samedi 30 avril 2011

Quota de conneries


Salut à tous,

En ce moment, le football français est secoué par un scandale qui ferait presque passer celui de Knysna, l'été dernier en Afrique du Sud, pour une gentille engueulade entre le jardinier et le chauffeur du bus d'Arles-Avignon. Pourtant, hormis la ministre des sports, on n'entends pas grand monde au gouvernement crier au scandale. Logique, certains de ses membres, et pas des moindres, et au vue de leurs déclarations ces dernières semaines, n'auraient pas grand chose à rajouter aux propos qui auraient été dits dans les couloirs de la Fédé.

C'est Médiapart qui a mis les pieds dans le plat. Ce site d'infos payant, créé par Edwy Plenel, est particulièrement réputé depuis quelques années pour ses critiques contre le gouvernement - et en particulier son obsession pour la sécurité et sa lutte contre l'immigration -, mais aussi pour le sérieux de ses enquêtes. Mais c'est à ma connaissance la première fois qu'il s'intéresse au foot. Et il ne l'a pas fait pour rien a priori.

Il y était dit il y a quelques jours qu'en octobre dernier, durant une réunion, certains, dont François Blacquart, le DTN, et surtout Laurent Blanc, le sélectionneur, idole des médias et de leurs consultants qui ont pour la plupart joué avec lui, auraient évoqué l'idée d'instaurer des quotas ethniques au sein de la formation française. Ainsi, 30 % de celle-ci seraient réservées aux joueurs d'origine africaine ou maghrébine. Une révolution extrêmement étonnante, même dans le climat actuel particulièrement nationaliste, surtout dans un milieu, le football, certes de majorité de droite (forcément, vu l'argent qui y circule...) mais qui a toujours baigné dans un certain métissage. Difficile de ne pas aimer les noirs et les Arabes quand vous jouez au foot, ou quand vous entraînez, même si les tribunes sont parfois loin de partager ces idées progressistes... Et puis j'ai quand même du mal à imaginer Laurent Blanc, un mec certes un peu pompeux et sûr de lui, mais que j'imagine volontiers humaniste et tolérant. Surtout, ses sélections sont loin d'être qualifiés de "blanchisantes". Il suffit d'en parler à Adil Rami, Yann M'Vila ou Karim Benzema, même si son joueur préféré reste un gars "bien de chez nous", à savoir Gourcuff. Et pourtant...

Forcément, à la Fédé, ça a nié en bloc. Y a rien d'original hein, ce qui aurait été étonnant c'est de les voir arriver au micro et dire "ben oui, on fait ce que des esprits éclairés comme les Le Pen, Finkelkraut ou Georges Frèche nous conseillaient hein, on blanchit le foot, et là je ne parle pas des habituels sentiers financiers de notre milieu". Forcément, ça paraissait un peu gros, et depuis aujourd'hui on a des éclaircissements sur cette affaire, et les teintes de noir et de blanc se sont quelque peu grisées... sans effacer les traces de merde.

Y a eu dérapage, certes, du moins si la discussion révélée aujourd'hui par Médiapart est exacte, mais le constat de base restait exact. Au départ, on croyait qu'ils avaient seulement évoqué le fait que les dirigeants du football français souhaitaient se rapprocher du système de formation espagnol - après avoir été l'inspiration de toute l'Europe il y a 10 ans -, qui vient de gagner l'Euro et la Coupe du Monde, et qui se base sur des joueurs de petite taille extrêmement techniques, et accessoirement tous blancs. Et ils en auraient conclu que pour cela, il fallait écarter les noirs et les Arabes, absents des équipes de jeune espagnoles, favorisés depuis quinze ans dans nos centres de formation, car soi-disant plus costauds et physiques que techniques. Baky Koné, Samuel Eto'o, Ryad Boudebouz ou Karim Ziani peuvent en témoigner : c'est une ânerie aussi stupide qu'infondée et raciste, surtout. Mais manifestement, ce n'était pas le véritable sujet, même s'il en fait partie.

En fait, la discussion portait sur les bi-nationaux, ces joueurs nés en France mais dont les parents sont étrangers, et qui peuvent donc choisir la sélection qu'ils veulent : la France, ou le pays de leurs parents. Une caractéristique qu'on ne partage, en Europe, qu'avec l'Angleterre (Jamaïque, Nigeria...) et un peu l'Allemagne (avec les Turcs) : notre passé colonialiste, et notre propension, durant le siècle et après les deux guerres, à faire appel à des travailleurs étrangers pour remettre le pays en route nous a offert des générations de joueurs fabuleux, dont les trois symboles, Platini (Italie), Kopa (Pologne) et Zidane (Algérie). En 98, Desailly (Ghana), Zidane, Vieira (Sénégal), Djorkaeff (Russie) ou Trezeguet (Argentine), tous nés en France et indiscutablement Français, ont gagné la Coupe du Monde. Mais depuis les années 2000, la tendance s'est inversée, et le nombre de jeunes formés en France jusqu'en Espoir (moins de 21 ans) et qui choisissent ensuite le pays de leurs parents augmente chaque année. A la dernière Coupe du Monde, la France s'était privée de Nasri et Benzema, et n'avait sélectionné aucun joueur d'origine maghrebine...

On peut comprendre l'énervement des responsables de la formation française, qui travaillent pour fournir à l'Équipe de France des générations de bons joueurs, tandis que plus de 20% de ses derniers joueront ensuite pour un autre pays. Je me dis souvent que si Zidane avait débuté à notre époque, il aurait peut-être déjà porté le maillot de l'Algérie, comme c'est le cas de Boudebouz, un des plus sérieux talents de Ligue 1.

