mardi 23 mars 2010

Un post sans fin


Dernier jour : tout est dit.


Il est souvent de bon ton - sans doute parce que c'est vrai - de dire que c'est passé super vite. Et c'est vrai que quand j'y repense, j'ai l'impression que ça a duré, quoi... cinq minutes ? Pourtant, rien que le raconter, ça prend un temps fou, et j'ai pas tout raconté. Les trajets en métro par exemple. Le métro barcelonais fait beaucoup penser à celui de Londres. Assez exigu d'apparence, et en forme de tube. Pour payer nos billets on achetait par paquets de 10 (pour environ 7 euros) chacun son tour, ça coûtait moins cher que les formules week-end où je sais pas quoi... D'ailleurs y en avait une qui offrait des places pour les musées (qui étaient gratuits finalement, je vous l'ai dit), voire... pour le Park Güell. Et lui, il est pourtant gratuit toute l'année ! Mais bon c'est sympa quand même hein, c'est l'intention qui compte j'imagine.

Bref donc dernier jour, on a préparé nos valises la veille. Notre timing est serré : on doit être de retour à l'appart à 16h pour récupérer nos valises, histoire de pas se les coltiner comme des galériens dans Barcelone, et on a prévu de visiter la fondation Miro, sur la colline de Monjuic - là où il y a également le Stade Olympique, mais là encore ça n'intéresse personne d'autre que moi. Mais j'ai quand même prévu d'aller au Camp Nou (et sacrifier Miro, donc, il devrait s'en remettre), en faire le tour et prendre quelques photos. Le visiter c'est 18 euros, c'est quand même un peu cher, c'est tentant mais... non, faut pas déconner.

On a aussi prévu de voir le Park Güell l'après-midi, donc inutile de dire qu'on n'a pas de temps à perdre. Je déteste les timings et être pressé en vacances mais là, pas le choix malheureusement.

On s'arrête sur la Rambla voisine pendant que deux d'entre nous retire des sous à côté. Là, tandis qu'on profite d'un soleil bien reposé après deux jours sans bosser, mes amis me convainquent de m'auto offrir cette petite folie : visiter le Camp Nou. D'accord, c'est 18 euros mais c'est peut-être l'occasion d'une vie. Ils en ont rien à carrer du Camp Nou comme du reste du foot, mais ils ont bien compris que c'était un truc qui me tenait à cœur. Allez, je vais me le faire.

Ils prennent le métro et moi, momentanément bloqué à cause d'une carte qui veut pas passer, je les regarde partir. Je prends la même ligne, mais je vais pas au même endroit qu'eux. Le Camp Nou n'est pas super excentré, mais pas en centre-ville non plus. Et c'est vrai que, comme souvent avec les stades, il se retrouve dans un quartier nettement moins charmant que le centre, avec des entreprises, des facs... mais une vue quand même splendide sur les collines alentours, qui prennent des allures alpestres avec leurs manteaux exceptionnellement blancs.

Mon Amour m'a prêté son appareil photo (ben oui c'est pas moi qui ai pris toutes les photos que je vous ai montré, notamment celle avec mon crâne en bout de carlingue) parce que j'aurais eu un peu de la peine à prendre de belles photos avec mon téléphone pourri. Et comme toujours quand j'ai un appareil, je m'en sers beaucoup. Vraiment beaucoup. Mes potes quand j'étais jeune m'appelaient le Japonais.

Le sol est recouvert de glace, ça glisse pas mal. Et oui, ça fait 25 ans qu'ils n'ont pas dû saler les rues, le temps de retrouver la machine... Un immeuble s'écarte pour permettre au stade du FC Barcelone de m'apparaître. Il ne fait pas si grand que ça, a priori il doit faire quasiment deux fois le Parc des Princes (80 000 contre 50 000 places) mais il reste impressionnant. A l'entrée, je demande à un gardien avec mon Espagnol scolaire et assez rouillé : "¿ donde esta la puerta para visitar ?" ou un truc du genre. Sans parler de mon accent... Le mec a l'habitude des touristes j'imagine, et m'indique la porte 9. Ok, c'est à l'opposé, je me lance dans un tour du stade.

