mardi 7 septembre 2010

Hôpital de jour


Salut à tous,

Hier, je passais donc ma journée à la Pitié Salpêtrière, dans le cadre de mon régime. J'avais calculé que j'allais devoir me lever avant 6 heures donc j'aurais bien voulu me coucher relativement tôt, mais comme je bossais jusqu'à minuit... c'est avec les yeux légèrement décalés par rapport à leurs orbites que je suis parti, alors qu'il faisait encore nuit. Sortir de chez moi en pleine nuit, j'avais l'impression d'être au mois de décembre. Sauf que j'étais (encore pour quelques jours, voire quelques semaines si on est chanceux) en bermuda et t shirt.

J'arrive à 7h20 boulevard de l'hôpital, sous une légère bruine, et un ciel magnifique, mélange de nuages menaçants et de soleil levant. Je me dirige vers le bâtiment où j'ai rendez-vous habituellement, mais là on me dit qu'en fait l'hôpital de jour c'est ailleurs. Je vais donc dans un autre bâtiment, porte 24, comme on m'a dit, mais là on me dit qu'il faut rentrer par une autre porte. Je sors, emprunte une entrée un peu cachée, je monte, et là on me dit que j'ai oublié de me faire admettre, je dois aller aux admissions. Hop, tout en pensant étrangement aux 12 travaux d'Astérix, je file aux admissions, je m'inscris, et je remonte, enfin en règle et au bon endroit.

Je me fais accueillir par une infirmière très sympa, elle me pèse, puis elle me dit qu'elle va devoir me piquer, et me demande quel bras je préfère. Étrange demande, je ne savais même pas qu'on pouvait avoir un bras préféré pour la piqure. Je lui fais comprendre que je m'en fiche et que je ne suis pas fan de ça, que d'habitude c'est une boucherie, parce qu'on ne trouve jamais mes veines, bien cachées sous mon gras. Mais évidemment, elle est habituée, et elle fera de cette boucherie une boucherie allemande, une delicatessen quoi. C'est sûr, la sensation est désagréable, mais elle l'a fait en une fois. Par contre elle se met à remplir une demi-douzaine de tubes. Pour détendre l'atmosphère, et pour affronter mon stress, je lui demande de ne pas me vider, s'il vous plaît. Ça la fait marrer, avant de remplir encore quatre tubes. Si je perds pas du poids avec ça...

Ensuite, je vais faire des tests. D'abord un scanner, qui va mesurer mon taux de graisse et de muscle. Je reste donc 10 minutes en caleçon, t shirt et chaussettes, sur une table qui va et vient, et sous un truc qui me reluque de la tête au pied, comme personne ne l'a jamais fait. J'ai alors tout le temps de me remémorer l'époque de mes 20-25 ans, j'étais déjà bien épais mais pas comme maintenant, j'avais plein de cheveux, et je mangeais comme si l'avenir de la planète en dépendait. Le jour, la nuit, l'après-midi... des sandwiches, du fromage blanc ou pas blanc, des McDo... tout, tant que ça ne sortait pas de la mer et que ce n'était pas des légumes. Et je me suis dis que, même si je n'enfumais personne en mangeant, le fait de m'être lâché pendant 20 ans comme peu de gens, je n'étais pas mieux que les fumeurs qui ne s'occupait pas des autres, qui ne s'intéresse souvent qu'à leur petit confort, qui sortent une clope dès la descente d'un TGV, enfumant ainsi les pauvres types attendant que leur Amour descende du même train, alors qu'on est toujours dans un endroit public. C'était quand même sacrément égoïste de s'empiffrer comme ça, et d'en faire payer à la société les conséquences quelques années plus tard. Certes, c'est de l'ordre de la maladie, mais bon... je me sentais sacrément con de mobiliser tant de personnes juste parce que je vidais un frigo par jour quand j'étais jeune.

Une fois cette séance d'auto flagellation électronique terminée, direction une autre pièce, où là encore je dois m'allonger (mais habillé) sur un lit, une fille me fout une cloche sur la tête et me dit mécaniquement que ça va mesurer combien de calories je dépense au repos en une journée, ça dure une demi-heure. Là, je regrette de ne pas avoir pris l'Equipe ou Charlie Hebdo (la cloche est transparente). J'essaie alors de récupérer mon sommeil en retard, mais il est rare que j'arrive à m'endormir en étant sur le dos, avec de la lumière, habillé, et avec un truc qui appuie, même légèrement, sur mes épaules. Ma claustrophobie légère n'arrangeant évidemment pas les choses. Mais les 28 minutes (j'ai regardé sur l'ordi à la fin) passent finalement vite.

