jeudi 23 septembre 2010

Cube


A y est, on est installés, et on attend. Tous debout, évidemment, face à la porte, les mains le plus souvent jointes devant soi. On est quoi, une petite quinzaine de personnes, à vue de nez, avec pour chacun d'entre nous moins d'un mètre carré pour exister. Mais ce n'est pas embêtant, parce qu'on n'a vraiment pas envie de bouger. Si on bouge, on risque de toucher son voisin, le frôler, et de devoir lui glisser un discret "pardon" avec un sourire froid et un regard furtif. Ou inversement.

Pour atteindre l'ascenseur, on est tous sorti de la ligne 13, et on s'est engouffré dans le couloir indiquant le RER A. Les habitués sont les premiers, ils savent que dans cette direction - Levallois - il faut sortir du milieu du deuxième wagon pour se retrouver face au couloir. Les autres doivent se taper une partie du quai avant de l'atteindre, et arrivent parfois trop tard, l'ascenseur se trouvant alors soit trop rempli - mais ça ne fait pas peur à tout le monde, certains tiennent tellement aux 30 secondes fatidiques séparant les deux ascenseurs qu'ils sont capables de rentrer dans le tas pour se faire une petite place - soit déjà parti. Moi ça fait plus de deux ans et demi que je le prends entre deux et quatre fois par semaine, c'est la routine quoi.

Dans ce couloir sentant furieusement la pisse, été comme hiver, c'est la course. Beaucoup de femmes, indisposées par l'odeur, se couvrent le nez avec leurs foulards. Parfois, il faut éviter les sans-abris allongés sur le sol, sur des journaux, un réchaud à leur côté. Comme dans l'ascenseur quelques secondes plus tard, les regards se font fuyants. Ceux qui sont pressés courent, sachant qu'à partir du moment où l'ascenseur a détecté qu'un pied a foulé son sol poisseux, il déclenche le chrono. Vingt-sept secondes, c'est ce qui reste aux autres pour le rejoindre, avant que la sonnerie ne se fasse entendre pour annoncer que les portes se referment dans trois secondes. S'il détecte qu'il est plein, ou que ça fait un moment que personne d'autre n'est rentré, il se referme avant. La course jusqu'à lui est plus ou moins longue, suivant que c'est un des premiers ou des derniers ascenseurs qui part bientôt. Mais plus il est loin, moins la distance sera longue pour atteindre les tourniquets du RER, une dizaine de mètres plus bas.

On s'entasse dans l'ascenseur. Enfin pas trop, on n'est pas très serré non plus. Quand on est le premier à entrer, la technique c'est de ne pas se mettre au fond - du coup, vous êtes le dernier à sortir, c'est embêtant - mais sur un côté, près de la porte. Comme ça vous ne gênez pas l'entrée, et vous serez un des premiers à sortir. C'est une des règles non écrite des ascenseurs de métro, j'ai remarqué qu'énormément de gens le font.

Une fois installé, donc, on attend que ça se referme, puis qu'on descende. Je voudrais dire qu'il y a du tout, mais à cette heure ci - 19h20 - la population du cube n'est pas très diversifiée : à peu près tout le monde rentre chez lui après avoir travaillé - ou cherché du boulot. En deux ans et demi je n'ai repéré que très peu de visages récurrents, ça doit changer souvent. Il y a peu de vieux, peu de jeunes - de moins de 30 ans, veux-je dire. Des hommes, des femmes, des costards, des tailleurs, pas mal d'ipods et de casques, pas trop de couleurs de peau non autorisées dans le Sarkozistan. Ça sent l'aftershave avarié, la cocotte et la sacoche en cuir. C'est la France qui n'est pas visée par Sarkozy : blanche, avec trois générations françaises derrière elle, catholique et dotée d'un pouvoir d'achat pas encore trop plombé. La middle class, un truc comme ça.

La descente dure cinq secondes, mais elles en paraissent trente. Tout le monde dans la même direction, à regarder la porte, le plafond ou ses godasses. Pas un regard se croise, les sourires sont rarissimes, à quoi serviraient-ils en même temps ? Ça serait un peu ridicule d'avoir une banane d'un kilomètre si personne te regarde. On dit tout le temps que personne ne sourit dans le métro parisien, c'est vrai, mais j'ai déjà vu le métro marseillais et les tramways nantais et bordelais, et des gens pêtés de rire, j'en n'ai pas vu beaucoup. C'est vrai que des fois, je me rends compte que mon visage n'exprime pas spécialement la joie, mais faudrait déjà que ce soit une posture naturelle, et quand t'es plongé dans tes pensées ou dans un bouquin, c'est pas évident de se concentrer sur le mode "sourire". Alors j'essaie d'arranger ça, mais pas sûr que ça dure longtemps.

Dans ce cube, on partage le même espace, tout en restant retranché dans le sien. Moi perso j'aime bien regarder les gens, de toutes façons je ne risque rien, ils ne me regardent pas. Et puis je risque quoi ? Soit il me le rend - ce serait bizarre car rare - soit il m'ignore et retourne dans sa lecture de l'Expansion. J'essaie souvent d'imaginer ce qui se passerait si on se retrouvait coincé plusieurs heures à l'intérieur. On serait alors obligé de se regarder, de se parler. Une certaine solidarité, espérons-le, s'installerait, et on se serrerait un peu les coudes. Si la situation ne s'arrangeait pas, la vraie personnalité de chacun s'exprimerait. Il y aurait des leaders, des râleurs, des faibles, des forts, des philosophes. Pas seulement une poignée de ce que la Société peut créer de plus ordinaire, de plus sage et de plus propre parmi ses locataires au long cours, sans histoire, sans un mot plus haut que l'autre. Ce seraient des êtres humains, qui auraient du mal à faire s'exprimer leurs qualités plutôt que leurs défauts. Mais les deux s'exprimeraient, ça c'est sûr.

