Salut à tous,
Vous savez quoi ? Malgré la tension des élections, de la fin du championnat, du boulot où les objectifs irréalisables se succèdent, mon appart pourri, mes difficultés à reprendre la course après deux mois d'arrêt ou le réchauffement - sensible en ce moment non ? - de la planète, y a quelques moments, quand même, où je me régale en ce moment. Notamment quand je m'assoie dans un RER et que j'ouvre le dernier bouquin que j'ai acheté, Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises, de François Reynaert.
Vous le savez, j'essaie beaucoup de bouquins, souvent sans avoir fini les précédents. J'y peux rien, hormis durant ma période Stephen King peut-être, j'ai toujours fait comme ça. Si j'arrivais à faire autrement, croyez bien que je le ferais. Je vous le dis, j'aimerais bien savoir comment se terminent le Monde selon Garp ou Elric... des bouquins géniaux que j'ai soudainement arrêté de lire il y a plusieurs années maintenant, sans doute parce que j'avais du tomber sur un autre livre que je n'avais pu m'empêcher d'entamer... et sûrement de pas terminer d'ailleurs. Mais je sais pas pourquoi, celui-là je crois que je vais le terminer.
C'est le bouquin que j'aurais rêvé d'écrire, tout simplement, et l'ancien chroniqueur du Fou du Roi l'a fait, l'empaffé. Je n'en suis encore qu'au début, mais tout ce qu'il a écris, j'aurais pu l'écrire si j'avais eu le temps, le courage, la discipline, le talent. En tous cas, tout ce qu'il raconte, c'est ce que je passe mon temps à dire un peu partout, à mes proches, sur le net... à savoir que l'Histoire officielle est une arnaque, comparée à l'Histoire réelle.
Tout en revisitant brillamment l'Histoire de façon chronologique, la dépoussiérant au passage de façon méthodique, il prouve que le traitement de cette dernière fut différent selon que les époques et les enjeux nationaux l'exigeaient. Ainsi, certains évènements disparus furent glorifiés, banalisés ou oubliés suivant qu'on vivait sous la Révolution, le XIXe siècle, si nationaliste, ou l'entre-deux-guerres. Certains Rois, certains peuples, furent littéralement déplacés, transformés, de façon à ce que les symboles qu'ils représentaient après coup servent le sentiment national, son roman, sa gloire, et fassent d'autres nations, comme l'Angleterre, l'Allemagne, l'Autriche ou les Musulmans des ennemis héréditaires.
Ainsi, et j'en ai forcément déjà parlé ici, le titre annonce une des plus grandes arnaques de l'Histoire de France : nos ancêtres les Gaulois. Les Gaulois qui se nommaient ainsi simplement parce qu'ils habitaient les différentes gaules - comme la Gaule belgique, la Gaule narbonnaise... - qui composaient le territoire national que nous connaissons aujourd'hui, et qui ne formaient absolument pas un peuple uni, dans un pays uni. Il s'agissait principalement de Celtes (j'en ai parlé ici), c'est-à-dire des anciens habitants d'Europe Centrale chassés par les barbares, puis les Romains, qui peuplèrent ensuite la Gaulle durant une demi douzaine de siècles. Alors qu'ils ont modernisé la Gaule, la civilisant, donnant la plupart de leurs noms aux villes d'aujourd'hui, est-ce pour autant qu'on dit nos ancêtres les Romains ? Pas vraiment non. Et pour autant, notre culture est globalement beaucoup plus latine que celte, hormis en Bretagne...
Ces derniers ont ensuite été chassés à leur tour par d'autres barbares, qui allaient s'y installer pour beaucoup plus longtemps que l'Histoire officielle ne l'annonce : les Francs. Ces derniers ont donc envahi la Gaule, et certainement pas dans le but de créer la France qui allait rendre si fier, plus de 1000 ans plus tard, Claude Guéant et sa clique de la Droite dure et du FN. Non, c'était juste pour avoir des terres en plus, comme ça se faisait à l'époque. Le rapport entre les Gaulois et les Francs ? Ben aucun, pourquoi ? Depuis quand on évoque les anciens locataires quand on investit un appart ?