Certes, dérapage il y a (si c'est avéré). En effet, dans cette discussion ils parlent de limiter les joueurs ayant une double nationalité, ce qui est discriminatoire. En plus, ce sont surtout les clubs qui forment les jeunes (mais pas seulement, l'INF Clairefontaine aussi) et eux n'ont aucun intérêt à former ou pas de futurs joueurs de l'Équipe de France, du moment qu'ils jouent pour eux et/ou leur rapportent de l'argent à la vente... et puis, même si c'est problématique pour la France, ce n'est pas immoral que l'Afrique, exploitée depuis des lustres par les clubs français qui font venir des jeunes sans papiers pour grossir leurs effectifs de jeune, pour parfois les renvoyer ensuite à la rue, profite en retour de l'excellence de notre formation. L'Afrique abreuve l'Europe de grands joueurs depuis des décennies, c'est aussi normal qu'elle en récolte les fruits. Au Mondial l'an dernier, il y avait une vingtaine de joueurs algériens qui étaient également Français... ça faisait 24 ans qu'il que l'Algérie n'avait pas atteint ce niveau.

La discussion, selon Médiapart :

Erick Mombaerts (sélectionneur des Espoirs) : «Est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité?»

Laurent Blanc :«Moi j'y suis tout à fait favorable. A mon avis, il faut essayer de l'éradiquer. Et ça n'a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l'équipe nationale des 16 ans, 17 ans, 18 ans, 19 ans, 20 ans, Espoirs, et qu'après ils vont aller jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément».

Mombaerts : «Donc il faut 30% ? Un tiers de gamins qui peuvent changer
(de nationalité)

François Blaquart (DTN) : «Même pas. On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit.»

Francis Smerecki (sélectionneur des moins de 20 ans, qui s'apprêtent à disputer le prochain Mondial de la catégorie, dont ils font partie des favoris) : «Première chose, c'est discriminatoire [...] Ce qui me gêne sur le fond, c'est (qu'il y a) celui qui a la possibilité d'être français-français et d'aller avec Laurent (Blanc), et celui, parce qu'il n'a pas assez d'aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c'est celui-là que vous voudriez éliminer. C'est impossible.»


Blacquart : «C'est pas forcément l'éliminer».

Smerecki :
«Le limiter ? Ça veut dire que vous allez garder lesquels? Les blancs ? Les moins bons ?»

Blanc :
«On ne veut pas éliminer les étrangers, pas du tout, mais faire en sorte que les pôles Espoirs ou les pôles de la DTN testent sur des critères mieux définis pour pouvoir attirer d'autres personnes, parce que si on a toujours les mêmes critères, il y aura toujours les mêmes personnes. En ce moment, tu n'as pas le choix puisque tu as toujours le même stéréotype de joueurs; Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks. Et c'est comme ça. C'est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formation, dans les écoles de football, ben y en a beaucoup. Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture. Les Espagnols, ils m'ont dit : "Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas. (...) Moi c'est pas les gens de couleur qui me posent un problème. C'est pas les gens de couleur, ce n’est pas les gens nord-africains. Moi je n’ai aucun problème avec eux. S'il n'y a que des — et je parle crûment — que des Blacks dans les pôles (de jeunes) et que ces Blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien».

Mombaerts : «Est-ce qu'on peut essayer de proposer avant la fin de l'année un projet, s'attaquer à quelques croyances bien établies, notamment le jeu, au détriment peut-être de l'individu. Mais le jeu, forcément, ça va être d'intégrer d'autres types de joueurs. Parce que le jeu, c'est l'intelligence, donc c'est d'autres types de joueurs.»

Il y a donc dérapage big time, basé sur un constat pourtant exact. Mais il est traité de façon complètement débile, raciste (considérer que d'autres joueurs que les noirs et les Arabes sont forcément plus intelligents...). C'est tellement dans l'air du temps... Si ces propos se révèlent exacts, ce que je n'espère vraiment pas, les démissions devront tomber. Et la tâche de Laurent Blanc, s'il devait rester, deviendrait encore plus difficile que celle de Domenech après l'Euro 2008. C'est dire.

Je vous laisse.

jeudi 28 avril 2011

Messi, c'est beau


Salut à tous,


Hier soir avait lieu le troisième épisode de la mini série à succès, "Pep et José", tiré d'un des grands succès de cette automne, la "manita". Alléché par la perspective de revivre les mêmes émotions à suivre la suite d'un tel chef d'œuvre, le peuple, amoureux de beau football et de buts de folie, se précipite sur leurs télés à chaque épisodes, impatient de voir la suite et surtout, savoir comment ça va finir : lequel des deux, le ténébreux, ambitieux et cynique José, ou le romantique Pep, va-t-il se qualifier pour la finale de la Ligue des Champions, où il retrouvera probablement Manchester United, qui lui va se débarrasser sans coup férir des Allemands de Schalke 04 au terme d'épisodes nettement moins teintés de suspense et de frisson.

Les deux premiers épisodes de "Pep et José" sont des tours de chauffe : l'intrigue se met en place, la tension monte, et des personnages ressortent du lot. Certains sont attendus : les deux grandes stars, bien sûr, son accompagnées de deux autres personnages, plus que des faire-valoir car payés à prix d'or pour réhausser un casting qu'on aurait déjà pu considérer comme luxueux et riche en talent. Lionel Messi et Cristiano Ronaldo marquent chacun un penalty lors du premier épisode, à savoir le match retour de la fameuse Manita. José, refroidit par la branlée prise à l'aller, décide de renouer avec ses vieux démons de bétonneur, qui lui avaient permit, lors de la saison précédente, d'éliminer son vieil ami Pep alors qu'il dirigeait alors une autre troupe d'acteurs, milanais ceux-là. Il avait ainsi demandé à son meilleur acteur, Samuel Eto'o, ancien acteur de... Pep, de jouer extrêmement défensif, limite défenseur. Cette tactique extrême, tous derrière, avait payé. En arrivant à Madrid, il avait voulu se montrer à son meilleur jour en évoluant offensivement, y compris contre les Catalans dirigés par Pep. Résultat : une défaite 5-0. José jura alors qu'on ne le reprendrait plus, et il tint parole.

