vendredi 22 janvier 2010

Pivot historique


Salut à tous,

Hier soir je regardais Lionel Jospin à la télé, qui se penchait sur son passé politique. Enfin la fin du documentaire, que j'avais oublié d'enregistrer pendant qu'on allait voir l'excellent Invictus, un film qui fait aimer le sport... et Morgan Freeman. En revanche, le nabot Matt Damon dans le rôle d'un mec qui faisait 2 mètres de haut et qui avait dix ans de moins, moyen. Mais bon, c'est saisissant quand même. Et quelle belle musique...

Donc, Jospin. En écoutant ce qu'il racontait, de sa façon toujours aussi scolaire et sans véritable émotion (ce dont je lui suis gré, les pros de l'émotion et du larmoyant, c'est toujours louche), j'ai repensé à ce 21 avril, une date qui a été retenue par l'histoire pour le choc qui s'y est produit. Comme on dit, tout le monde se rappelle de ce qu'il faisait ce jour là, ou presque. En revanche, qui se souvient de la date des élections de Mitterand, Chirac ou Sarkozy ?

Dans "Retour vers le Futur", les héros savent à quel moment exact de l'aventure les choses ont bien ou mal tourné, et savent quand y retourner pour les changer. Pour moi, cette élection présidentiel, c'est un véritable pivot historique. Si on est gouverné sans interruption par la droite depuis 2002, c'est à cause de ça.

Tout s'est écroulé à ce moment là : si Jospin avait fini devant Le Pen, il battait à coup sûr Chirac au second tour. On passait cette année au quinquennat, avec la concordance entre la présidentielle et la législative, ce qui garantissait cinq années de tranquillité totale au président élu. Jospin élu et avec une majorité, c'était cinq années qui empêchaient Sarkozy d'émerger, lui qui profita à fond de son titre de ministre de l'intérieur pour surfer sur la pseudo insécurité terrorisant la France. Le nabot serait toujours le guignol qui avait lamentablement perdu les élections européennes quelques années plutôt, et qui n'était qu'un lèche-cul parmi d'autres.

Et si la droite a parfaitement utilisé ce quinquennat pour renouveler son quinquennat en 2007, pourquoi la gauche ne l'aurait pas fait ? Le 21 avril 2002, la gauche a un leader : dans le docu, on voit très bien tout ceux qui, aujourd'hui, se déchirent (DSK, Royal, Fabius, Aubry, Hollande...) réunis dans une même pièce autour de Jospin. Il ne viendrait l'idée à aucun d'entre eux de planter un couteau dans le dos de Yoyo pour le discréditer et lui chiper sa place. La gauche - ou plutôt, le PS - était uni, puissant et solidaire. Et si Jospin était resté leur leader, les Socialistes le seraient restés. Mais même si Jospin n'avait pas quitté la vie politique, il aurait été discrédité, et n'aurait jamais pu mener la gauche comme avant. D'ailleurs, il ne l'avait déjà pas assez réunie, ce qui lui a coûté cette élection...

Pourtant quelle injustice.. voilà un type qui est resté cinq ans au pouvoir, qui a instauré les 35 heures, le PACS, qui a fait baisser le chômage, la dette, et qui a même gagné la Coupe du Monde, un mec qui a toujours travaillé sérieusement, qui n'a jamais cherché à placer sa communication avant celle des autres, ce qui paraît moyenâgeux aujourd'hui, et qui subit une des plus grandes humiliations électorales de l'histoire. Les Français, qui l'appréciaient depuis cinq années et qui le lâchent dans la côte, bernés par la surenchère sécuritaire de Chirac, qui sait parfaitement taper à gauche ou à droite quand il le faut (cf sa fracture sociale de 95), c'est franchement très injuste. Pays de meeeerde !!

Pourquoi la droite gagne toujours régulièrement les présidentielles ? Parce qu'historiquement et culturellement, elle a le culte du chef. La loi du plus fort, de la jungle, c'est de droite. Quand Sarkozy a joué des épaules pour prendre le pouvoir, ça leur a plu. A gauche, quand quelqu'un fait ça, il passe pour un ambitieux qui ne prend pas en compte la démocratie et le vote des militants. Quand Sarkozy est élu président du parti, c'est déjà le patron, et ses 75 % s'affichent en immense à la télé pour confirmer qu'il est vraiment le meilleur. Une mégalomanie inimaginable à gauche.

Mais quand la gauche a eu de vrai leaders, Léon Blum en 36 et Mitterand dans les années 80, elle ne mouftait pas. Les opposants internes (Rocard, principalement) étaient peu nombreux, et n'ont pas duré longtemps. Donc si Jospin avait perduré, la gauche aurait eu de grande chance de le faire aussi. Si c'est le foutoir aujourd'hui au PS, ce qui navre tellement de gens, c'est parce que justement, il faut un nouveau leader. Mais c'est tellement pas de gauche de se soumettre à un homme ou une femme sans mouffeter... Si Aubry avait été bien élue, à la rigueur ça serait passé. Là, c'est le carnage.

Foutu 21 avril...

Je vous laisse.

3 commentaires:

Zaza a dit…

Jospin aurait gagné s'il avait été au second tour ? J'en suis pas si sûr... Déjà les "Si" on leur fait dire ce qu'on veut, mais surtout ça s'est jouer dans un mouchoir donc si Le Pen avait faire un chouille moins, de toute manière au 2nd tour c'était foutu. Il aurait fallu un Le Pen inexistant pour qu'il gagne.

Gildas Devos a dit…

Non parce que si t'additionnait toutes les voix de gauche, et sachant qu'une partie de l'électorat de Le Pen se serait rabattus à gauche, celui des ouvriers surtout... au premier tour, la gauche réunissait 42 % et la droite 39 %...

Zaza a dit…

Tu sais aussi bien que moi que le calcul n'est pas aussi simple. Les Bayouriste et le Le peniste votent forcement au 2nd tour, alors que les communiste et surtout LO et consor s'abstiennent... Pas si simple...