vendredi 25 novembre 2011

Kino

Salut à tous,

Mais qu'est-ce que ça passe vite le temps bordel ! J'avais l'impression de ne pas avoir écris depuis longtemps, et en fait ça fait déjà une semaine... Pourtant, même si je bosse beaucoup, mes horaires biscornus me laissent pas mal de temps libre paradoxalement... Comme ce matin par exemple, ou hier. Question d'organisation, forcément. Et ça, l'organisation, c'est une langue étrangère pour moi.

Allez, j'avais d'autres sujets à traiter mais je les aborderais plus tard. Rien d'urgent, de toutes manières... une petite comparaison Belmondo-Eastwood, par exemple, ça vous botterait ? Bah va falloir attendre, mes petits chats, de toutes façons ils risquent pas de se sauver, dans l'état où ils sont... enfin surtout l'un des deux, que mon patriotisme proverbial m'interdit de nommer.

Je vais quand même rester dans le cinéma, un de mes loisirs préférés, avec le dénigrement du gouvernement et le comptage des buts de Lionel Messi en Ligue des Champions (42 au dernier pointage, à 24 ans, 5 joueurs seulement le devancent depuis la réforme de la compétition, il y a 20 ans, dont Thierry Henry, 50 buts). Une amie nous disait sur notre club qu'on était actuellement gâté au niveau du cinéma français. Et c'est vrai, je trouve aussi que notre ciné national, celui qui a inventé les autres, rappelons le, a une sacrée gueule en ce moment. Je ne dis pas qu'on est définitivement débarrassé de ces films insupportables, aux noms ridicules du genre "ne t'en va pas, j'arrive", ou "je t'aime seulement les vendredi à 14h17", où les acteurs passent leurs temps à table ou à boire des cafés dans des bars, à se prendre la tête sur leurs petits problèmes d'occidentaux accablés. Mais on est quand même sur la bonne voie, je trouve.

J'ai pour l'instant raté "Intouchables", je dois dire. Mais bon, il est pas prêt de ne plus être à l'affiche... Je ne suis allé que deux fois au ciné dernièrement, et à chaque fois les horaires ne correspondaient pas à mon agenda de ministre. Ainsi, hier je suis allé voir "les Marches du pouvoir", de et avec George Clooney (très très bon, mais américain, donc hors-sujet), et avant cela j'avais vu "l'Ordre et la Morale", de et avec Mathieu Kassowitz. Du ciné engagé, là aussi, mais basé sur une histoire complètement véridique.

Je raffole des films historiques, mais encore plus quand un réalisateur enfreint la loi non écrite mais longtemps indestructible qui leur interdisait de traiter un sujet récent, voire brulant. Il y a 10-15 ans, on aurait pas pu imaginer des films sur Mitterrand, Chirac, Sarkozy ou sur l'affaire Elf... là, le sujet est un chouille moins récent, mais toujours contemporain puisque quasiment tous les acteurs de l'époque, hormis Tonton, sont vivants. Et donc susceptibles d'avoir à répondre de leurs actes durant ces évènements. Vous inquiétez pas, ça n'arrivera pas, Bernard Pons peut dormir tranquille.

L'Ordre et la Morale traite d'une histoire terriblement méconnue puisque tenue à l'écart des journalistes de l'époque. Y aurait eu les téléphones d'aujourd'hui à l'époque, les évènements auraient certainement tourné d'une autre manière... en 1988, quelques jours avant le second tour des élections présidentielles qui va opposer le président sortant, Mitterrand, au Premier ministre et futur président en 1995, Jacques Chirac, des indépendantistes Kanaks attaquent une gendarmerie sur une Ile de la Nouvelle-Calédonie, Ouvéa, trois gendarmes y perdent la vie, les autres sont pris en otage sur deux points de l'île.

Au lieu de laisser faire le GIGN (dirigé par le personnage incarné par Kassowitz, et qui a écrit le livre dont est tiré le film), Chirac et Pons, ministre de l'Outremer, envoient l'armée sur les lieux... c'est qu'il ne faut surtout pas paraître mou à quelques jours de l'élection, surtout aux yeux des représentants de la droite dure et du FN. Après plusieurs jours durant lesquels Kassowitz ne parviendra jamais à faire baisser la tension, l'assaut, qui était déjà décidé depuis longtemps en haut lieu, est donné. 19 morts chez les Kanaks, et deux chez les militaires.

D'après Wikipedia, "parmi les cas suspects, celui de Wenceslas Lavelloi, surnommé « Rambo », retrouvé mort d’une balle dans la tête et dont plusieurs témoignages semblent confirmer qu’il était encore vivant après la fin de l’assaut ; le cas d’Alphonse Dianou, chef du commando, blessé d’une balle au genou, laissé plusieurs heures sans soins et qui devait finalement décéder ; le cas de Patrick Amossa Waina, un « porteur de thé » de 18 ans qui ne faisait pas partie des preneurs d’otages, retrouvé mort d'une balle dans la tête alors qu'il était vivant à la fin de l’assaut ; de Martin Haiwe qui tentait de s’enfuir avant l’attaque et de Samuel Wamo. Le légiste ayant pratiqué les autopsies constatera également un nombre anormalement élevé de victimes tuées d’une balle dans la tête : douze sur dix-neuf ont en plus de multiples blessures reçu une balle dans la tête. Néanmoins, d'après certains participants de l'opération, « aucun coup de feu n'a été entendu sur zone après la fin de l'assaut et la libération des derniers otages ».
Selon Nidoïsh Naisseline, leader du mouvement indépendantiste Libération kanak socialiste  : « Pons et Chirac se sont conduits comme de véritables assassins. Ceux que l'on appelle les ravisseurs avaient déjà libéré dix gendarmes et attendaient que la situation politique se clarifie le 10 mai, afin de négocier. MM. Pons et Chirac ont préféré les assassiner. Ils auraient pu éviter cette boucherie, mais ont préféré échanger du sang kanak contre des bulletins de vote des amis de J.-Marie Le Pen ».
En 2008, Michel Rocard, qui a été le Premier ministre succédant à Jaques Chirac après les élections de 1988, déclare : « Ce que je savais moi — et que j’étais seul à savoir, je ne pouvais pas le dire aux autres délégations parce qu’il ne fallait pas que le secret sorte — c’est qu’il y avait aussi des officiers français… Enfin, au moins un et peut-être un sous-officier, on ne sait pas très bien… À la fin de l’épisode de la grotte d’Ouvéa, il y a eu des blessés kanaks et deux de ces blessés ont été achevés à coups de bottes par des militaires français, dont un officier. […] Il fallait prévoir que cela finisse par se savoir et il fallait donc prévoir que cela aussi soit garanti par l’amnistie ».

Bref, une belle merde, qui reste collé à la semelle de la République, encore une de ces histoires, comme la Commune, pas vraiment traitée dans les livres d'Histoire, forcément.

Un autre film m'a marqué, c'est Polisse, de Maïwenn, que je voulais également voir absolument. Je ne supporte pas cette fille, mais son film est génial, même si sa présence dans le casting n'était franchement pas indispensable, et son rôle assez accessoire dans le film... Je suppose que vous savez qu'il se déroule dans une brigade des mineurs parisiennes. Tous les acteurs sont géniaux, Joey Starr évidemment, qui mériterait un petit César, Karine Viard, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle... et les gosses, aussi. Et le scenario, parfait. La fin, ça vous renverse. La réalisation, sobre, efficace... Y a pas à dire, on a de sacré créateurs dans ce pays. Dommage qu'ils soient noyés dans une masse de copieurs et d'opportunistes de tous poils.

Allez, je vous laisse !

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