Salut à tous,
Depuis toujours, j'ai toujours été fasciné par la perfection, la possibilité de n'avoir aucun défaut, et que cette dernière semble complètement utopique. Par exemple, quand j'étais ado et que j'ai commencé à m'intéresser au foot, je remplissais les heures passées seul dans mon coin dans la cour de récré du collège puis du collège à imaginer la carrière d'un footballeur parfait, évoluant au sein de mon club préféré d'alors, Auxerre, qui gagnait tous les ans toutes les compétitions en marquant 5 buts par match, et en gagnant également tout avec les Bleus, et ce durant 35 ans de carrière... Ben oui, on dit souvent que Messi ou Xavi sont parfaits, mais c'est une vue de l'esprit : ces joueurs là seraient parfaits s'ils réussissaient TOUTES leurs passes, TOUS leurs tirs, etc. Hors, ce n'est pas vraiment le cas, même pour ces joueurs fabuleux.
Pareil pour mon roman, qui parle de ça, de cette impossibilité d'être parfait, de passer entre les gouttes des défauts, malgré les efforts titanesques que nous livrons pour y parvenir. C'est d'ailleurs souvent cela qui joue sur notre mental, notre capacité au bonheur : on déprime parce qu'on est blindé de défauts, dans un monde qui n'en tolère aucun, même si certains considèrent qu'on en accepte trop. Si on avait le droit d'accepter nos défauts, et pas les faux qu'on ressors lorsque quelqu'un nous demande d'en citer un, du genre "perfectionniste" ou "trop gentil" (et pourquoi pas "un peu trop beau" pendant qu'on y est ?) mais les vrais, du genre radin, de mauvaise foi, fainéant, intolérant... ça ferait peut-être bizarre aux gens à qui on avoue ça, et à nous même aussi, mais ça peut aussi aider à mieux s'assumer. Et puis, avoir le courage de s'avouer ça, et être conscient d'avoir de tels défauts, c'est à la fois une preuve de courage, et d'intelligence.
Je pensais ça ce matin, le cerveau une fois de plus livré à lui-même tandis que je faisais mes courses (et que j'oubliais plusieurs trucs à acheter, comme quoi même une tâche aussi inintéressante comme "faire des courses" peut demander un temps de cerveau disponible). Le débat politique dans lequel nous nageons depuis des années consiste en quoi, au fond ? La clé de tout, c'est de savoir doser la liberté individuelle et l'intérêt collectif. J'ai eu beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment ces deux vases pourraient se retrouver pleins en même temps. Au contraire, plus t'en remplis un, plus l'autre se vide. Selon moi et mes 5 de moyennes en philo en terminale, il faut choisir : soit on vit dans une société libérale où la liberté individuelle serait indéboulonnable, ce qui ressemblerait le plus aux sociétés dans lesquelles nous vivons depuis quelques deux siècles environ, soit nous adoptons un projet commun du genre fourmilière, qui aurait pour unique but le bonheur collectif, l'intérêt commun, le refus des inégalités, au détriment, du coup, de la plupart de nos libertés individuelles. Là, ça ressemble plutôt au communisme, pour qui j'aurais toujours une tendresse particulière, alors que je suis également très fortement attaché au principe de liberté. C'est bien pour cela que je vis toujours un calvaire idéologique au moment des élections : extrême gauche ou pas ? Si oui, ça veut dire qu'on ne pourra plus faire ce qu'on veut, mais ce qui est le mieux pour tout le monde. Et les deux ne peuvent pas arriver.
Le truc le plus parlant, pour moi, c'est le tabac. Les restrictions infligées aux fumeurs, de plus en plus importantes, les font regretter une liberté individuelle qui leur semble inaliénable. Mais celle des non fumeurs, qui devaient vivre dans des volutes polluants et non désirés, juste parce que l'autre moitié n'a pas trouvé d'autre moyen pour dénouer leurs nerfs ? Elle était bafouée depuis des années, elle est maintenant en partie respectée - en partie seulement, parce que je pense que, tout comme moi, vous n'avez encore jamais vu un fumeur se faire alpaguer par la maréchaussée pour fumage de cigarette non autorisé - mais beaucoup considèrent désormais que nous vivons dans un monde aseptisé, où les libertés -la clope, l'alcool... - ne sont plus tolérés. Il s'agit pourtant de santé publique, mais cet argument ne les séduit manifestement pas.
