samedi 17 mars 2012

Extrait ² - Antietam

L'offensive de Dendrède à Antietam fut un succès sans précédent dans toute l'histoire militaire du monde, qui en fut très profondément et immédiatement modifié.

Comme prévu, fort de l'accord obtenu auprès du général Lee, il obtint l'aide d'une bonne centaine soldats venant du corps dirigé par le brigadier-général David R. Jones, neveu de Zachary Taylor, le douzième président américain, et également le cousin de Jefferson Davis, chef de la Confédération. Grâce à – ou à cause de - l'action de Dendrède, ce dernier deviendra bel et bien Président, tandis que son cousin officier, au lieu de mourir d'une crise cardiaque quelque mois après la bataille, survivra et rejoindra son gouvernement dans le cabinet de Robert Lee, devenu Secrétaire d'Etat.

Tout se déroula comme il l'avait annoncé dans la tente de l'État-major sudiste. Dès que la canonnade s'abattit sur le flan gauche de l'armée unioniste, Dendrède et ses hommes, accroupis depuis une dizaine de minutes dans des fourrés, au pied d'une colline, surgirent et se précipitèrent vers la tente de commandement adverse. Pour ne pas que les Nordistes devinent tout de suite leurs intentions, qui auraient de toutes façons été difficilement imaginable tant elles leur auraient parues pour le moins saugrenues et désespérées, ils s'attachèrent d'abord à attaquer, mollement mais réellement, le flanc droit de l'armée du général Ambrose Burnside, toujours coincé sur la mauvaise rive de la rivière Antietam par la mitraille des Géorgiens. Face à la réplique d'une troupe certes prise sous deux feux mais cent fois plus nombreuse, ils reculèrent logiquement en effectuant un mouvement tournant, tout en donnant l'impression de fuir. De fait, ils se rapprochèrent terriblement de leur objectif, sans éveiller le moindre soupçon. En effet, Burnside, obnubilé par la traversée de la rivière, ne voulu pas les poursuivre, et se contenta de se concentrer sur son objectif. Une énième erreur de ce général d'opérette, chauve mais doté d'une barbe foisonnante devenue légendaire, qui n'allait cette fois pas avoir l'occasion de les répéter à l'avenir, contrairement à ce que le destin lui réservait à l'origine. Gravement blessé puis capturé durant la bataille comme près des trois quarts de l'armée unioniste, il fut renvoyé chez lui avec une jambe en moins, et beaucoup de temps pour méditer sur ses échecs durant la guerre, au lieu de devenir l'homme politique qu'il était devenu dans la désormais ancienne mouture de ce monde.

De leur côté, Dendrède et ses hommes, débarrassés de leur plus gros écueil, décidèrent d'accélérer les choses. Il ne leur restait que deux grosses dizaines de minutes pour réussir leur coup d'éclat, sous le regard inquiet et lointain du général Lee, attentif à la tentative du sergent inconnu à l'aide de sa longue-vue. Au pas de course et le plus discrètement possible, ils contournèrent le corps d'armée de réserve, plus petit, du Major Général John Porter. Une troupe qui aurait sans doute permit de gagner la bataille plus tôt et de façon plus nette, voire définitive, par l'Union si McClellan avait eu la bonne idée de l'utiliser. Mais Porter était en disgrâce suite à sa célèbre insubordination durant la Seconde Bataille de Bull Run, qui avait coûté la victoire à l'Union. Ni lui, alors occupé dans la tente de commandement, ni aucun de ses hommes, quasiment désœuvrés et peu attentifs à ce qui se passait dans leur zone, en dehors de la boucherie se déroulant devant eux, n'aperçurent la centaine de confédérés se faufilant dans leur dos en direction du nord.

Ce n'est qu'arrivés à deux cent mètres de leur objectif qu'ils chargèrent véritablement, se découvrant aux yeux de tous, mais sans que personne n'ai le temps de réagir. Certains soldats raconteront à leurs proches, quelques temps plus tard, comment l'homme qui les guidait, et que personne n'avait encore jamais vu, se comportait à leur tête : il semblait comme possédé. Doté d'une voix de stentor et d'un regard hypnotisant, il leur parlait comme s'ils avaient tout connu ensemble, et combattu côte à côte sur tous les fronts, ce dont ils avaient d'ailleurs du mal à douter sur le moment.

