vendredi 11 septembre 2009

Deux points, mille promesses


Salut à tous,

Vous le saviez, vous ne pouviez éviter un post foot, après cette période internationale riche en évènements divers. J'ai préféré attendre que le deuxième match soit joué, et que tout le monde ai donné son avis, avant de donner le mien. C'est bien d'avoir une vue plus large des choses avant de causer.

On devait prendre six points sur les deux matches qu'on devait disputer, au moins quatre, et on en a pris deux, ce n'est donc pas très bon mathématiquement. Aujourd'hui, on compte autant de points de retard sur le premier, la Serbie, que sur le troisième, l'Autriche, à savoir quatre, à deux journées de la fin, avant de recevoir coup sur coup les Iles Féroes et l'Autriche, en octobre. On devrait donc passer par les barrages, ce qu'on avait toujours pu éviter jusque là. A noter que pour l'Euro 2008 on avait aussi terminé deuxième (derrière l'Italie), mais là y avait pas de barrage... les deux premiers de chaque groupe se qualifiaient directement.

On recevait d'abord la Roumanie, qui était déjà quasiment éliminée dans la course à la qualification, et qui nous a fait de la Roumanie : solide derrière, un brin chanceuse et rapide et efficace devant. La France a dominé cette équipe comme rarement, a touché le poteau, fait briller la gardien roumain, mais il a fallu un but de renard d'Henry sur un corner pour marquer. Que pouvait-il nous arriver ? Oh, sûrement une égalisation, quand on gâche beaucoup en foot c'est souvent ce qui arrive, surtout face à ce genre d'équipes. Mais que ce soit un but contre son camp, un csc - et quel csc ! -, c'est inconcevable. Julien Escudé, le frère du tennisman Nicolas manifestement plus doué pour le revers, était obligé d'intervenir sur ce centre trop facilement adressé de la droite, vu qu'un roumain arrivait derrière. Ou alors Lloris intervenait... que c'est con, vraiment.

Ensuite, les Bleus, forcément assommés, ont moins maîtrisé leur sujet, même s'ils auraient pu encore marquer. Au final, deux points réellement gâchés, face à une équipe qui n'a absolument rien montré. La rage. Mais des promesses indiscutables, dans le jeu. Reste à être plus efficaces...

Ensuite, entre les deux matches on a touché les sommets de l'ignominie médiatique et populaire. Domenech, plus haï que la Grippe A, George Bush et Dieudonné réunis, a en a tellement pris dans la tronche en quelques jours qu'à côté, Aimé Jacquet avait été déïfié avant le Mondial 98. Un journaleux à deux balles du Parisien a ressorti de son contexte et très largement amplifié et déformé ce qu'il a entendu lors d'un entraînement des Bleus, ou Henry aurait dit à Domenech que les joueurs s'ennuyaient, notamment. Un truc qui se passe partout, dans n'importe quelle équipe, n'importe quel sport, n'importe quel milieu, mais qui a fait des dégats terribles. "Les Bleus lâchent Domenech", a notamment osé titrer le site pour lequel je pige régulièrement. Je n'ai pas du tout été étonné, venant de son auteur.

Sauf que dès le départ, je n'y ai pas cru, et j'ai eu raison. Pourquoi l'Equipe, qui appartient aussi à Amaury, n'a rien dit le même jour là dessus, alors qu'ils n'hésitent jamais à taper sur Domenech et ne crachent jamais sur un peu de sensationnalisme ? D'ailleurs, le lendemain ils minimisaient déjà sérieusement les "révélations " du torchon de la capitale, qui a très sévèrement viré sa cutie déontologique depuis une dizaine d'années. Je me rappelle du jour ou le Parisien a retourné sa veste à propos du Loft, qu'il critiquait, comme tout le monde, avant de titrer un jour : "Pourquoi on aime le Loft". "Pour enrayer la chute des ventes" semblait la raison évidente, et pas si erronée à mon avis. Toujours est-il que là, c'était terminé, ils avaient cessé d'être des journalistes.

Mais existe-t-il encore des journalistes en France, notamment sportifs ? L'Equipe n'avance plus qu'à coup de sondages dirigés et à l'intérêt peu évident ("les Bleus sont-ils surcôtés ?", "Domenech est-il sympathique ?"), auprès de son lectorat ou de spécialistes triés sur le volet. Après avoir relevé l'excellent match français contre la Roumanie le lendemain, c'était fini : on ne parle plus du fond, mais que du reste, à savoir les points et le classement. Peu importe le fait que cette équipe soit en construction, que la réussite la fuit et qu'évoluer dans des conditions médiatiques et populaires de ce genre sont des inconvénients évidents. L'Equipe a donc tiré à vue, étalant des arguments bidons et jouant à fond la carte de la peur, ce qui est toujours vendeur : les Serbes font deux mètres, la France a presque toujours perdu à Belgrade, et le Marakana, le stade serbe, est un enfer absolu avec un tunnel ou Karadzic et Milosevic doivent sûrement capturer un ou deux joueurs à chaque match pour les éliminer ethniquement, ou un truc du genre. A côté du Marakana, Anfield (Liverpool), ça doit être le Roudourou de Guingamp.