La liberté de chacun s'arrête où commence celle des autres, cette phrase des plus poussiéreuses est pourtant toujours aussi moderne, et n'est pas prête d'être ringarde. Le collectivisme, le communisme, exigent que tout le monde soit rétribué de la même manière, qu'on ne puisse pas monopoliser des richesses individuellement, évidemment au détriment des autres. Un type qui gagne 300 Smics par mois, qui les mobilise, ne peut pas créer de la richesse, il crée plutôt de la pauvreté. Si les salaires étaient égaux, impossible de rêver être riche, de se retirer sur une île, de vivre comme un rentier comme Patrick Hernandez grâce à un seul et unique disque ultra rentable. Le communisme est le système qui se veut le plus proche de celui des fourmis, des abeilles, qui n'ont qu'une seule pensée : servir le collectif. Et si une de ces bestioles avait l'idée saugrenue de vouloir autre chose, genre ne pas servir l'intérêt commun, se mettre à son compte, elle serait immédiatement exclue, voire tuée.
L'avantage de ce genre de systèmes qui ne fait évidemment envie à personne, c'est qu'ils respectent complètement leur environnement, ne détruisent pas en l'espace de quelques saisons leurs ressources énergétiques. Ces sociétés ne pensent pas à s'enrichir, à écraser la ruche voisine, elles n'exploitent également personne, même s'il y existe évidemment des hiérarchies : elles veulent juste vivre suivant les saisons, assurer l'avenir de la colonie, de façon à ce que tout le monde ait de quoi manger, de quoi vivre, que personne ne soit exclu. Au détriment du bonheur individuel, qui serait, compte tenu du contexte, vu comme de l'égoïsme. Il n'y a pas que les insectes qui vivent de la sorte : les systèmes de meutes, les Loups, mais aussi les Manchots Empereurs ou d'autres races animales, ne permettent pas qu'une tête ne ressorte du rang. Ces sociétés ont décidé qu'il valait mieux que tout le monde soit un peu heureux, plutôt qu'il y en ait quelques uns de trop heureux, et les autres malheureux parce qu'il ne leur resterait plus rien. Ces sociétés existent chez les hommes, dans des endroits isolés, extrêmement pauvres, en Afrique, en Asie... et sont menacées d'extinction. Moi, ça me parle, mais mon respect profond pour la liberté m'interdit d'adhérer complètement à cette idée, qui reste cependant ancrée en moi.
En face, il y a la société des Hommes, dont l'individu est la pierre angulaire. Nos sociétés occidentales sont bâties sur l’idolâtrie de la réussite sociale, financière, la gloire personnelle, la starisation. On n'a même plus besoin d'avoir un don, hormis savoir se gratter le nez devant la caméra, suffit de passer à la télé et hop, t'as réussi. Dans beaucoup de milieux, artistiques, médiatiques, politiques, mais pas seulement, celui qui se contente de peu, ne court pas après les hausses de salaire et les promotions, sera toujours mis à l'écart, incompris. On lui reprochera de vouloir faire son intéressant, de penser qu'il vaut mieux que les autres. Imaginez un sportif qui refuse de toucher les sommes astronomiques qui polluent le foot, le tennis, le golf, la Formule 1... "non, moi je refuse de toucher plus de 10 000 euros par mois, c'est indécent, même si les fédés, les télés, les clubs et mes partenaires touchent 100 fois plus très régulièrement". Plus qu'improbable, ubuesque.