Le tour est assez long à faire, il n'y a pas que le stade, il y aussi plein de bâtiments administratifs, sans parler de la... patinoire du Barça. Elle avait de la concurrence ce week-end-end en ville.

J'arrive à la porte 9, et je rentre. L'entrée est finalement à 17 euros. Comme me dira plus tard dans la journée L., "cool, tu pourras te payer un café". Comme quoi il me connaît bien, moi qui ne boit jamais de café :p Bref, me voilà avalé par le monstre catalan, après avoir été accueilli par l'éternel Ladislao Kubala, attaquant hongrois naturalisé espagnol à l'époque où on pouvait encore jouer pour plusieurs pays différents, comme au rugby encore aujourd'hui.

On visite d'abord le vestiaire visiteur. Oui, "on", parce que plusieurs groupes de jeunes m'accompagneront tout le long, dont des Grecs exhibant fièrement sur leurs photos leurs drapeaux du PAOK Salonique... Classique, le vestiaire est grand, classe, équipé. Manque juste une cuisinière et une télé, et je pourrais y habiter. Mais à mon avis ça doit être rien comparé à celui du Barça, qui doit être autrement plus classe. Je ne m'éternise pas, histoire de prendre de l'avance sur mes turbulents "voisins". D'accord, les joueurs du PSG en 1995 y ont pris leur douche ici, mais ça m'intéresse quand même moyennement. Peu de chance que j'y retrouve la gourmette de Bernard Lama.

J'ai qu'une envie, c'est de voir le terrain, et les tribunes vues du sol. Ce que les joueurs voient quand ils s'apprêtent à débuter un match, même si quand c'est leur tour y a jamais de neige dessus, et y a des gens assis - enfin, rarement assis, c'est pas le Stade de France - tout autour qui font plein de bruit. En chemin je croise la petite chapelle où les adversaires du Barça, notamment les gardiens, doivent probablement prier pour ne pas en prendre plus de trois ou quatre, le minimum syndical. Et puis au bout, je vois le terrain. Je monte quelques escaliers... là, je suis vraiment dans le trip. C'est la Ligue des Champions, et je vais rentrer dans le stade du Barça, le Camp Nou. Y a-t-il enceinte plus mythique que celle-ci en Europe ? Wembley... mouais, il vient d'être reconstruit, bof. L'Estadio da Luz de Lisbonne, peut-être. Et en Rugby, Twickenham ?

Voilà, j'y suis. la pelouse est recouverte de neige, mais on l'aperçoit quand même sur les bords. Je suis au pied de la tribune présidentielle, et je suis écrasé par la grandeur du lieu. J'envoie quelques mms pour les deux malchanceux que ça aurait intéressé. Une semaine plus tard, je commenterai Barcelone-Stuttgart en Ligue des Champions (4-0), et je ne reconnaîtrai pas les lieux. Un stade n'est pas le même quand il est rempli de supporters. Mais il est quand même splendide.

