lundi 9 mai 2011

Tonton en mai


Salut à tous,

Même si je suis né un an après l'élection de Giscard et que j'ai donc connu 6 années de son septennant, quand j'essaie d'aller à rebours dans mes souvenirs et mes pensées, mon premier vrai souvenir est celui-ci :

On vivait dans un petit appart un peu sombre dans les Yvelines avec mes parents et mes deux petits frères, et j'avais six années bien tassées. Mes souvenirs précédents se rapportent plus à des flashes et des visions floues qu'autres choses. Je me rappelle de la joie qu'avaient exprimé assez bruyamment mes parents autour de moi. Je me demandais ce que ce type pixelisé et surtout chauve et à la bouche en canard avait de si enthousiasmant pour que mes parents se jettent comme ça dans les bras l'un de l'autre. En tout cas cette image m'a profondément marqué.

Forcément, en ce moment on parle beaucoup de cet évènement, parce que s'en est un. A droite, et c'est de bonne guerre, on dit souvent que c'est les Socialistes qui ont fait plonger la France, notamment avec les 35 heures. Sauf qu'en dehors du fait que les valeurs de droite, notamment le culte du chef et la loi du plus fort, ont été au pouvoir durant toute l'histoire du monde, du moins jusqu'à la Révolution Française, si on fait le compte simplement depuis 30 ans et l'élection de Tonton, la gauche a effectivement dirigé la France durant combien de temps ? La gauche a perdu les élections législatives de 1986, pour récupérer le pouvoir en 1988, jusqu'en 1993 ; ensuite il faut attendre 1997 et la dissolution signée Chirac et Villepin. Cinq années de Jospin plus tard, la droite revient au pouvoir pour ne plus la lâcher. Donc si on prend en compte les gouvernements, les comptes sont équilibrés : 15 années pour chaque camp. Si on compte les présidents, ça fait 14 pour le seul Mitterand, et 16 pour Chirac et Sarkozy. Même si on compte les années non marquées par une cohabitation : 10 à 9 pour la gauche. Les "torts" sont donc extrêmement partagés, sauf si on considère que la France sortait de 36 années consécutives de domination de la droite en 1981... On ne peut donc objectivement pas dire que si la France est dans un état aussi lamentable, ce n'est pas "que" de la faute de la gauche... mon parti pris - et l'Histoire, selon moi - aurait même tendance à me faire affirmer l'inverse.

Surtout, depuis le départ de Mitterand en 1995, qu'est-ce qu'on a eu ? Tout l'inverse. Mitterand, qu'on ait été d'accord ou non avec lui, et choqué ou non par son passé, c'était la France, un arbre, une figure de marbre, un type furieusement intelligent, cultivé et rafiné, d'une autre époque quoi, un des plus grands chef d'état que la France ai eu avec Louis XIV, Napoléon ou De Gaulle. Des gens qui savaient se poster au-dessus de la mêlée, qui essayaient d'avoir une vision pour la France mais aussi le Monde. Mitterand s'est montré essentiel lors de la chute du mur de Berlin, et lors de la réunification allemande. Depuis, et ce n'est pas seulement parce qu'ils sont de droite puisqu'à gauche je ne vois personne capable de lui arriver à la cheville, on se tape des gestionnaires à la petite semaine, incapables d'avoir un autre projet que de réagir plutôt que d'agir, pondre des lois au gré des faits divers, gesticuler quand l'opinion s'agite, et l'agiter quand ils en ont besoin à l'aide de phrases simplistes et populistes. Des bas-de-plafond plus intéressés par le foot et Johnny que par la littérature et la musique de chambre. Bref, ce que la politique peut engendrer de pire, et de plus quelconque aussi.

Depuis 2002, les valeurs humanistes et des Droits de l'Homme ont pris un coup dans la gueule, et pas seulement parce qu'on est entré, depuis le 21 avril, dans un délire sécuritaire et identitaire : c'est aussi parce qu'à la tête du pays il n'y a plus personne pour montrer la marche à suivre, et surtout pour garantir la pérennité de nos institutions et des valeurs séculaires de la France. Les Le Pen existaient déjà avant la mort de Mitterand, dont il a manifestement avantagé la boursuflure pour niquer la droite - il a aussi avantagé la création des mouvements anti racistes, même si ça n'excuse rien - , mais grâce à l'inanité du pouvoir depuis plus de 15 ans, ils ont carrément pignon sur rue, au point que certains partis de gouvernement dont le nom commence par U et fini par MP n'hésitent plus à se servir dans leur catalogue d'idées, si on peut appeler ça des idées. Au point que ça atteint aujourd'hui un des derniers sanctuaires de l'intégration à la Française, et de l'égalité des chances : le sport, et en particulier le football. Même si celui-ci ne semble pas vraiment enclin à l'admettre, au vu de la séance d'enfonçage de têtes dans le sable à laquelle on assiste depuis près de deux semaines.

En même temps, ce genre d'hommes d'état sont par définition rares, sinon ils ne seraient pas qualifiés d'exceptionnels. S'ils se succédaient les uns aux autres, on en parlerait pas... Il est donc logique qu'on doive attendre avant d'en connaître un nouveau. Patience, mes amis... déjà, débarrassons nous des guignols idéologues et populistes qui squattent le pouvoir depuis 10 ans, et après on pourra aller dénicher le prochain homme, ou la prochaine femme, qui saura prendre la relève.

Je vous laisse.

3 commentaires:

Zaza a dit…

Si on fait objection des considérations droite/gauche comme tu l'entends, tu ne peux pas nier que Chirac était aussi un "vrai" homme d'Etat. Pas forcement de la même veine que Mitterrand mais il se posait réellement là.

Gildas Devos a dit…

Comparé à Sarkozy, c'est sûr, mais même un parcmètre ferait plus président que lui... Mais comparé à Mitterand, non, enfin je trouve pas. On se foutait de lui parce que c'était un blaireau qui se gavait de bière, et avant Sarkozy il avait battu des records d'impopularité...

Zaza a dit…

N'empêche, vu la déferlante Mitterrandienne du moment, limite overdose, tu peux taxer tous les journalistes de lèche-Sarkozy :p