Il aborda donc ce premier épisode avec cinq milieux, dont trois exclusivement obnubilés par une seule tâche : détruire le jeu chatoyant et romantique prôné par Pep. Résultat, devant des milliards d'yeux qui n'attendaient qu'une chose, un remake réussi de la Manita, assistèrent à une bataille tactique aussi intéressante pour les passionnés de bloc équipe que soporifiques pour les autres. Défensifs, violents et sans ambitions, les hommes de José finissèrent avec un homme en moins, comme durant la Manita. Mais ils arrachèrent un résultat nul qui laissa entendre qu'il avait trouvé la solution pour empêcher la meilleure équipe du monde de jouer. Il n'avait pourtant rien inventé : cinquante ans plus tôt, un certain Helenio Herrera avait révolutionné le football, qui ne consistait alors qu'à empiler les attaquants sans se soucier de sort de son gardien de buts - 5 buts de moyenne par matches lors du Mondial 1954 - en créant la défense à quatre et la "catenaccio", et son célèbre Libero, un défenseur évoluant dix mètres derrière les autres. Ce sinistre individu, sur les épaules duquel repose en partie la responsabilité du football défensif d'aujourd'hui, avait ainsi remporté huit trophées en six années, dont deux Coupes des Champions.

Bref, ce match nul (1-1), pourtant sans grand enjeu, commença à insinuer un doute à la fois chez Pep et ses hommes, mais aussi les observateurs : José allait-il réussir le même casse que l'an dernier ? Faire un casse en jouant au coffre-fort, quelle audace... le deuxième épisode, en finale de Coupe d'Espagne, allait confirmer ce doute : après une nouvelle démonstration de football défensif et destructeur, José et sa troupe allaient vaincre celle de Pep, en prolongation (1-0), grâce à une nouvelle saillie de Cristiano Ronaldo. Le lendemain, le quotidien bien connu en France, l'Equipe, allait affubler José du surnom le plus inapproprié qui soit : "l'enchanteur". Génie tactique, meneur d'homme hors pair, si on veut, mais enchanteur... on se demande encore aujourd'hui qui José et son béton avaient-ils bien pu enchanter durant ce nouvel épisode sans saveur, hormis Martin Bouygues, peut-être. Pourtant, ce dernier pouvait s'inquiéter : sa chaîne télé, TF1, allait devoir diffuser le troisième épisode. Mais la qualité de jeu durant les deux premiers épisodes, extrêmement quelconque, allait-elle attirer autant de téléspectateurs que prévu ?

Cet épisode marquait l'entrée des deux protagonistes dans le vif du sujet : la demi-finale aller de la Ligue des Champions. Cette fois, plus d'excuse sur le relatif enjeu du match, c'est là qu'on allait voir les hommes, comme dirait l'autre. Du reste, on allait les voir que trop bien, les hommes. Surtout du côté castillan, évidemment : José avait décidé de se passer de ses trois attaquants de pointe, et reconduit son milieu d'équarrisseurs, le Français Lassana Diarra remplaçant l'Allemand Sami Khedira, blessé. Mais la révélation des deux premiers épisodes, le Brésilo-Portugais Pepe, était bien là, et Lionel Messi, qu'il avait réussi à éteindre durant deux matches, pouvait une nouvelle fois pouvoir compter sur de bons ballons face au but sur les doigts d'une main.

Pepe, c'est un défenseur formidable, le plus cher de l'histoire (30 millions d'Euros). Né au Brésil mais naturalisé Portugais, comme c'est assez fréquent au bout de la péninsule, c'est l'anti Galactique, ou plutôt si, s'en est un : du genre Golgoth. Un grand type assez laid, pas dégeu balle au pied, extrêmement intelligent dans son placement, insurpassable dans les airs et dur, très dur sur l'homme. Aligné au milieu, il s'occupe des transmissions vers Lionel Messi, annihilant le meilleur acteur du monde. Et durant une heure, les téléspectateurs auront l'impression d'assister aux deux premiers épisodes. Les Catalans ont la parole, mais celle-ci butte inlassablement sur le mutisme castillan. Ce dernier devient même agressif, voire violent : il faut dire que toute la semaine, les deux héros se sont mis sur la tronche comme rarement, du moins par presse interposée. C'est donc dans un climat épouvantable que se déroule le match. Pas d'occasions, Morphée se régale.

C'est finalement Pepe qui allait débloquer la situation, mais pas comme il l'avait rêvé jusque là. Violent sur son ancien compatriote Dani Alves, qu'il cherche manifestement à priver de son tibia, il est expulsé. Fou de rage, José, dont les troupes ne finissent jamais à onze contre Barcelone, dis ce qu'il pense de l'arbitrage à son responsable, qui l'envoie ruminer dans les gradins. La voie est alors libre pour Lionel Messi qui, sur deux éclairs, deux envolées lyriques dont une qui ne risque pas de ne plus être visionnée sur internet, met à genou le Real Madrid. Ce but, c'est la plante qui s'est frayée un chemin au milieu du béton pour fleurir au milieu de la grisaille. Un miracle.



La demi-finale est quasiment jouée avant le quatrième épisode, déjà presque vidé de tout suspense. Comme si la fin avait déjà été jouée. A moins, évidemment, que le génie de José, et surtout quelques idées offensives dans son esprit tortueux, réapparaissent enfin. Mais franchement, ce serait dommage pour le football. Quand ce dernier récompense, parfois, la qualité au réalisme, c'est le plus beau des sports.

Je vous laisse.

mercredi 27 avril 2011

Duo


Salut à tous,

Les deux trucs qui me prennent la tête dans le bon sens - en ce moment. Deux artistes féminines, une néerlando-israelienne élevée à Paris et une Britannique pur jus, deux voix et deux physiques opposés, et deux morceaux qui m'entêtent comme rarement.





Je vous laisse.

jeudi 21 avril 2011

Mais putain !!


Salut à tous,

Si votre rêve est de me voir un jour soutenir une initiative de Sarkozy, ou du moins d'un de ses ministres - mais rien ne se fait dans son dos, même encore aujourd'hui - et bien vous allez être comblés. Je vais (me ? vous ?) prouver que je ne suis pas un anti Sarkozyste de principe, mais de choix, un citoyen simplement révolté par 99 % de ce qu'a fait ce type depuis 9 ans, et son arrivée au ministère de l'Intérieur. Jamais Chirac ne m'a mis en boule de cette manière, et pourtant c'était un cas, lui aussi.