Sur la tribune d'en face, "Més que un club" s'affiche devant moi. Clairement, le Barça est plus qu'un club. C'est par lui que les habitants de Barcelone affichent leur "catalanité", habitude datant du Franquisme. Durant la guerre civile, le siège de la ville a été un des plus durs et des plus longs. Sous Franco, comme les Basques, les Catalans n'avaient pas le droit de parler leur langue, ni d'afficher leur culture et leurs traditions, dans un pays ou le régionalisme n'est pas un vain mot. Face au Real Madrid qui était le club officiel du pouvoir, supporter le FC Barcelone c'était faire pacifiquement acte de rébellion , comme souvent dans le sport. Il n'y a qu'en foot que des équipes des Etats-Unis et d'Iran pouvaient s'affronter, en 1998. Même chose pour la RFA et la RDA, en 1974. Et bien, quand le Barça battait le Real, c'était la même chose : une grande fierté, presque un acte militant. Surtout en Espagne, où les clubs appartiennent aux socios, qui élisent régulièrement leur président, et non à des oligarques russes ou des actionnaires quelconques. Au même titre que Miro ou Gaudi, le Barça, qui est le seul club au monde à n'avoir pas de sponsor maillot, à part le logo "Unicef", et dont un bon tiers, voire la moitié de l'effectif provient de son centre de formation, est l'emblème de Barcelone. Et l'hymne chanté par les 80 000 spectateurs à la fin de chaque match est toujours là pour l'affirmer.

Je sens que je vous saoule avec le Barça, mais imaginez un fan des Stones visitant leur studio d'enregistrement, ou un aficionado de Picasso se baladant dans son atelier... c'est pareil. Le lieu est vide - à part les ados pépiant derrière moi - mais habité. Ces buts, par exemple, ne chôment jamais les soirs de match. Cette pelouse est l'écrin des exploits de Lionel Messi, le meilleur joueur du monde, comme elle l'a été pour Stoïchkov, Cruyff, Maradona, Ronaldo, Romario, Laudrup, Figo...

Bref faut que je fasse plus court, parce qu'il y a encore le Park Güell à raconter derrière... chuis mal barré.

Je rentre à nouveau dans le ventre du Camp Nou, et je monte. Je visite la salle d'interview, puis celle des trophées, particulièrement chargée vous vous en doutez - 19 championnats, 25 Coupes du Roi, trois Ligues des Champions, quatre Coupes des Coupes (dont une contre le PSG, en 1997...), etc - et je me retrouve à mi hauteur dans la tribune. La vision est là aussi grandiose. Je suis immergé dans le stade. Quelle merveille !

Pour le fun, je teste un strapontin, comme un supporter - aisé, le supporter - du Barça. Mmmh c'est du plastique, mais ça me paraît solide. Je fais bien de m'asseoir, parce que la suite va être assez physique.

Je continue de grimper, et le bonheur d'être là me fait oublier mes poumons qui brûlent et ma tocante qui s'emballe. J'arrive finalement là où je rêverais de revenir, mais pas comme un touriste : la bulle des commentateurs. Génial ! On a une vue imprenable sur le stade, les tribunes, la pelouse... j'y reste autant par bonheur que par nécessité, vu que je viens de me taper au moins quatre ou cinq étages d'un coup. Je me dis que ce serait génial de venir un jour ici pour commenter un match du Barça, même si je ferais un peu de la peine à côté des commentateurs espagnols, qui sont un peu comme les Brésiliens, vous voyez, des agités du bocal, avec des "pelota, pelota" et des "gol gol gol" dans tous les sens. Des passionnés, quoi, avec la mauvaise fois réglementaire et les pastilles pour la gorge.

Allez, je vous épargne la suite (le musée, notamment), parce que je sens que vous saturez. Et oui, je chouchoute mon public, sans qui je ne serais pas là, j'imagine. Je sors par la boutique - où les petits ballons "Barça" à 13 euros me faisaient un peu trop de l'oeil - et après avoir fait pipi. Oui, j'ai fait pipi au Camp Nou, voui mÔssieur. Je remonte une longue avenue pour retrouver la ligne 3, pas celle qui fait Levallois-Galieni hein, celle qu'on n'a quasiment jamais arrêté de prendre, finalement. C'est comme la Jubilee de Londres, c'est la ligne où y a tous les trucs à voir, la ligne 3 de Barcelone, vous voyez. Je dois me la faire quasiment entièrement pour rejoindre mes potos près du Park Güell. Au départ je voulais les rejoindre à Monjuic, mais ma visite a un peu duré... tant pis, j'y retournerais quand on reviendra pour voir la Sagrada Familia terminée, en 2025.