Rien de tout ça durant les cinq secondes de descente. Pas un vêtement n'aura été froissé durant le voyage, qui n'aura formé aucune jeunesse. Les portes s'ouvrent, et on s'éparpille, comme si on n'avait pas eu ce point commun d'avoir confié nos vies en même temps à la même machine de la RATP. Le lendemain on le refera peut-être, mais on ne se reconnaîtra sans doute pas, ni le surlendemain ni jamais. Mais c'est pas pour ça qu'on le vit mal, c'est aussi ça, le confort urbain.

Je vous laisse.

lundi 20 septembre 2010

On n'a pas aimé


Salut à tous,

Comme vous le savez, ça fait cinq ans que je commente des matches sur internet. Ça ressemble même furieusement à du jour pour jour, puisque j'ai débuté en septembre 2005, par un Lens-Strasbourg je crois, qui avait fait (1-1). Le boulot a vachement changé en 5 ans. D'abord on a déménagé trois fois, en débutant par des petits locaux garnis de cartons à Montreuil, à l'époque où le site n'appartenait qu'à sa co-fondatrice, Astrid, qui m'avait engagé. C'est elle qui m'a appris la signification du sigle "ASAP"... Celle-ci a ensuite revendu sa boîte au Figaro, et on s'est installé vers 2006 dans les locaux de l'Expansion, vers les Grands Boulevards, d'où on a commenté la Coupe du Monde. Ensuite, il y a genre trois ans, on a déménagé dans les locaux même du Figaro, dans le même coin, d'où j'ai commenté, par exemple, un Monaco-Marseille, le soir même de l'élection de Sarkozy... on avait eu droit à des plateaux repas, mais je vous raconte pas l'ambiance festive qu'il y avait ce soir là, alors que perso j'avais plutôt le cafard. Inutile de dire que tout le monde s'en foutait, de mon match, et que j'aurais pu raconter mes vacances, personne ne s'en serait rendu compte.

Au début, les lives en ligne n'étaient pas très répandus, et y avait plus de boulot que maintenant. A l'époque, par exemple, on devait rédiger une présentation (une PR) à envoyer deux jours avant le match. PR supprimée assez vite, car rédigée en interne, voire plus du tout. Ensuite, on devait préparer des commentaires d'avant-match qu'on devait ensuite mettre dans le live. Donc on avait beaucoup plus de boulot avant que maintenant. Aujourd'hui, on a deux liens à mettre, ça prend trois minutes chrono. Ça fait des pépettes en moins aussi, accessoirement.

Aujourd'hui, le live est évidemment beaucoup plus moderne. Pour les compos par exemple, on a qu'à choisir le système, puis faire glisser les joueurs dedans. A noter qu'il est quand même moins au point que celui créé par mon boss et un webmaster stagiaire pour son site, alors qu'eux ont les moyens du Figaro... par exemple il faut arrêter le chrono à 45 minutes, sinon les minutes en trop se reportent à la deuxième mi-temps... enfin bref, c'est quand même beaucoup mieux.

Le seul point commun à tout ça, c'est le compte-rendu - le CR - à rendre quelques minutes après le coup de sifflet final. Mais il y a eu des changements quand même. Par exemple, la première année on choisissait nous même la photo, qu'on devait redimensionner et commenter. Ça prenait un temps fou, et les CR étaient en ligne trop tard, donc ils s'en sont vite chargé eux-même. Aujourd'hui on n'a plus qu'à rédiger notre truc - pendant le match même, un exercice périlleux et stressant, mais on s'y fait - puis le mettre dans un article déjà prêt, et hop, après une rapide relecture, c'est en ligne en moins de 10 minutes.

C'est surtout la structure du CR qui a changé. Avant c'était un article comme un autre, titre, chapeau, premier paragraphe, deuxième paragraphe, et voilà. Ensuite on nous a demandé de faire plus court, mais de développer dans un troisième paragraphe, le jeu et les joueurs. Pas de problème. Mais depuis l'année dernière, nouvelle évolution, et c'est à ça que ce long pensum voulait venir (désolé). On doit faire encore plus court (mais ça s'assouplit assez vite, et les 10 lignes réglementaires par paragraphe sont régulièrement dépassées) et développer trois sous paragraphes : l'homme du match, la tactique et... on n'a pas aimé.

Les deux premiers ça va, pas de problème, même si c'est pas toujours très pratique de juger un match qu'on a vraiment regardé à quoi... 10 % ? Les milieux défensifs, par exemple, on ne les voit pas, vu qu'en général, quand on écrit, on ne lève la tête que quand la voix des commentateurs s'élève, c'est-à-dire quand ça attaque. Mais le troisième, c'est l'enfer. Vous me connaissez, faut pas me pousser beaucoup pour râler, critiquer, etc. Mais ça ne marche pas sur commande, c'est pas automatique. Je m'appelle pas Lucchini moi, suffit pas d'appuyer sur un bouton pour que j'ai un truc à dire. Sachant que je me refuse de critiquer les arbitres, qui ont rarement le beau rôle, surtout qu'ils sont les seuls à ne pas avoir de ralentis, que ça ne sert à rien de critiquer un jeune qui s'est planté, comme l'a fait l'Equipe sur le jeune défenseur lillois Vandam, dont le match face au Sporting Portugal a été qualifié d'"effroyable", et que les portes ouvertes me donnent rarement envie de les enfoncer, cf Domenech, le choix, du coup est limité.

C'est surtout que les avis à chaud, sur un match, ça sert à rien. Comme dirait l'autre, y a pas de vérité en foot, et surtout pas sur un seul match. Pourquoi je dirais qu'un joueur est nul s'il a raté son match ? S'il en met trois lors du prochain, j'aurais l'air couillon. Même chose dans le sens inverse.