Mais quand il fait quelque chose de bien, je ne me vois pas le critiquer, tout comme j'avais soutenu Chirac lorsqu'il avait supprimé le service militaire obligatoire, par exemple. Bon, dans le flot inextinguible de lois ubuesques, populistes, voire réactionnaires dont il est à l'origine, les bonnes initiatives sont à compter sur les doigts d'une main de lépreux. Je citerais l'intervention en Libye, même si elle est incomplète et trop timide, et qu'elle fait aussi penser qu'il a toujours été un fana des présidents US façon Bush...

Et puis y a ce projet de loi de Roselyne Bachelot sur la pénalisation des clients de la prostitution. Bon déjà moi j'en ai profité pour apprendre un truc : ce n'est donc pas interdit d'acheter des femmes pour satisfaire ses besoins sexuels. Moi j'étais persuadé du contraire, que si on se faisait choper, ben on prenait une prune. Et manifestement, ça ne choque personne que ce soit les filles qui soient sanctionnées, et pas le salopiaud qui a acheté son corps.

J'ai vu plusieurs débats sur le sujet, et j'ai cru revoir ces débats sur le tabagisme : tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut arrêter de légiférer, qu'on arrive dans un monde aseptisé où tout est interdit, etc. Même un catho comme Bayrou, hier chez Durand ! Mais putain, la liberté s'arrête là ou celle des autres commence, bordel de peau de zob ! On a aussi dû légiférer, un jour, pour qu'on ne batte plus sa femme, pour qu'on ne coupe plus la main des voleurs ou qu'on ne brûle plus les gauchers pour sorcellerie ! Là en l'occurrence, il s'agit de sanctionner des gens pour vouloir acheter du corps humain, je ne vois pas où est le problème, putain ! Pour moi c'est quelque chose d'évident, surtout dans un pays où on interdit les mères porteuses...

Il paraît que payer une femme pour baiser, c'est comme dans les "vraies" relations, où il faut payer à dîner, des cadeaux, etc. D'abord ça c'était y a 50 ans, et puis dans ces cas là les femmes ont quand même toujours le choix de refuser de coucher avec le mec il me semble... s'il suffisait de payer un resto à une gonzesse pour coucher avec...

Dans ces débats (Ruquier, Durand...), un truc m'a frappé : les femmes y était largement minoritaires, et n'ont absolument rien dit. Il s'agissait donc d'hommes qui nous parlaient de leurs pauvres libertés de mâle mise à mal, leur sexualité de prédateur (tu parles d'une prise pas consentante !) brimée, etc. Par contre, les féministes, je ne les ai pas entendues, alors que c'est justement là qu'on aurait besoin de leur avis. Mais depuis la "retraite" (bienvenue, certes, quelle plaie) d'Isabelle Alonzo, et la vente au diable de l'âme de Fadela Amara, la figure des féministes en ce moment c'est Gisèle Halimi. Ah ça, pour emmerder Jean-Marie Bigard, y a du monde, mais pour accuser les salopards qui vont aux putes... bizarre. En tous cas on voit en ce moment qu'il y a vraiment beaucoup de boulot à faire.

Dans ces débats, des mecs comme Caubère nous parlent, la lèvre aussi frémissante que sa mèche, des prostituées qui ont choisi de l'être, de ces femmes qu'il faut protéger (qui a dit le contraire ?)... sauf que d'abord, les femmes qui sont prostituées par choix, et non parce qu'elles sont exploitées par des enculés, ou parce que la misère les y poussent, ne doivent pas représenter plus de 10 % de la population, même si je n'ai pas eu l'occasion de faire un sondage... c'est un métier fait dans des conditions épouvantables, surtout depuis l'interdiction du racolage qui les a poussé à quitter les avenues bourgeoises pour aller se mettre à la merci du premier dingo venu dans des petites rues. Les putes que Caubère doit fréquenter ne sont sûrement pas dans ce cas, ceci explique peut-être cela. Toujours est-il que quand des femmes affirment qu'elles portent le burka par choix, personne ne les croit. En revanche, quand elles disent se prostituer selon leur volonté, là ça tombe sous le sens.

Ensuite, on parle d'empêcher les hommes d'aller les voir, pas de sanctionner encore plus les filles ! Si la demande chute, l'offre diminuera d'elle-même, et peut-être que le trafic de femmes en prendra un coup...

Évidemment qu'il faudrait mieux s'attaquer aux réseaux mafieux qui exploitent des filles de l'est ou d'Afrique. Il n'empêche que le geste de payer pour bénéficier du consentement sexuel d'une femme reste absolument ignoble, et contraire aux Droits de l'Homme. Enfin, il paraît que ce sont ces derniers qui sont menacés dans cette affaire...

Je vous laisse.

mercredi 20 avril 2011

Caden Roussel


Salut !

Je reviens de quatre jours passés dans le Morbihan, dans la nouvelle maison de mes parents. Un séjour absolument lumineux, même s'il m'a coûté à peu près quatre mois de régime... la Bretagne, diététiquement, c'est fatal.

Je ne connaissais pas du tout le sud de la Bretagne, en dehors de quelques vacances ou colos enfantines quasi effacés de ma mémoire par l'eau passée sous les ponts. Et c'est vrai qu'il y a une véritable différence entre le nord, que je connais un peu et qui se gèle les rochers dans la Manche, et le sud, verdoyant et surtout très ensoleillé. Quand j'ai vu mes parents et leur bronzage façon exilés monégasques, j'ai cru avoir la berlue. Le jardinage, ça vous hâle grave.

La marée ne nous a pas permit d'aller visiter des îles du golfe du Morbihan, mais à la plage on s'est baladé sur une plage qui faisait furieusement penser à la Loire-Atlantique toute proche. D'ailleurs, des trois grands patelins les plus proches (Lorient, Rennes et Nantes), c'est le dernier nommé, de l'autre côté de la frontière, qui est le moins loin. Rien d'étonnant, donc, que le climat et le paysage font moins penser à la Bretagne que le Finistère ou les Côtes d'Armor.