Si la fraternité peut exister, la liberté, un peu, l'égalité n'a été inventée que pour motiver les gens à vouloir sortir de leur misère en se révoltant. L'égalité, comme d'autres mythes comme l'objectivité, n'existe pas. Tout simplement parce que nous sommes tous différents, avec des rêves et des objectifs qui nous sont tous personnels. Comment comparer le "taux d'égalité" d'un type qui ne rêve que de réussite pécuniaire, matérielle, et quelqu'un qui, comme moi je crois, voudrait juste vivre tranquille, dans son coin, sans réclamer quoique ce soit sinon le privilège d'être emmerdé par personne, tant que lui n'emmerdera personne ? Si j'obtiens ce que je veux, et si l'autre réussi sa vie telle qu'il l'entends, sur quels critères pourrait-on dire que nous sommes égaux ? En droit, peut-être, et encore, on sait que l'argent va à l'argent, et le pouvoir aussi. Mais pour le reste ? Parce que je n'aurais rien demandé, je n'aurais obtenu que peu de choses, alors que lui, par sa richesse, aurait une infinité d'opportunités devant lui. En quoi serais-je son égal ? Ces cas extrêmes en encadrent d'autres, une multitude d'envies, de besoins... qui font de nous des êtres uniques, et donc impossibles à jauger égalitairement vis à vis des autres. Du moins dans ce style de système. Parce que dans l'autre, on n'aurait même pas à se poser la question. On ne serait pas libre, mais on serait égal par la force des choses, je dirais même officiellement égaux. Heureux, je sais pas, mais égaux, sûrement. Faut savoir ce qu'on veut, c'est l'idée.
J'avais une tonne d'autres choses à dire sur le sujet, mais c'était y a une demi-journée, et je soupçonne ma vieille tête d'en avoir échappé des bouts, la vilaine...
Je ne vais pas révéler le contenu de mon roman, qui sait, si un jour il était publié, genre posthume par exemple, mais il y figure, du moins dans ma tête, un débat entre deux personnages, l'un qui est parfait, et que j'essaie, pour cela, de parer d'absolument de toutes les qualités, et l'autre qui est un humain tout ce qu'il y a de plus humain, à savoir à la tête d'un catalogue de défauts long comme le premier chapitre de Notre Dame de Paris. Et bien, toujours dans ma caboche, le débat finit toujours par un monologue du second, faisant la leçon au premier, qui devrait pourtant ne jamais devoir être pris à défaut, que ce soit physiquement - c'est un guerrier - ou mentalement, intellectuellement. Je ne sais pas si c'est justement parce que c'est moi, humain très humain, qui imagine cette discussion, mais c'est le gars moyen qui domine l'être parfait, lui disant, grosso modo, que la perfection, si elle était possible, est un défaut, car elle engendre une confiance en soit terriblement dangereuse par le seul biais de son excès, énorme. Quelqu'un qui est parfait ne mentirait pas, saurait qu'il est meilleur que les autres, et se parerait donc de tous les attributs devant les autres, sans la moindre petite nuance de modestie, qui reste un mensonge, même charmant. Un homme parfait ne se tromperait pas, certes, mais ça ne serait plus un homme, et il ne connaîtrait plus cette douce sensation qu'est l'humilité, cette caresse faite aux autres, cette faveur qu'on leur accorde quand on sait qu'on s'est trompé. C'est une verveine qui atténuerait la torsion de boyau engendrée un peu plus tôt par l'erreur commise. L'expression "Autant pour moi", c'est ce qui distingue véritablement l'homme de l'animal, cette capacité à passer au-dessus de sa fierté pour mettre devant ceux qu'on pensait dans l'erreur. C'est aussi une expression qui peut s'écrire autrement, paraît-il (au temps pour moi), chose que je n'ai jamais réussi à admettre. Parce que c'est tout simplement ubuesque, comme si on me certifiait que 2 et 2 faisaient 5. "Au temps pour moi" ne veut rien dire, alors qu'"autant pour moi" signifie bien que je prends pour moi cette erreur que je pensais vôtre. Ce n'est pas de l'obstination, c'est juste que ça me choque, voilà. Tant pis si ça figure dans le dictionnaire ! Et pourtant, ça fait bien rire mes amis, mais tant pis, je suis pas près de céder.
C'est ma liberté quoi, merde !
Je vous laisse.