Au fond, faut que je fasse quoi ? Si la pelouse est pourrie, chuis sauvé. Si un entraîneur s'est montré trop défensif, c'est pour moi. Mais si un attaquant rate tout devant le but, j'ai du mal, parce que voilà, ça sert à rien, c'est trop facile. En France, on critique les buteurs exclusifs, on aime pas les égoïstes, mais si y en a un qui ne marque pas, il se fait tailler aussi. Pas évident d'être attaquant dans ce pays. Sauf si t'as plein de potes dans les médias, comme Henry par exemple, là ça va mieux. Bref, le fait est que dans 80 % des cas, j'ai rien à dire. Du coup je met un truc bidon, et parfois je cède à la facilité, forcément. Parce que je n'ai pas le temps de trouver mieux.

Ce qui m'énerve, c'est ça, c'est le fait qu'on cherche, qu'il faut trouver des polémiques là où il n'y en a pas. Dans l'Equipe ils font pareil maintenant : quand ils parlent d'un match, y a le compte-rendu, et ensuite, dans un encadré, y a l'"avis de l'envoyé spécial". C'est-à-dire que dans son article il a été neutre, et dans l'encadré il peut se lâcher à être faux cul, partial, imprécis, populiste, tout ce que vous voulez. Mais c'est pas grave hein, ça compte pas, c'est dans l'encadré, c'est pour rire. Du coup, souvent on y lit des âneries énormes, et des avis définitifs qui seront contredits dès que possible, comme par exemple ce WE, où la jeunesse sochalienne est mise à l'honneur, ben ouais ils ont gagné, mais aussi où celle de Montpellier est critiquée - normal, ils ont perdu ! C'est la génération internet, la loi du genre aujourd'hui, la dictature de l'immédiat, de l'éphémère, de l'avis jetable, recyclable. Et ça fait un peu chier de ne pas pouvoir toujours y couper, mais je m'accroche :p

Je vous laisse.

jeudi 16 septembre 2010

Comparons ce qui n'est pas comparable


Salut à tous,

Allez, vous l'avez compris, je dois me changer les idées. Mais comment ? C'est plus facile de faire croire qu'on ne déprime pas plutôt que de ne plus déprimer vraiment.

En même temps, ai-je réellement des raisons de déprimer ? Tout est relatif, et on peut toujours comparer des situations à d'autres pour minimiser leur importance. Par exemple, cette nuit j'ai entendu aux infos que le nombre de morts de faim dans le monde était passé en dessous du seuil du milliard ! 925 millions ! Mais c'est génial ça ! Fabuleux ! Elle est où la bouteille là, y a de quoi faire la fête non ? On va inviter les enfants qui meurent de faim toutes les six secondes, ça les changera de leur ordinaire si éphémère.

Je ne meurs pas de faim, donc, j'en suis même carrément loin. Ce serait plutôt l'inverse en fait... Je ne suis pas riche, mais je me maintiens encore au-dessus du seuil de pauvreté, j'ai un salaire tout ce qu'il y a de plus basique - si on considère que le SMIC, c'est la base de tous les salaires - , et même un peu plus si on compte mes piges. Heureusement qu'elles sont là d'ailleurs, vu que mon boss me doit deux ans et demi de remboursement de carte orange, zone 4, et deux 13es mois... A vue de nez, ça nous fait du 3500 euros environ. Pas mal, non ?

J'ai la santé, pour l'instant. J'ai perdu 16 kilos environ, je n'ai pas de diabète, pas trop de tension, j'ai juste un manque capillaire de plus en plus prononcé et un tablier ventral imposant. Quant au cœur, j'en saurais plus dans les prochains jours, mon rendez-vous c'est lundi. Demain matin, je fais ma polygraphie ventilatoire nocturne. Moi qui ne voit jamais de médecin, parce que j'en ai jamais besoin, voilà que je passe la moitié de mon temps à l'hosto où à des rendez-vous médicaux... ça doit être vendu avec la trentaine, je pense.

Je vis dans un pays formidable, celui qui a créé les Droits de l'Homme, et qui a illuminé les cinq derniers siècles de son génie culturel et de son humanisme. Un pays qui est - fut - un modèle pour nombre de pays en quête de démocratie et de rayonnement international. Je veux dire, j'ai quand même la chance d'habiter à 17 kilomètres à vol d'oiseau de Paris, à 4 heures du Mont-Saint-Michel, et à moins d'une heure de RER de la résidence du plus grand génie politique de notre temps, le Ghandi de Neuilly, la merveille des merveilles... Nicolas Sarkozy. Mais pourquoi donc prends-je la peine de le nommer ? Vous l'aviez deviné évidemment. Alors peu importe aujourd'hui si la presse non française et italienne se rit de nous, que l'Union Europe nous traite comme une vulgaire dictature anciennement communiste, genre le Turkménistan ou le Bélarus, que le Pape ou Fidel Castro (!) nous donnent des leçons d'humanité... Grâce à notre phare d'un mètre 68, nous restons la lumière que suivent, hagards et aveuglés, tremblants et rampants - tant qu'ils ont leur papiers et ne posent pas trop près leurs caravanes - les autres peuples qui n'en peuvent mais.

Alors c'est sûr, mon appart est à Versailles ce que Fabrice Pancrate est à Lionel Messi. C'est terriblement petit, et c'est encombré de cartons en plus. Les 14 m², on ne les utilise pas vraiment. Mais enfin, c'est un toit pas vrai ? L'hiver je n'ai pas encore eu besoin d'une tente Queshua pour m'en sortir (je touche du bois). Maintenant, si vous avez un plan d'appart en zone deux de Paris, ça m'intéresse.

J'ai des amis formidables, aussi. Et puis j'ai mon Amour. J'ai ma famille, qui n'est pas loin. Et en plus, je suis sur le point d'aligner mon troisième titre de champion du Danemark sur l'Entraîneur 5, quelques semaines après avoir atteint les 8es de finale de la Coupe UEFA en ayant éliminé Feyenoord avec mon petit club de Skjold... j'ai gagné ma troisième Coupe du Danemark, aussi. Et ce dans un championnat où les jours non communautaires sont limités (ce qui est général dans la réalité, mais pas dans le jeu), ce qui complique sérieusement les choses. Si ça ce ne sont pas des raisons de faire des bonds en l'air de joie, hein ! C'est que je ne m'y connais plus en joie.