On aurait pu aller à Rennes ou Nantes pour aller voir un match ce week-end, mais finalement on est allé à Vannes, à 40 kilomètres. C'est de la Ligue 2 mais on sent que le National n'est pas loin, que ce soit dans le passé ou dans l'avenir : le stade est tout petit (mais moderne quand même), l'ambiance est bonne enfant, même si les résultats décevants du club local n'encouragent pas le public à être compréhensifs au moment ou les visiteurs, Sedan, marquent deux buts en dix minutes, bref c'est un peu quand on va voir un concert dans une petite salle : on s'y sent mieux que dans une salle immense, à 40 kilomètres des chanteurs. Là, les mecs je les voyais en baver, s'engueuler, etc. Les avantages du foot amateur accolés au professionnalisme.

Sur le terrain, quelques visages connus en Ligue 1, comme les Bretons Mézague et Delhommeau, qui a même joué la Ligue des Champions il y a 10 ans avec son club formateur, Nantes ; ou les Sedanais Costil et Fauvergue, ce dernier, prêté par Lille, inscrivant deux buts de la tête en début de match histoire de nous offrir un match assez vite privé de suspense. Il y a une marge technique mais surtout d'expérience entre les deux formations, une plus grande maturité des Sangliers... mais surtout, ne pas jouer le maintien, ça aide pour la sérénité. J'ai surtout pu voir de mes yeux vus des joueurs dont je connaissais le nom, vu que je les rentre dans le site chaque semaine ou presque. Des noms, ils deviendront désormais des visages et des jambes, les prochaines fois que je gérerais des matches de Vannes et Sedan, en Ligue 2... ou en National.

On a aussi visité un charmant village médiéval dont le nom m'échappe, mais aussi Redon, carrefour entre trois départements, deux régions, une rivière et un canal. On a aussi presqu'un peu trop regardé de foot, on a (excessivement) bien mangé, on s'est baladé... bref un peu d'air frais qui ne fait pas de mal. Sauf sur la balance, évidemment.

Je vous laisse, avec la désormais traditionnelle séance diapos...




mercredi 13 avril 2011

Histoire commune


Salut à tous,


Hier, j'ai écris mon 400e post sur ce blog - ce qui fait très exactement un post tous les 3.11 jours en moyenne, on ne se refait pas - et pour fêter ça, je suis allé voir l'expo à l'Hôtel de Ville de Paris (faut préciser, parce qu'il y en a d'autres, paraît-il) sur la Commune. J'étais déjà allé voir celle d'avant, qui relatait des 40 ans du PSG. Ce qui prouve bien qu'aussi bien Bertrand que moi entretenons des goûts et des intérêts extrêmement divers et variés. Et qu'apprécier la peccadille n'exclut pas de goûter à l'essentiel.

On est pas les seuls d'ailleurs, parce qu'il y avait autant la queue aux deux expos. Loin de moi, évidemment, de comparer les deux sujets, qui sont séparés ne serait-ce que par la palette d'émotions qui allaient m'habiter durant la visite de chacune d'entre elles.

Je crois l'avoir déjà dit ici (mais vous me connaissez mal si vous croyez que je vais prendre la peine de vérifier) mais la Commune est complètement sous-médiatisée en France. Y a plusieurs raisons à ça : d'abord, c'est un évènement uniquement parisien, qui ne s'est absolument pas propagé en Province, malgré les appels de soutiens des Communards, restés sans effets. Ensuite, c'est une révolution qui a échoué. Et en France, on a du mal à retenir les noms de défaites, c'est pour ça, et c'est un des mécanismes humoristiques savoureux de l'album "le bouclier arverne", d'Astérix, qu'on retient par exemple plus le nom de Gergovie, victoire de Vercingétorix sur César, qu'Alesia, qui a vu le chef gaulois rendre les armes. Il y a certes une (très longue) rue d'Alesia à Paris, mais il reste difficile de trouver des artères portant le nom de Trafalgar ou Waterloo... contrairement en Angleterre.

Et puis, elle a fini dans le sang - 20 000 morts, plus que durant la Révolution ! - , elle est très récente - il s'agit également de la première révolte photographiée, avec ses héros mais aussi ses morts et ses atrocités - et puis, surtout, le gouvernement porte une immense responsabilité dans ce massacre - car s'en est un. Le gouvernement, donc l'État, qui n'a donc pas demandé pardon pour TOUS les carnages qu'il a perpétré.

Je résume si vous n'allez pas voir cette expo - rassurez-vous, j'en ai sûrement appris hier autant que vous l'auriez fait - : fin 1870, la France prend sa première grande branlée contre la toute neuve Allemagne, cette dernière, en pleine construction, nous chipant au passage, et pour plus de 45 ans, l'Alsace et la Lorraine. Au bout de la guerre, Paris doit se soumettre après un très long siège, mais les Parisiens n'acceptent pas aussi facilement l'abdication d'Adolphe Thiers, ce triste individu natif de Marseille (je dis ça, je dis rien). En mars 1871, ce dernier, pour éviter une révolte, veut envoyer les canons entreposés sur la colline de Montmartre à Versailles. Mais le peuple se révolte et, avec l'aide de la Garde Nationale, pique à son tour les canons. L'assemblée nationale se réfugie à Versailles, et le peuple établit la Commune à Paris.

Pendant deux mois, la Commune va réorganiser la vie dans la capitale, tout en garnissant ses pourtours de barricades. Séparation de l'Église et de l'État, plus de 30 ans avant la loi officielle de 1905 dont on nous bassine les feuilles depuis quelques semaines ; interdiction du travail de nuit, etc. La colonne sur la place Vendôme, symbole du Bonapartisme - la France sort du IIIe Empire qui a duré vingt ans - est mis à terre. Dans cette révolte, les jeunes, mais surtout les femmes sont extrêmement actifs et se battront au premier rang quand ça tournera mal, à l'image de l'institutrice Louise Michel.

