jeudi 3 novembre 2011

Grécer la patte

Salut à tous,

Qu'est-ce qui se passe-t-y donc dans notre petit monde moyennement rond, aussi bien dans sa forme que dans son mouvement ? Oui oui, c'est bien connu, le monde ne tourne pas rond, la nuit tous les chats sont gris, on ne prête qu'aux riches (ça c'est vrai, je vais y revenir), et je vais vous le prouver sous vos yeux stupéfaits et remplis pour d'admiration pour votre serviteur, si prompt à répondre à vos questions existentielles.

Oui Kevin, dans le fond ? Échanger des points de vue philosophiques avec le radiateur ne te passionne plus, qu'est-ce qui t’arrive ? Je suis manifestement toujours enrhumé, et pas tout à fait débarrassé des délires que ma fièvre m'infligerait ? En effet, j'ai la goutte au nez, détail insignifiant qui ne saurait pour autant altérer le charme dévastateur qui caractérise tout mon être, j'ai encore mal au crâne mais je n'ai pas de fièvre, merci de te soucier de ma santé.

Bref donc, le monde. A un petit peu moins de deux mois de la dinde aux marrons, je plains d'ors et déjà de tout mon cœur compatissant les stagiaires qui devront s'atteler aux bêtisiers et autres rétrospectives de fin d'années qui font de la télévision française un des fleurons de notre nation, avec les petits pois et les disques de Christophe Maé. Leur objectif sera de résumer le tsunami d'infos qui a envahi nos télés comme jamais dans notre histoire jusque là en moins de trois heures. Bon courage, les gars, surtout qu'en plus ce ne sera même pas vous qui récolterez les "lauriers" de votre travail, mais sûrement un animateur en mal de reconnaissance, genre Cyril Hanouna ou Marie-Ange Nardy. Dure métier que la télé !

Comment les chaînes de télé et tous les médias concernés ont-ils pu faire rentrer dans leurs programmes un tsunami, l'affaire DSK, les primaires PS, la crise de l'Euro et de la Grèce, quelques catastrophes naturelles ici et là... et j'en oublie des valises. Mystère. Déjà en écartant d'autres infos toutes aussi cruciales mais sûrement moins vendeuses, mais je crois que j'ai déjà parlé de ça ici, il y a moins de six mois. En tous cas, l'exploit n'est pas mince.

C'est drôle parce qu'en ce moment, si l'on suit la tentative de sauvetage à la fois de la Grèce, de la zone Euro et, d'une certaine manière, du monde paraît-il, on a l'impression d'être à la place du Coyote qui se retrouverai dans les airs après un énième duel perdu avec Bip Bip, il sait qu'il va tomber et son rictus, désespéré, s'en ressent, mais il reste en l'air, attendant le moment où il sera remplacé par un petit nuage, et l'autre où il créera un trou dans le sol, très très loin en bas, en forme de coyote. En attendant, il tente de sauver sa peau en battant pathétiquement des pattes. Nous, on est toujours en l'air, on a l'impression qu'une branche va nous sauver mais elle se détache, ou elle se déroule, comme dans Indiana Jones, on sait qu'on va tomber mais c'est pas encore pour aujourd'hui manifestement, sinon on le saurait non ?

J'ai parfois presque envie de voir ce que ça ferait, un pays qui fait faillite. Je rigole, bien sûr, ce serait forcément dramatique, mais qu'est-ce que ça signifierait concrètement ? Les banques ferment, donc les entreprises, et on se retrouve tous au chômage ? Oui bon, effectivement, vu comme ça on n'est pas pressé de voir ça. Ça me paraît quand même un peu excessif, même en 29 ça n'avait pas atteint ce point. En revanche, ça avait participé directement à l'irruption de la Deuxième Guerre Mondiale, ce qui n'est pas bon signe. Misère => repli sur soi => haine des autres => nazisme. En France comme en Italie ou aux États-Unis, on a les trois premiers, en attendant la suite ?