Depuis toujours, j'ai toujours été fasciné par la perfection, la possibilité de n'avoir aucun défaut, et que cette dernière semble complètement utopique. Par exemple, quand j'étais ado et que j'ai commencé à m'intéresser au foot, je remplissais les heures passées seul dans mon coin dans la cour de récré du collège puis du collège à imaginer la carrière d'un footballeur parfait, évoluant au sein de mon club préféré d'alors, Auxerre, qui gagnait tous les ans toutes les compétitions en marquant 5 buts par match, et en gagnant également tout avec les Bleus, et ce durant 35 ans de carrière... Ben oui, on dit souvent que Messi ou Xavi sont parfaits, mais c'est une vue de l'esprit : ces joueurs là seraient parfaits s'ils réussissaient TOUTES leurs passes, TOUS leurs tirs, etc. Hors, ce n'est pas vraiment le cas, même pour ces joueurs fabuleux.
Pareil pour mon roman, qui parle de ça, de cette impossibilité d'être parfait, de passer entre les gouttes des défauts, malgré les efforts titanesques que nous livrons pour y parvenir. C'est d'ailleurs souvent cela qui joue sur notre mental, notre capacité au bonheur : on déprime parce qu'on est blindé de défauts, dans un monde qui n'en tolère aucun, même si certains considèrent qu'on en accepte trop. Si on avait le droit d'accepter nos défauts, et pas les faux qu'on ressors lorsque quelqu'un nous demande d'en citer un, du genre "perfectionniste" ou "trop gentil" (et pourquoi pas "un peu trop beau" pendant qu'on y est ?) mais les vrais, du genre radin, de mauvaise foi, fainéant, intolérant... ça ferait peut-être bizarre aux gens à qui on avoue ça, et à nous même aussi, mais ça peut aussi aider à mieux s'assumer. Et puis, avoir le courage de s'avouer ça, et être conscient d'avoir de tels défauts, c'est à la fois une preuve de courage, et d'intelligence.
Je pensais ça ce matin, le cerveau une fois de plus livré à lui-même tandis que je faisais mes courses (et que j'oubliais plusieurs trucs à acheter, comme quoi même une tâche aussi inintéressante comme "faire des courses" peut demander un temps de cerveau disponible). Le débat politique dans lequel nous nageons depuis des années consiste en quoi, au fond ? La clé de tout, c'est de savoir doser la liberté individuelle et l'intérêt collectif. J'ai eu beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment ces deux vases pourraient se retrouver pleins en même temps. Au contraire, plus t'en remplis un, plus l'autre se vide. Selon moi et mes 5 de moyennes en philo en terminale, il faut choisir : soit on vit dans une société libérale où la liberté individuelle serait indéboulonnable, ce qui ressemblerait le plus aux sociétés dans lesquelles nous vivons depuis quelques deux siècles environ, soit nous adoptons un projet commun du genre fourmilière, qui aurait pour unique but le bonheur collectif, l'intérêt commun, le refus des inégalités, au détriment, du coup, de la plupart de nos libertés individuelles. Là, ça ressemble plutôt au communisme, pour qui j'aurais toujours une tendresse particulière, alors que je suis également très fortement attaché au principe de liberté. C'est bien pour cela que je vis toujours un calvaire idéologique au moment des élections : extrême gauche ou pas ? Si oui, ça veut dire qu'on ne pourra plus faire ce qu'on veut, mais ce qui est le mieux pour tout le monde. Et les deux ne peuvent pas arriver.
Le truc le plus parlant, pour moi, c'est le tabac. Les restrictions infligées aux fumeurs, de plus en plus importantes, les font regretter une liberté individuelle qui leur semble inaliénable. Mais celle des non fumeurs, qui devaient vivre dans des volutes polluants et non désirés, juste parce que l'autre moitié n'a pas trouvé d'autre moyen pour dénouer leurs nerfs ? Elle était bafouée depuis des années, elle est maintenant en partie respectée - en partie seulement, parce que je pense que, tout comme moi, vous n'avez encore jamais vu un fumeur se faire alpaguer par la maréchaussée pour fumage de cigarette non autorisé - mais beaucoup considèrent désormais que nous vivons dans un monde aseptisé, où les libertés -la clope, l'alcool... - ne sont plus tolérés. Il s'agit pourtant de santé publique, mais cet argument ne les séduit manifestement pas.
