lundi 31 janvier 2011

Sports non antinomiques


Salut à tous,


En ce dernier jour de mercato footesque, durant lequel les agents de joueurs deviennent fous, les joueurs font la grève de l'entraînement pour partir, les clubs font de l'esbrouffe pour faire monter les prix et les médias spécialisés spéculent dans tous les sens, et pas toujours dans le bon, parlons un peu de hand, comme tout le monde.

C'est vrai que ça fait du bien, que c'est frais, que ça change. Ca fait un peu penser, au niveau de l'émotion, à ces révolutions dans le monde arabe, ces peuples opprimés qu'on n'entendait jamais, nulle part, privés qu'ils étaient de la moindre liberté de parole, ignorés, voire moqués. Aujourd'hui, comme les nageurs ou les athlètes cet été, ils profitent à la fois du retentissement de leurs résultats assez ahurissants et de la faillite des footballeurs français qui, rappelons le tout de même, sont les seuls DANS LE MONDE à ne pas chanter leur hymne et à arriver au stade avec un casque sur les oreilles. Tout simplement parce que les écouteurs, ça n'existe qu'en France, surtout pas en Espagne ou en Allemagne où, du coup, ils jouent mieux au foot. Logique, non ?

Hier, j'ai vibré. Bon je dois le reconnaître, je n'ai pas vibré autant que lors du dernier PSG-OM, que j'ai pourtant suivi de relativement loin, mais certainement plus que lors de la dernière finale de la Coupe du Monde de foot (faut préciser quel sport, vu qu'on a trois sports majeurs en France maintenant), où j'étais neutre puisque non concerné patriotiquement. J'avais pas envie, pour tout vous dire, d'assister à la première défaite en finale des Bleus au hand depuis quatre compétitions, pour une fois que je regardais. Et puis bon, j'avais quand même sacrément envie qu'ils gagnent. Le but des Danois à 5 secondes de la fin, il m'a grave énervé. Et pourtant, j'avais des raisons non objectives et peu avouables de souhaiter leur défaite, mais je les ai repoussées tant bien que mal. Mais aujourd'hui, en ce jour de célébrations, elles réclament leur dû, ces saloperies. Alors, sans leur donner raison, je les écoute.

Le problème, c'est pas qu'on ait gagné au hand, qu'on ait la meilleure équipe du monde depuis 10 ou 20 ans dans ce sport que j'ai d'ailleurs côtoyé plutôt agréablement au collège, comme beaucoup de gens ma génération. C'est un sport extrêmement spectaculaire, donc terriblement télégénique, un sport accessible presque à tous, puisque les petits peuvent aisément jouer sur les ailes par exemple - moins universel que le foot, quand même, parce que les grands y ont malgré tout naturellement leur place - et très prenant physiquement. Difficile d'y vivre, en tant que spectateur, des moments d'ennuis comme ça arrive fréquemment en foot ou même au rugby. C'est tout l'intérêt de ces sports co en salle (hand, basket, volley) : ils sont intenses, et de façon régulière. C'est ce qui les dessert peut-être aussi un peu : du coup, les moments d'émotions y sont peut-être un peu dilués. Dans les sports de gazon, on va dire, les changements de rythme sont souvent des occasions d'exulter peut-être plus importants, puisque plus rares. En gros, en salle l'émotion est esthétique, due aux beaux gestes quoi, et parfois à des fins de match un peu tendues (en tous cas toutes les fois que j'ai regardé les Bleus ça a été le cas), alors que sur herbe elle est évènementielle. Quand elle est présente, ce qui n'est pas garanti au foot (cf le nul entre Monaco et Marseille hier), et parfois même au rugby.

Non, ce qui m'énerve c'est la comparaison qu'on fait avec le foot. Ouais, les handballeurs ils sont plus sympas, ils chantent la Marseillaise (sauf Onesta, qui ne peut pourtant pas être accusé d'être un mauvais Français), ils signent des autographes à l'aéroport, etc. C'est la même chose que dans un de mes posts précédents : si vous leur refilez la même médiatisation, les mêmes enjeux économiques et les mêmes modes de vie qu'au foot, et accessoirement les mêmes résultats, ils seront nettement moins sympas. Au final, ça se joue à ça : des enjeux financiers - l'argent, toujours ce putain de blé de merde - et des résultats. En 1998 ou en 2006, les footeux français étaient aussi sympas et accessibles qu'en 2008 ou 2010. mais ils gagnaient, donc personne ne l'avait relevé. A l'inverse, il est forcément plus aisé d'être accessible et agréable quand vous gagnez que quand vous perdez. Imaginez si Ribéry était allé pour signer des autographes à l'aéroport, au retour de l'Afrique du Sud, je pense qu'il aurait eu un succès plus que relatif. Et pas seulement à cause de la grève de Knysna : ça aurait été la même chose en 2008 ou en 2002. Quand t'es favori et que tu perds, tu rentres chez toi la queue entre les jambes, pas en fanfaronnant.

Ce qui me rend dingue, c'est que les médias ne peuvent pas s'empêcher de comparer. Il faut toujours qu'il y ait un côté méchant dans les célébrations, de moqueur pour ceux qui, eux, ne gagnent pas. On ne pourrait pas juste savourer ce triomphe incroyable, sans chercher sur qui taper pour augmenter ce bonheur, en l'occurence la facilité, à savoir le foot ? Moi perso, ça me gâche le plaisir : j'ai envie d'être heureux, mais comme je me sens aussi ostracisé parce que j'aime toujours le foot, ben je savoure pas des masses. C'est apparemment soit l'un, soit l'autre. J'ai pourtant envie d'aimer le hand comme le foot, mais j'ai l'impression qu'aujourd'hui, c'est pas possible, on n'a encore moins le droit que d'habitude. C'est dire si on n'a vraiment pas le droit du tout.

En tous cas je vais essayer d'aller voir les Bleus l'an prochain à Londres, et j'essaierai aussi d'y voir un match de foot, parce qu'il n'y a pas plus beau pays pour le faire.

Je vous laisse, et allez les Bleus !

PS : tapez les Experts dans Google image, ils n'ont pas encore réussi à dépasser la notoriété de ceux qui portaient ce nom en premier :p Va falloir trouver un autre non les gars !

2 commentaires:

Zaza a dit…

Moi j'arrive sans scrupule à aimer les 2. Heureusement que je fais fit de ce que les médias racontent. C'est-à-dire soit cracher sur des footeux auparavant adulés, soit aduler des handballeurs auparavant ignorés... Peu m'importe ! Je sais pourquoi j'aime l'un et l'autre, je sais aussi ce que j'aime pas chez l'un et puis voilà !

Gildas Devos a dit…

J'aimerais faire fis aussi mais bon... c'est pénible. je peux pas m'empêcher d'être énervé par les facilités journalistiques !