Les Francs qui, un demi millénaire plus tard, étaient encore présents dans la future France. Et d'où venaient-ils, les Francs ? D'Allemagne, de Belgique (où sont nés des fondateurs de la France comme Clovis et Charlemagne...), etc. Ça, que le peuple qui a donné son nom à notre pays soient des boches, croit moi, c'est pas vraiment mis en avant dans nos bouquins d'Histoire, même si ça l'est sans doute plus qu'il y a un demi-siècle ou un siècle... De même, le fait que Clovis se soit converti au Christianisme a été montré comme un signe que la France était avant tout chrétienne. N'empêche que, comme Charlemagne deux siècles plus tard, il n'allait pas pour autant se comporter en Chrétien, loin de là, respectant le mode de vie franc à la lettre.
Ce qui est intéressant dans ce bouquin, c'est de voir comment certains évènements sont gonflés pour servir le nationalisme, plusieurs siècles plus tard. Ainsi, "Charles Martel stoppant les Arabes à Poitiers" est présentait comme le fondateur d'une tradition que certains ne veulent surtout pas perdre : empêcher les Arabes de "coloniser" la France. Le bon Charles, maître du Palais et futur roi des Francs (et non de France, qui n'existera pas avant un demi-millénaire), n'en avait rien à battre de sauver la civilisation chrétienne contre les infidèles musulmans. En bon barbare franc, la seule chose qui l'intéressait, c'était de conquérir des territoires. Il mena donc des guerres un peu partout autour des frontières du royaume, repoussant ici, glanant du terrain là, juste pour le plaisir d'offrir un grand territoire à ses enfants, à sa mort. Du coup, la bataille de Poitiers, où sa Sainte Main sauva la Chrétienté en repoussant les Arabes, n'était qu'une parmi mille autres, beaucoup, mais alors beaucoup moins célèbres, mais souvent plus importantes sur le plan militaire, par exemple. Je ne vous ferais pas l'affront de préciser pourquoi celle-ci est beaucoup plus célèbre que les autres.
Pour Charlemagne, c'est encore plus drôle. Qui sait en France que le bon Carolus - et sa barbe fleurie, qui n'a jamais existé sur son glabre menton, mais ça c'est un détail - est considéré comme Allemand outre Rhin (Karl der Große), voire italien (Carlo Magno) de l'autre côté des Alpes ? Il n'est pourtant ni Allemand, ni Italien, ni Français, même s'il est né en Belgique, et qu'il a vécu l'essentiel de sa vie à Aix-la-Chapelle, en Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne). Simplement, son royaume, puis son empire, immense, allait de la marche d'Espagne - où il perdit son peut-être neveu Roland à Roncevaux, tué par les Basques, et non les Arabes, après avoir combattu ces derniers à Pampelune - au Danemark, occupant toute l'Allemagne d'aujourd'hui et le nord de l'Italie. Il passa son temps à cheval, ne connaissant qu'une seule année (sur 32) de règne sans la moindre bataille, combattant les barbares qui menaçaient son propre empire barbare. Chrétien, il l'était pour la forme, reniant ses femmes le plus facilement du monde, et vivant toujours selon les traditions franques.
Charlemagne était certes roi des Francs, il fut aussi roi des Lombards (en Italie, donc), et empereur d'occident. Il était donc avant tout un Européen, même si la notion d'Europe et de nation lui était aussi étrangère que le minitel. Les pays n'existaient pas, seuls des chefs de barbares se disputaient des territoires selon les alliances, les morts de souverains, les souhaits du pape, etc. Ce si bon et si chrétien empereur, qui inventa soit-disant l'école (alors que ce sont les Romains qui l'ont inventée, Charlemagne se contentant de la démocratiser en partie), massacra par exemple les Saxons qui ne cessaient de l'emmerder sur sa frontière est. Ce n'était pas un monstre, il faisait comme tout le monde, c'est tout. La convention de Genève n'était même pas une utopie à l'époque.
A sa mort et celui de son fils Louis, et selon la tradition franque qui prouve à elle seule combien la notion de pays, à l'époque, était illusoire, son empire fut divisé entre les trois héritiers, qui se firent immédiatement la guerre pour récupérer les deux autres. En attendant, ces trois "nations" furent les embryons de ce que sont à peu près la France, l'Allemagne et l'Italie d'aujourd'hui. Du moins, si l'on considère que la Belgique ou la Catalogne sont Français, la Provence ou les Pays-Bas Italiens, ou l'Autriche, allemande. Mais bon, simplifier l'Histoire, ça peut servir parfois. N'empêche, la France telle qu'on la connaît à peu près n'existera pas vraiment avant une poignée de siècles, l'Allemagne et l'Italie avant la moitié du XIXe siècle, même si le Saint-Empire-Romain-Germanique fut un ancêtre convenable pour le premier nommé. Mais c'est aussi l'ancêtre de l'Autriche, de la Hongrie, des Tchèques, des Slovaques, des Belges... tout est relatif.
