lundi 20 septembre 2010

On n'a pas aimé


Salut à tous,

Comme vous le savez, ça fait cinq ans que je commente des matches sur internet. Ça ressemble même furieusement à du jour pour jour, puisque j'ai débuté en septembre 2005, par un Lens-Strasbourg je crois, qui avait fait (1-1). Le boulot a vachement changé en 5 ans. D'abord on a déménagé trois fois, en débutant par des petits locaux garnis de cartons à Montreuil, à l'époque où le site n'appartenait qu'à sa co-fondatrice, Astrid, qui m'avait engagé. C'est elle qui m'a appris la signification du sigle "ASAP"... Celle-ci a ensuite revendu sa boîte au Figaro, et on s'est installé vers 2006 dans les locaux de l'Expansion, vers les Grands Boulevards, d'où on a commenté la Coupe du Monde. Ensuite, il y a genre trois ans, on a déménagé dans les locaux même du Figaro, dans le même coin, d'où j'ai commenté, par exemple, un Monaco-Marseille, le soir même de l'élection de Sarkozy... on avait eu droit à des plateaux repas, mais je vous raconte pas l'ambiance festive qu'il y avait ce soir là, alors que perso j'avais plutôt le cafard. Inutile de dire que tout le monde s'en foutait, de mon match, et que j'aurais pu raconter mes vacances, personne ne s'en serait rendu compte.

Au début, les lives en ligne n'étaient pas très répandus, et y avait plus de boulot que maintenant. A l'époque, par exemple, on devait rédiger une présentation (une PR) à envoyer deux jours avant le match. PR supprimée assez vite, car rédigée en interne, voire plus du tout. Ensuite, on devait préparer des commentaires d'avant-match qu'on devait ensuite mettre dans le live. Donc on avait beaucoup plus de boulot avant que maintenant. Aujourd'hui, on a deux liens à mettre, ça prend trois minutes chrono. Ça fait des pépettes en moins aussi, accessoirement.

Aujourd'hui, le live est évidemment beaucoup plus moderne. Pour les compos par exemple, on a qu'à choisir le système, puis faire glisser les joueurs dedans. A noter qu'il est quand même moins au point que celui créé par mon boss et un webmaster stagiaire pour son site, alors qu'eux ont les moyens du Figaro... par exemple il faut arrêter le chrono à 45 minutes, sinon les minutes en trop se reportent à la deuxième mi-temps... enfin bref, c'est quand même beaucoup mieux.

Le seul point commun à tout ça, c'est le compte-rendu - le CR - à rendre quelques minutes après le coup de sifflet final. Mais il y a eu des changements quand même. Par exemple, la première année on choisissait nous même la photo, qu'on devait redimensionner et commenter. Ça prenait un temps fou, et les CR étaient en ligne trop tard, donc ils s'en sont vite chargé eux-même. Aujourd'hui on n'a plus qu'à rédiger notre truc - pendant le match même, un exercice périlleux et stressant, mais on s'y fait - puis le mettre dans un article déjà prêt, et hop, après une rapide relecture, c'est en ligne en moins de 10 minutes.

C'est surtout la structure du CR qui a changé. Avant c'était un article comme un autre, titre, chapeau, premier paragraphe, deuxième paragraphe, et voilà. Ensuite on nous a demandé de faire plus court, mais de développer dans un troisième paragraphe, le jeu et les joueurs. Pas de problème. Mais depuis l'année dernière, nouvelle évolution, et c'est à ça que ce long pensum voulait venir (désolé). On doit faire encore plus court (mais ça s'assouplit assez vite, et les 10 lignes réglementaires par paragraphe sont régulièrement dépassées) et développer trois sous paragraphes : l'homme du match, la tactique et... on n'a pas aimé.