Là, on tourne un peu pour trouver notre chemin, on emprunte notamment un espèce de chemin sensé nous emmener au Park, et qui est complètement verglacé. Bonjour l'aventure... je manque plusieurs fois de me péter le coccyx. En haut, on demande à un gentil catalan, qui nous conseille d'emprunter ce chemin pour descendre et remonter un peu plus loin. Ok... bon bon, évidemment la descente est encore plus acrobatique que la montée, surtout pour moi et mon gabarit, mais j'en sors indemne.

On marche un peu, puis on arrive au pied d'une rue qui monte comme rarement une rue est montée, au point qu'il y a des escalators pour aider l'inconscient qui voudrait la grimper ! Cette vision achève de me décourager, je viens de me taper les 112 étages du Camp Nou, puis de gravir un glacier urbain, j'en ai plein les pattes. Je laisse partir devant mes amis plus légers, et je pars à mon rythme. Doucement, tout doucement... finalement j'arrive à mi distance, avant les escalators, et là mes amis me disent de les rejoindre dans un resto à côté pour acheter des bocadillos. Alors là, si on me prends par les sentiments, ça change tout... j'abuse, je me prends un bocadillo lomo ET saucisse. Désolé, la montagne ça creuse trop. Mais je me le garde pour l'arrivée, parce que ça serait un peu lourd pour la suite de l'ascension. Surtout que les trois quarts des escalators sont en panne... mais finalement ça va. Comme avant, quand j'avais encore la forme, je me sens presque plus à l'aise en montagne qu'en plaine. Ca se passe mieux quand je me concentre sur ma marche que quand je n'y pense pas. N'empêche qu'arrivé en haut, alors que des gamins nous balancent des boules du neige du Park Güell, mes poumons sont en feu.

En fait, on est au sommet du Park, ou presque. Il y a un panorama, un peu identique à celui du jardin des Plantes, à Paris, où là on embrasse une très jolie vue de Barcelone. Quelle ville splendide ! Et sous le soleil, elle a quand même une autre gueule.

Puis on descend vers l'entrée principale, en évitant les arbres tombés sur le chemin (!). L'entrée, c'est un des clous de ce Park construit, là encore, par Gaudi. C'est un véritable chef d'œuvre. Nous on est arrivé par la fin, mais en fait quand vous arrivez face à l'entrée, il y a deux maisons qui vous accueillent de part et d'autre. Des maisons assez indescriptibles, pour tout vous dire, à part avec des photos. Ensuite, vous avez un escalier avec des statues, notamment celle d'une salamandre avec laquelle on ne manque pas de se prendre en photo. Et puis vous avez un grand espace garni de colonnes, avec un toit sur lequel vous pouvez monter. Et là, au lieu d'un toit tout con, vous avez un grande esplanade entourée d'un long banc continu et ondulé, d'où vous avez encore une fois une jolie vue. C'est simple, mais fallait quand même y penser. Cet endroit, c'est une perle absolue, j'en suis amoureux. Je vous met quelques photos pour que vous vous fassiez une idée, mais là encore vaut mieux le voir par soit même.



Voilà, ensuite on rentre à l'appart. La fin est forcément triste, on récupère nos valises, et on file vers le métro puis la gare, où on rate d'un cheveu notre train pour l'aéroport. Heureusement, on a de l'avance... on attend 30 minutes avant le suivant. Puis on arrive à l'aéroport, machin tout ça, bon bref, passionnant. Même l'avion est morose, je suis encore du mauvais côté pour les Pyrénées mais de toutes façons il fait nuit, et je ne vois rien.

Et puis voilà, on est rentré, il y a deux semaines maintenant. Mais à chaque fois que j'y repense, j'ai la chanson des "I'm from Barcelona" dans la tête...

Je vous laisse.

1 commentaire:

Amandine a dit…

Rendez-vous pris pour 2025 ! :D