Ce sont des nuits, comme ça, qui marquent.
On rentre tard d'une soirée jeux, excellente par ailleurs, chez des amis en transit entre la France et le Québec, habitant dans une chambre pas beaucoup plus grande que la mienne en attendant des papiers indispensables pour leur retour dans la Belle Province. Si je n'écoutais égoïstement que moi, je souhaiterais qu'ils ne les reçoivent jamais, vu que je n'ai jamais été aussi proches d'eux que depuis leur retour forcé, en octobre dernier. Mais ils ne sont pas heureux ici, forcés à faire des petits jobs sans intérêts en attendant ce courrier si attendu. Dilemme habituel, et même un peu banal en ce moment pour moi, avec tous ces amis qui ne parviennent pas à tenir en place... Je crois que si je m'en foutais et que je me contentais d'être heureux pour eux, ce serait pire.
En attendant, donc, ils habitent de l'autre côté de la Région Parisienne, à la Courneuve, ce qui nous promettait déjà un retour long et fastidieux, même si nous n'avions qu'un changement de RER à gérer. A la gare du Bourget - un avion aurait été plus pratique, qui sait - nous ratons notre train parce que nous nous sommes plantés de quai - 2 bis au lieu de 2... - et parce que notre RER s'est caché derrière un autre, circulant dans le sens inverse... bref, on n'a pas été fabuleux sur le coup, faut bien le reconnaître.
Vingt-cinq minutes plus tard, nous prenons donc le train suivant, il est minuit et demi, et nous arrivons chez nous plus d'une heure plus tard. Malgré l'heure tardive, nous ne nous couchons pas tout de suite, même si je bosse à 10 heures le lendemain. En rentrant, j'aime bien aller un peu sur l'ordi, checker mes mails, entre autres. Nous nous couchons en même temps malgré tout, épuisés par notre journée.
Là nous discutons, nous rigolons sur tout et rien. A la télé passe le dernier clip, affligeant, ça va de soit, de Sean Paul, un chanteur ragga absolument insupportable puisqu'il ne connait qu'un seul ton de chant, en plus d'infliger à ses fans une coupe de cheveux que seuls, jusque là, quelques footballeurs aveugles avaient osé porter, une crête de coq du plus bel effet. Comme disait Pierre Palmade hier dans son dernier spectacle, rediffusé par France 4, à propos de sa coupe de cheveux il y a 20 ans "le pire, c'est que mes amis me laissaient la porter, en public". En même temps il s'en fout, Sean Paul, il sera oublié depuis longtemps déjà, dans 20 ans.
Bref, donc mon Amour me parle d'un chanteur au nom un peu similaire qui avait repris une chanson d'Elton John, il y a quelques années. On regarde sur le net, sur son téléphone, et on trouve le coupable : c'est Billy Paul, qui avait repris "Your Song". C'est loin d'être le seul, mais bon... En dehors de la couleur de peau et du nom de famille, il y a autant de rapport entre Billy Paul et Sean Paul qu'entre Thierry Henry et Joël Henry, pour les initiés, ou entre Eric et Joël Cantona, qui eux avaient tout de même les mêmes parents (et la même tronche aussi). Comme quoi, les Joëls sont souvent des copieurs, en tous cas de pâles copies...
Bref, à ce moment là j'évoque une chanson de Billy Paul que j'aimais bien quand j'étais jeune, mais je n'ai pas le titre. J'ai juste très vaguement l'air dans la tête, que je tente, sans véritable succès, de chanter à mon Ange, qui évidemment ne percute pas. Normal, je chante aussi mal que... que... non en fait, personne ne chante aussi mal que moi. Ah si, il y a la caniche naine de ma mère, qui fait un bruit pire quand elle pleure.
Progressivement, l'air de la chanson se matérialise de mieux en mieux dans ma tête, et quelques paroles y émergent petit à petit. Les voiles tombent un à un, et je commence à préciser mon chant. On est dans le noir, mais la lumière du smart phone parvient tout de même à trahir la consternation mais aussi l'amusement sur le visage de mon Amour, par ailleurs occupée à chercher le morceau dont je parle. Je lui certifie que c'est un classique de Billy Paul, un truc connu, et que si je le connaissais étant jeune, c'est que ça devait être un morceau récent, qu'il aurait sorti dans les années 90, décennies ayant sortir vu ses derniers albums.
Finalement, je tente un "Knock at the door", comme titre ou comme parole. C'est pourtant grâce à cet indice improbable qu'elle trouvera finalement... grâce à Paul McCartney et les Wings, qui sont en fait les premiers interprètes de cette chanson, dont le titre nous est enfin dévoilé : "Let' Em In". C'est pas du tout récent, puisque j'avais deux ans quand il l'a sortie... Il nous est maintenant facile de trouver la chanson sur le net, et bientôt notre chambre résonne de la voie haut perchée de Billy Paul, sur une chanson selon moi irrésistible...
Nous voilà parti dans un moment délicieux, moi délirant sur ce petit bijou, mon Amour riant et se moquant gentiment de moi. On se câline, la nuit passe, je ne raconterais pas tout mais... bon, c'était bien. Le lendemain, hier quoi, j'étais un zombie. Mais un zombie souriant.
Je vous laisse.
Je vous laisse.
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