Je meurs de faim (je suis à jeun depuis la veille au soir) et le petit déj que l'on m'offre semble sortir d'un conte de fée. J'engloutis en quelques instants merveilleux mon chocolat, mon petit pain beurré et confituré, et mon jus d'orange, j'appelle mon Amour pour des nouvelles communes (elle était chez Pôle Emploi), et hop une nutritionniste m'alpague. Là je lui répète ce que j'ai déjà dis lors des deux rendez-vous précédents, et elle me dit qu'on se revoit pour l'atelier cuisine. Puis je vois un médecin externe (un étudiant quoi) qui me pose les mêmes questions, mais avec un angle légèrement plus médical. Il fait ça le nez collé à son ordi, j'ai donc l'impression d'avoir un entretien avec une oreille. Il a intérêt à bien la laver le matin... Il me demande notamment si j'ai des allergies (non), si je fume (non), si je bois (non), si je ronfle (oui), si je pète... non ça il ne l'a pas demandé, étonnant d'ailleurs. En même temps il me demande si j'ai des problèmes de transit (après une demande de précision, je dis non), c'est pas si loin. Il me demande si j'ai des migraines (oui) et si j'ai des douleurs au thorax après un effort (parfois), et je file ensuite passer un ECG.

J'y retrouve l'infirmière de ce matin qui me colle des ventouses sur le torse ("je vais vous épiler, vous allez pouvoir me détester"), après m'avoir mis le bras dans un de ces trucs qui se gonflent pour mesurer la tension. Cinq fois assis, deux fois debout (en fait 4 ou 5, vu qu'elles avaient autre chose à faire...). Ça fait incroyablement mal, j'ai même préféré la piqure et l'enlevage de ventouses. Mon bras en porte encore les (légères) stigmates.

Une fois tout cela terminé, il est 11 heures, je me retrouve assis dans le couloir, en compagnie d'une demi-douzaine de personnes qui ont également du abuser de la demi-baguette au beurre et au camembert. La nutritionniste surgit et nous emmène à l'atelier. Imaginez une ligne de gros marchants à un rythme plus ou moins assuré dans la rue. Je crois, mais de l'extérieur ce n'était peut-être pas évident à cause de ma taille, que j'étais le moins gravement touché par l'obésité.

On se retrouve dans une cuisine, où une petite femme à tête d'oiseau, Mireille, nous attends. Pendant plus de deux heures, on va faire un sauté de veau aux légumes et un gâteau à la banane, qu'on devra manger après. D'accord ! Elle va nous poser une multitude de questions sur notre façon de cuisiner, nous apprenant quelques trucs (la maizena et la farine, c'est aussi calorique, même chose pour toutes les huiles sans exception...), mais autant vous dire que je ne suis pas souvent intervenu. Il y avait 5 femmes - cinq au foyer - et deux hommes, dont moi - le deuxième, un Turc au look de vieux beau italien, se faisant un plaisir de faire rire ces dames avec ses anecdotes culinaires - et moi, avec ma cuisine sans four et sans évacuation pour faire cuire de la viande... j'ai tout de même été étonné en constatant que personne de l'assistance ne savait qu'on pouvait faire cuire de la viande sans la moindre matière grasse, simplement en faisant chauffer la casserole avant, un truc que mon Amour m'a appris. Évidemment, cette bonne réponse de ma part n'a pas servi ma modestie légendaire.

Cependant, on se met à table à 13h30, alors que je commence à tourner de l'œil, sachant qu'on parlait de bouffe depuis 2h30 et que la cuisine embaumait le veau et le gâteau. Ensuite, le challenge consistait à manger en au moins 20 minutes. D'accord, il y avait une entrée (des tomates pour moi), un plat (sauté de veau, légumes, courgettes et semoule), un fromage et un dessert, mais pour moi ça reste un challenge. Imaginez moi prenant des pauses entre chaque bouchées, regardant l'horloge pour voir si je suis en avance ou pas... mais j'y suis arrivé. Pendant ce temps, on a parlé entre gros de problèmes de gros, les difficultés à s'habiller (pour ma part, tant que Decathlon fera des t shirt XXXXL à 2 euros 50, je serais sauvé, c'est plus dur pour les pantalons), les deux places à prendre dans l'avion (étonnement général), le regard des autres, le fait qu'aux États-Unis la société semble presque faite pour les obèses... intéressant et instructif. Rafraîchissant aussi, parce qu'il est difficile d'avoir ce genre de conversation décomplexée avec des gens pas complètement concernés par le sujet, et dans un pays où certaines émissions de télé déshabillent des filles et les soumettent au regard de passants dans la rue pour les humilier sur leurs mini bourrelets...