La Guerre de Cent ans, même chose ! On présente ça comme une guerre France-Angleterre, alors qu'il ne s'agissait de rien d'autre qu'un conflit entre cousins, le plus souvent Français ou élevés en France - comme le fameux Jean Sans Terre - , qui se disputaient le territoire après une série de mariages qui avaient foutu le bordel dans les successions, notamment en Aquitaine, et la fameuse Aliénor, successivement reine de France et d'Angleterre, après qu'elle ait épousé un roi de France (l'obscur Louis VII) puis un... Angevin, Henri Plantagenêt, futur roi d'Angleterre, apportant ainsi ses terres aux deux royaumes. Du coup, ces derniers se disputèrent durant plus d'un siècle le même territoire, logique. Ils auraient fait une séparation des biens, je dis pas... mais ça se faisait rarement à l'époque.
Du coup, le coup de l'Angleterre ennemi héréditaire, que dalle. Pareil pour l'Allemagne qui, au regard de l'Histoire, est plutôt une cousine pas du tout éloignée. Un siècle auparavant, l'Angleterre avait été conquise par Guillaume le Conquérant. Un Français ? Pas vraiment, plutôt un Normand. Ben c'est en France ça non ? La Normandie, les vaches, Stone et Charden, tout ça ? Ben aujourd'hui, oui, mais c'est un peu comme si on disait qu'en débarquant dans les Antilles, Christophe Colomb avait envahi la France... la Normandie était un territoire cédé aux Vikings quelques temps plus tôt - les hommes du nord, les Normands quoi - pour qu'ils fichent la paix aux territoires voisins, notamment la riche Ile-de-France et ses monastères, territoire du Roi. Alors certes, le duc de Normandie était un vassal de ce dernier, mais dans les faits il n'en avait rien à carrer, et le Roi n'avait en fait comme pouvoir que celui qu'il exerçait sur Paris, sa région et une partie du Centre. Du coup, la conquête de l'Angleterre, Hastings tout ça, ce n'est qu'une des dernières victoires Vikings, en fait. Avant que ces derniers ne s'embourgeoisent. D'ailleurs, avec les Francs, ce sont quasiment les seuls qui n'ont jamais été délogés de là où ils sont allés, puisqu'ils ont par exemple colonisé une partie de la Russie et l'Ukraine... Ils se sont aussi régalés en Angleterre pendant longtemps, notamment les Danois.
Vous voyez, les nations et leurs histoires millénaires, c'est de la roupie de sansonnet, comme dirait l'autre. Dans ce cas, la Corse et la Savoie, Françaises depuis deux siècles et demi environ, ou la Bourgogne, dont les Ducs furent souvent plus puissants que le Roi même, avant que l'excellent Louis XI, déjà évoqué ici, ne mette la pâtée à Charles le Téméraire, ne font donc pas partie de la France millénaire, si ? Et l'Alsace et la Lorraine, qui ont changé une demi-douzaine de fois de nationalité entre 1870 et 1944 ? Bonjour les frais de passeport pour un Strasbourgeois né en 1860 et mort en 1950... Ça a bien du arriver, ça. Et l'Algérie, Française de 1830 à 1962 ? Elle faisait aussi partie de la France millénaire, il y a 50 ans ? Et la Louisiane ? La Martinique, la Guadeloupe ? Sérieusement...
Bref, je me régale, et je n'en suis qu'aux croisades, qui n'était rien d'autre qu'un ramassis d’extrémistes chrétiens, obéissant aussi bêtement aux Papes que les terroristes d'aujourd'hui obéissent à Al Qaïda, massacrant tout sur leur passage, en ex Yougoslavie notamment, avant d'aller se faire trucider pour l'amour de Dieu au pied de Jérusalem, qu'ils allaient prendre, puis perdre. Saint-Louis, par exemple, y perdit la vie. C'était une des dernières fois que les Francs se signalaient au monde, d'ailleurs. Du moins, avant que Nicolas Dupont-Aignan ne réclame leur retour... comprends pas d'ailleurs, ils étaient pas très civilisés ces gens là.
Je vous laisse !
