vendredi 20 mai 2011

La quête du con (pardon)


Voilà, donc comme promis - et je tiens toujours mes promesses, du moins celles que j'ai eu l'imprudence de confier ici - je vais évoquer la Conquête, le film de Xavier Durringer sur l'élection de Gnafron aux dernières présidentielles. Un film évidemment très attendu, notamment parce qu'il est unique en France, et peut-être au monde : c'est vrai qu'aux Etats-Unis, notamment, le rôle de Président a été très souvent utilisé dans les films américains, jusqu'à en faire un héros de film d'action (!), contrairement à la France, mais pas de véritables résidents du bureau ovale, surtout lorsqu'ils sont encore en poste. On a bien vu Nixon au cinéma, sans parler de Kennedy ou Lincoln, mais jamais durant leur mandat (forcément, Lincoln c'était compliqué), ou même juste après. Je n'ai pas souvenir qu'il y ait eu de films sur Clinton, et pourtant y aurait eu quoi faire depuis...

Bref donc ce film est une véritable incongruité, mais ce n'est pas la seule de ce quinquennat qui, reconnaissons-le, risque de ressembler à aucun autre : pas sûr qu'il y ait eu un pays non concerné par une monarchie qui ai eut un chef d'Etat sur le point d'être père durant son mandat... je ne voudrais pas être un journaliste politique en ce moment, va analyser un truc pareil toi... avant les Rois procréaient à tour de bras, et pas toujours dans le cadre de la convenance et de la fidélité, mais vu qu'ils n'avaient pas de réélection à organiser... tout ce qu'on sait, c'est que le peuple fêtait ça en général. Bref, je suis hors-sujet là. C'est rien de dire que je m'en bas les couilles avec ferveur du futur rejeton de la République.

Ce qui est marrant à propos de ce film, c'est le décalage qui a immédiatement immergé entre les avis des journalistes politiques et ceux des critiques cinéma classique. Les premiers, en tous cas ceux que j'ai entendu - ceux de Canal, Apathie et Domenach en l’occurrence, deux qu'on ne saurait a priori taxer de Sarkozysme primaire, ni secondaire d'ailleurs - ont adoré le film : je les ai vus emballés comme s'ils avaient reçu le prix Pullitzer. Et ils ont raison, je dois dire. Le film est hyper fidèle à tout ce qu'ils savaient déjà, sur les anecdotes, les répliques, les histoires entre le clan Chirac et Sarkozy, etc. Les acteurs, eux, sont plus vrais que nature : Villepin est parfaitement réussi, Cecilia aussi, Pierre Cassignard est plutôt convaincant en Frédéric Lefèbvre - quoique ce dernier fait moins intello, et c'est rien de le dire -, mais surtout, surtout... Sarkozy est parfaitement interprété par Podalydès, qui l'imite très bien, ses mimiques, ses mouvements de menton, sa voix... et Bernard Lecoq - non, pas Yves, et pourtant... - est sidérant en Chirac. Il est à se pisser de rire dessus. Il nous fait un Chirac parfait, un peu "audiaresque", à la fois pépère et flingueur, un véritable parrain à la Française. Un régal.

Quant aux critiques, ils ont plutôt pas aimé, car ils ont évidemment jugé le film sur ses qualités cinématographiques. Ils ont raison de le faire : si un film a la prétention de passer dans les salles, c'est qu'il doit en avoir les qualités. Et c'est vrai que pour être honnête, y a de quoi être déçu. C'est évidemment très bavard - moi j'adore, comme j'adore les films politiques comme les récents "Nixon/Frost", ou le promeneur du "Champ de Mars", mais bon, c'est particulier - mais surtout la réalisation manque d'originalité, voire frôle la fainéantise. En fait, on a l'impression que le paquet a été mis dans la direction d'acteur, l'interprétation et les déguisements, plutôt que dans la réalisation.

Mais peu importe, au fond, parce que c'est un régal quand même. C'est vrai que certains sujets sont survolés, voire biffés, comme les raisons pour lesquelles Cécilia se barre - mais voire Sarkozy cocu, rien que ça ça donne envie de ne pas sortir sa carte ciné et de payer quand même pour voir ça -, pourquoi il est comme ça, etc. Bref, les personnages sont ressemblants, parfaitement incarnés mais pas assez travaillés, comme si y en avait pas eu besoin, vu que tout le monde les connait. Ça m'a un peu fait penser au "Coluche" de De Caunes, une succession d'anecdotes sans grands liens entre eux. Mais je vous assure que l'interprétation, et les anecdotes, sauvent le film. Villepin, en fait, est encore plus hystérique que Sarkozy, qui le mène comme un mouton à l'abattoir. Chirac est cabot à souhait. Et puis c'est l'Histoire qui s'écrit sous nos yeux, quoi, c'est le pied ! Le cinéma français s'échine à faire incarner les grands hommes de notre Histoire sans savoir vraiment à qui ils ressemblaient vraiment. On a eu combien de Napoléons ? Regardez ce lien : vous trouvez franchement que Marlon Brando ressemble à Daniel Auteuil ou à Torreton ? Là au moins, on sait que c'est fidèle, ce qui donne vraiment l'impression d'y être, on y croit à mort, et c'est ça qui est bon. Si les personnages avaient été raté, on aurait fuit ce film. Moi j'ai été scotché, j'ai pas vu passer les 2 heures de film. Si vous aimez la politique, vous aimerez. Si vous n'aimez pas la politique aussi, parce que vous serez confortés dans votre opinion :p Donc allez le voir !

Je vous laisse !

1 commentaire:

Zaza a dit…

Moi aussi j'ai beaucoup pensé à Audiard !! Les dialogues sont énormes. On sait que certaines répliques sont vrai, font parti de l'Histoire, mais d'autres sont forcement inventé et elles sont succulentes ! J'avais parfois envie de sortir mon iphone pour les noter tellement c'étai bon !

Ce qui m'a embêté dans la réalisation c'est le côté flash back qui, à la fin, quand forcement le présent se rapproche du flashback, devient très confus : Est-ce le présent ? Le flashbak ?

Mais on a tellement l'impression d'être dans les coulisses de ce qui s'est passé, les déjeuners Sarko/Villepin, les rencontres avec Chirac, les réunions avec les Sarkoboy, c'est du top !