mardi 1 février 2011

Way back


Salut à tous,

Hier on est allé voir un film surprenant, puisqu'il est à la fois exceptionnel et un peu raté. Je m'explique.

Il s'agit des Chemins de la liberté (the Way back), avec notamment Ed Harris et Colin Farrell. Un film adapté du récit paraît-il réel (mais de façon controversée) d'un mec s'étant échappé d'un goulag en Sibérie pendant la guerre, en compagnie d'une demi-douzaine de prisonniers, afin de rejoindre la Chine, pour ensuite la traverser, vue que cette dernière était aussi communiste que l'URSS. La moitié d'entre eux parviendront à rejoindre l'Inde, après s'être coltiné le désert de Gobi et l'Himalaya. Une bonne petite balade, quoi. Tout cela à pieds, je précise parce que sinon ça n'a pas grand intérêt.

Il est réussi parce que l'histoire, vous l'avez compris, est assez exceptionnelle, et j'espère que l'histoire du type n'est pas du pipeau, parce que ça enlèverait beaucoup de charme à ce récit incroyable. J'ai toujours été passionné par ces histoires de longues marches, de ces longs voyages à pieds qui façonnent l'homme comme peu de choses le font, et qui lui font ressentir à la fois l'immensité du monde et l'infinie profondeur de ses propres ressources. Admettons que l'on marche 10 heures par jours à 5 km/h, soit 50 kms par jour. A ce rythme - très - soutenu mais faisable quand vous avez le KGB aux fesses, il faudrait seulement 10 jours pour faire Paris-Strasbourg, mais il en faudrait 50 pour aller à Moscou. Et ça, c'est quand vous êtes un sportif accompli. J'ai pas réussi à calculer la distance qu'ils ont fait, mais en gros, d'après le film, ils ont fait ça. De quoi vous faire dépenser quelques bonnes tatanes de marche.

Quand j'étais gamin, j'avais écris l'histoire d'un écuyer contraint de traverser l'Afrique au Moyen-Âge, à une époque ou seul le nord de ce continent était connu. Lorsque je travaillais à la Samaritaine, j'avais aussi lu l'histoire de Bernard Ollivier, qui avait traversé l'Asie dans le sens de la largeur cette fois, suivant la Route de la Soie, joignant la Turquie à la Chine à 60 ans, en marchant trois mois par ans sur quatre années. Un récit qui m'avait bluffé. Depuis, je rêve de faire un truc comme ça. Je me contenterais dans un premier temps d'un Paris-Mont-Saint-Michel qui me paraît à peu près dans mes cordes. Enfin, après pas mal d'entraînement.

Il est donc réussi, ce film, pour ça, cette belle histoire, ces personnages excellemment joués, des paysages évidemment splendides et une très belle musique aussi.

Et il est raté parce que certains passages sont littéralement escamotés. Ne lisez pas la suite si vous voulez le voir hein, par contre si vous ne voulez pas le voir (ce serait dommage) ou si vous l'avez déjà vu, et bien continuez.

Ainsi, leur évasion est traitée en 30 secondes. Ils passent du "on va couper le générateur" à "courez, les chiens arrivent", et hop ils sont tous seuls dans la forêt sibérienne. En gros, on passe de la Grande Evasion à la Minuscule Evasion. C'est un concept, c'est moins long mais un peu frustrant.

Ensuite c'est super, même si on a parfois l'impression que l'URSS n'avait pas d'habitant à cette époque. Oui c'est un pays immense, mais quand même... y a vraiment personne quoi. En même temps ils étaient tous au front, j'imagine, mais quand même. Jamais ils ne sont en danger d'être rattrapés, les seuls problèmes qu'ils subissent sont alimentaires et/ou climatiques. M'enfin bon, tant mieux pour eux.

Ah, et l'autre truc qui promettait d'être épique et spectaculaire et qui passe à l'as, c'est l'Himalaya. Le film vient de parler du désert de Gobi pendant une heure, ils y ont enterré deux personnes, ils arrivent à Lassa et là on leur dit "faites gaffe les gars, c'est l'hiver, il va neiger, attendez trois mois avant de grimper l'Himalaya". Tu m'étonnes Youri, je vais pas aller me faire tuer sous une congère de 3 tonnes à un pas du bol de vodka après avoir déjà perdu trois orteils en Sibérie... Qu'à cela ne tienne, ils y vont quand même. Tu te dis alors qu'ils sont cinglés, qu'ils vont en baver comme rarement, sûrement subir des avalanches, des tempêtes, des engelures, des Yétis, enfin Tintin au Tibet quoi, vous voyez le genre. C'est surement arrivé, mais on ne le saura jamais : le plan d'après leur départ, les voilà en train d'être accueillis par des paysans indiens qui leur font un triomphe. Ah ok, bon ! Ben bien joué les gars ! Y a du y avoir un micro climat, chais pas, bref.

Malgré tout c'est plutôt un bon film, allez. A voir quoi !

Je vous laisse.

4 commentaires:

Zaza a dit…

Entièrement d'accord avec toi ! J'ai beaucoup aimé le film dans son ensemble (pour les même raisons épiques ect que j'affectionne au cinéma) mais effectivement l'évasion est bâclé ! Pour preuve, j'ai mit plusieurs minutes à savoir quels étaient les personnages qui avaient suivi Ed Harris et Collin Farrel ! Quant à la traversé de l'Himalaya, vu ce que je savais du film avant de le voir, je pensais que ça serait une grosse partie du film ! Terrible, horrible ! Et en fait non... rien...

Mais bon, la traversé du désert rattrape un peu le truc... Enorme !

Zaza a dit…

La semaine dernière il y avait un documentaire en 5 parties sur France 5. Un couple de jeune marié, comme toi et moi, qui décident de se faire Paris-Jérusalem à pied sans argent, sans CB, sans rien. C'était pas mal du tout !

Gildas Devos a dit…

On est jeunes mariés nous ? :p

Mais ils ont vécu de quoi alors ?

Zaza a dit…

De la gentillesse des gens (qui change beaucoup d'un pays à l'autre d'ailleurs) mais aussi de chose ramasser de ça et là (genre un paquet de biscuit retrouver sur le bord de la route et rempli de fourmis, des tomates après un marché...). Pareil pour les dodos, c'était soit l'accueil des gens soit à la one again. Ils ont même dormit dans un chiotte public ! En Suisse, certes, donc propre, mais quand même !