mardi 2 novembre 2010

Jogging Man


Bon a y est, les coûteuses (50 euros, tout est relatif) baskets que je me suis offertes vont enfin servir à autre chose qu'encombrer une partie de mes 14 m². Ça fait genre deux semaines qu'elles trainent là, près de mon bureau - en même temps, rien n'est très loin d'autre chose dans mon appart - à ne rien faire d'autre que me narguer, du genre "on sait qu'on a servi ta bonne conscience, mais ça va finir par se voir qu'on n'a été achetées que pour ça". Moi je savais que je ne les avais pas achetées pour rien, mais allez convaincre une paire de tatanes... plus têtues qu'un journaliste de l'Equipe contre Domenech.

Après le brunch que je me suis tapé à midi entre amis, en ce jour de la Toussaint, j'en peux plus : je ne perds plus, et je n'ai absolument pas couru depuis qu'on m'en a donné la consigne durant l'hôpital de jour, le 6 septembre dernier. Je n'ai fait que marcher, ce qui était un début mais à partir du moment où j'ai eu la confirmation que je n'avais rien au cœur, j'aurais dû m'y mettre. Plus facile à dire - et encore plus à écrire - qu'à faire. Là, je vais devoir courir, cette fois je suis motivé, à fond, je vais devoir faire la peau au fromage et à la confiture, sans parler du bacon et des oeufs brouillés, que je me suis enfilés pour fêter les morts.

De retour de Boulogne, hop je me change : je garde mon t shirt, je vire mon jean pour enfiler un bermuda long - un pantacourt, quoi - , et hop j'enfile mes baskets, qui s'apprêtaient à passer une nouvelle soirée tranquille à regarder le Grand Journal du bas de mon bureau. Non non les filles, cette fois va falloir bosser, et j'aime autant vous prévenir que c'est pas un Kenyan de 40 kilos que vous allez devoir porter. Plutôt trois, en fait.

Et je me barre. Mon pote Z., accessoirement mon coach à distance - mais on va courir ensemble jeudi - m'a déjà donné quelques conseils de bases, comme de fractionner ma course : 2 minute de course, une de marche, et ainsi de suite. Je me donne 20 minutes pour rentrer. Le parc de Maisons-Laffitte, et surtout la nuit tombée, m'offrent un décor idéal, à la fois vert et discret. Parce que des joggers dans mon genre, les renards du coin n'ont pas du en croiser souvent. C'est vrai quoi, des joggers débutants on en croise rarement, on a toujours l'impression, en les regardant fendre l'air de leurs abdomens rachitiques, qu'ils ont fait ça toute leur vie.

C'est parti, je commence à courir. En fait, j'aurais du marcher un peu avant, me dira plus tard Z., histoire que mon cœur ne s'emballe pas de suite comme il l'a fait, et que l'air ne me brûle pas les poumons dès la deuxième phase de course. Mais mes baskets, finalement ravies d'être enfin sorties de leur retraite anticipée - quand elles pensent qu'elles auraient pu tomber sur un grand black au short lâche et aux abdos huilés... - sont géniales : j'ai l'impression assez irréelle d'être monté sur ressort dès les premières foulées. Mais ça ne dure pas, le corps s'habitue à tout, mais c'est assez rafraîchissant.

Le parc est parsemé de rues circulaires, parfait pour revenir à son point de départ. J'en suis donc une, ne croisant quasiment personne à part un jogger et une grand-mère en retard pour les Chiffres et les Lettres. Je suis finalement étonné d'arriver aussi vite sur la grande avenue près de laquelle j'habite, pourtant je n'ai pas carburé, j'en suis persuadé. Du coup je continue 10 minutes de plus. Ça fera 18 au total.

La minute de marche semble aussi courte que les deux de courses semblent interminables. Peut-être parce que je n'arrête pas de regarder le temps sur mon portable. Je ne pense à pas grand chose, juste à mes jambes. Pas de musique, je surveille juste mon coeur, mes pieds - histoire de ne pas me péter une cheville dans un trou.

Une fois entré, comme je ne supporte pas d'être en sueur, je file sous ma douche. Z., par texto, m'informe que j'aurais du m'étirer après, mais comme je ne connaissais pas les exercices... ce sera pour la prochaine fois.

Comme toujours après avoir fait du sport - c'est trop rare, malheureusement - j'ai à la fois l'impression d'avoir 15 et 60 ans : je me sens en forme, et complètement vidé. Mais satisfait, ce qui est l'essentiel, même si c'est un sentiment toujours dangereux, si je veux que mes baskets aient une deuxième chance.

Je vous laisse.

5 commentaires:

Morgane a dit…

C'est trop mignon. Vraiment. On a l'impression d'une naissance. (Bon j'ai lu en écoutant une musique à la Dawson).

Bref continue et quand t'auras appris deux ou trois trucs de monsieur Z, tu me montreras ?

J'ai tjrs détesté courir mais j'avoue que là t'as réveillé quelque chose.

Bisous et cours et tiens nous au courant ;)

Gildas Devos a dit…

Ben ouais, si tu veux aller courir un jour, t'es la bienvenue ! Mais ça s'improvise pas, faut y aller doucement :)

Zaza a dit…

Morgane elle est tellement enthousiaste de toutes les nouveautés qu’elle oublie qu’elle a pas le droit de courir... :p

« Mon pote Z. » j’ai l’impression que tu parles de Benoît Z. (et là, forcement... y a que moi qui comprend ma propre référence...)

Amandine a dit…

Lol. Tu peux dire Zaza, c'est pas son vrai nom en plus lol :p

Bon bref, j'avoue que c'est vrai que j'ai limite envie de courir dans le frais de la nuit avec toi :p

Mais je DETESTE courir...

Bref en tout cas je suis fière de toi !

Gildas Devos a dit…

En fait je vais plutôt courir le matin, donc ça va pas être simple pour toi :-"