits de l'Homme, et qui aimait tant donner des leçons de morale démocratique au reste du monde, vivait un des moments les plus noirs de son Histoire, et n'en était pas fière. Encore aujourd'hui, quand on voit la droite "modérée" utiliser allègrement les arguments du FN pour des fins électorales, on se rend compte à quel point cette élection a fait du mal au pays, et c'est loin d'être terminé.
Et puis vint 2007, donc, j'en ai déjà parlé. Fin de la période Chirac, l'élection se déroule autant sur le net qu'à la télé, est plus citoyenne qu'avant, donc, et deux jeunes loups s'affrontent pour succéder à ce vieillard déjà à moitié sénile, et sourd en plus, qui ne faisait rien depuis 2002, où il avait perdu une occasion unique de réunir le peuple contre la peste noire, après qu'il ait été élu avec 82 % des voix... forcément, après ces années molles, consternantes, chloroformées, les gens ont été plus séduits par l'énergie maladive de Sarkozy, qui les séduisait en plus en leur promettant la sécurité, que par la faconde quasi christique de Royal, réincarnation de Jeanne d'Arc, jusque dans le fait qu'elle fut sans doute trahie par le parti, et notamment Hollande, comme la pucelle par Charles VII. Déjà distancée, elle ne parvint pas à retourner Sarkozy lors du débat, parvenant même à faire passer ce dernier pour un calme, ce qui n'était pas gagné. C'est ce qui me fait un peu peur pour 2012 : Hollande est loin d'avoir gagné contre Sarkozy, il a intérêt à avoir une sacrée avance en voix avant le débat. D'après les derniers sondages ça semble bien parti, mais on ne sait jamais.
Bizarrement, même sur Facebook, je rencontre peu de gens de droite, alors qu'ils représentent tout de même encore aujourd'hui quasiment la moitié de la population. Il y en a, quand même. Ce qui est "marrant", c'est que ceux de gauche que je côtoie me semblent encore plus pessimistes que moi, ils ont peur d'un retournement de situation, disent ne pas se fier aux sondages, ce qui n'est pas complètement stupide a priori, vu l'antécédent de 2002. Mais s'ils se trompent souvent, ils ne se trompent pas avec une telle marge. Quand Jospin devançait Le Pen dans les sondages en 2002, il ne le devançait que de 5 à 8 points maximum, et les gens avouaient moins volontiers qu'ils vont voter Le Pen qu'aujourd'hui. Aujourd’hui, c'est quasiment le double, et ce dans toutes les enquêtes. A la rigueur, si on se fie au sondage d'hier qui met Sarkozy à 5 points de Hollande et à 7 de Le Pen, on peut un peu plus imaginer un 21 avril à l'envers. Et là, si on pourra toujours déplorer la présence des fachos à un second tour, pour la deuxième fois en trois élections, ce qui sera tout sauf un hasard, ce sera quand même tout bénèf pour la gauche. Et puis ce, serait moins choquant : ça restera un duel droite-gauche, ce qui n'était pas le cas en 2002... ce sera moins un déchirement pour les électeurs UMP de voter Le Pen, si ? En tous cas pas pour la moitié d'entre eux, à mon avis...
Bref, je vous laisse, et allez voter hein ! Sinon je viens vous chercher, moi !
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