vendredi 1 août 2008

Pampelune de miel




Réveil. Ce matin on émigre, on quitte la France, on franchit la frontière, même si elle est plus là et c'est tant mieux. Marre de Sarkozy, des contrôles ADN, de la hausse des prix et d'être nuls au foot, comme avant. On va en Espagne ! Ces derniers jours, on a longuement hésité sur notre itinéraire durant ses vacances : on va en Espagne, d'accord, mais ou ? On parle de Pampelune, San Sebastian, Bilbao, un peu plus loin... on a aussi en tête d'essayer de faire une fois le plein, pas plus. Ca me paraît faisable.

Perso, je veux faire
Pampelune, traverser les Pyrénées et passer par le col de Roncevaux, où Roland, il y a 1330 ans, a tenté de briser Durandal, son épée mythique, afin que les Basques, qui lui avaient tendu une embuscade tandis qu'il couvrait l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne afin de venger Pampelune, rasée par l'Empereur franc, ne la lui pique pas. Mais il faut prendre de la route de montagne sur une longue distance, et personne n'est vraiment habitué à ça. Du coup, on se rabat finalement sur San Sebastian, dont la route ne comporte qu'un col, à son début, celui d'Ispéguy. Ensuite, c'est que de la route plate, c'est pépère. En plus, on a à notre disposition l'Espace des parents de Mona. Un luxe ! On va avoir de la place, ça roule bien, c'est le pied !

Hop, on ne traîne pas, c'est parti. C'est mon Amour qui conduit, en tant que Stéphanoise elle sait comment rouler quand ça monte et ça descend, à défaut d'avoir grimpé le Tourmalet à vélo. Après avoir dépassé
Saint-Etienne de Baïgorry, ça grimpe. Tant qu'on n'a pas conduit en montagne, on a du mal à imaginer ce que c'est. Ce sera mon tour un peu plus tard, donc j'y reviendrai, mais la montée de ce col dure 7-8 kilomètres, et c'est déjà un moment tendu, il faut sans cesse revenir en première et jouer du frein moteur. J'ai beau être à la place du passager, c'est comme si je conduisais. T'as du mal à soutenir une conversation dans ces moments-là : n'existent que la route, le volant, les pédales et ton levier de vitesse. Dommage, parce que le paysage est absolument grandiose. Il fait beau, et les montagnes donnent une impression de puissance écrasante. Comme dirait l'autre, ça fait relativiser. Celui qui doit vraiment relativiser, c'est le cycliste qu'on croise et qu'on met deux virages à pouvoir doubler vu la visibilité toute relative.

La France, vue du Col d'Izpeguy. Au loin, derrière le nuage, on peut deviner la Tour Eiffel. Par beau temps on la voit mieux.


Arrivés au Col, on se pose pour se délecter du paysage. En fait on est à la frontière avec l'Espagne, c'est marrant, je pensais pas qu'on serait aussi près. C'est extraordinaire comme vue. On se fait des photos, j'envoie mon dernier MMS avant de ne plus capter une fois l'Espagne investie, et on entame la descente. Celle-ci est toute en épingles, c'est assez ardu mais mon Amour s'en sort comme une vraie bergère des Pyrénées.

C'est écrit dessus, comme le port salut.

A y est, on est chez les tenants de l'Euro, de Roland Garros, de Wimbledon, du Tour de France, de l'Open de France de Golf, de la Coupe du Monde de mangeage de tapas (j'ai pas vérifié, mais ça m'étonnerais beaucoup que je me trompe)... le premier changement constaté, c'est le marquage au sol : les lignes sont unies sur les côtés. Sinon, y a toujours des montagnes, du soleil et des petits villages, comme en France. Sauf que les panneaux sont écrits en Basque et en Espagnol, et non en Basque et en Français. Ca vous la coupe hein ?

Sur le chemin, Mona nous fait remarquer qu'aller sur Pampelune par cette route ne représenterait pas un détour énorme. Il serait même carrément infime, comme détour. On abandonne donc provisoirement l'ouest pour rallier le sud. Yeaaah !

