Hello !
Oui je sais, je vous néglige. Pourtant, on est loin des fameuses sept années censées être fatidiques dans une histoire d'amour... et c'est bel et bien ce qu'il y a entre toi et moi, public, pas vrai ? Mais voilà, des fois l'éloignement renforce les liens, c'est la muscu du coeur.
Et puis j'ai aussi été pas mal occupé quoi, voilà. Excuse usée jusqu'à la moelle, et pourtant pas complètement idiote dans ce cas. J'ai pas mal bossé, et puis je suis sorti aussi, j'ai vu mes amis, qui ont insisté pour me fêter mon anniversaire, mon Amour est revenu de sa contrée lointaine, alors on sort, et puis voilà, le temps passe. Mais le temps où je vous abandonnerai n'est pas encore né de la dernière pluie, qui s'y frotte s'y casse.
Pleins de trucs également m'arrivent en ce moment, c'est que parfois la vie se souvient qu'elle m'a refilé un billet d'entrée pour sa nouba intercontinentale, et semble soudain me dire "ah tiens t'es là toi, alors tu te fais chier dans ton coin ? Pose ton bol de cacahuètes et viens danser, bougre de couillon". Et le fait est que je l'ai posé, ce bol, même si je ne suis pas encore prêt à dévergonder mon corps surhumain à la vue de tout le monde. Cependant, les rires qui m'ont secoué hier au Théatre Comedia, devant la comédie musicale
Spamalot, ramenée des Etats-Unis par PEF, peuvent éventuellement s'apparenter à une danse du plaisir. Et les trois gouttes de larmes qui ont mouillé ma paupière gauche devant
la Rafle, un peu plus tôt dans l'après-midi, un évènement guère fréquent chez moi, a remué d'autres choses en moi.
Le coup du bol de cacahuètes est à peine une métaphore puisque je suis à la diète depuis mardi matin. J'ai décidé de me passer d'un régime précis, d'un médecin qui me suivrait ou quoi ou qu'est-ce. Tout simplement parce que je n'ai besoin de personne, au fond, pour savoir ce qu'il me faut pour mincir : du temps, déjà, beaucoup de temps, au moins un an à mon avis pour retrouver des proportions "acceptables" ; manger moins gras et moins tout court pendant les repas, tout en ne négligeant pas les féculents, qui vont être les garants de ma santé mentale durant les prochains mois ; et enfin, et surtout, principale, essentielle et indispensable mesure radicale, ne plus manger entre les repas. Finito, les pains au chocolat, les paquets de gâteaux, compagnons si charmants de mes après-midi au boulot, bref tout ce que ce foutu occident offre à un névrosé de la nourriture comme moi pour qu'il se sente mieux durant chaque heure, chaque minute, chaque seconde, et ce pour seulement quelques euros.
Et depuis mardi, je tiens, inch allah. Bien sûr, mercredi, soir où je n'ai pu couper - avec délice cependant - aux desserts d'anniversaire, politesse oblige, et hier soir, à l'Hippo, je me suis coltiné des repas un peu au-dessus de ce que je m'étais autorisé. Mais en revanche, entre les repas, à part quelques fruits, nada, zéro, rien. Et pourtant, ce n'est pas facile tous les jours, des fois ça l'est, étrangement, mais ce soir j'étais vraiment mal dans le rer qui me ramenait chez moi. Des boulettes à la ratatouille et au riz plus tard, ça va mieux, mais dans ces moments où mon ventre me lance, ma tête est à la fois mon pire ennemi et mon meilleur allié.
Face à ce creux fictif qui me tire le bide, toutes mes bonnes résolutions se font entendre de très loin. Elles hurlent leur sermon, mais je les entends si bas, si étouffées, alors que la petite voix dans ma tête qui me dit "un truc, seulement un truc peut te rendre heureux, et tu le sais. Alors vas-y, le G20 est à côté", elle, je l'entends super bien, en stéréo THX machin tout ça. D'habitude, je ne la discutais pas, parce que je savais que ça ne servait à rien d'aller contre elle, elle était seule, monopolistique. Aujourd'hui elle a une opposition, aussi sexy qu'une porte de prison en porte-jarretelle. Mais pour l'instant, elle tient. Elle se fait bouger, plie mais ne rompt pas. Et j'ai complètement confiance en elle, elle va tenir.
Je dis qu'elle n'est pas sexy, cette voix, voire cette voie, parce que je trouve souvent les gens qui ont minci plus tristes qu'avant. Laurent Weil, le journaliste ciné de Canal, Forest Whitaker, Karl Lagerfeld... voire moi-même il y a 8 ans, ont tous l'air fatigués, quand on se rappelle de leurs visages débonnaires d'avant leur régime. ils sont très certainement plus heureux, cassent moins de chaises, ne paient qu'une place en avion et inquiètent moins leurs proches, mais leur tête fait moins envie, je trouve.
Je sais que toute ma vie, la petite voix sera là. Quand je m'ennuie, quand je déprime, quand je pense trop, elle est là pour me montrer la voie, sa voie. Et je sais qu'elle sera toujours là parce qu'il ne s'agit pas d'apprendre à manger, les lipides, les oligo-machins chais pas quoi, je sais que c'est plus profond, moins de chair que d'esprit, et que ça ne se guérit pas chez un médecin du corps. Mais il faudra bien que je cesse de l'écouter. Qui sait, un jour peut-être, elle se lassera et fermera sa gueule, tel Gollum baissant (provisoirement ?) la garde devant Smeagol.
Je vous laisse.