On retourne dans notre couloir, à attendre que la nutritionniste et un médecin nous reçoivent individuellement. Je lis, je m'endors la bouche ouverte (la classe internationale), je regarde mes mails... le temps passe, imperceptiblement. Finalement, la nutri me reçoit, pour me dire que d'après mes examens et le régime que je suis en ce moment, la seule véritable recommandation qu'elle devrait me faire c'est de faire du sport. Elle me confie qu'elle me voit mal en licra à faire du step, de la gym ou de la danse africaine (certes), disciplines chapeautées par l'hôpital. Elle me demande ce que je pourrais faire, je lui dis que j'aimerais bien trouver des gens sur internet pour faire du foot dans des parcs le WE, mais sachant que l'hiver c'est compliqué, et qu'en plus je bosse un jour sur deux le WE... elle me conseille de courir un peu, juste un peu au début, avant d'augmenter un peu à chaque fois.

Elle me dit également que mes examens ont montré que je dépensais 2700 calories par jour au repos (!), et que j'avais une masse graisseuse de 36 % (pour 20-25 normalement chez les hommes), et que c'était très peu. Elle me répète donc plusieurs fois que je suis très musclé. Mmmh oui, je vois où tu veux en venir, poupée... Elle me dit donc qu'à 120 kilos, je serais très bien, à condition de perdre surtout de la graisse, moins du muscle (que j'ai à profusion, apparemment). Pour cela, je dois manger plus de protéines (sacrifice ignoble, n'est-ce pas), et faire du sport.

Je retourne ensuite voir mon externe, qui cette fois me regarde en parlant. Il me dit les mêmes choses, sauf que lui a le résultat de mon ECG. Il a vu une légère anomalie, peut-être due à une artère bouchée - corroborée par mes douleurs au thorax - , et je dois donc prendre rendez-vous quelque part pour un examen d'effort. Le fait que je ronfle et que j'ai mal à la tête sont également des signes d'apnée du sommeil, je vais donc également devoir passer un examen. Tout cela pour dire que je ne devrais peut-être pas courir deux fois par semaine, mais plutôt marcher d'un pas soutenu. Ok, bon.

Voilà, je sors ensuite, soulagé, pas vraiment inquiet, avec un nouveau rendez-vous début novembre. Je repasserais bien une journée comme ça, pour tout dire... j'ai été parfaitement traité par tout le monde, c'était convivial, intéressant... bon, si ça pouvait commencer plus tard, sans piqure ni rien, ce serait encore mieux :p En tous cas, vive l'hôpital ! J'espère que les dégâts que le gouvernement s'apprête à faire sur ce service public, entre autres, sera limité. En plus j'aime bien cet hôpital, et ses vieux bâtiments en brique, ça m'a rappelé l'Angleterre toute la journée.

Je vous laisse.

5 commentaires:

Zaza a dit…

Dès que les examens pour ton coeur nous dirons que tu as rien, je suis ton coach course à pied.

Et ça va chier !!!!

:p

Mona a dit…

ah bah vi t'as du musc' dis donc (38% de Masse Graisseuse moi :p) !
J'suis très contente que ça t'ait plu c'est top ! et tu penses à voir ton truc pour ton coeur hein !!

Morgane a dit…

Continue sur ta lancée !
:x

Damien a dit…

Très intéressante cette journée.
J'espère que tout ira bien pour cette artère bouchée et que ça ne sera rien. Et surtout que tes prochains examens seront de bonnes nouvelles.
Sinon, on a toujours besoin de mecs grands et musclés au Rugby ;) :D

Gildas Devos a dit…

Zaza : purée je me sens pas bien, chais pas pourquoi... :p

Mon : J'ai tjrs pensé que t'avais un corps d'athlète grec :D

Dam : ah ouais pas con :p mais je tiens à ma tronche quand même !