Fin mai, Thiers décide d'en finir. Durant une semaine, à l'image, un peu, de ce qui s'est passé à Abidjan par exemple, Paris sera plein de combats. Une armée de 60 000 hommes est envoyée pour récupérer la capitale. Cette dernière, derrière ses barricades de pavés, résiste tant bien que mal, mais sera écrasée. La Garde Nationale est repoussée au Pont de Neuilly ou sur les plaines de Nanterre, au pied du Mont Valérien (qui ne sont pas que des arrêts de métro et de tramway, hélas) ; le peuple est battu sur les hauteurs de Montmartre., boulevard de Charonne... Pour se défendre, les Fédérés appliquent la tactique de la terre brûlée : tout en reculant, ils mettent le feu à bon nombre d'institutions comme l'Hôtel de Ville ou les Tuileries, qui ne s'en relèveront pas, tout en exécutant, eux aussi, quelques curés au passage. Paris est en flammes, mais toutes les traces de la révolte seront irrémédiablement effacées. Ça aussi, ça n'aide pas le souvenir.

Le 28 mai, les derniers combats à l'arme blanche se déroulent dans le cimetière du Père Lachaise : les derniers résistants y seront fusillés au pied du mur des Fédérés - que j'ai évoqué ici, ça je m'en rappelle - qu'on peut encore visiter aujourd'hui, dans l'est du cimetière, jouxtant les tombes des grands dignitaires communistes comme Maurice Thorez.

Je vous l'ai dit, Thiers sera sans pitié : des exécutions sommaires et sans le moindre début de jugement ont lieu dans les rues de Paris, sur les marches du Panthéon, sur le boulevard Richard-Lenoir... les (rares) responsables communards seront soit fusillés durant les combats, soit envoyés au bagne à Cayenne pour apprendre à se révolter, comme dirait Renaud (vous savez, l'ami de Carlos Ghosn). Certains d'entre eux, comme Louise Michel, bénéficieront d'une amnistie en 1880.

Alors que le Marxisme - le bon Karl avait envoyé des observateurs sur place - était en pleine naissance, cette révolte complètement populaire mais aussi républicaine fut autant désespérée que symbolique d'une époque où l'on sentait déjà que l'industrialisation du pays participait beaucoup, déjà, à l'aliénation de l'Homme. La Commune est le point de départ d'un mouvement qui allait certes aboutir à l'Union Soviétique, mais aussi au Front Populaire de 1936. Mais l'horreur de sa répression allait aussi refroidir les ardeurs du peuple à se révolter : alors qu'on sortait de quatre (1789, 1830, 1848, 1871) révolutions en 82 ans, il allait falloir attendre 65 années pour en voir une autre.

Si quelques expos parisiennes relatent l'évènement, j'ai vu vraiment très très peu de débats, de documentaires ou d'émissions sur le sujet à la télé, voire pas du tout. Y a-t-il eu ne serait-ce que des films ou des téléfilms sur le sujet ? Pas à ma connaissance... Si les 140 ans n'ont passionné personne, espérons que les 150 réveilleront enfin les consciences et les mémoires.

Je vous laisse.

mardi 12 avril 2011

La valise éternelle


C'est l'histoire d'une valise. Non, n'imaginez pas qu'il s'agit là d'un destin ordinaire - voyage, voyage, voyage, voyage, poubelle - pour un objet aussi basique, pour lequel je n'aurais sans doute pas interrompu une partie de FM 2011 aussi passionnante. Bien au contraire.

Déjà, l'époque de l'achat. Elle fut dénichée dans une de ces boutiques qui sentent le cuir, ces établissements où on aime aller juste pour respirer leur odeur intérieure, comme les fromageries ou les librairies. Elle était classique de son époque, à savoir la première moitié des années 30 : gigantesque, renforcée au niveau des coins, et lourde comme la culpabilité au bout du bras quand on doit la traîner, pleine, dans une gare. Pas de roulettes pour fainéants, pas de poignée à rallonge, non, cette valise vous faisait réellement apprécier votre arrivée à destination, aller ou retour. Elle vous faisait vraiment apprécier vos vacances, de gare à gare tout du moins.

Les acheteurs ? Un couple d'immigrés bretons à Paris, qui ont eu l'idée originale de s'installer au-delà du quartier où ils sont arrivés, Montparnasse, comme la plupart de leurs congénères au début du siècle : non, ils ont choisi une autre colline, Montmartre, qui était encore à l'époque un quartier populaire, et non la fourmilière à touristes d'aujourd'hui, totalement inaccessible financièrement pour les couches pauvres ou même moyennes de la population.

A partir de son achat, qui avait pour but de remplacer celle qui s'était brisée sur le quai de la gare Montparnasse, à l'arrivée du couple à Paris, cette valise ne quittera jamais le petit appartement près de la place des Abbesses, situé dans un immeuble qui ne sera pas rénové avant la fin des années 2000. Même durant la guerre, période qui ne forcera pas, contrairement à tellement de Parisiens, notre couple de Bretons à déménager, elle restera coincée en haut d'un cagibi poussiéreux, entre la chambre et la petite cuisine du fond. Elle y côtoiera durant plus de 70 ans une autre valise, quasi identique et au contenu similaire.

Tout au long de ces sept décennies durant lesquelles l'appartement passera à la fille du couple, et notamment durant les années précédant la guerre, elle se remplira de morceaux de tissus achetés à la Samaritaine, de robes inachevées, de vieux journaux, de boîtes et autres objets divers, tous soigneusement empaquetés et qui, la clé de la valise ayant disparu et la force de l'habitude aidant, ne reverront pas la lumière du jour avant notre époque. Il y furent même entreposés des objets qui font des personnes âgées des humains, avec leurs faiblesses, plutôt que ces icônes de sagesse et de morale, ces grands anciens dont l'intimité reste complètement opaques, voire choquante, à nos yeux.

