mercredi 18 mai 2011

Bouchon d'infos


Salut à tous,

J'hallucine complet, je plane grave, je suis sidéré. Jamais vu un truc pareil. Vous imaginiez, vous, que cette année 2011, qui s'annonçait aussi banale qu'un album de Michèle Torr, une année de transition qu'il allait bien falloir se taper pour aborder 2012, ses élections présidentielles en France et aux Etats-Unis, son Euro de foot et sa fin du monde, allait être aussi dense au niveau de l'info ? On se croirait sur l'A7 aux environs d'Avignon un 15 août. Ah y a des massacres en Syrie ? Faites la queue, comme tout le monde.

C'est ça, l'Histoire, c'est comme la Nature : elle fait ce qu'elle veut, détruit ce que l'homme a parfois mis des siècles à construire comme si ce n'était que de la poussière à épousseter d'un meuble, prenant ses convenances au mépris de tous les agendas médiatiques et politiques. Y avait rien de prévu de spécial non plus en 2001, lorsque Ben Laden a fait un strike à Manhattan, et l'Histoire humaine s'en est trouvée plus que chamboulée, carrément détournée. Sans le 11 septembre, pas de guerre de civilisations entre l'occident et le monde musulman (pas Arabe, Musulman), pas de montée des idéologies populistes de droite, pas de Bush, pas de Sarkozy... et pas d'Obama non plus, probablement. Bah oui, c'est l'histoire du Yin et du Yang : sans Bush, pas d'Obama. Espérons que ça se passe pareil en France...

On ne peut donc pas dire que depuis une bonne dizaine d'années, et l'avènement d'internet et l'explosion de l'offre médiatique, l'info ait pris du repos. Ces évènements, qui semblaient que survenir tous les 20 ans à l'époque où il fallait parfois des mois pour que les gens des campagnes apprennent, de la bouche d'un marchand ou d'un ménestrel, que le Roi venait de mourir ou qu'une guerre avait été déclarée, se succèdent de plus en plus vite, provoquant des embouteillages médiatiques nuisant à ceux qui ont le malheur d'être pauvres en image où en enjeux économiques. Suivez mon regard vers certains conflits et autres massacres africains. Les centaines de milliers de morts au Rwanda et peut-être, déjà, au Darfour, sont morts en vain et dans le silence le plus complet, ou presque.

Mais cette année, c'est le pompon. Comme si, désespérées par leurs inéluctables chutes vers l'anachronisme, la presse papier ou les médias traditionnels avaient signé un pacte avec l'Histoire pour redresser leurs chiffres d'affaires. Depuis le début de l'année 2011, la quasi totalité du monde arabe, Algérie, Maroc ou Arabie Saoudite exceptés, s'est révolté, parvenant, pour certains pays, à renverser leurs dictatures. Les autres sont depuis embourbées dans des conflits terriblement sanglants, et de moins en moins vendeurs médiatiquement. Il en est où Khadafi, quelqu'un le sait ? Et la rébellion à Misrata, elle est toujours là ? On sait pas, c'est tellement important de savoir ce que DSK a mangé hier soir dans sa cellule qu'on a oublié de regarder.

On était parti pour ne parler que de ça quand le Japon a sombré sous un tsunami puis une crise nucléaire. Même chose, quelles sont les chaînes qui en parlent encore ? A moins qu'ils aient réussi à la boucher, cette foutue fuite ? Deux secondes, je cherche l'heure à laquelle DSK peut se promener, et je vous dis ça. Ou pas. Y a eu Ben Laden, aussi, mais là ça a fait long-feu, parce que DSK. Et c'est vrai que je suis éberlué que tout le monde devant cette affaire, qui encourage toutes les facilités, du genre "s'ils le maintiennent comme ça en taule, c'est qu'ils ont quelque chose " (ok alors, économisons le procès et direct, 70 ans, hop affaire suivante !) ou "et la victime, bordel ?" (idem ! Appeler la plaignante "victime", c'est boucler l'affaire avant l'heure) ou encore "mais non, c'est pas un complot, c'est qu'au cinéma ça !" C'est vrai, y a jamais eu de complot de barbouzes dans l'histoire de la politique. JA-MAIS ! Et me parlez pas du watergate, Clearstream ou de l'affaire Markovic... c'est dans les bouquins d'histoire, donc ça existe pas vraiment. Ou plus vraiment.

C'est ça, l'info, c'est pas un éparpillement des infos, c'est une enfilade, dont celle de tête masque toutes les autres. De plus en plus de catastrophes naturelles, de plus en plus de révoltes et de conflits dans le monde, des caméras partout, y compris dans les téléphones, de plus en plus de chroniqueurs et de journalistes en herbe... la parole s'est libéralisée, démocratisée, et l'image s'est banalisée. Hormis, bien sûr, quand on voit, alors qu'on déguste tranquillement ses chocopops, un des plus puissants homme du monde sortir d'une prison entre deux malabars, les menottes au poings, la chemise défaite. Là, c'est tout sauf banal, mais il n'est pas impossible que ça le devienne. Comme quoi, le progrès, c'est pas automatique, on peut régresser aussi : les accusés défilant au milieu d'une foule avec des panneaux résumant leurs forfaits présumés avant même qu'ils soient jugés, ça se faisait déjà au Moyen-Âge.

Je vous laisse.

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