Les deux premiers ça va, pas de problème, même si c'est pas toujours très pratique de juger un match qu'on a vraiment regardé à quoi... 10 % ? Les milieux défensifs, par exemple, on ne les voit pas, vu qu'en général, quand on écrit, on ne lève la tête que quand la voix des commentateurs s'élève, c'est-à-dire quand ça attaque. Mais le troisième, c'est l'enfer. Vous me connaissez, faut pas me pousser beaucoup pour râler, critiquer, etc. Mais ça ne marche pas sur commande, c'est pas automatique. Je m'appelle pas Lucchini moi, suffit pas d'appuyer sur un bouton pour que j'ai un truc à dire. Sachant que je me refuse de critiquer les arbitres, qui ont rarement le beau rôle, surtout qu'ils sont les seuls à ne pas avoir de ralentis, que ça ne sert à rien de critiquer un jeune qui s'est planté, comme l'a fait l'Equipe sur le jeune défenseur lillois Vandam, dont le match face au Sporting Portugal a été qualifié d'"effroyable", et que les portes ouvertes me donnent rarement envie de les enfoncer, cf Domenech, le choix, du coup est limité.

C'est surtout que les avis à chaud, sur un match, ça sert à rien. Comme dirait l'autre, y a pas de vérité en foot, et surtout pas sur un seul match. Pourquoi je dirais qu'un joueur est nul s'il a raté son match ? S'il en met trois lors du prochain, j'aurais l'air couillon. Même chose dans le sens inverse.

Au fond, faut que je fasse quoi ? Si la pelouse est pourrie, chuis sauvé. Si un entraîneur s'est montré trop défensif, c'est pour moi. Mais si un attaquant rate tout devant le but, j'ai du mal, parce que voilà, ça sert à rien, c'est trop facile. En France, on critique les buteurs exclusifs, on aime pas les égoïstes, mais si y en a un qui ne marque pas, il se fait tailler aussi. Pas évident d'être attaquant dans ce pays. Sauf si t'as plein de potes dans les médias, comme Henry par exemple, là ça va mieux. Bref, le fait est que dans 80 % des cas, j'ai rien à dire. Du coup je met un truc bidon, et parfois je cède à la facilité, forcément. Parce que je n'ai pas le temps de trouver mieux.

Ce qui m'énerve, c'est ça, c'est le fait qu'on cherche, qu'il faut trouver des polémiques là où il n'y en a pas. Dans l'Equipe ils font pareil maintenant : quand ils parlent d'un match, y a le compte-rendu, et ensuite, dans un encadré, y a l'"avis de l'envoyé spécial". C'est-à-dire que dans son article il a été neutre, et dans l'encadré il peut se lâcher à être faux cul, partial, imprécis, populiste, tout ce que vous voulez. Mais c'est pas grave hein, ça compte pas, c'est dans l'encadré, c'est pour rire. Du coup, souvent on y lit des âneries énormes, et des avis définitifs qui seront contredits dès que possible, comme par exemple ce WE, où la jeunesse sochalienne est mise à l'honneur, ben ouais ils ont gagné, mais aussi où celle de Montpellier est critiquée - normal, ils ont perdu ! C'est la génération internet, la loi du genre aujourd'hui, la dictature de l'immédiat, de l'éphémère, de l'avis jetable, recyclable. Et ça fait un peu chier de ne pas pouvoir toujours y couper, mais je m'accroche :p

Je vous laisse.

4 commentaires:

Zaza a dit…

C'est l'effet Internet, clairement et la mode des com' après les articles...

Mais ce qui est fout c'est que la rubrique pourrait s'appeler "ce que j'en ai pensé" ou "ce que j'ai aimé". Mais non !!! C'est forcement le négatif !! C'est assez dingue !

Gildas Devos a dit…

C'est le cas pour l'encadré de l'Equipe, ça peut être positif, mais ça reste de l'avis éphémère, facilement révisable avec le temps... sans intérêt, mais avec le patin de la sincérité, ça marche.

Zaza a dit…

Non mais je parlais pour Sport 24 quoi. Ils font fort...

Gildas Devos a dit…

Avant-hier, un des mecs nous parlait de son idée de faire deux lives pendant les PSG-OM : un pour les supporters Parisiens, l'autre pour les Marseillais... lool