Salut à tous,
Avec ce post, je vais passer pour un triste sire. Alors, si vous avez quelques restes d'une bonne images de moi, passez votre chemin, ce ne sera plus le cas si vous osez lire les lignes qui suivent.
Bah oui, honnêtement, comment pourrais-je passer pour quelqu'un de sympathique en souhaitant la défaîte de Schirrhein, aujourd'hui face à Toulouse, en Coupe de France ? Y a tellement de divisions d'écart (sept) qu'on a le sentiment que même en alignant l'équipe toulousaine de 1986 (Bergeroo, Marcico, Tihy, Stopyra...) qui avait tapé le Naples de Maradona en Coupe d'Europe, le TFC gagnerait quand même. Ce serait un exploit extraordinaire, inédit même, vu que c'est la première fois qu'une équipe de niveau départemental atteint les 16es de finale.
Mais moi, tout ça me rend dingue. D'abord, je sais pas comment les gens, ainsi que les médias, peuvent à la fois se plaindre que nos représentants en Coupe d'Europe ne sont pas assez bons, et en même temps souhaiter que les gros perdent en Coupe de France, compétition qui offre un billet pour l'Europe. Faut vraiment m'expliquer la logique. Ensuite, du point de vue des professionnels, que je n'irai pas plaindre, mais quand même, c'est du perdant-perdant : soit tu gagnes et tout le monde s'en fout, et tu passes même pour un méchant qui a battu le gentil club amateur. Je sais pas si vous avez remarqué, mais quand un club pro élimine un petit, c'est toujours "froidement", c'est "efficace", ils font "le métier". Pas de quoi faire des tours d'honneur, c'est sûr, mais quand même.
Ca me fait penser à ces profs qui notent plus sévèrement les élèves censés être plus doués que les autres, sous entendu qu'ils peuvent plus que les autres. Ce qui faut que souvent, leurs notes s'en ressentent... Je demande pas que les pros soient soutenus, mais au moins qu'ils ne soient pas systématiquement dénigrés.
Toute la semaine, on a eu le droit de la part de l'Equipe aux traditionnels papiers poujadistes et démagos sur les joueurs de Schirrhein. Le chauffeur-livreur, l'ingénieur, l'étudiant, l'affûteur, le policier municipal... et c'est comme ça tous les ans hein, c'est ce qu'on appelle un "marronier", c'est comme les papiers sur le bac philo, Noël ou sur Paris au mois d'août. C'est facile, et ça marche toujours.
Sauf que, personnellement, j'en ai rien à secouer du métier des amateurs qui vont en prendre trois face à Toulouse, tout comme je me fous royalement du salaire des Toulousains. Je n'ai pas besoin de l'Equipe pour savoir qu'en football il n'y a pas que des professionnels surpayés et qui rêvent tous de jouer en Angleterre pour passer dans l'Equipe du Dimanche. Je suis le fils d'un président de club encore plus petit que Schirrhein (si si, ça existe...), qui y joue toujours comme vétéran à 56 ans et divers soucis de santé. Il faudra l'amputer d'une jambe au moins pour qu'il arrête de jouer, et plus pour l'empêcher de passer ses week-end au stade voir les gamins d'Issou gambader face à Porcheville ou Mézy-sur-Seine. Parler des métiers de ces gens, c'est leur refuser de fait le statut de footballeur, du genre "ah la honte les Toulousains, vous vous faites taper par des ouvriers et des postiers...". C'est du misérabilisme, comme les médias savent en faire mieux que personne.
Et pourtant, dieu sait que je n'ai pas de sympathie pour le TFC, pour diverses raisons. Mais en tant que supporter du PSG, je sais ce que c'est d'être frappé par la honte après avoir été éliminé par un club amateur. Même si ce n'est plus arrivé depuis 10 ans (et ça pourrait arriver ce week-end, sur la pelouse du Gazélec Ajaccio...), l'élimination à Clermont, en 96, alors que le PSG menait 4-1 dans la prolongation (4-4 et défaite aux tirs aux buts) reste un des pires souvenirs de ma vie de supporter. Et pourtant, il n'y avait que trois divisions d'écart, et l'équipe de Clermont était composée de semi-profesionnels qui n'étaient pas parvenus à percer chez les pros, souvent pour des détails bénins. Mais, dans les commentaires, c'était pareil. Trois ou sept divisions, pour les médias c'est péquenots et compagnie, c'est kif kif...
Cette année, au tour précédent, Clermont, qui joue aujourd'hui en Ligue 2, division professionnelle, a été éliminée par une équipe nettement plus faible qu'elle (4-2), après avoir mené 2-0. Cette équipe de courageux amateurs, des étudiants, des affûteurs... s'appelle Schirrhein. La roue tourne pour tout le monde.
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