jeudi 17 novembre 2011

Kiff


Salut à tous,

Attention, mon humilité et ma modestie légendaires vont en prendre un coup, mais je crois que je vais me jeter des fleurs... ça va, je m'en mets suffisamment sur la tronche dans ce blog pour pouvoir me permettre de temps en temps une petite séance de cirage non ?? "Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur", c'est la devise du Figaro, pour une fois que mon employeur occasionnel ne dit pas une connerie...

Y a des matins comme ça, je kiffe. Mes amis et ceux qui me connaissent bien vous diront que je m'emballe aussi facilement que je m'énerve, c'est-à-dire très très facilement, mais voilà, je kiffe. J'adore voir publié un de mes articles, surtout un bon. J'adore qu'ils soient bien placés en une, mais surtout que le contenu me satisfasse parce que je l'aurais soigné, bichonné, et surtout quand ce n'est pas une commande.

Je ne parle pas là de ces compte-rendus de match livrés en fin de live, tout moites de la sueur délivrée tandis
que le match se déroulait encore, que des entraîneurs presqu'aussi fiévreux que moi tentaient des changements pour soit garder un résultat, soit le forcer, que des cartons tombaient et que des buts tardifs me ruinaient ce même compte-rendu au dernier moment. Ceux là sont bâclés, ils sont petits, sans forme ni personnalité et participent en général à ce fameux phénomène d'immédiateté de l'info éphémère déjà évoqué ici, et qui me hérisse tant le poil.

Non là c'est moi qui ai proposé le sujet. En même temps, c'est toujours le même : un papier stats, bilan, sur une équipe ou une compétition qui vient de terminer sa saison. J'en signe plusieurs par an, deux sur la Ligue 1 - à la trêve et en fin de saison -, un pour chaque grande compétition internationale (donc tous les deux ans) et un par an sur les Bleus. C'est de ce dernier dont il s'est agit ce matin.

J'envoie d'abord un petit mail en début de semaine, pour être sûr que ça les intéresse, non pas que je doute de leur réponse, qui est toujours positive, mais sans doute plus pour le plaisir d'avoir une réponse positive, de recevoir un mail disant qu'on veut bien de moi et de mes bons offices. Rien qui ne soit vraiment étranger à la nature humaine, en fait. Et puis, imaginons que par le plus grand des hasards, ça ne les intéresse finalement pas, ça me ferait chier d'avoir pondu un de mes bons papiers pour qu'il ne brille que dans les tréfonds brumeux et mal rangés de mon ordinateur...

Donc voilà, ils me répondent en me demandant ça pour le mercredi matin, le dernier match des Bleus ayant lieu le mardi soir. Dès la fin d'un match qui restera dans les annales de Prozac comme un des plus vendeurs de son histoire, je file sur mon ordi pour mettre à jour mes stats sur les Bleus, ce qui prend quelques minutes. Je dois notamment modifier un truc : dans mes stats persos, toutes mes moyennes de points sont à la victoire à deux points, nettement plus significative puisqu'elle n'altère pas le rapport entre victoires et défaites (une équipe ayant autant de victoires que de défaites aura un point par match, sur deux), et non à trois. Mais comme toutes les compétitions de la terre sont désormais à trois, et que d'autres gens que moi vont lire ce papier, je convertis mes chiffres avec la victoire à 3 points... Pour moi ça les fausse, mais si ça plait aux gens...

Puis je m'attaque à mon papier, dont j'avais déjà les grandes idées en tête avant même que je ne le propose à mes employeurs : Benzema pas si fabuleux en Bleu que ça, invincibilité relative face à des adversaires de seconde zone, de plus en plus de joueurs de Ligue 1, etc. J'en trouverai d'autre en fouillant un peu dans mes bons vieux tableaux Excel - enfin c'est pas Excel, c'est un autre truc moins bien mais auquel j'ai du m'adapter après avoir récupéré un ordi non équipé de cette magnifique invention - qui ont révolutionné mon approche des stats - ben oui, avant les années 2000 je les faisais dans des cahiers, sur papier, à la main... -, j'en trouverai d'autres, encore plus intéressantes, comme le fait que les Bleus sont moins bons les années paires - celle des grandes compétitions - que lors des années impaires. Pas bon pour l'Euro ça !

Sa structure et ses grandes lignes déjà définies, mon papier est donc torché et relu en une heure environ. Un peu trop vite même peut-être, puisque le lendemain soir (donc hier), je renvoyais un mail pour rajouter une info : l'invincibilité des Bleus de Blanc (17 matches) est la même que celle connue au début de la mandature de Raymond Domenech en 2004-2005. Et vu que le prochain match se déroulera en Allemagne, qui vient de foutre une rouste aux Pays-Bas (3-0)... je crois que les compteurs risquent d'être assez vite remis à niveau.

Une fois terminé, je l'envoie (dans le corps du mail, ma version bizarre de Word n'arrive pas à être lu par les ordis bizarrement modernes présents au Figaro...), et dès le matin suivant, commence une longue attente. Je passe ma journée à checker une éventuelle parution, d'autres papiers tellement moins intéressants sur le sujet paraissent mais pas le mien. Je me dis alors que ce sera pour le lendemain, mais pour vérifier j'envoie encore un petit mail. Confirmation :

"Salut,

Oui on doit le mettre demain matin.


Merci il est très bien"


Hum oui bon voilà, c'est pas ce que je demandais, mais euh... bon, je prends quand même, allez. Comment on fait pour prendre ça modestement déjà ? Je sais pas, et ça m'ennuie en fait. Je kiffe.

Et puis voilà, ce matin au réveil, entre deux cuillerées de céréales Casino au chocolat, voilà mon papier non pas en une - il est devancé par un article sur Blanc et un autre sur le retour de Lisandro à Lyon... zzzz - mais en troisième position, suffisamment visible quand même à mon goût. Et puis les articles bougent régulièrement, la journée n'est pas terminée...

Difficile de comparer vu que je ne sais pas trop ce qu'est d'être père, mais j'ai un peu l'impression de voir mon gamin rentrer à l'école, et de le voir essayer de se faire sa place parmi ses camarades de classe. Je le vois aussi parfait qu'il ne l'est sans doute pas (trop de chiffres, sûrement rébarbatif pour cette raison...), mais je m'inquiète aussi pour lui. J'ai une boule au ventre quoi, c'est mon bébé. Sauf que dans trois jours, il aura disparu, ou presque... l'info est éphémère, je vous l'ai dit. Rendez-vous dans un mois et demi, pour la trêve de Ligue 1...

Je vous laisse.

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