En chemin, tandis que les montagnes s'érodent et la végétation commence à se raréfier, faisant un peu plus ressembler l'Espagne à l'idée que je m'en faisais, on fait connaissance avec la notion très étrange qu'ont les Espagnols de la sécurité routière. Notamment ceux qui conduisent des camions, et qui se doublent entre eux sur deux voies. D'ailleurs, ils doublent tout le monde, les camions en Espagne : je sais pas si vous imaginez ce que ça fait de voir un 38 tonnes vous dépasser à pleine vitesse, sachant que vous vous êtes déjà à la limite de la vitesse autorisée... ce sera comme ça pendant tout notre séjour sur les routes d'Espagne, sans qu'on n'arrive jamais à s'y habituer.

Grâce aux bons offices du Guide du Routard, on a repéré un camping un peu avant Pampelune, en pleine campagne : une fois arrivés, on constate que les prix ont augmenté depuis l'édition du bouquin. Enfin bon, ça reste nettement dans nos cordes, et on file installer nos tentes avant d'aller à
Pamplona.

En fait, on est vraiment à côté : à peine le camping laissé derrière nous qu'on franchit un tunnel, au bout duquel on voit apparaître les batiments de la ville. Au début on est dans la banlieue donc c'est pas extraordinaire, et en plus on se perd. La carte chauffe, on fait demi-tour... On retrouve finalement notre chemin, une route qui nous fait grimper sur une espèce de plateau ou se trouve le centre-ville. On se gare près du
Gobierno de Navarra, et c'est parti pour la visite...

Une place trop belle, tellement que j'ai oublié son nom.

On se plaint (avec raison) des fumeurs en France, mais là-bas y a carrément des vitrines pleines de paquets de clope, libres d'être vus par n'importe quel gosse qui passe...

J'ai baptisé cette rue la "Rue des tapas", vu qu'il y avait un restaurant de tapas à chaque numéro. Pas bête hein ?

On se ballade dans la ville, très belle. Les rues sont serrées, le soleil éclaire encore bas pourtant. Il est environ 15h et il fait faim, même si pour les autochtones c'est l'heure habituelle de manger. On a repéré, toujours dans le Routard, une rue ou y a une tonne de restos de tapas partout. Ils sont tous en longueur, avec un bar recouvert de gens en train de manger. On en choisi un, où on prend notre première commande espagnole. On prends chacun un
bocadillo :

Encore un plat entamé, désolé on avait trop faim.

C'est délicieux ! Pour 5 misérables euros (on les aurait mangés au bar on aurait gagné un euro chacun, mais on a mangé sur une petite table à côté) on se tape un sandwich de malade avec du lomo
(filet) et des frites à côté. Un régal. Je savais pas ce qu'étaient les tapas, ben apparemment c'est pas vraiment ça mais bon, ça donne une idée.

Ensuite on poursuit notre balade à travers la ville. On décide de suivre une partie du pourtour du patelin, en partant des arènes :


On rejoint la citadelle, que je soupçonne furieusement d'avoir été inspirée par le travail de
Vauban, vu sa forme :


Les rues sont charmantes :


J'en profite pour m'acheter un exemplaire de
Marca. Quant j'étais en Italie, je m'étais acheté la Gazzetta dello Sport, normal quoi ! :p Arrivés à la Citadelle, on se pose un moment (ils l'ont aménagé en parc très vert) C et moi on s'accorde une petite sieste bien méritée. Ensuite, on va s'acheter de quoi pique-niquer au grand magasin local, El Corte Ingles. On repart, il fait bon, frais, j'adore cette ville. En plus je conduis, et j'adore conduire, c'est vraiment un truc que j'aime faire. Surtout dans une ville que je connais pas.

Le soir, retour au camping. Moi perso, je suis vanné, mais là c'est bon, ça va, je peux. Dans une des tentes, malgré l'aide d'une petite lampe de poche on a bien du mal à jouer au tarot, et on va finalement se coucher. Demain, retour vers le nord, direction
San Sebastian.

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