La liberté de chacun s'arrête où commence celle des autres, cette phrase des plus poussiéreuses est pourtant toujours aussi moderne, et n'est pas prête d'être ringarde. Le collectivisme, le communisme, exigent que tout le monde soit rétribué de la même manière, qu'on ne puisse pas monopoliser des richesses individuellement, évidemment au détriment des autres. Un type qui gagne 300 Smics par mois, qui les mobilise, ne peut pas créer de la richesse, il crée plutôt de la pauvreté. Si les salaires étaient égaux, impossible de rêver être riche, de se retirer sur une île, de vivre comme un rentier comme Patrick Hernandez grâce à un seul et unique disque ultra rentable. Le communisme est le système qui se veut le plus proche de celui des fourmis, des abeilles, qui n'ont qu'une seule pensée : servir le collectif. Et si une de ces bestioles avait l'idée saugrenue de vouloir autre chose, genre ne pas servir l'intérêt commun, se mettre à son compte, elle serait immédiatement exclue, voire tuée.
L'avantage de ce genre de systèmes qui ne fait évidemment envie à personne, c'est qu'ils respectent complètement leur environnement, ne détruisent pas en l'espace de quelques saisons leurs ressources énergétiques. Ces sociétés ne pensent pas à s'enrichir, à écraser la ruche voisine, elles n'exploitent également personne, même s'il y existe évidemment des hiérarchies : elles veulent juste vivre suivant les saisons, assurer l'avenir de la colonie, de façon à ce que tout le monde ait de quoi manger, de quoi vivre, que personne ne soit exclu. Au détriment du bonheur individuel, qui serait, compte tenu du contexte, vu comme de l'égoïsme. Il n'y a pas que les insectes qui vivent de la sorte : les systèmes de meutes, les Loups, mais aussi les Manchots Empereurs ou d'autres races animales, ne permettent pas qu'une tête ne ressorte du rang. Ces sociétés ont décidé qu'il valait mieux que tout le monde soit un peu heureux, plutôt qu'il y en ait quelques uns de trop heureux, et les autres malheureux parce qu'il ne leur resterait plus rien. Ces sociétés existent chez les hommes, dans des endroits isolés, extrêmement pauvres, en Afrique, en Asie... et sont menacées d'extinction. Moi, ça me parle, mais mon respect profond pour la liberté m'interdit d'adhérer complètement à cette idée, qui reste cependant ancrée en moi.
En face, il y a la société des Hommes, dont l'individu est la pierre angulaire. Nos sociétés occidentales sont bâties sur l’idolâtrie de la réussite sociale, financière, la gloire personnelle, la starisation. On n'a même plus besoin d'avoir un don, hormis savoir se gratter le nez devant la caméra, suffit de passer à la télé et hop, t'as réussi. Dans beaucoup de milieux, artistiques, médiatiques, politiques, mais pas seulement, celui qui se contente de peu, ne court pas après les hausses de salaire et les promotions, sera toujours mis à l'écart, incompris. On lui reprochera de vouloir faire son intéressant, de penser qu'il vaut mieux que les autres. Imaginez un sportif qui refuse de toucher les sommes astronomiques qui polluent le foot, le tennis, le golf, la Formule 1... "non, moi je refuse de toucher plus de 10 000 euros par mois, c'est indécent, même si les fédés, les télés, les clubs et mes partenaires touchent 100 fois plus très régulièrement". Plus qu'improbable, ubuesque.