Le match en lui-même a confirmé que la réussite n'était vraiment pas française. Sur un ballon aérien, Gallas et Abidal vont signer leur seule erreur au milieu d'une performance commune énorme (mais sanctionnée d'un 4 dans l'Equipe, qui ne retient que ce qui se voit), Zigic va s'échapper et plonger au moment ou il croisait Lloris. Penalty, rouge pour le gardien lyonnais, but pour la Serbie au bout de 10 minutes, ce match rappelle terriblement le France-Italie du dernier Euro, perdu 2-0.

Là encore, Domenech va sortir un joueur offensif (le très chanceux Gignac) pour faire entrer un gardien, Mandanda, auteur d'un bon match. Mais cette fois, ça va payer. Anelka va faire un match de dingue en pointe, bien secondé par Henry, les deux anciens cracks des équipes juniors signant un joli but égalisateur (31e). De fait, les Serbes vont être étouffés par le pressing français et la performance atomique du duo Diarra-Toulalan, tandis que sur les côtés, Sagna et Evra jouaient les pistons et ne laissaient rien passer. Un très très grand match, à 10 contre onze, sur la pelouse du leader, et que la France, une nouvelle fois, aurait largement mérité de gagner. Jamais je n'avais vu une équipe réduite à 10 posséder le ballon à 52 %, ni récupérer le ballon plus haut que son adversaire, et se créer plus d'occasions.

Le lendemain, les pissent-froid se régalaient évidemment de ces nouveaux points perdus, la place de leader s'éloignant presque définitivement, alors que la France avait prouvé qu'elle méritait d'aller en Afrique du Sud. Tout était de la faute de Domenech : la (seule !) mésentente Gallas-Abidal, l'arbitrage déficient, les frappes au ras du poteau d'Anelka ou Henry... Là, je me suis rendu compte que quoiqu'il arrive, Domenech ne sera JAMAIS populaire. Rappelons que depuis le Mondial 2006, les Français sont persuadés qu'il n'est pour rien dans le bon parcours des Bleus, qui se seraient auto gérés autour d'un Zidane renaissant... donc même si la France gagne la Coupe du Monde 2010, ce ne sera évidemment pas grâce à lui. Comptez sur les faux-culs pour trouver un truc.

Sur les 11 titulaires de mercredi, il n'y avait que trois trentenaires, Gallas, Henry et Anelka, et quatre joueurs de plus de 27 ans (Evra). Une équipe jeune, joueuse, qui se cherche mais qui ne manque aucunement de talent. Elle est juste fragilisée par la haine que lui vout une opinion qui voudrait qu'on gagne une Coupe du Monde toutes les semaines. Même l'Italie ou l'Allemagne ont connu des moments compliqués entre deux générations, ont du passer par les barrages, mais sont restés de grands pays de football. Gourcuff et Gignac ont 23 ans, Diarra 24, Lloris 22, Benzema 21, et Domenech les a tous fait débuter. Qui peut réellement affirmer que cette équipe n'a pas d'avenir ? Le sélectionneur qui succèdera à Domenech héritera d'une équipe qui pourrait prochainement tout casser, alors que Raymond, qui a tout de même du gérer la fin de la génération Zidane-Vieira, signant une finale de Coupe du Monde, sera encore hué sur tous les stades dans 10-15 ans. Injustice de l'immédiateté, de l'instant T.

Je vous laisse.

2 commentaires:

Damien a dit…

Finalement, je crois que la majeur partie des gens qui s'intéresse au foot un minimum, comme moi, sera d'accord pour dire que le match en Serbie fut très bon. J'ai été impressionné par le jeu et le pressing des Français avec un joueur en moins. Ce sont eux qui ont fait le boulot, avec talent, manque juste la réussite.

Moi, je ne sais pas comment Domenech gère son équipe, et finalement, je ne crois qu'il n'y a que les joueurs et le staff technique qui le savent réellement, mais ce qui m'énerve le plus chez Domenech, c'est sa manière de communiquer, d'être pendant les entrevues avec les journalistes et dans les conférences de presse. Je vois chez lui un air hautain et supérieur que je trouve très désagréable. Il aurait des supers résultats, on serait en tête de notre groupe, je pense que ça passerait, qu'il pourrait se le permettre, mais là, on est tellement sûr de jouer les barrages, je trouve qu'il devrait être un peu plus humble devant les caméras. Bon, on le connait, il ne l'a jamais été depuis sa prise de fonction, donc, c'est juste sa manière d'être, mais c'est lassant

Zaza a dit…

Ouais mais c'est tellement mieux qu'un Santini dont on pige rien à ce qu'il dit... :p

Pour en revenir à l'Equipe, ils se positionnent pas forcement toujours contre untel ou untel, mais ce qui est "malsain" c'est qu'ils se positionnent tout court ! Tout du moins dans les titres, y a plus d'objectivité. Ils se rapprochent plus de Marianne que du Monde quoi...

Fais moi penser à te dire ce qu'il s'est passé sur Canal hier :p