L'offensive
de Dendrède à Antietam fut un succès sans précédent dans toute
l'histoire militaire du monde, qui en fut très profondément et
immédiatement modifié.
Comme
prévu, fort de l'accord obtenu auprès du général Lee, il obtint
l'aide d'une bonne centaine soldats venant du corps dirigé par le
brigadier-général David R. Jones, neveu de Zachary Taylor, le
douzième président américain, et également le cousin de Jefferson
Davis, chef de la Confédération. Grâce à – ou à cause de -
l'action de Dendrède, ce dernier deviendra bel et bien Président,
tandis que son cousin officier, au lieu de mourir d'une crise
cardiaque quelque mois après la bataille, survivra et rejoindra son
gouvernement dans le cabinet de Robert Lee, devenu Secrétaire
d'Etat.
Tout
se déroula comme il l'avait annoncé dans la tente de l'État-major
sudiste. Dès que la canonnade s'abattit sur le flan gauche de
l'armée unioniste, Dendrède et ses hommes, accroupis depuis une
dizaine de minutes dans des fourrés, au pied d'une colline,
surgirent et se précipitèrent vers la tente de commandement
adverse. Pour ne pas que les Nordistes devinent tout de suite leurs
intentions, qui auraient de toutes façons été difficilement
imaginable tant elles leur auraient parues pour le moins saugrenues
et désespérées, ils s'attachèrent d'abord à attaquer, mollement
mais réellement, le flanc droit de l'armée du général Ambrose
Burnside, toujours coincé sur la mauvaise rive de la rivière
Antietam par la mitraille des Géorgiens. Face à la réplique d'une
troupe certes prise sous deux feux mais cent fois plus nombreuse, ils
reculèrent logiquement en effectuant un mouvement tournant, tout en
donnant l'impression de fuir. De fait, ils se rapprochèrent
terriblement de leur objectif, sans éveiller le moindre soupçon. En
effet, Burnside, obnubilé par la traversée de la rivière, ne voulu
pas les poursuivre, et se contenta de se concentrer sur son objectif.
Une énième erreur de ce général d'opérette, chauve mais doté
d'une barbe foisonnante devenue légendaire, qui n'allait cette fois
pas avoir l'occasion de les répéter à l'avenir, contrairement à
ce que le destin lui réservait à l'origine. Gravement blessé puis
capturé durant la bataille comme près des trois quarts de l'armée
unioniste, il fut renvoyé chez lui avec une jambe en moins, et
beaucoup de temps pour méditer sur ses échecs durant la guerre, au
lieu de devenir l'homme politique qu'il était devenu dans la
désormais ancienne mouture de ce monde.
De
leur côté, Dendrède et ses hommes, débarrassés de leur plus gros
écueil, décidèrent d'accélérer les choses. Il ne leur restait
que deux grosses dizaines de minutes pour réussir leur coup d'éclat,
sous le regard inquiet et lointain du général Lee, attentif à la
tentative du sergent inconnu à l'aide de sa longue-vue. Au pas de
course et le plus discrètement possible, ils contournèrent le corps
d'armée de réserve, plus petit, du Major Général John Porter. Une
troupe qui aurait sans doute permit de gagner la bataille plus tôt
et de façon plus nette, voire définitive, par l'Union si McClellan
avait eu la bonne idée de l'utiliser. Mais Porter était en disgrâce
suite à sa célèbre insubordination durant la Seconde Bataille de
Bull Run, qui avait coûté la victoire à l'Union. Ni lui, alors
occupé dans la tente de commandement, ni aucun de ses hommes,
quasiment désœuvrés et peu attentifs à ce qui se passait dans
leur zone, en dehors de la boucherie se déroulant devant eux,
n'aperçurent la centaine de confédérés se faufilant dans leur dos
en direction du nord.
Ce
n'est qu'arrivés à deux cent mètres de leur objectif qu'ils
chargèrent véritablement, se découvrant aux yeux de tous, mais
sans que personne n'ai le temps de réagir. Certains soldats
raconteront à leurs proches, quelques temps plus tard, comment
l'homme qui les guidait, et que personne n'avait encore jamais vu, se
comportait à leur tête : il semblait comme possédé. Doté d'une
voix de stentor et d'un regard hypnotisant, il leur parlait comme
s'ils avaient tout connu ensemble, et combattu côte à côte sur
tous les fronts, ce dont ils avaient d'ailleurs du mal à douter sur
le moment.