Si la fraternité peut exister, la liberté, un peu, l'égalité n'a été inventée que pour motiver les gens à vouloir sortir de leur misère en se révoltant. L'égalité, comme d'autres mythes comme l'objectivité, n'existe pas. Tout simplement parce que nous sommes tous différents, avec des rêves et des objectifs qui nous sont tous personnels. Comment comparer le "taux d'égalité" d'un type qui ne rêve que de réussite pécuniaire, matérielle, et quelqu'un qui, comme moi je crois, voudrait juste vivre tranquille, dans son coin, sans réclamer quoique ce soit sinon le privilège d'être emmerdé par personne, tant que lui n'emmerdera personne ? Si j'obtiens ce que je veux, et si l'autre réussi sa vie telle qu'il l'entends, sur quels critères pourrait-on dire que nous sommes égaux ? En droit, peut-être, et encore, on sait que l'argent va à l'argent, et le pouvoir aussi. Mais pour le reste ? Parce que je n'aurais rien demandé, je n'aurais obtenu que peu de choses, alors que lui, par sa richesse, aurait une infinité d'opportunités devant lui. En quoi serais-je son égal ? Ces cas extrêmes en encadrent d'autres, une multitude d'envies, de besoins... qui font de nous des êtres uniques, et donc impossibles à jauger égalitairement vis à vis des autres. Du moins dans ce style de système. Parce que dans l'autre, on n'aurait même pas à se poser la question. On ne serait pas libre, mais on serait égal par la force des choses, je dirais même officiellement égaux. Heureux, je sais pas, mais égaux, sûrement. Faut savoir ce qu'on veut, c'est l'idée.
J'avais une tonne d'autres choses à dire sur le sujet, mais c'était y a une demi-journée, et je soupçonne ma vieille tête d'en avoir échappé des bouts, la vilaine...
Je ne vais pas révéler le contenu de mon roman, qui sait, si un jour il était publié, genre posthume par exemple, mais il y figure, du moins dans ma tête, un débat entre deux personnages, l'un qui est parfait, et que j'essaie, pour cela, de parer d'absolument de toutes les qualités, et l'autre qui est un humain tout ce qu'il y a de plus humain, à savoir à la tête d'un catalogue de défauts long comme le premier chapitre de Notre Dame de Paris. Et bien, toujours dans ma caboche, le débat finit toujours par un monologue du second, faisant la leçon au premier, qui devrait pourtant ne jamais devoir être pris à défaut, que ce soit physiquement - c'est un guerrier - ou mentalement, intellectuellement. Je ne sais pas si c'est justement parce que c'est moi, humain très humain, qui imagine cette discussion, mais c'est le gars moyen qui domine l'être parfait, lui disant, grosso modo, que la perfection, si elle était possible, est un défaut, car elle engendre une confiance en soit terriblement dangereuse par le seul biais de son excès, énorme. Quelqu'un qui est parfait ne mentirait pas, saurait qu'il est meilleur que les autres, et se parerait donc de tous les attributs devant les autres, sans la moindre petite nuance de modestie, qui reste un mensonge, même charmant. Un homme parfait ne se tromperait pas, certes, mais ça ne serait plus un homme, et il ne connaîtrait plus cette douce sensation qu'est l'humilité, cette caresse faite aux autres, cette faveur qu'on leur accorde quand on sait qu'on s'est trompé. C'est une verveine qui atténuerait la torsion de boyau engendrée un peu plus tôt par l'erreur commise. L'expression "Autant pour moi", c'est ce qui distingue véritablement l'homme de l'animal, cette capacité à passer au-dessus de sa fierté pour mettre devant ceux qu'on pensait dans l'erreur. C'est aussi une expression qui peut s'écrire autrement, paraît-il (au temps pour moi), chose que je n'ai jamais réussi à admettre. Parce que c'est tout simplement ubuesque, comme si on me certifiait que 2 et 2 faisaient 5. "Au temps pour moi" ne veut rien dire, alors qu'"autant pour moi" signifie bien que je prends pour moi cette erreur que je pensais vôtre. Ce n'est pas de l'obstination, c'est juste que ça me choque, voilà. Tant pis si ça figure dans le dictionnaire ! Et pourtant, ça fait bien rire mes amis, mais tant pis, je suis pas près de céder.
C'est ma liberté quoi, merde !
Je vous laisse.
1 commentaire:
Une remarque concernant le journalisme sportif. Je ne peux m'empêcher de rire sous cape lorsque je vois les journalistes, qui normalement ont une formation, un bagage, et qui ne manquent jamais l'occasion de brandir leur carte de presse comme symbole de LA légitimité lorsqu'il s'agit d'exprimer un avis (en fait subjectif), se comporter comme des fans de base et perdre tout sens de la critique ou de l'analyse.
Un peu comme des enfants à qui on a filé une place backstage.
Ils croquent.
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