Mais bon, je ne suis pas un spécialiste économique, très loin de là. D'où ma question d'ailleurs, c'est quoi concrètement la faillite d'un pays ? On peut fermer une boutique, une entreprise, on vide les meubles, on peint les vitres, on met un cadenas et ça reste vide pendant un certain temps avec un panneau immobilier devant, jusqu'à ce qu'une autre boîte vienne occuper les locaux. Mais un pays ? On peut pas fermer un pays, si ? Même la Corée du Nord n'est pas complètement fermée... Le pays, par exemple... la Grèce, même si elle fait faillite, elle sera toujours là, ses habitants aussi, qui se débrouilleront autrement. A la rigueur, ils vont tout vendre à la Chine pour vivre, mais cette dernière ne va pas délocaliser le Parthénon ou le port du Pirée, si ? Les envoyer en hélico, pierre par pierre, jusqu'à Pékin ? Ce serait un spectacle rigolo, mais ça reste peu probable.

Purée c'est dingue quand même, quand on y pense, cette volonté absolue de vouloir sauver un pays, une zone économique, et se refuser absolument de toucher aux causes qui les ont mises dans une merde noire, au bord de la banqueroute, à savoir le capitalisme et surtout le libéralisme, créateur de richesse, mais seulement pour une petite minorité. Y a quand même une grande partie d'économistes - rarement des gauchos - qui affirment que tous les problèmes viennent du social, des dépenses publiques, de ces salauds de pauvres qu'on s'obstine à aider alors qu'on en a pas les moyens. Et l'urgence serait donc de réformer ça, de virer le plus de fonctionnaires possible, ce qui provoquerait irrémédiablement de la misère en masse, forcément, de diminuer les dépenses, rarement dans l'armée ou la police, non, surtout ces sales bolchéviques de prof, les écoles, les facs, etc. On marche sur la tête.

Il faut quand même voir que quelques boîtes privées, les agences de cotation, donnent des notes aux pays en fonction de la solidité de leurs économies, ce qui pourrait faire sourire - après tout, l’École des Fans c'était sympa, même si c'est moins drôle avec Risoli - si ça ne pesait pas directement sur les économies des pays concernés. Un peu comme si quelqu'un créait un groupe sur Facebook, "Haïssons tous la Slovaquie", et que ça fonctionnait. En effet, si tu perds un de trois A, comme c'est le cas désormais de l'Italie et des États-Unis, peut-être de la France bientôt et, d'une manière générale, d'une grande majorité de pays dans le monde, qui n'ont parfois même pas un A à se mettre sous la dent, ne peuvent plus emprunter à 3% sur les marchés, mais à 6, voire plus. J'y connais que dalle en économie, mais manifestement c'est tout sauf anodin. Ça veut dire qu'un pays déjà fragile, et mal noté par ces salopards, ne peut même pas se faire aider sans payer des sommes astronomiques en intérêts. C'est ce que je voulais dire quand je parlais de prêter aux riches : au lieu d'aider ces pays pauvres en leur proposant des taux à leur portée, on les asphyxie encore plus, tandis qu'on aide des pays riches avec des taux rikiki, dont ils n'auraient même pas besoin a priori. Là, vraiment, ça tourne même plus à l'envers, ça ne tourne plus du tout. C'est la vie, c'est l'argent, c'est ce monde qui pue, y a pas d'autres mots. Et t'auras beau voter le plus à gauche possible, d'ici à ce que ça change CA, tu peux toujours te toucher.

Malgré tout, les peuples veillent, mais ça ne se termine pas toujours bien. Les Grecs, par leur révolte - légitime - plus que par une demande avouée, ont arraché à leur premier ministre un référendum qui fait honneur au pays inventeur de la démocratie. Comme en 2005 a propos du référendum sur la constitution européenne, on a le sentiment que ça dérange beaucoup de monde qu'on demande leur avis aux gens, ce qui est pourtant la raison d'être d'une démocratie. N'empêche que ce référendum va ressembler à un chantage : vous voulez rester dans l'Euro ? Si oui, on vous saigne à blanc. Si non, on revient au Drachme, et on vous saigne à blanc aussi. Allez, faites parler les urnes. Fichtre !

Non vraiment, on vit dans un monde merveilleux. je sais pas si on va tomber, mais y a peu de chance qu'on s'en sorte par la grande porte. Y aura forcément un sacrifié, et quelque chose me dit qu'il y a peu de chances que ce soit les banques, les gros revenus, ceux qui pourraient vraiment aider s'ils étaient un peu solidaires, plutôt que ceux qui soit disant mènent les pays à la ruine avec leurs petites aides sociales, leurs retraites ou leurs salaires minables. Ceux là, nous, on va manger sec, va y avoir du petit bois. Je veux pas être pessimiste, mais je ne peux pas être optimiste, alors vous comprendrez que le choix est limité.

Allez, je vous laisse.

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