Imaginez que vous restiez enfermé dans une pièce sombre pendant 70 ans, tandis que le monde voyait le nazisme triompher puis s'effondrer, la guerre froide le glacer tandis que l'occident s'esbaudit devant la magnificence du modèle économique et sociétal américain ; les crises pétrolières le plonger dans la crise, après que cette même Amérique ait subit, au Viet Nam, le premier échec militaire de sa courte Histoire ; le rideau de fer se lever, puis le modèle économique américain, encore une fois, être frappé de plein fouet par deux avions ; et Internet apparaître, et modifier la société en profondeur comme peu de choses ont réussi à le faire en aussi peu de temps. Durant tout ce temps, tous ces évènements, cette valise ne bougera pas, gardant à l'abri ses trésors et l'air des années 30, celui qui n'avait pas encore croisé celui de l'ignominie dont ne se doutait pas ce journaliste qui écrivait dans un vieux journal de 1932 que M.Adolf Hitler allait sans doute devenir le Chancelier de l'Allemagne d'ici quelques semaines. Tout le monde, y compris sa propriétaire, qui passa des dizaine de milliers de fois dessous sans se demander ce qu'il y avait dedans, avait oublié l'existence de cette valise et de son contenu qui, de leur côté, ne se posaient pas vraiment ce genre de question. La valise contenait, le contenu remplissait, et c'était déjà assez prenant comme ça.

C'est rien de dire qu'à la mort de leur fille, devenue presque centenaire, il y a quelques semaines, sa jeune héritière, une jeune maman de 32 ans, épaulée par quelques amis, dont votre serviteur si passionné d'Histoire, allaient se régaler à vider cette valise, après en avoir forcé la serrure avec un vieux ciseau rouillé, parcourant ces vieilles pages imprimées et déchirées, déployer tous ces tissus en parfait état pour certains, en lambeaux pour beaucoup d'autres, et découvrir ce que leurs aïeux n'auraient jamais voulu que personne ne découvre, même longtemps après leurs morts. Surtout, ces jeunes trentenaires qui se plaignent que leurs valises à roulette pèsent lourd, qui n'ont aucune idée de ce à quoi peut ressembler une guerre en France, et qui déménagent tous les dix ans, rendant ainsi impossible, désormais, ce genre de découvertes, auront tout de même respiré un peu d'air des années 30, emprisonné depuis 70 ans dans cette vieille valise.

Je vous laisse.

vendredi 8 avril 2011

Invention du mensonge


Salut à tous,


Il y a quelques jours, juste après mon retour d'Écosse, j'ai vu à la télé un film absolument génial, qui mérite d'être culte pour tout dire, mais dont personne n'a parlé, peut-être parce qu'y figurait à l'affiche Jennifer Garner, ancienne héroïne de la série "Alias", ce qui joue parfois négativement sur le succès d'un film. Si ça se trouve, Indiana Jones avec Tom Selleck à la place d'Harrison Ford, comme ça devait être à la base, aurait peut-être été un four... Mais à la limite tant mieux, comme ça ça lui garantit vraiment un statut de film culte dans quelques années, un peu comme "un jour sans fin" par exemple. J'avais voulu en parler ici à l'époque, mais j'étais occupé par le récit de mon voyage, et depuis ça m'était sorti de la tête.

Donc ce film, c'est "the invention of lying", un film joué et interprété par l'excellent Ricky Gervais, que je ne connaissais pas du tout, mais qui est manifestement une star en Grande-Bretagne, comme quoi ce n'est pas forcément une garantie de succès ailleurs. Ce qui m'a plu c'est le sujet, un sujet sur lequel j'aurais voulu écrire. Les personnages évoluent dans un monde où le mensonge n'existe pas, où les gens ne savent que dire ce qu'ils pensent à leurs congénères. Les employés de bureau se traitent de tous les noms, la secrétaire du héros ne veut pas bosser parce qu'il va être viré, et qu'il est un loser ; les maisons de retraite sont appelées "endroit tristes pour vieilles personnes" ou un truc du genre. Quand Gervais veut séduire une femme, elle lui sort directement que c'est impossible car il est moche, que génétiquement ça n'irait pas parce qu'il lui ferait des enfants petits avec un nez court. On dirait pas comme ça parce que je raconte mal, mais ce film est hilarant, la façon dont les gens ont de se couvrir d'injures de la façon la plus naturelle qui soit.



C'est la preuve qu'un monde où personne ne pourrait mentir ne pourrait pas fonctionner, justement parce que ce film est ubuesque : personne ne pourrait supporter de se faire traiter de cette manière, il y aurait des gens qui s'éventreraient dans les rues. Finalement, le mensonge c'est ce qui nous sépare des animaux, c'est ce que la société a inventé pour nous permettre de vivre à peu près bien ensemble. Le problème c'est d'en abuser, et surtout de s'en servir pour de mauvaises raisons.



Ce qui est encore plus intéressant, c'est toute la deuxième partie du film. Le héros, qui se retrouve en grande difficulté pour payer son loyer suite à son licenciement, a besoin d'argent, et une révolution va alors intervenir en lui : il va mentir à la guichetière de sa banque. Il va lui dire qu'il a 800 dollars sur son compte, au lieu de 300. Et ce qui rend les situations irrésistibles, c'est que du coup les gens, à qui on ne ment jamais, ne peuvent que le croire ! Et immédiatement, il se rend compte qu'il possède un pouvoir gigantesque sur les gens. Par exemple, à une fille qui lui plaît, il lui dit que s'ils ne couchent pas ensemble, ce sera la fin du monde, et ça fonctionne. Ses remords feront qu'il ne le fera finalement pas, mais quand même.

Il y a notamment une scène géniale, lorsqu'il vient de se rendre compte qu'il pouvait mentir, il va au café pour en parler à ses potes. Et là, il se rend compte que tout ce qui leur dit devient la réalité pour eux. Il leur dit qu'il s'appelle Doug, qu'il a inventé la bicyclette, qu'il est manchot, qu'il est allé sur la lune... ils ne sont pas capables de douter de lui, parce qu'il n'est pas sensé mentir, le mot n'existe même pas pour eux !