Mais ce qui impressionna le plus ceux qui combattirent au plus près de lui, qui faisaient pourtant partie des meilleurs éléments de l'armée confédérée et qui avaient vu quantité de combattants audacieux dans leur carrière, demeura sa façon de combattre. Ils furent marqué par sa vitesse d'exécution, parfois subjugante, et la précision de chacun de ses gestes, dont pas un seul ne put être taxé de superflu. Son fusil, une fois déchargé par une série de tirs tous précis et mortels, fut vite abandonné pour ses pistolets, également utilisés de façon parfaite et meurtrière. Ces derniers tombèrent à leur tour sans même qu'il ne perde de temps à chercher à les recharger, et son sabre, sorti en un éclair argenté, ne quitta plus une main toujours plus habile.

Cette lame, bien loin de l'handicaper, sembla le transcender, et fit des dégâts absolument considérables dans les rangs clairsemés des troupes d'élite de l'Union, qui s'attendaient à tout sauf à une offensive à cet endroit. Son épée se mit à voler dans tous les sens, parfois à la limite du visible, et chacun de ces mouvements étaient ponctués par des giclées de sangs, voire des vols de membres tels que des bras, des pieds et beaucoup de tête, également. L'homme semblait parfois se déplacer plus rapidement qu'un œil humain, même exercé, ne pouvait le détecter. Un des soldats qui le suivaient de près, un ancien du Mexique, de retour chez lui en Virginie quelques mois plus tard, raconta à sa femme qu'il rêvait encore, la nuit, de ce sergent albinos inconnu qui massacrait à tout va autour de lui, en concluant sa confession par cette phrase : « Je crois que si on n'avait pas été là, ça aurait été la même chose. Il n'avait pas vraiment besoin de nous, au fond. Dans nos rangs, ça tombait comme des mouches, mais lui traçait son sillon, et on le suivait. Il serait peut-être allé encore plus vite s'il n'avait pas eu à nous traîner derrière lui... »

Les lignes adverses, composée des soldats les plus méritants de l'armée unioniste, furent littéralement décimées, et pas seulement grâce aux talents exceptionnels de combattants de Dendrède, mais aussi par la motivation qu'il fit naître chez ses compagnons, transcendés et carrément entraînés par cette véritable tornade humaine. Des hommes ayant une bonne vingtaine de batailles à leurs actifs, et des dizaines de morts à leur actif, fuirent comme si le Malin avait décidé de se charger personnellement de leurs destinées. D'autres tombèrent avant même de savoir ce qui leur était arrivé. Alerté à la fois par les cris de haine des assaillants et de panique de ses défenseurs, le major général George Brinton McClellan sorti de sa tente, encadré par son état-major, qui partagea avec lui la consternation qui le pris au moment d'assister au massacre de ses troupes d'élites. Mais le général en chef de l'armée de l'Union ne souffrit pas longtemps de cette vision : frappé en pleine tête, il s'écroula, suivi de près par ses principaux généraux, avant même qu'il ne s'en rende compte. En effet, à la vue des têtes pensantes de l'ennemi sorties à découvert, Dendrède s'était emparé d'un fusil adverse après avoir soulagé son propriétaire de sa vie, puis avait armé et ajusté à près de 70 mètres de distance l'ensemble de l'état-major nordiste, en une douzaine de tirs assassins et d'une précision diabolique.

Privé du moindre commandement haut-gradé, l'armée du président Lincoln était sur le point de succomber, et ne manqua pas de le faire quelques dizaines de minutes plus tard. Seulsdeux ou trois centaines de prisonniers téméraires et chanceux parvinrent à s'échapper, constituant de fait un embryon d'armée bien insuffisant pour résister à une armée que plus personne n'allait plus pouvoir arrêter désormais.

Et ce, pas seulement durant cette guerre, qui allait voir son terme survenir nettement plus tôt que prévu, comme l'avait programmé Dendrède.

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