Je vous laisse.

mardi 14 septembre 2010

Bulles


Salut à tous,

Voilà, une semaine sans message... non pas que j'ai rien à dire, c'est juste que je ne prends pas le temps de le faire. J'ai régulièrement des idées de posts, quelle que soit l'heure de la journée, mais à ce moment là je suis rarement sur mon ordi, et quand j'y suis je fais mes stats, je joue à l'Entraîneur...

Y a des moments comme ça où je suis content d'avoir ces échappatoires, quand ça va moins bien, que le blues guette. Pour être honnête avec vous, mais ça ne va pas vous étonner, ces moments où ma tête se vide pour penser à autre chose qu'à la vie, la réalité, sont des bouffées d'oxygène, des grandes respirations. Il faut que je pense à autre chose, que je pense tout court. je ne supporte pas d'avoir rien à penser d'intéressant. Dès que je me retrouve avec moi-même, face à la réalité, avec des trucs réels comme sujet de réflexion, je flippe, c'est pas dur. Instantanément, je cherche un truc pour m'échapper, n'importe lequel, sans même y réfléchir. Ça vient, c'est tout, comme les vases communicants. C'est là pour remplir le vide, dès qu'il y en a. Comme l'était la bouffe avant (-16 kilos depuis début mai), la drogue ou l'alcool pour d'autres, ces choses qui masquent la réalité. Moi, non seulement ça la masque, mais ça la remplace.

J'ai mes jeux, bien sûr. L'Entraîneur, où on manage un club de football avec tout ce qu'il y a autour, le jeu mais aussi l'administratif, les transferts... une vie virtuelle, très prenante, que j'ai du mal à quitter en général. D'autres ont World of Warcraft, Second Life (je sais pas si ça existe encore ça mais bon)... moi j'ai l'Entraîneur. J'ai aussi Halo et Civilizations IV, que j'ai déjà évoqué aussi. Même chose, on y vit une vie virtuelle mais tellement plus intéressante que la vraie. En tous cas en apparence. Et sans conséquences véritables. Oui oui, c'est une forme de lâcheté, aucun doute là-dessus. On se défausse tous d'une façon ou d'une autre, de façon plus ou moins intense. Certains le font sur les étrangers pour gagner des élections, moi je pense à gagner des championnats, zigouiller des extraterrestres ou envahir des pays pour ne pas penser à mes papiers d'assurance, de banque, etc. Il y aussi, bien sûr, ceux qui aiment la vie, l'affronter, la vie, danser avec. Ce sont les plus heureux, a priori. je devrais les envier, mais ai-je réellement envie d'être heureux ? Le bonheur, ça ressemble souvent à un déguisement. Pas toujours, mais souvent.

Il y a la lecture, bien sûr. L'Equipe, le Canard Enchaîné de temps en temps... ou mes bouquins. Ça, c'est quand même la forme de bulle de pensée la plus commune, la moins bizarre. Je ne lis que dans le RER, ou quasiment. Chez moi, c'est soit l'ordi, soit la télé. Si je lis sur mon lit, je dors, donc je ne vois pas l'intérêt.

J'ai aussi mes histoires, que je me raconte depuis l'enfance. A l'époque, ça remplaçait le concept de copains ou de copines, de camaraderie. Je me racontais des histoires, souvent à voix haute, dans mon coin, dans la cour, sans que personne ne me calcule. Ou s'ils le faisaient, je ne m'en rendais pas compte. Un jour, au primaire, notre instit n'était pas là et on avait donc été envoyé dans une classe supérieure, mais on ne suivait pas le cours. Je me suis donc mis à dessiner, et je suis parti dans une histoire passionnante, tellement intense que je me suis mis à parler tout haut, tout en dessinant mes personnages. L'instit de la classe m'a alors sorti de ma bulle, montrant mon dessin aux élèves, et je me suis rendu compte que toute la classe me regardait, pouffant de rire. Une des grandes hontes de ma vie à l'époque, aujourd'hui je trouve ça plutôt touchant. Je ne regrette pas d'avoir été un gamin asocial, enfin pas complètement. Le problème, c'est que ça ne m'a pas du tout préparé à la vie en société, et j'ai toujours l'impression de patiner quand je dois la gérer.

C'est quoi mes histoires ? C'est ce que j'aurais du, depuis un moment maintenant, réussir à publier, au moins à écrire. Dès que j'ai un instant de libre, un moment à moi, elles reviennent. Tant que je ne les ai pas écrites, elles sont là. A chaque fois, de nouveaux éléments s'y collent. J'ai réussi à en écrire une, je l'ai même imprimée en plusieurs exemplaires, pour la faire lire à ceux que ça intéressaient, mais il est un peu raté, trop touffu, avec des phrases interminables et des digressions à n'en plus finir. A retravailler, quoi. En attendant, cette histoire là me laisse tranquille, si tant est qu'elles me dérangent, ce qui n'est pas le cas.

Y en a une autre, à laquelle je tiens beaucoup, et qui m'accompagne, pour tout vous dire, depuis l'adolescence. J'en ai traité une partie en BD, à l'époque, mais je ne dessine quasiment plus, ou occasionnellement dans un carnet, quand je n'ai rien à lire dans le RER, ou durant les dernières vacances. Et la suite de cette histoire - en fait, c'est son prequel... - m'occupe l'esprit presque toujours quand je suis seul dehors, et que je n'ai rien à faire. Je ne parle plus seul, mais je suis toujours ce gamin qui s'occupe la tête comme il peut, pour repousser la laideur extrême de ce monde. Peut-être que le jour où j'aurais fini d'écrire cette histoire - je le fais très occasionnellement -, je serais devenu adulte.

