Salut à tous,
Hier soir, les Bleus repartaient pour une 107e saison internationale. Et pour relancer une équipe haïe par tout un pays revenu à ses sentiments habituels envers le foot - ringard/trop payé/trop à la télé machin chose -, la Fédé n'a rien trouvé de mieux que de lui servir la meilleure équipe du monde depuis trois ans maintenant : l'Espagne. Surtout pour un premier match de l'année, que la France perd systématiquement depuis 5 ans !
Déjà, les Bleus qui, je le rappelle, nagent en plein creux générationnel - tous les pays de la Terre vivent quelques années de transitions entre deux grandes générations, ça tombe sous le sens - n'avaient pas beaucoup de chance de battre une équipe qui avait gagné 40 de ses 44 derniers matches... mais il leur fallait en plus digérer la bagatelle de 7 blessés, notamment en défense, avec celles de ses deux axiaux habituels, Gallas et Abidal, dans un secteur déjà sinistré depuis les retraites de Desailly, Blanc puis Thuram, et où ni Mexes, ni Boumsong, ni Escudé ou Squillacci ont réussi à prendre la relève. Autant dire que face au meilleur jeu collectif du monde, c'était comme partir à la guerre avec une fourchette.
Et pourtant, en perdant 2-0, la France réussi quand même à se faire massacrer partout, dans la presse ou sur internet. Je n'ai vu que de façon lointaine le match, obnubilé que j'étais par la partie de tarot que je disputais, mais apparemment les cadres de devant, en l'occurence Henry, Anelka et Ribéry, n'ont pas montré un enthousiasme digne d'un match de ce niveau. Il n'empêche : ça m'amuse toujours de mesurer le paradoxe quand la presse, dans un match de ce genre, dit à la fois que telle équipe a été extraordinaire, et l'autre complètement nulle. est-ce possible que PARCE QUE la première équipe a été fabuleuse, l'autre a paru moins bonne mais pas FORCEMENT nullissime ? Ou bien est-ce sa nullité intersidérale qui a aidé la première équipe à briller ? Non non, si y a eu un écart c'est parce que le premier était très très bon, et l'autre très très nul, c'est obligé. Si on devait commencer à affiner nos analyses, on en aurait pour la journée, et il me faut cet article pour dans 20 minutes, coco.
Bref, donc on a été tapé par l'Espagne, équipe qui, ses dernières années, a battu l'Argentine (2-1), l'Angleterre (2-0), l'Italie (1-0), la Russie (4-1 et 3-0), l'Allemagne (1-0) (mais si elle a battu la France deux fois c'est la faute à Domenech, hein, attention), et qui domine l'Europe et le Monde comme rarement des Européens l'ont fait avant eux. Il y a des équipes du Vieux Continent qui l'ont fait, la France (1996-2006), la Hongrie (51-56), les Pays-Bas (74-78), l'Allemagne (54-96...), mais pour le premier et le dernier cité, leur supériorité était bâtie sur une puissance physique et une intelligence tactique supérieure, adossées à des défenses de fer.
La série et le jeu de l'Espagne me font plutôt penser aux Hongrois et aux Néerlandais. Ces deux équipes atomisaient leurs adversaires, quels qu'ils soient, grâce à une technique individuelle nettement au-dessus de la moyenne, qui compensait des gabarits assez mineurs. En cela, ils rejoignent le Brésil de toujours. La Roja en a pourtant bavé.
Rendez-vous compte : avant qu'ils ne gagnent l'Euro 2008, les Espagnols n'avaient à leur palmarès qu'une 4e place mondiale en 1950 et un Euro remporté à domicile en 1964. Entre les deux, le Real Madrid a collectionné les trophées européens, avec la meilleure équipe de club de l'histoire, peut-être. Avec pour quel résultat ? Rien ! Imaginez : entre 1957 et 1960, les joueurs Espagnols ont gagné 3 Ballons d'Or. Pour quel bilan en compétition internationale ? Rien, ou presque (l'Euro, en 64, donc, mais sans Di Stefano).
Et après, pareil: les clubs espagnols ont continué à briller sur la scène européenne, mais la Seleccion a perpétué sa médiocrité durant tous les tournois internationaux, même à domicile, comme en 1982. Pour quelle raison ? Les joueurs en ont toujours eu rien à secouer de l'équipe nationale. Sous Franco, résister consistait à affirmer son appartenance à sa région, le Pays Basque, la Catalogne, etc. Les joueurs se donnaient donc nettement plus pour leurs clubs que pour la sélection, qui a en plus pâti jusque bien longtemps après la chute du Caudillo d'une division nette entre les Madrilènes et les Barcelonais. Un peu comme celle entre Marseillais et Parisiens au début des années 90, notamment pendant France-Bulgarie... mais pendant des décennies.
Aujourd'hui, ce schisme semble terminé. La sélection a clairement pris acte de la supériorité de la pensée catalane, et son jeu s'en ressent, alors que son entraîneur durant l'Euro, Luis Aragones, est Madrilène, et celui qui la dirige actuellement, Vicente Del Bosque, a entraîné le Real durant 4 ans... Son milieu de terrain, notamment, est aux mains des Catalans : Xavi et Iniesta, formés au Barça, sont peut-être les deux meilleurs milieux du monde ; ils sont tranquillement assistés par Fabregas (Arsenal), également formé à Barcelone. En attaque, l'Espagne a également trouvé ce qui lui a toujours manqué, malgré Raul : des buteurs. Et quels buteurs ! Villa (Valence), premier marqueur hier, en est déjà à 36 buts en 55 sélections, et 135 en un peu plus de six saisons de Liga... et le Madrilène de naissance Fernando Torres (Liverpool) est un phénomène, avec 51 buts en 2 ans et demi en Premier League, et 9 buts en deux ans de sélection, 23 au total depuis 2003. Et ce, en alternant à la pointe du 4-5-1 espagnol !
On ne peut que s'enthousiasmer pour cette équipe, qui battra d'autres "gros nuls" sur sa route dans les prochaines années. Mais attention, elle ne gagnera pas le Mondial : aucun pays européen n'en a jamais gagné en dehors de l'Europe, contrairement au Brésil (1970, 1994, 2002).
Je vous laisse.
3 commentaires:
Puis on est les derniers à les avoir battu en phase finale d'abord, alors zob ! :p
D'ailleurs ils nous ont jamais battu en compétition officielle (5 succès, 1 nul)...
Quel bande de nazes ces espagnols en fait...
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