vendredi 16 janvier 2009

Merci de votre compréhension


Rahlàlà punaise, six jours encore sans laisser de post ! Et le pire, c'est que ça fait trois jours que j'en ai un à taper (celui que vous allez peut-être lire, et qui suit ces lignes d'auto-indignation légitime), alors bon, je m'y mets.

Mardi, y a eu un drame. Bah oui, forcément, puisqu'il y a eu, paraît-il, des gens qui ont été traîtés de la pire des manières. C'est pas moi qui le dis, c'est Gnafron Ier, vous savez, Talonette Lover, Big Watch Nico, Carlito, No Scar Face... le premier d'entre nous quoi, vous savez, bref. Qu'est-il arrivé de si infâme à ces pauvres hères ? Probablement un écartellement avec versement d'huile bouillante sur les plaies, à moins qu'il ne parle des Palestiniens, ou des Congolais victime actuellement d'un génocide dans l'indifférence la plus totale. Alors là effectivement, on peut dire qu'on les a traîtés de la "pire des manières". Bravo Nico, ça c'est de la bonne réaction, mesurée, responsable... je me sens bien représenté, pour une fois.

Ah... on me dit dans l'oreillette qu'en fait, c'est pas ça du tout, et que Mr ORTF a encore dit une bonne connerie bien coulante. Mais on peut dire aussi qu'il a remarquablement relayé celles prononcées toute la journée par une grande partie de ses concitoyens parisiens, sans parler des médias, plus que jamais peu enclins à contredire la vache-à-lait médiatique numéro 1. Mardi, les cheminots ont arrêté le travail en raison de l'agression d'un de leur collègue la veille, en gare de Maisons Laffitte. Oui je sais, ça vous dit quelque chose ce nom, c'est normal c'est là que j'habite. Dans ce patelin très bourgeois ou l'UMP peut tranquillement compter sur 60 % des votes à chaque élection, et où Derrick ou les Chiffres et les Lettres sur 90 % de PDA.

Et le fait est que j'ai un peu vécu cette agression. Enfin, je sais qu'elle a eu lieu. En rentrant du taf lundi soir, mon RER est resté bloqué pendant environ 10 minutes, peu après être sorti du tunnel de Nanterre. En arrivant, un message nous informe qu'une agression a eu lieu, et en sortant, on voit une ambulance arriver à la gare. C'est pour ça que le lendemain matin, tandis que je constate qu'il n'y a aucun train de disponible, quand un connard, après que je lui ai parlé de l'agression, me sort "oui oui c'est ça, de toutes façons on ne peut plus les croire", j'ai eu beaucoup de mal à me retenir de lui foutre une claque, ou au moins de me prendre le nez avec lui. Mais que pouvais-je espérer comme compréhension de gauche un jour de grève à Maisons Laffitte ?

Miraculeusement, j'ai eu un train, je ne sais comment. On s'est retrouvé tellement serrés dans celui-ci que mes voisins n'auraient pas eu besoin de me préciser s'ils portaient un slip ou un caleçon, si j'avais eu l'étrange idée de me poser la question. Lors des deux arrêts qui ont suvi, j'ai traversé la wagon sous la pression de la foule, puis je me suis retrouvé en suspension au-dessus de celle-ci, dans un escalier, pendant le reste du trajet. Un type a fini celui-ci sans sa veste et son attaché-case, tombés au sol. Tout ça n'est certes pas très glamour comme entame de journée, mais de là à dire qu'on a été traîtés de la pire des manières, c'est un petit peu pousser mémé dans les orties.

Nous sommes arrivés à 9h50 à Saint-Lazare. J'ai appris plus tard que la gare avait été fermée à 10h. Un vrai miracle... J'ai ensuite regardé les infos télé, je ne sais pas pourquoi. Pourtant je SAIS qu'en cas de grève, on n'interroge QUE les usagers énervés, jamais ceux qui prennent ça avec philosophie, voire conscience sociale (il en reste dans ce pays, j'en suis convaincu), et encore moins ces salauds de grévistes, accusés par une des blondasses de LCI de "prendre en otage" les usagers (enfin, les "clients", pardon). En otage... voilà bien une façon de traîter les gens de la pire des manières.

Ce qui me bouffe, c'est que le journal 20 Minutes se croit obligé de relayer ce genre de propos ignobles et scandaleux, de la part d'une "cliente" :
"J'espère que le conducteur agressé a bien mal, c'est bien fait pour lui. Faut couper votre poil dans la main !". Ce qui me rend dingue, c'est qu'en quelques années, l'anti-grèvisme est devenu consensuel, évident. Ne pas l'être, c'est ringard, c'est presque passer dans la clandestinité. Et c'est ce genre de régression de civilisation qui me fait très, très peur pour la suite. Parce que le jour ou les travailleurs n'auront plus aucune arme pour se protéger, se défendre, ce sera la porte ouverte à tout.

Je vous laisse.

4 commentaires:

Zaza a dit…

La magnifique phrase en rose était dans 20' ? Sérieux ? Mais avec quel explication ?

Sinon, je suis d'accord. Si les gens était derrière les grèvistes pour sauver le service public, y aurait peut-être moins de grèves

Gildas Devos a dit…

C'était en intertitre, dans le texte, de cette couleur là :p C'était une dame dans la foule qui campait on ne sait pourquoi devant les grilles de saint-lazare...

Anonyme a dit…

Put*** j'hallucine que 20Min ait osé mettre ça en exergue. Comme tu disais l'antigrévisme c'est devenu la norme. Le pire c'est que les gens se permettent alors de penser et dire des conneries (horreurs) pareilles.
C'est toujours insidieusement que ce genre de sentiment individualiste s'immisce dans la conscience collective, mais c'est aussi rarement sans conséquences. Je t'éviterai les parallèles et comparaisons douteuses, mais ça laisse à réfléchir sur notre avenir

Gildas Devos a dit…

Certaines choses commencent doucement... tout va par palier, comme dirait l'autre "jusqu'ici tout va bien". En tous cas on régresse, c'est un fait.