Je vous laisse.

mardi 7 septembre 2010

Hôpital de jour


Salut à tous,

Hier, je passais donc ma journée à la Pitié Salpêtrière, dans le cadre de mon régime. J'avais calculé que j'allais devoir me lever avant 6 heures donc j'aurais bien voulu me coucher relativement tôt, mais comme je bossais jusqu'à minuit... c'est avec les yeux légèrement décalés par rapport à leurs orbites que je suis parti, alors qu'il faisait encore nuit. Sortir de chez moi en pleine nuit, j'avais l'impression d'être au mois de décembre. Sauf que j'étais (encore pour quelques jours, voire quelques semaines si on est chanceux) en bermuda et t shirt.

J'arrive à 7h20 boulevard de l'hôpital, sous une légère bruine, et un ciel magnifique, mélange de nuages menaçants et de soleil levant. Je me dirige vers le bâtiment où j'ai rendez-vous habituellement, mais là on me dit qu'en fait l'hôpital de jour c'est ailleurs. Je vais donc dans un autre bâtiment, porte 24, comme on m'a dit, mais là on me dit qu'il faut rentrer par une autre porte. Je sors, emprunte une entrée un peu cachée, je monte, et là on me dit que j'ai oublié de me faire admettre, je dois aller aux admissions. Hop, tout en pensant étrangement aux 12 travaux d'Astérix, je file aux admissions, je m'inscris, et je remonte, enfin en règle et au bon endroit.

Je me fais accueillir par une infirmière très sympa, elle me pèse, puis elle me dit qu'elle va devoir me piquer, et me demande quel bras je préfère. Étrange demande, je ne savais même pas qu'on pouvait avoir un bras préféré pour la piqure. Je lui fais comprendre que je m'en fiche et que je ne suis pas fan de ça, que d'habitude c'est une boucherie, parce qu'on ne trouve jamais mes veines, bien cachées sous mon gras. Mais évidemment, elle est habituée, et elle fera de cette boucherie une boucherie allemande, une delicatessen quoi. C'est sûr, la sensation est désagréable, mais elle l'a fait en une fois. Par contre elle se met à remplir une demi-douzaine de tubes. Pour détendre l'atmosphère, et pour affronter mon stress, je lui demande de ne pas me vider, s'il vous plaît. Ça la fait marrer, avant de remplir encore quatre tubes. Si je perds pas du poids avec ça...

Ensuite, je vais faire des tests. D'abord un scanner, qui va mesurer mon taux de graisse et de muscle. Je reste donc 10 minutes en caleçon, t shirt et chaussettes, sur une table qui va et vient, et sous un truc qui me reluque de la tête au pied, comme personne ne l'a jamais fait. J'ai alors tout le temps de me remémorer l'époque de mes 20-25 ans, j'étais déjà bien épais mais pas comme maintenant, j'avais plein de cheveux, et je mangeais comme si l'avenir de la planète en dépendait. Le jour, la nuit, l'après-midi... des sandwiches, du fromage blanc ou pas blanc, des McDo... tout, tant que ça ne sortait pas de la mer et que ce n'était pas des légumes. Et je me suis dis que, même si je n'enfumais personne en mangeant, le fait de m'être lâché pendant 20 ans comme peu de gens, je n'étais pas mieux que les fumeurs qui ne s'occupait pas des autres, qui ne s'intéresse souvent qu'à leur petit confort, qui sortent une clope dès la descente d'un TGV, enfumant ainsi les pauvres types attendant que leur Amour descende du même train, alors qu'on est toujours dans un endroit public. C'était quand même sacrément égoïste de s'empiffrer comme ça, et d'en faire payer à la société les conséquences quelques années plus tard. Certes, c'est de l'ordre de la maladie, mais bon... je me sentais sacrément con de mobiliser tant de personnes juste parce que je vidais un frigo par jour quand j'étais jeune.

Une fois cette séance d'auto flagellation électronique terminée, direction une autre pièce, où là encore je dois m'allonger (mais habillé) sur un lit, une fille me fout une cloche sur la tête et me dit mécaniquement que ça va mesurer combien de calories je dépense au repos en une journée, ça dure une demi-heure. Là, je regrette de ne pas avoir pris l'Equipe ou Charlie Hebdo (la cloche est transparente). J'essaie alors de récupérer mon sommeil en retard, mais il est rare que j'arrive à m'endormir en étant sur le dos, avec de la lumière, habillé, et avec un truc qui appuie, même légèrement, sur mes épaules. Ma claustrophobie légère n'arrangeant évidemment pas les choses. Mais les 28 minutes (j'ai regardé sur l'ordi à la fin) passent finalement vite.

Je meurs de faim (je suis à jeun depuis la veille au soir) et le petit déj que l'on m'offre semble sortir d'un conte de fée. J'engloutis en quelques instants merveilleux mon chocolat, mon petit pain beurré et confituré, et mon jus d'orange, j'appelle mon Amour pour des nouvelles communes (elle était chez Pôle Emploi), et hop une nutritionniste m'alpague. Là je lui répète ce que j'ai déjà dis lors des deux rendez-vous précédents, et elle me dit qu'on se revoit pour l'atelier cuisine. Puis je vois un médecin externe (un étudiant quoi) qui me pose les mêmes questions, mais avec un angle légèrement plus médical. Il fait ça le nez collé à son ordi, j'ai donc l'impression d'avoir un entretien avec une oreille. Il a intérêt à bien la laver le matin... Il me demande notamment si j'ai des allergies (non), si je fume (non), si je bois (non), si je ronfle (oui), si je pète... non ça il ne l'a pas demandé, étonnant d'ailleurs. En même temps il me demande si j'ai des problèmes de transit (après une demande de précision, je dis non), c'est pas si loin. Il me demande si j'ai des migraines (oui) et si j'ai des douleurs au thorax après un effort (parfois), et je file ensuite passer un ECG.