Mais
ce qui impressionna le plus ceux qui combattirent au plus près de
lui, qui faisaient pourtant partie des meilleurs éléments de
l'armée confédérée et qui avaient vu quantité de combattants
audacieux dans leur carrière, demeura sa façon de combattre. Ils
furent marqué par sa vitesse d'exécution, parfois subjugante, et la
précision de chacun de ses gestes, dont pas un seul ne put être
taxé de superflu. Son fusil, une fois déchargé par une série de
tirs tous précis et mortels, fut vite abandonné pour ses pistolets,
également utilisés de façon parfaite et meurtrière. Ces derniers
tombèrent à leur tour sans même qu'il ne perde de temps à
chercher à les recharger, et son sabre, sorti en un éclair argenté,
ne quitta plus une main toujours plus habile.
Cette
lame, bien loin de l'handicaper, sembla le transcender, et fit des
dégâts absolument considérables dans les rangs clairsemés des
troupes d'élite de l'Union, qui s'attendaient à tout sauf à une
offensive à cet endroit. Son épée se mit à voler dans tous les
sens, parfois à la limite du visible, et chacun de ces mouvements
étaient ponctués par des giclées de sangs, voire des vols de
membres tels que des bras, des pieds et beaucoup de tête, également.
L'homme semblait parfois se déplacer plus rapidement qu'un œil
humain, même exercé, ne pouvait le détecter. Un des soldats qui le
suivaient de près, un ancien du Mexique, de retour chez lui en
Virginie quelques mois plus tard, raconta à sa femme qu'il rêvait
encore, la nuit, de ce sergent albinos inconnu qui massacrait à tout
va autour de lui, en concluant sa confession par cette phrase : « Je
crois que si on n'avait pas été là, ça aurait été la même
chose. Il n'avait pas vraiment besoin de nous, au fond. Dans nos
rangs, ça tombait comme des mouches, mais lui traçait son sillon,
et on le suivait. Il serait peut-être allé encore plus vite s'il
n'avait pas eu à nous traîner derrière lui... »
Les
lignes adverses, composée des soldats les plus méritants de l'armée
unioniste, furent littéralement décimées, et pas seulement grâce
aux talents exceptionnels de combattants de Dendrède, mais aussi par
la motivation qu'il fit naître chez ses compagnons, transcendés et
carrément entraînés par cette véritable tornade humaine. Des
hommes ayant une bonne vingtaine de batailles à leurs actifs, et des
dizaines de morts à leur actif, fuirent comme si le Malin avait
décidé de se charger personnellement de leurs destinées. D'autres
tombèrent avant même de savoir ce qui leur était arrivé. Alerté
à la fois par les cris de haine des assaillants et de panique de ses
défenseurs, le major général George Brinton McClellan sorti de sa
tente, encadré par son état-major, qui partagea avec lui la
consternation qui le pris au moment d'assister au massacre de ses
troupes d'élites. Mais le général en chef de l'armée de l'Union
ne souffrit pas longtemps de cette vision : frappé en pleine tête,
il s'écroula, suivi de près par ses principaux généraux, avant
même qu'il ne s'en rende compte. En effet, à la vue des têtes
pensantes de l'ennemi sorties à découvert, Dendrède s'était
emparé d'un fusil adverse après avoir soulagé son propriétaire de
sa vie, puis avait armé et ajusté à près de 70 mètres de
distance l'ensemble de l'état-major nordiste, en une douzaine de
tirs assassins et d'une précision diabolique.
Privé
du moindre commandement haut-gradé, l'armée du président Lincoln
était sur le point de succomber, et ne manqua pas de le faire
quelques dizaines de minutes plus tard. Seulsdeux ou trois centaines
de prisonniers téméraires et chanceux parvinrent à s'échapper,
constituant de fait un embryon d'armée bien insuffisant pour
résister à une armée que plus personne n'allait plus pouvoir
arrêter désormais.
Et
ce, pas seulement durant cette guerre, qui allait voir son terme
survenir nettement plus tôt que prévu, comme l'avait programmé
Dendrède.
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