dimanche 3 janvier 2010

Harmonica


Et voilà mon premier post de 2010 ! Tadaaa ! J'entame donc ma quatrième année de blog, puisque je l'ai commencé fin 2007... et oui, pourquoi je n'aurai pas le droit de truquer les chiffres, si le ministre de l'intérieur peut, lui ? D'abord.

Qu'est-ce que je voulais dire... ah oui, je voulais vous parler de western. Etonnant ? Bah non, c'est la période, durant les fêtes les chaînes diffusent souvent l'après-midi des films que l'on peut appeler des classiques. En cela, je les remercie, ça change des niaiseries ordinaires de l'après-midi, les séries allemandes par exemple. Finalement, ça devrait être plus souvent les fêtes... je n'avais pas pensé ça depuis mon enfance.

Donc cette semaine sont notamment passés Forrest Gump, un film incroyablement bien fait, dont la morale me semble douteuse mais bien dans l'époque actuelle (pas besoin d'être intelligent pour réussir) mais surtout le Mont Olympe des Westerns, Il était une fois dans l'Ouest. J'adore les Westerns de Sergio Leone. Mon préféré reste le Bon, la Brute et le Truand, parce que c'est un délire perso, mais celui-là, celui-là... c'est hors catégorie. Sans bouger la moindre de ses imposantes rides, Charles Bronson y est juste monstrueux. Un Clint Eastwood encore plus taiseux que l'original.

Un film qui a participé à réinventer le style, et marqué par de longues séances silencieuses, mais durant lesquelles tu ne peux pas t'ennuyer : les visages sont filmés de près, ils sont expressifs, et il se passe toujours quelques choses sans qu'il ne se passe rien... la scène du début et le duel final en sont les immenses preuves. Ayant enregistré le film, je me suis repassé ce dernier une dizaine de fois hier.


Bronson et Henry Fonda, également excellent en inhabituel méchant, marchent autour d'un cour derrière la maison, en ne se quittant pas des yeux, tandis que la musique s'envole. Fonda lâche son manteau dans la poussière, et se rapproche encore, tandis que Bronson l'attend, un pied sur une planche. Puis ce dernier se rapproche aussi et ils se retrouvent face à face, à genre trois mètres l'un de l'autre. On se dit que les deux ne peuvent pas se louper à cette distance, ce ne sera pas une question de précision mais de vitesse.

Un plan court sur le visage de Fonda, puis un autre sur celui de Bronson. Son visage, d'abord impassible, se durcit sans qu'un muscle ne bouge. Puis le flashback : on voit arriver Fonda plus jeune, qui s'immobilise en regardant la caméra, avant de sortir de sa poche un harmonica. Retour sur Bronson, qui en ouvrant très légèrement la bouche, libère littéralement un flot d'émotion. Retour au flashback, le jeune Fonda dit "joue quelque chose à ton frère, ça lui fera plaisir". Et là, on voit à qui il met l'harmonica dans la bouche : un jeune Mexicain, qu'on sait être Bronson enfant (ce dernier - l'acteur - est un Tatare de Lituanie à la base, mais ça passe quand même) qui a des pieds sur les épaules. Le plan s'agrandit, et l'on voit que les pieds sont à son frère, qui a une corde au cou, elle-même attachée à la cloche d'une ancienne porte d'église, désormais isolée au milieu du désert, une espèce d'arche. Autour, des hommes de main, dont l'un entame une pomme, allongé sur le sol pour mieux admirer le spectacle.

La musique est à son paroxysme. On voit le frère dire quelque chose, mais on ne l'entends pas. On voit Fonda regarder le gamin, puis son frère, puis les bottes de ce dernier qui semblent repousser l'enfant. Tous les visages, intenses, sont lors filmés, et l'on voit le jeune Bronson tomber lentement sur le sol, lâchant l'harmonica.

L'instant d'après est un bruit : retour au présent, les deux armes ont parlé, mais un seul des deux hommes se retourne, le visage interloqué : Fonda. Dans la maison, la sublime Claudia Cardinale est effrayée, tandis que le Cheyenne, qui se rasait, s'est coupé. Retour à Fonda, qui ne parvient pas à ranger son revolver, fait quelques pas puis tombe sur un genou. Il demande à Bronson qui il est, enfin ! Ce dernier détache son harmonica et le lui plante dans la bouche. Les yeux de Fonda s'agrandissent alors, tandis qu'il revoit le gosse tomber dans la poussière. Au début du film, il tue toute une famille, dont un môme parce qu'un de ses complices l'a appelé par son nom devant lui. Il se rend compte qu'il aurait du aussi tuer celui-là.

Puis il s'effondre, mort.

Tout le monde peut aller se rabiller après ça, Sergio Leone est un Dieu, et Ennio Morricone son Hermès.

Je vous laisse.

6 commentaires:

Mona a dit…

"la morale me semble douteuse mais bien dans l'époque actuelle (pas besoin d'être intelligent pour réussir)"

J'ai peur de comprendre cette phrase.... :o

Gildas Devos a dit…

Quoi donc ? On vit dans une époque ou le talent est accessoire... voire encombrant.

Zaza a dit…

Tu confonds talent et intelligence. Forrest Gump a du talent ! Il est juste niais, c'est différent. Il est comme Candeloro ! :p Dans ta phrase je comprends que les niais n'ont pas droit à la réussite, ça c'est douteux !

Sinon, j'aime pas les western, bon, plus Morricone, mais quand même :p

Gildas Devos a dit…

En fait je fais surtout référence à la mode actuelle de la télé réalité ou il suffit de se gratter les pieds à la télé pour être célèbre, et aussi au système américain, ou il te suffit d'être fort en sport pour réussir.

Zaza a dit…

On est loin de FG alors :p

Gildas Devos a dit…

Bah si, dans le film il est diplômé à la fac parce qu'il court vite au foot :p