J'y retrouve l'infirmière de ce matin qui me colle des ventouses sur le torse ("je vais vous épiler, vous allez pouvoir me détester"), après m'avoir mis le bras dans un de ces trucs qui se gonflent pour mesurer la tension. Cinq fois assis, deux fois debout (en fait 4 ou 5, vu qu'elles avaient autre chose à faire...). Ça fait incroyablement mal, j'ai même préféré la piqure et l'enlevage de ventouses. Mon bras en porte encore les (légères) stigmates.

Une fois tout cela terminé, il est 11 heures, je me retrouve assis dans le couloir, en compagnie d'une demi-douzaine de personnes qui ont également du abuser de la demi-baguette au beurre et au camembert. La nutritionniste surgit et nous emmène à l'atelier. Imaginez une ligne de gros marchants à un rythme plus ou moins assuré dans la rue. Je crois, mais de l'extérieur ce n'était peut-être pas évident à cause de ma taille, que j'étais le moins gravement touché par l'obésité.

On se retrouve dans une cuisine, où une petite femme à tête d'oiseau, Mireille, nous attends. Pendant plus de deux heures, on va faire un sauté de veau aux légumes et un gâteau à la banane, qu'on devra manger après. D'accord ! Elle va nous poser une multitude de questions sur notre façon de cuisiner, nous apprenant quelques trucs (la maizena et la farine, c'est aussi calorique, même chose pour toutes les huiles sans exception...), mais autant vous dire que je ne suis pas souvent intervenu. Il y avait 5 femmes - cinq au foyer - et deux hommes, dont moi - le deuxième, un Turc au look de vieux beau italien, se faisant un plaisir de faire rire ces dames avec ses anecdotes culinaires - et moi, avec ma cuisine sans four et sans évacuation pour faire cuire de la viande... j'ai tout de même été étonné en constatant que personne de l'assistance ne savait qu'on pouvait faire cuire de la viande sans la moindre matière grasse, simplement en faisant chauffer la casserole avant, un truc que mon Amour m'a appris. Évidemment, cette bonne réponse de ma part n'a pas servi ma modestie légendaire.

Cependant, on se met à table à 13h30, alors que je commence à tourner de l'œil, sachant qu'on parlait de bouffe depuis 2h30 et que la cuisine embaumait le veau et le gâteau. Ensuite, le challenge consistait à manger en au moins 20 minutes. D'accord, il y avait une entrée (des tomates pour moi), un plat (sauté de veau, légumes, courgettes et semoule), un fromage et un dessert, mais pour moi ça reste un challenge. Imaginez moi prenant des pauses entre chaque bouchées, regardant l'horloge pour voir si je suis en avance ou pas... mais j'y suis arrivé. Pendant ce temps, on a parlé entre gros de problèmes de gros, les difficultés à s'habiller (pour ma part, tant que Decathlon fera des t shirt XXXXL à 2 euros 50, je serais sauvé, c'est plus dur pour les pantalons), les deux places à prendre dans l'avion (étonnement général), le regard des autres, le fait qu'aux États-Unis la société semble presque faite pour les obèses... intéressant et instructif. Rafraîchissant aussi, parce qu'il est difficile d'avoir ce genre de conversation décomplexée avec des gens pas complètement concernés par le sujet, et dans un pays où certaines émissions de télé déshabillent des filles et les soumettent au regard de passants dans la rue pour les humilier sur leurs mini bourrelets...

On retourne dans notre couloir, à attendre que la nutritionniste et un médecin nous reçoivent individuellement. Je lis, je m'endors la bouche ouverte (la classe internationale), je regarde mes mails... le temps passe, imperceptiblement. Finalement, la nutri me reçoit, pour me dire que d'après mes examens et le régime que je suis en ce moment, la seule véritable recommandation qu'elle devrait me faire c'est de faire du sport. Elle me confie qu'elle me voit mal en licra à faire du step, de la gym ou de la danse africaine (certes), disciplines chapeautées par l'hôpital. Elle me demande ce que je pourrais faire, je lui dis que j'aimerais bien trouver des gens sur internet pour faire du foot dans des parcs le WE, mais sachant que l'hiver c'est compliqué, et qu'en plus je bosse un jour sur deux le WE... elle me conseille de courir un peu, juste un peu au début, avant d'augmenter un peu à chaque fois.

Elle me dit également que mes examens ont montré que je dépensais 2700 calories par jour au repos (!), et que j'avais une masse graisseuse de 36 % (pour 20-25 normalement chez les hommes), et que c'était très peu. Elle me répète donc plusieurs fois que je suis très musclé. Mmmh oui, je vois où tu veux en venir, poupée... Elle me dit donc qu'à 120 kilos, je serais très bien, à condition de perdre surtout de la graisse, moins du muscle (que j'ai à profusion, apparemment). Pour cela, je dois manger plus de protéines (sacrifice ignoble, n'est-ce pas), et faire du sport.

Je retourne ensuite voir mon externe, qui cette fois me regarde en parlant. Il me dit les mêmes choses, sauf que lui a le résultat de mon ECG. Il a vu une légère anomalie, peut-être due à une artère bouchée - corroborée par mes douleurs au thorax - , et je dois donc prendre rendez-vous quelque part pour un examen d'effort. Le fait que je ronfle et que j'ai mal à la tête sont également des signes d'apnée du sommeil, je vais donc également devoir passer un examen. Tout cela pour dire que je ne devrais peut-être pas courir deux fois par semaine, mais plutôt marcher d'un pas soutenu. Ok, bon.

Voilà, je sors ensuite, soulagé, pas vraiment inquiet, avec un nouveau rendez-vous début novembre. Je repasserais bien une journée comme ça, pour tout dire... j'ai été parfaitement traité par tout le monde, c'était convivial, intéressant... bon, si ça pouvait commencer plus tard, sans piqure ni rien, ce serait encore mieux :p En tous cas, vive l'hôpital ! J'espère que les dégâts que le gouvernement s'apprête à faire sur ce service public, entre autres, sera limité. En plus j'aime bien cet hôpital, et ses vieux bâtiments en brique, ça m'a rappelé l'Angleterre toute la journée.

