vendredi 12 mars 2010

Vol au-dessus d'un paysage de coucou


- Je crois que j'ai loupé la sortie "Orly".


Comme je suis poli, et qu'on est en avance, je ne dis rien, ça peut arriver à tout le monde, surtout le matin, et quand on conduit une voiture où ça parle de tout et de rien dans tous les sens. Le père d'un de mes compadre avec qui je m'apprête à découvrir Barcelone, qui nous conduit à l'aéroport, emprunte donc la sortie suivante, et nous voilà enchaînant les demi-tours dans Antony, une des villes de la banlieue parisienne les plus moches que j'ai jamais vues. La east coast, vraiment, elle vaut que dalle.

Orly n'est pas loin cependant, et nous voilà débarquant avec nos petites valises dans l'aéroport. Ca me fait drôle d'y entrer pour autre chose qu'y déposer des gens ou pour les récupérer après leur voyage, ce qui était ma spécialité quand j'avais une voiture. Finalement, hormis la taille, ça ressemble quand même pas mal à une gare, en plus moderne. Sinon, c'est blindé de boutiques pour les kékés qui ne se seraient pas complètement ruinés en achetant leur billet d'avion. Et les obligations administratives sont quand même plus contraignantes.

Y a l'enregistrement d'abord, et cette hôtesse tellement aimable... pas facile de voir défiler toutes ces destinations, et de s'occuper de tous ces gens qui partent en vacances alors que toi, tu restes ici comme un couillon. Du coup, tes zigomatiques sont en grève. Tant que ce n'est que ça, elle peut m'envoyer paître tant qu'elle veut... Bref, après cela on file prendre un petit déj pas loin, puis on y retourne pour l'embarquement, sauf qu'un crétin a laissé son sac en plein milieu de l'aéroport, on est contraint de passer sous l'étage pour atteindre notre but. Apparemment une bombe n'abime que l'étage où elle se situe, c'est rassurant... Premier coup de stress à blanc. Pour rater l'avion, pas mourir en martyr...

Dans l'avion, premier constat : c'est ridiculement petit. Une fois assis au rang 3, près de la fenêtre où la vue sur un technicien tenant un câble est absolument somptueuse, je me rends compte que j'ai bien fait de prendre une deuxième place : pas en largeur, puisque c'est quasi équivalent à une place de ciné - j'aurais quand même plaint mon éventuel voisin qui aurait dû se coltiner un de mes bras - mais en longueur. Mes jambes sont écrasées face au siège de devant, mais j'ai la place de les écarter, un bonheur.

La tête luisante là, collée à la fenêtre, c'est moi.

Le décollage se fait attendre. L'avion roule doucement d'une piste à l'autre, on dirait moi quand j'avais une voiture et que je cherchais à me garer. Finalement on y est, enfin, en tout cas on le sent : les moteurs se réveillent, l'accélération est immense, le train de sénateur a fait place à celui de Senna. Ça va très vite, puis la pointe de l'avion - dans laquelle je suis, c'est dire son mérite - se lève, et là, tout se passe à l'extérieur : alors que du sol, on a l'impression que les avions montent doucement, là en trois secondes, le sol n'est plus le même. En quelques instants, il devient une carte, une maquette, les voitures et les maisons sont au delà du petit.

L'avion, c'est la relativité appliquée. Tout ce qui est sensé être grand ne l'est plus. Les étangs sont des petites flaques, les autoroutes, des lignes ; il n'y a plus de collines, les villes sont des minuscules toiles d'araignée. Puis on passe au-dessus des nuages. Un scoop : il y a d'autres nuages au-dessus de "nos" nuages, plus épars, plus filandreux. La couche de nuage, c'est juste dingue. C'est un paysage à lui tout seul. Il y a des collines, des plaines, des montagnes, des failles... Et puis au bout d'un moment, il n'y a plus de nuages. Et là, le paysage a changé : que des champs, des villes qui tiendraient sur mon pouce, et au loin à gauche une longue barre montagneuse, pas très haute encore. Devant, je devine un truc blanc, que je n'arrive pas encore à distinguer : un nuage ou de la neige. C'est finalement bien cette dernière. Le massif central ! Autre truc incroyablement relatif : on a l'impression de se traîner, on a largement le temps d'admirer ce qu'il y a à voir, mais dessous c'est tellement petit que tout est rapproché. Alors que le Massif Central se termine, que vois-je à l'horizon ? Non, ce n'est pas possible, pas si près... Bah si, c'est le Golfe du Lion.

C'est juste splendide. En bas, les montagnes, au loin, la mer, qui scintille et qui se mélange REELLEMENT au ciel. Il est absolument impossible de la délimiter. La côte s'enfuie devant nous, formant fidèlement la Catalogne française, Perpignan, Port Bacarès, etc. Première fois que je viens là :p Je suis déçu de ne pas voir mes Pyrénées adorées, que j'aperçois dans la fenêtre opposée, au fond à droite. Ça a l'air splendide... Mais je les vois un peu, en tous cas j'en vois la fin : elles finissent par s'enfoncer dans la mer comme un serpent regagne sa tanière. J'entre en Espagne.

La mer est toujours floue et scintillante. Les villes espagnoles se multiplient au fur et à mesure que la montagne rend l'âme. Au vu des chocs précédents, je ne suis nullement étonné de voir Barcelone arriver très vite. La ville est immense, tout est parfaitement visible, le port, le Camp Nou, et même les Ramblas... Google map, va te rhabiller. L'avion est gentil, il effectue un large tour au-dessus des collines plus au sud pour revenir face aux Pyrénées que je peux voir de loin - et si proches - avant d'atterrir. Le vol a duré 1h30, ressentie 10 minutes. Barcelone, sous un franc soleil, est à moi.

La suite, bientôt !

1 commentaire:

Zaza a dit…

Tu devrais passer ton brevet de pilote :p