Vous savez quoi ? Malgré la tension des élections, de la fin du championnat, du boulot où les objectifs irréalisables se succèdent, mon appart pourri, mes difficultés à reprendre la course après deux mois d'arrêt ou le réchauffement - sensible en ce moment non ? - de la planète, y a quelques moments, quand même, où je me régale en ce moment. Notamment quand je m'assoie dans un RER et que j'ouvre le dernier bouquin que j'ai acheté, Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises, de François Reynaert.
Vous le savez, j'essaie beaucoup de bouquins, souvent sans avoir fini les précédents. J'y peux rien, hormis durant ma période Stephen King peut-être, j'ai toujours fait comme ça. Si j'arrivais à faire autrement, croyez bien que je le ferais. Je vous le dis, j'aimerais bien savoir comment se terminent le Monde selon Garp ou Elric... des bouquins géniaux que j'ai soudainement arrêté de lire il y a plusieurs années maintenant, sans doute parce que j'avais du tomber sur un autre livre que je n'avais pu m'empêcher d'entamer... et sûrement de pas terminer d'ailleurs. Mais je sais pas pourquoi, celui-là je crois que je vais le terminer.
C'est le bouquin que j'aurais rêvé d'écrire, tout simplement, et l'ancien chroniqueur du Fou du Roi l'a fait, l'empaffé. Je n'en suis encore qu'au début, mais tout ce qu'il a écris, j'aurais pu l'écrire si j'avais eu le temps, le courage, la discipline, le talent. En tous cas, tout ce qu'il raconte, c'est ce que je passe mon temps à dire un peu partout, à mes proches, sur le net... à savoir que l'Histoire officielle est une arnaque, comparée à l'Histoire réelle.
Tout en revisitant brillamment l'Histoire de façon chronologique, la dépoussiérant au passage de façon méthodique, il prouve que le traitement de cette dernière fut différent selon que les époques et les enjeux nationaux l'exigeaient. Ainsi, certains évènements disparus furent glorifiés, banalisés ou oubliés suivant qu'on vivait sous la Révolution, le XIXe siècle, si nationaliste, ou l'entre-deux-guerres. Certains Rois, certains peuples, furent littéralement déplacés, transformés, de façon à ce que les symboles qu'ils représentaient après coup servent le sentiment national, son roman, sa gloire, et fassent d'autres nations, comme l'Angleterre, l'Allemagne, l'Autriche ou les Musulmans des ennemis héréditaires.
Ainsi, et j'en ai forcément déjà parlé ici, le titre annonce une des plus grandes arnaques de l'Histoire de France : nos ancêtres les Gaulois. Les Gaulois qui se nommaient ainsi simplement parce qu'ils habitaient les différentes gaules - comme la Gaule belgique, la Gaule narbonnaise... - qui composaient le territoire national que nous connaissons aujourd'hui, et qui ne formaient absolument pas un peuple uni, dans un pays uni. Il s'agissait principalement de Celtes (j'en ai parlé ici), c'est-à-dire des anciens habitants d'Europe Centrale chassés par les barbares, puis les Romains, qui peuplèrent ensuite la Gaulle durant une demi douzaine de siècles. Alors qu'ils ont modernisé la Gaule, la civilisant, donnant la plupart de leurs noms aux villes d'aujourd'hui, est-ce pour autant qu'on dit nos ancêtres les Romains ? Pas vraiment non. Et pour autant, notre culture est globalement beaucoup plus latine que celte, hormis en Bretagne...
Ces derniers ont ensuite été chassés à leur tour par d'autres barbares, qui allaient s'y installer pour beaucoup plus longtemps que l'Histoire officielle ne l'annonce : les Francs. Ces derniers ont donc envahi la Gaule, et certainement pas dans le but de créer la France qui allait rendre si fier, plus de 1000 ans plus tard, Claude Guéant et sa clique de la Droite dure et du FN. Non, c'était juste pour avoir des terres en plus, comme ça se faisait à l'époque. Le rapport entre les Gaulois et les Francs ? Ben aucun, pourquoi ? Depuis quand on évoque les anciens locataires quand on investit un appart ?
Les Francs qui, un demi millénaire plus tard, étaient encore présents dans la future France. Et d'où venaient-ils, les Francs ? D'Allemagne, de Belgique (où sont nés des fondateurs de la France comme Clovis et Charlemagne...), etc. Ça, que le peuple qui a donné son nom à notre pays soient des boches, croit moi, c'est pas vraiment mis en avant dans nos bouquins d'Histoire, même si ça l'est sans doute plus qu'il y a un demi-siècle ou un siècle... De même, le fait que Clovis se soit converti au Christianisme a été montré comme un signe que la France était avant tout chrétienne. N'empêche que, comme Charlemagne deux siècles plus tard, il n'allait pas pour autant se comporter en Chrétien, loin de là, respectant le mode de vie franc à la lettre.