Je vous laisse.

jeudi 2 septembre 2010

Action délétère


Salut à tous,

Je crois que sur l'actualité franco-française, voire au-delà, cet été a été particulièrement pourri. Complètement nase, cet été actu, une catastrophe totale. En dehors des incendies russes ou portugais, ou dans le sud de la France, l'évènement marquant, selon moi, est l'entrée de la France dans le clan toujours aussi fréquenté des pays jouant avec les Droits de l'Homme comme avec un ballon de foot. On tape dedans, on le salit, on le traîne dans la boue, mais on arrête pas de dire qu'on l'aime, qu'on le respecte, qu'on n'est rien sans lui...

Dire ce que je pense de ce gouvernement et de son action nécessiterait trop de place, de temps et de gros mots pour que je puisse m'y atteler maintenant, alors que je déguste une pause bien méritée. Mais je peux essayer de synthétiser, même si ce n'est pas mon point fort... Sarkozy a été élu sur le thème que tout devenait possible. Un slogan qui, comme tous les slogans, est complètement vide de sens, et donc est un fourre-tout intersidéral. Tout devient possible ? Tout le monde peut être riche alors ? En tous cas, on ne peut plus être pauvre ? Et ce, qu'on soit blanc, noir, jaune, femme, homme ? Et militant de gauche, on peut aussi ?

Ça fait trois ans qu'on déguste Sarkozy et sa bande de baltringues populo-xénophobes, avec l'aide bienveillante de quelques socialistes peu regardants sur la déontologie politique (Kouchner, Besson). La stigmatisation des étrangers dans la soit-disante montée en flèche de l'insécurité ne date pas d'hier, mais plutôt de l'arrivée de Sarkozy au ministère de l'intérieur, en 2002, rien que ça. Huit ans, donc, qu'il s'occupe de l'insécurité, qu'il se relève les manches. Le paradoxe, c'est qu'il ne cesse de se charger de ce sujet, mais qu'il continue de l'utiliser à des fins électorales, ce qui veut surtout dire que son action est inefficace. Il le sait d'ailleurs, jamais il n'a eu l'intention de tuer la poule aux oeufs d'or. Le jour où il n'y aura plus d'insécurité, il n'y aura plus de flics, ni d'élection victorieuse pour la droite, et ça forcément ce n'est pas envisageable.

Depuis cet été, c'est officiel : il y a, selon Sarkozy, Frédéric Lefèvre, Hortefeux et compagnie, un lien direct et avéré, chiffres (bidons) à l'appui, entre immigration et insécurité. Avant, ça se voyait dans la politique du gouvernement, maintenant c'est dit avec des mots, pour la première fois depuis 80 ans. Peu importe que la France ce soit, de tous temps, et notamment au siècle dernier, construite et/ou reconstruite grâce aux immigrés, qui ont rarement piqué les boulots bien payés aux Français. Ils ne veulent plus d'immigrés, alors ils les accusent de tous les maux. Quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu'il a la rage.


Les Roms ont fièrement remplacé les Maghrébins (Hervé Morin)
envoyé par LCP-AN. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

On peut surtout se poser une question : en admettant que les chiffres brandis par Hortefeux sur la délinquance des Roumains à Paris (259 % en plus loool) soient exactes, qu'est-ce qui a poussé le probable futur maire de Vichy (!) à chercher ? A commander cette enquête ? C'est tout ce qui caractérise ce gouvernement infâme : les préjugés. C'est également le même mécanisme qui a permit au ministère de l'immigration de voir le jour. Créer un ministère sur un sujet, c'est créer un problème là où il n'y en a pas. Le jour où le ministère des roux sera créé, j'ai quelques amis qui pourront se faire du souci.

Sarkozy et ses branquignoles, comme la tradition de droite l'exige, aime bien rouler des mécaniques, montrer qu'avec eux ça ne rigole pas, que rien ne passera. Sauf que quand t'analyses l'action du gouvernement, il y a une constante inébranlable : ils ne s'attaquent qu'aux petits, aux faibles, aux sans défenses, en général des minorités qui n'ont rien demandé, et s'inclinent devant les puissants. Récemment encore, Gnafron Ier justifiait le fait de ne pas s'attaquer à la richesse, voire même de leur servir la soupe avec le bouclier fiscal, était nécessaire pour les garder dans le pays. On ne prète qu'aux riches, on n'invite qu'eux aussi. Moins de risque qu'ils fouillent dans le frigo ou piquent l'argenterie, j'imagine. C'est pourtant ce qu'ils font.

Schématisons : pendant que les flics courent après les prostitués, les sans papiers, les femmes voilées, les supporters du PSG et maintenant les gens du voyage, cette dernière action ne découlant qu'à la suite d'un seul fait-divers causé par une bavure policière (!), la France fait tout pour garder ceux qui sont censés investir en France, garantir la richesse du pays. Mais si la France profitait vraiment de ces grandes fortunes, ça se saurait. Des gens qui ont les moyens de payer beaucoup d'impôts, mais qui ont l'autorisation de ne pas en payer beaucoup, sur le seul critère que eux sont solvables.

C'est moche. C'est très très moche. D'une laideur mamouthesque. Et c'est comme ça depuis 2007, voire avant. En fait, c'est ce que font toutes les sociétés du monde depuis la nuit des temps, puisque la droite a presque toujours dirigé le monde, mais là c'est carrément assumé, revendiqué. Les pauvres, au panier à salade, aux riches, la salade. Et on pourra me dire ce qu'on veut, mais jamais je n'arriverais à trouver la moindre petite parcelle de "courage politique" dans ce que le gouvernement fait subir aux gens du voyage et aux Roms en ce moment. Au point que la France soit moquée par les Etats-Unis (!), et inquiète l'Union Européenne et le Vatican. Oui mais c'est ça de créer les Droits de l'Homme et d'avoir, a une époque (révolue depuis 50 ans), fourni au monde les plus grands esprits, philosophes et autres intellectuels. Ça donne une responsabilité, que la France d'aujourd'hui, xénophobe, crispée, vieillotte, piétine avec une endurance qu'on ne lui connaissait plus. Aujourd'hui, il n'y a qu'un pays qui nous soutienne, c'est l'Italie de Berlusconi et de la Ligue du Nord.

