Salut à tous,
Je sais, je vous ai déjà bassiné avec le Barça au printemps dernier. L'immense club catalan est le symbole de la Catalogne, plus, sans doute, que Gaudi ou le thon du même nom, symbole surtout de la résistance au Franquisme au milieu du siècle dernier. Mais ce soir, c'est Clasico. Le vrai, l'original, l'ultime. Il n'y a pas mieux au monde.
Pourtant, il y en a des chocs qui mobilisent les foules et les médias. Mais d'habitude ce sont des derbys, qui opposent des équipes dont les supporters se croisent tous les jours au bureau, et notamment les lundis d'après match, à partir desquels, pendant des mois, une partie de la ville peut chambrer l'autre partie, jusqu'à ce que cette dernière prenne sa revanche. En tant qu'amoureux du football et de grands matches, je rêve d'assister au plus grand derby de Buenos Aires (parce qu'il y en a d'autres), Boca Juniors-River Plate, à la Bombonera, par exemple, ou à Fluminense-Flamengo à Maracana, à Rio, ou encore à un Arsenal-Tottenham, à Londres.
En France on n'a pas ça, parce que nos derbys n'en sont pas vraiment. Contrairement à absolument tous nos voisins européens, sans exception, aucune ville française ne regroupe deux clubs de première et/ou deuxième division. Quand Londres compte cinq clubs de première division, Madrid, Milan, Barcelone, Zürich, Glasgow, Bruxelles, Lisbonne, et j'en oublie, deux chacune, Paris en place un en première division, et une en troisième (Paris FC), si on ne compte pas, bien sûr, Alfortville ou Créteil, qui bataillent également en National. Pour les autres grandes villes françaises, le deuxième club purement marseillais, le Consolat, évolue en CFA 2, le deuxième club lyonnais, Lyon-Duchère, en CFA, le Stade Bordelais nage en CFA 2 également, tout comme Toulouse-Fontaines, quand Nantes ou Lille n'en comptent pas à un niveau "détectable". Une véritable incongruité en Europe, voire même dans le monde.
Pourquoi ? Parce, peut-être, les clubs sont apparentés aux villes. A Londres, vous avez Chelsea, Tottenham, West Ham, Arsenal... un peu comme si, à Paris, y avait Montmartre, Bastille... en même temps Londres triche, puisque la ville englobe ce qui est la banlieue à Paris. Il n'empêche, les clubs, à l'étranger, ont souvent un nom à eux : Real Madrid, Juventus de Turin, Boca Juniors... ils s'appellent pas juste Madrid, Turin ou Buenos Aires. D'ailleurs, à l'étranger, Marseille et Lyon s'appellent "Olympique", ils ne précisent même pas le nom de la ville. En France, un club de foot est associée au clocher local, du coup difficile de diviser en deux, on est fan de sa ville, et puis c'est tout. Le FC Barcelone est certes le symbole de la Catalogne, ça n'empêche pas les supportes de l'Espanyol Barcelone d'exister. Ils doivent juste aimer se faire chambrer...
La dernière fois que deux clubs d'une même ville, le PSG et le Matra Racing, ont évolué ensemble au sein de l'élite, c'était en 89/90. Depuis, bien des tentatives ont échoué dans la capitale, enfin surtout autour, avec la fusion Saint-Denis-Saint-Leu, ou l'arrivée de Michel Moulin à Alfortville il y a peu. Depuis, le club est monté en National, mais se traîne à la dernière place, et Moulin s'est tiré. Mais rien dans la capitale, le Paris FC se démenant à Charlety au troisième échelon, devant 655 spectateurs de moyenne, 50 fois moins que pour le PSG. A Marseille, personne ne s'imagine être supporter d'un autre club que de l'OM. De fait, toute la Côte d'Azur est dans le même cas, hormis pour les ultras de Monaco, Nice ou Montpellier, et encore. Istres et Martigues, ses voisins immédiats, ont bien essayé de se faire de la place auprès de leur encombrant voisin, sans résultat.
Au final, nos derbys ne sont pas communaux mais régionaux. Lens-Lille, Bordeaux-Toulouse, Nantes-Rennes... et bien sur le plus chaud d'entre tous, Saint-Étienne-Lyon. Mais évidemment, le Clasico français, c'est PSG-OM, d'où les supporters concernés ressortent rarement indemnes émotionnellement. Soit t'es fou de joie, avec des envies incompressibles de faire des bonds, soit t'es au dernier échelon de la misère morale, avec un besoin fou de tout laisser tomber, à part tes charentaises et ta télécommande. Sauf si y a match nul, bien sûr.
C'est en cela que notre Clasico est comparé à Barça-Real : il ne repose sur aucune logique géographique, mais presque exclusivement politique. La capitale contre la province, ça n'est pas près d'être un concept éculé. Les bobos contre les soit-disant "vrais" gens, non plus. Parce que si ça jouait sur l'amour du jeu et sur le nombre de stars formées localement, il n'y aurait pas photo du côté espagnol des Pyrénées : à ce jeu-là, personne, dans le monde, du moins depuis la fin des grandes années de l'Ajax Amsterdam, n'égale le Barça. Quand le Real alignera un seul enfant de son centre de formation, Casillas, depuis les départs cet été de Raul et Guti, le Barça en alignera 8 au coup d'envoi. Huit ! Sur onze ! Huit joueurs qui sont arrivés pré adolescents, et qui ont tout appris à la Masia. Aujourd'hui, Messi, Xavi ou Iniesta peuvent remporter le Ballon d'Or dans deux mois, et ont appris leur métier au même endroit, Barcelone. En celà, j'ai toujours du mal à comprendre comment on peut soutenir le Real lors d'un Clasico, à part si t'es Madrilène. Et encore, merde !
Messi : 6 goals in Clasicos
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Côté PSG-OM, ces différences sont moins marquées. Côté jeu, Marseille, hormis sa popularité liée à des images d'Epinal héritées de Pagnol, a une image plus offensive, notamment en raison de leur "Droit au But", mais aussi par les immenses buteurs qui ont évolué sous le maillot blanc (Gunnar Andersson, Skoblar, Papin...). Mais cette année, les deux clubs ont presque la même attaque (25 contre 23 en faveur des Olympiens avec un match en retard), et Paris évolue à plein temps avec 4 joueurs offensifs, dont deux pointes, un cas unique en France, avec Lorient. Et au niveau de la formation, les deux clubs sont loin d'être infaillibles : Marseille n'a pas de centre de formation, même si des joueurs comme Nasri et Ayew sont sortis récemment de son équipe réserve, quand Paris, qui en a un assez performant, ne s'appuie pas assez dessus, et sur les 10 millions d'habitants qui l'entourent. Et ce même si cette année, tout en jouant le haut du tableau, deux joueurs formés au club, Sakho et Chantôme, sont des titulaires indiscutables. Je vous avait d'ailleurs parlé du second, il y a un an et demi, donc ça me fait vraiment plaisir de le voir enfin réussir. Quant au premier, il vient de débuter en Equipe de France, à 20 ans seulement.
Je vous laisse, et allez le Barça !