Ce qui est intéressant dans ce bouquin, c'est de voir comment certains évènements sont gonflés pour servir le nationalisme, plusieurs siècles plus tard. Ainsi, "Charles Martel stoppant les Arabes à Poitiers" est présentait comme le fondateur d'une tradition que certains ne veulent surtout pas perdre : empêcher les Arabes de "coloniser" la France. Le bon Charles, maître du Palais et futur roi des Francs (et non de France, qui n'existera pas avant un demi-millénaire), n'en avait rien à battre de sauver la civilisation chrétienne contre les infidèles musulmans. En bon barbare franc, la seule chose qui l'intéressait, c'était de conquérir des territoires. Il mena donc des guerres un peu partout autour des frontières du royaume, repoussant ici, glanant du terrain là, juste pour le plaisir d'offrir un grand territoire à ses enfants, à sa mort. Du coup, la bataille de Poitiers, où sa Sainte Main sauva la Chrétienté en repoussant les Arabes, n'était qu'une parmi mille autres, beaucoup, mais alors beaucoup moins célèbres, mais souvent plus importantes sur le plan militaire, par exemple. Je ne vous ferais pas l'affront de préciser pourquoi celle-ci est beaucoup plus célèbre que les autres.
Pour Charlemagne, c'est encore plus drôle. Qui sait en France que le bon Carolus - et sa barbe fleurie, qui n'a jamais existé sur son glabre menton, mais ça c'est un détail - est considéré comme Allemand outre Rhin (Karl der Große), voire italien (Carlo Magno) de l'autre côté des Alpes ? Il n'est pourtant ni Allemand, ni Italien, ni Français, même s'il est né en Belgique, et qu'il a vécu l'essentiel de sa vie à Aix-la-Chapelle, en Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne). Simplement, son royaume, puis son empire, immense, allait de la marche d'Espagne - où il perdit son peut-être neveu Roland à Roncevaux, tué par les Basques, et non les Arabes, après avoir combattu ces derniers à Pampelune - au Danemark, occupant toute l'Allemagne d'aujourd'hui et le nord de l'Italie. Il passa son temps à cheval, ne connaissant qu'une seule année (sur 32) de règne sans la moindre bataille, combattant les barbares qui menaçaient son propre empire barbare. Chrétien, il l'était pour la forme, reniant ses femmes le plus facilement du monde, et vivant toujours selon les traditions franques.
Charlemagne était certes roi des Francs, il fut aussi roi des Lombards (en Italie, donc), et empereur d'occident. Il était donc avant tout un Européen, même si la notion d'Europe et de nation lui était aussi étrangère que le minitel. Les pays n'existaient pas, seuls des chefs de barbares se disputaient des territoires selon les alliances, les morts de souverains, les souhaits du pape, etc. Ce si bon et si chrétien empereur, qui inventa soit-disant l'école (alors que ce sont les Romains qui l'ont inventée, Charlemagne se contentant de la démocratiser en partie), massacra par exemple les Saxons qui ne cessaient de l'emmerder sur sa frontière est. Ce n'était pas un monstre, il faisait comme tout le monde, c'est tout. La convention de Genève n'était même pas une utopie à l'époque.
A sa mort et celui de son fils Louis, et selon la tradition franque qui prouve à elle seule combien la notion de pays, à l'époque, était illusoire, son empire fut divisé entre les trois héritiers, qui se firent immédiatement la guerre pour récupérer les deux autres. En attendant, ces trois "nations" furent les embryons de ce que sont à peu près la France, l'Allemagne et l'Italie d'aujourd'hui. Du moins, si l'on considère que la Belgique ou la Catalogne sont Français, la Provence ou les Pays-Bas Italiens, ou l'Autriche, allemande. Mais bon, simplifier l'Histoire, ça peut servir parfois. N'empêche, la France telle qu'on la connaît à peu près n'existera pas vraiment avant une poignée de siècles, l'Allemagne et l'Italie avant la moitié du XIXe siècle, même si le Saint-Empire-Romain-Germanique fut un ancêtre convenable pour le premier nommé. Mais c'est aussi l'ancêtre de l'Autriche, de la Hongrie, des Tchèques, des Slovaques, des Belges... tout est relatif.