Je vous laisse.

mercredi 1 septembre 2010

Sur le pont...


Salut à tous,


Retour du foot sur ce blog, ça fait un bail. En même temps on n'a pas parlé de grand chose durant ce mois d'août... pourtant, y avait de quoi faire, mais j'y reviendrais.

Le mercato s'est terminé hier, et je viens de passer la matinée à rentrer tous les transferts qui ont eu lieu hier. Vous qui suivez le foot, tous les six mois on nous dit qu'il ne se passe rien, que c'est calme... je vous invite donc à regarder cette page. Y a pas qu'en Europe de l'ouest qu'on recrute, c'est partout. Et encore, cette liste est loin d'être exhaustive, on aura des surprises lors des prochaines semaines, mois, voire... années.

D'ailleurs, là où on s'est le plus amusé question transferts en France, ce n'est ni à Lyon, ni à Marseille (quoique... on a bien rigolé quand même), Paris ou Bordeaux... non, c'est à Arles-Avignon. Club complètement néophyte en Ligue 1, et pour cause : il a 14 mois d'existence.

Arles-Avignon est le fruit de la fusion entre Arles, qui est monté en Ligue 2 il y a un peu plus d'un an, et Avignon (sans blague ! Dingue !), qui lui fournira le stade nécessaire pour évoluer à ce niveau. Cette année, Arles-Avignon a recruté 18 joueurs. Oui oui, 18. Parmi eux, six seulement ont déjà joué en Ligue 1, dont un seul l'an passé (Fabien Laurenti) ! En revanche, dire qu'ils n'ont recruté que des vieux, c'est faux : un seul (Basinas) a dépassé les 30 ans.

En fait, Arles-Avignon a recruté comme moi, et sans doute d'autres le font également, je recrute quand je prends un tout petit club dans un jeu de manager de foot. Quand t'arrives dans un petit club, et que tu veux monter (ou, dans le cas d'AA, de se maintenir), t'as pas un rond. Alors, soit tu achètes des joueurs vraiment pas chers, soit tu regardes les joueurs libres de tout contrat. Et là tu trouves toujours de bonnes affaires.

Le fait est que sur le papier, l'équipe de Michel Estevan, qui a presque assisté en spectateur au mercato de son club, ce qui est rarement bon signe, il faut bien l'avouer, cette équipe a une sacrée gueule, quand même. Elle a ainsi recruté deux défenseurs espagnols, Mejia et Pavon, qui ont été formés au Real Madrid, tout simplement. Ils comptent respectivement 57 et 167 matches avec le Real, en 4 et 7 saisons, et le second, 30 ans, a gagné trois Ligas et la Ligue des Champions en 2002 avec Zidane et compagnie. Un défenseur qui compte 125 matches de Liga et 39 matches de Coupe d'Europe, pas sûr qu'Arles ou Avignon aient rêvé d'avoir un joueur de cet acabit dans leurs effectifs.

Ils ont également recruté Camel Meriem, ancien international français (trois sélections), et surtout, surtout, deux champions d'Europe grecs de 2004, et pas les coupeurs de citrons hein : sans doute les deux meilleurs joueurs de l'équipe à l'époque, avec Zagorakis, Angelos Basinas et Angelos Charisteas (deux anges à Avignon, la cité des Papes...). Alors c'est sûr, le premier est un peu cramé, et n'a joué que 44 matches depuis juillet 2008, dont 17 la saison passée avec Portsmouth. Et le second, qui a, je vous le rappelle avec aigreur, marqué le but qui éliminé les Bleus en quarts de finale de l'Euro 2004 (1-0), mais aussi le but vainqueur en finale, totalise 85 sélections avec la Grèce (24 buts), et a inscrit 26 buts en 121 matches de Bundesliga. Bon ok, il n'a marqué que quatre fois durant les deux dernières saisons... mais il n'a que 30 ans, et même chose : c'est quand même un client, qui pourrait en faire souffrir plus d'un cette saison.

Et puis merde quoi, c'est quand même du beau monde ! C'est quand même pas banal de voir réunis tant de joueurs avec des CV remplis comme ça ! Ils n'ont pas gagné la Coupe Intertoto là... Chais pas moi, cette équipe me fascine, elle me fait vraiment penser à l'Entraîneur. En général, dans le jeu ça marche. Sauf qu'on fait ça au début, quand il faut monter. Quand t'es en haut, tu recrutes autre chose... mais quand même. Pas sûr que Caen ou Brest, les deux autres promus, auraient craché sur ces recrues.

Arles-Avignon a monté 5 divisions en 6 ans, avec le même entraîneur. Et l'an passé, ils avaient fait le même style de mercato, pour, à l'époque, se maintenir en Ligue 2 (et au final, monter). Comme cette année en Ligue 1, ils avaient le plus petit budget de Ligue 2, et ils avaient recruté notamment André Ayew en prêt (aujourd'hui titulaire à Marseille), Kaba Diawara, Junior Dalé (parti depuis en Roumanie et à l'époque prêté par Auxerre), ou Sébastien Piocelle, pour les plus connus. Une ribambelle de prêts et de contrats d'un an, qui ont permit de créer l'exploit. Sauf que tous ces mecs là, hormis Piocelle, de retour en Ligue 1 après 5 ans de galère dans les divisions inférieures italiennes après avoir frôlé les Bleus il y a une dizaine d'années, sont repartis dans leurs clubs ou pointer au chômage. Quand ceux qui les ont remplacés seront adaptés et habitués les uns aux autres, allez, ils peuvent faire quelque chose de marrant. En tous cas j'adorerais. Enfin, s'ils pouvaient encore perdre juste un match, le prochain, au Parc des Princes...

Je vous laisse.