mercredi 27 janvier 2010

Gainsbarre


Salut à tous,

J'ai toujours aimé Gainsbourg. Quand j'étais jeune, on m'avait offert un coffret trois CDs avec une multitude de chansons de lui. Même chose d'ailleurs pour Brassens et Brel. Ces trois-là constituent le trident de ma connaissance musicale.

Sans faire offense aux deux derniers, deux artistes immenses mais qui se ressemblent beaucoup par certains aspects, Gainsbourg est, pour moi, encore au-dessus. Selon moi, un seul artiste français - je parle là des auteurs compositeurs interprètes, of course, ceux qui chantent ce que eux ont à raconter - aurait pu le concurrencer en matière à la fois de génie mélodique absolu, c'est Polnareff. Problème, ce dernier n'a absolument rien sorti de potable depuis presque 25 ans, et lui n'a pas l'excuse d'être décédé.

C'est marrant parce que quand on prend les chansons de Gainsbourg au hasard, on a vraiment l'impression qu'il a eu trois périodes bien distinctes : celle du poinçonneur, dans les années 50 jusqu'au milieu des 60's ; puis celle de Melody Nelson, ou il pond sans doute ses meilleurs albums dans un anonymat relatif, jusqu'à la fin des 70's, et enfin celle de Gainsbarre, ou la qualité baisse - moyennement, mais elle baisse - mais ou il vend des disques au tractopelle. Celle que notre génération a connu et qu'elle associe le plus à Gainsbourg.

Et pourtant, quand on suis son oeuvre au fur et à mesure, ce découpage est moins définitif. Je veux dire, quand on voit des interviews de lui durant ces 40 années de carrière, sa tronche change peu, dès les années 60 il adopte un râteau comme rasoir, et toujours il parle avec son nez et une voix parfois difficilement audible, embrumée par ses cinq paquets de clopes quotidiens. La seule chose qui change, ce sont les cheveux, de plus en plus longs - là aussi, c'est relatif - et blancs, les chemises en jean et les lunettes noires.

Même chose pour les chansons, et notamment ses thèmes. Parce qu'au niveau musical, l'évolution est totale : la java fait place à la pop, au rock puis au reggae, voire à la musique africaine. Il a touché à tout, et pourtant une chanson de Gainsbourg est reconnaissable parmi cent. C'est ce qui m'a toujours déterminé quand il fallait désigner un artiste majeur : une patte. En revanche, effectivement au niveau des textes et des thèmes abordés, peu de variations : l'amour triste, en général terminé tragiquement, mais aussi - surtout ? - coquin, indissociable du sexe. Et pourtant, comme il le dit lui-même, "l'amour physique est sans issue".

Lui qui était - logiquement, à mon avis, quand même - terriblement complexé par son physique, a mis dans son lit les plus belles femmes de son époque, et les a aimé au delà de tout, hormis bien sûr la clope et l'alcool. Et à chaque fois, il a été largué, ce qui l'a mis en-dessous par étapes. Ses chansons reflètent cet escalier vers l'enfer affectif.

Le trentenaire que je suis a quelques souvenirs enfantins de lui, notamment une émission chez Sébastien ou une chorale de gamins habillés comme lui venait le faire pleurer en chantant "on est venu te dire qu'on t'aimait bien". C'est ce qu'il a toujours cherché, comme nous tous d'ailleurs. Mais le cynisme affiché n'aide pas.



Allez voir "Gainsbourg, vie héroïque", de Joann Sfar. Un chef d'oeuvre !

Je vous laisse.

3 commentaires:

Amandine a dit…

Me souviens aussi de cette émissions. Même 20 ans après ça fout les larme aux yeux...

Gildas Devos a dit…

Lui en plus des larmes il a de la fumée dans les yeux :p Terriblement émouvant.

Cha a dit…

Je ne connaissais pas ces images ! Touchant en effet :)