La Guerre de Cent ans, même chose ! On présente ça comme une guerre France-Angleterre, alors qu'il ne s'agissait de rien d'autre qu'un conflit entre cousins, le plus souvent Français ou élevés en France - comme le fameux Jean Sans Terre - , qui se disputaient le territoire après une série de mariages qui avaient foutu le bordel dans les successions, notamment en Aquitaine, et la fameuse Aliénor, successivement reine de France et d'Angleterre, après qu'elle ait épousé un roi de France (l'obscur Louis VII) puis un... Angevin, Henri Plantagenêt, futur roi d'Angleterre, apportant ainsi ses terres aux deux royaumes. Du coup, ces derniers se disputèrent durant plus d'un siècle le même territoire, logique. Ils auraient fait une séparation des biens, je dis pas... mais ça se faisait rarement à l'époque.
Du coup, le coup de l'Angleterre ennemi héréditaire, que dalle. Pareil pour l'Allemagne qui, au regard de l'Histoire, est plutôt une cousine pas du tout éloignée. Un siècle auparavant, l'Angleterre avait été conquise par Guillaume le Conquérant. Un Français ? Pas vraiment, plutôt un Normand. Ben c'est en France ça non ? La Normandie, les vaches, Stone et Charden, tout ça ? Ben aujourd'hui, oui, mais c'est un peu comme si on disait qu'en débarquant dans les Antilles, Christophe Colomb avait envahi la France... la Normandie était un territoire cédé aux Vikings quelques temps plus tôt - les hommes du nord, les Normands quoi - pour qu'ils fichent la paix aux territoires voisins, notamment la riche Ile-de-France et ses monastères, territoire du Roi. Alors certes, le duc de Normandie était un vassal de ce dernier, mais dans les faits il n'en avait rien à carrer, et le Roi n'avait en fait comme pouvoir que celui qu'il exerçait sur Paris, sa région et une partie du Centre. Du coup, la conquête de l'Angleterre, Hastings tout ça, ce n'est qu'une des dernières victoires Vikings, en fait. Avant que ces derniers ne s'embourgeoisent. D'ailleurs, avec les Francs, ce sont quasiment les seuls qui n'ont jamais été délogés de là où ils sont allés, puisqu'ils ont par exemple colonisé une partie de la Russie et l'Ukraine... Ils se sont aussi régalés en Angleterre pendant longtemps, notamment les Danois.
Vous voyez, les nations et leurs histoires millénaires, c'est de la roupie de sansonnet, comme dirait l'autre. Dans ce cas, la Corse et la Savoie, Françaises depuis deux siècles et demi environ, ou la Bourgogne, dont les Ducs furent souvent plus puissants que le Roi même, avant que l'excellent Louis XI, déjà évoqué ici, ne mette la pâtée à Charles le Téméraire, ne font donc pas partie de la France millénaire, si ? Et l'Alsace et la Lorraine, qui ont changé une demi-douzaine de fois de nationalité entre 1870 et 1944 ? Bonjour les frais de passeport pour un Strasbourgeois né en 1860 et mort en 1950... Ça a bien du arriver, ça. Et l'Algérie, Française de 1830 à 1962 ? Elle faisait aussi partie de la France millénaire, il y a 50 ans ? Et la Louisiane ? La Martinique, la Guadeloupe ? Sérieusement...
Bref, je me régale, et je n'en suis qu'aux croisades, qui n'était rien d'autre qu'un ramassis d’extrémistes chrétiens, obéissant aussi bêtement aux Papes que les terroristes d'aujourd'hui obéissent à Al Qaïda, massacrant tout sur leur passage, en ex Yougoslavie notamment, avant d'aller se faire trucider pour l'amour de Dieu au pied de Jérusalem, qu'ils allaient prendre, puis perdre. Saint-Louis, par exemple, y perdit la vie. C'était une des dernières fois que les Francs se signalaient au monde, d'ailleurs. Du moins, avant que Nicolas Dupont-Aignan ne réclame leur retour... comprends pas d'ailleurs, ils étaient pas très civilisés ces gens là.
Je vous laisse !
2 commentaires:
J'adore quand tu parles d'histoire, j'apprends toujours plein de choses :)
Faut que tu lises le bouquin alors, parce que c'est très bien écris, pas chiant du tout :p Et merci d'avoir lu, fallait du courage :p
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