Et la clé du film, c'est quand il va voir sa mère mourante à l'hôpital. Elle lui dit qu'elle a peur de mourir, parce qu'il n'y a rien derrière la mort. Et là, il fait ce que toutes les religions font depuis toujours pour que les hommes se tiennent à carreau et fassent tout ce qu'on leur dit dans l'espoir d'aller au paradis : il lui ment pour qu'elle n'ai plus peur. Il lui dit que quand on meurt on va dans un endroit merveilleux, où on a droit chacun à un manoir, etc. Sauf que les médecins et les infirmières l'entendent, et lui demandent si tout est vrai en le regardant, les yeux écarquillés. L'info se propage au sein de la population, puis dans le monde entier, et il devient un véritable prophète.

Il invente un homme qui vit dans le ciel, et qui décide du destin de tous. Noyé sous les sollicitations et la pression, il est contraint d'écrire sur des boîtes de Pizza dix commandements que chacun doit suivre, sous peine de perdre son manoir. Mais les gens lui demandent des comptes : "est-ce l'homme qui vit dans le ciel qui a fait tomber un arbre sur ma voiture ? Salaud !" Du coup, il leur dit que le mec là haut fait aussi les trucs positifs. Il leur dit qu'ils n'ont pas le droit d'excéder les trois pêchés. Là encore, la scène est géniale.

Bref, que des thèmes qui me plaisent : l'illusion que la sincérité est l'ultime solution à tout et le mensonge le mal absolu, et les religions, arnaques de l'humanité. Même si la fin sent un peu trop l'eau de rose - la fille décide d'oublier ses exigences génétiques et fini quand même avec lui - vous devez voir ce film, c'est génial.

Je vous laisse.

mercredi 6 avril 2011

Thinner


Salut à tous,

Y a une semaine, je fêtais mon anniversaire. Enfin, MES anniversaires. Je passe sur celui qui m'a rajouté quelques brouettes superflues, et offert la traditionnelle journée à distribuer les "merci" sur Facebook. Bon, j'ai quand même aussi récolté quelques cadeaux plutôt bien chiadés : une montre le dernier Jean Teulé de la part de mon Amour, et un ballon et un jeu, Stratego, que je rêvais d'avoir quand j'étais gosse, du côté de mes amis. Enfin, d'une de mes amies, parce que cette année le thème dans notre groupe c'était "un ami un cadeau, offrir un jeu". J'ai déjà fait (et perdu) une partie, c'est très prometteur !

Mon autre anniversaire, c'était celui de mon "régime", que j'avais entamé au lendemain du repas qui avait sanctionné mon dernier anniversaire. Ce dernier s'était déroulé au Louchebem, l'excellent restaurant de viandes du quartier des Halles. Le soir, gavé comme un joueur de Ligue 1 un soir de double prime après avoir écrasé Arles-Avignon 1-0, j'avais décidé que dès le lendemain je m'y mettais. Non pas que je ne m'étais jamais dit ça avant, et que je n'étais pas terriblement décidé à chaque fois. C'est d'ailleurs ce que je me disais ce soir-là, même si je faisais semblant d'y croire quand même. Mais manifestement, je devais être un peu plus motivé que d'habitude, parce que cette fois ça a excédé les trois jours, voire la semaine. Et ça a marché, même si je ne suis pas encore sorti d'affaire. Et contrairement à ce que les faits semblent affirmer, le plus dur est devant moi, pas derrière.

J'ai en effet perdu au moins 25, et sans doute 30 kilos depuis un an. Je rappelle en effet à l'assistance - la salle est comble, les oreilles dressées, les cervelles prêtes à graver les informations qui s'apprêtent à leur être livrées - que durant le premier mois, je n'avais pas de balance. C'est donc au pif que j'ai effectué ce début de régime, qui consistait à une chose simple : ce n'était pas un régime. Pas de pesage d'aliments, et surtout pas de limite temporelle : une fois que j'aurais atteint ce que j'estimerais être un poids raisonnable - je ne suis pas encore décidé, 120, 110 ? 100, comme la dernière fois ? - ben je continuerais à manger ce que je mange actuellement. Je fais simplement confiance à mon corps pour faire le boulot, sachant que je le priverais de mes habituelles orgies d'entre les repas.

Du coup, je ne sais pas combien j'ai perdu de kilos exactement. Mais vu que je faisais environ 151 quand j'ai acheté ma balance, début mai, et que j'en faisais six de moins un mois plus tard, et encore cinq la fois suivante, je me dis que j'ai du en perdre environ sept, voire plus le mois suivant. Donc on se rapproche fortement des 160, au moins 158 à mon avis. Et vu que j'en suis à 128 aujourd'hui, ça fait donc environ 30 de moins.

Sauf qu'effectivement, si j'ai perdu l'essentiel de mon excédent avant l'été, au sortir duquel j'étais environ à 137-135, la suite fut beaucoup plus longue. Je n'ai même pas perdu dix kilos depuis, je pense que j'arrive à l'équilibre. Va falloir que je fasse quelques concessions supplémentaires, ce qui m'ennuie prodigieusement. Parce que ça voudrait dire que je me mets au régime pour de vrai, que je me prive vraiment, alors que jusque là j'avais juste le sentiment de manger normalement, pas de faire d'efforts réels. Là, ça va se compliquer. Mais il me reste au moins dix kilos à perdre, c'est indiscutable. Au rythme où je vais, je n'en aurais peut-être pas encore fini d'ici un an.


La dernière fois, j'avais perdu 10 kilos de plus en sept mois de moins. Mais une fois que j'avais atteint ce chiffre qui faisais de moi un grand échalas au faciès certes cadavérique mais qui m'a quand même pas mal changé la vie, je me suis dit que j'en avais terminé, du moins inconsciemment, et j'ai tout repris en trois ans, progressivement mais indiscutablement. C'est cette fois ci ce que j'ai décidé d'éviter. Mais ça paraît plus facile à dire qu'à faire. Un jour que je serais à 110, admettons, qu'est-ce qui me dit que cet inconscient si facétieux et gourmand ne voudra pas retourner au McDo, et pas seulement durant les horaires autorisées ?

Je vous laisse.