lundi 8 septembre 2008

Guerre chaude


Salut à tous.

Je suis quelqu'un qui s'intéresse autant à l'Histoire qu'à l'actu, sans doute parce que ces deux entités ne sont en fait qu'une seule et même chose, ce qui change c'est le point de vue temporel. L'Histoire n'est rien qu'un long bandeau qui ne cesse de se dérouler, et qu'il n'est pas possible de remonter, contrairement à ce que quelques dingues espèrent. On ne pourra pas voyager dans le temps car celui-ci ne laisse pas de traces : il se détruit dès qu'il se crée. Je sais pas si je suis très clair...

Toujours est-il qu'en ce moment, une chose m'inquiète énormément, c'est ce qui se passe en Géorgie. C'est de l'actu, mais c'est surtout l'Histoire qui s'écrit en ce moment même. L'Histoire, on ne la lit pas que dans les bouquins, à l'école : elle se lit dans les journaux aussi. On a la chance de vivre dans une époque ou l'actu est immédiate, super rapide et super réactive, et ou l'Histoire se fait et se défait à chaque seconde. Michel Strogoff, par exemple, est une fiction, mais très représentative du temps ou le téléphone, portable ou non, et évidemment le net n'existaient pas : aujourd'hui, Michel Strogoff serait un aparatchik dans un bureau, rarement sollicité pour traverser la Sibérie afin de prévenir le frère du Tsar que les Tartares s'apprêtent à l'attaquer... Aujourd'hui, un email ou un coup de fil suffiraient.

Bref, pas grand monde y capte grand chose à cette affaire géorgienne car les principaux faits ce sont déroulés alors que les JO se terminaient, et que les fandballeurs français gagnaient leur médaille... du coup, quand l'opinion s'est intéressée à cette histoire, un petit laps de temps s'était déjà déroulé. Petit mais trop long.

Pour les plus jeunes qui ne les ont pas vraiment ou du tout connues, ou les moins jeunes comme moi qui les ont traversées en pleine adolescence, les années 80 ont vu l'URSS faiblir avant de s'effondrer puis se démenteler en partie, mais auparavant elle avait quand même pris le soin d'envahir l'Afghanistan, faisant se réveiller les esprits généreux et pas du tout intéressés des producteurs d'Hollywood (Rambo III, Tuer n'est pas jouer...). A l'époque déjà, si les Soviétiques avaient envahi ce pays désertique c'était pour y conserver un influence qu'ils perdaient progressivement. Plutôt que perdre ce pays tampon entre elle et le Pakistan, soutenu par les Américains, l'URSS y est donc allé restaurer par la force son prestige, avec l'aide de l'Armée Rouge.

Lors de la révolution orange, en Ukraine (2006-07), la Russie de Poutine avait essayé de mettre au pouvoir un de ses partisans, afin de conserver, là aussi, son influence dans le pays, à défaut de le récupérer complètement. Mais les Ukrainiens s'étaient révoltés, et Poutine avait dû céder.

En Géorgie cet été, c'est pareil, mais cette fois les Russes ont monté le ton. Le sous-sol de ce pays est riche (cuivre, manganèse, hydroélectricité...) et surtout il est placé sur la route de gazoducs que les Russes aimeraient bien récupérer, ainsi que certains ports particulièrement prospères, et un accès plus grand à la Mer Noire. Quand les deux petites républiques géorgiennes, l'Ossétie-du-Sud et l'Abkhazie, réclamèrent soudainement et violemment leur indépendance, la Géorgie a répliqué, mais la Russie est intervienue et occupe depuis depuis les deux républiques, prétendant assurer la "sécurité", laissant surtout les milices des deux républiques organiser leur petit nettoyage ethnique, et envahissant de facto une partie de la Géorgie, indépendante, comme beaucoup d'anciennes Républiques soviétiques, depuis 1991. En gros, c'est comme si l'Italie envahissait la Corse parce qu'elle réclamait son indépendance...

Depuis, les Russes, dont la politique intérieure baffoue régulièrement les règles les plus élémentaires de la démocratie, narguent le monde, pour la première fois depuis 20 ans. La Russie a perdu beaucoup géographiquement en 1991, et ne l'a jamais avalé ; depuis l'avènement de Poutine, qui n'a jamais caché son admiration pour l'ancienne "Grande Russie", elle essaie par tous les moyens de restaurer son influence chez ses voisins, tout en écrasant sans la moindre pitié quelque soulèvement que ce soit, comme en Tchétchénie.

Je suis très, très inquiet à propos de cette affaire géorgienne parce que malgré tous leurs discours volontaristes, les occidentaux n'ont, dans les faits, AUCUN moyen de pression sur la Russie, qui le sait et en profite. Diplomatique ? Ce n'est pas de la pression, c'est du consensus, et ça peut durer longtemps, la preuve en Palestine. Militaire ? Soyons sérieux, qui pourrait sérieusement envisager de gagner une guerre contre la Russie, sans qu'elle n'entraîne un massacre innommable, civil et militaire ?

Une pression économique ? Là aussi, on peut franchement se gausser : la Russie fournit un quart du gaz consommé par l'Europe, et l'idée d'installer un blocus contre un pays qui occupe plus de 17 millions de kilomètres carré tient de la galéjade. la Russie est surpuissante, nucléairisée, elle fait partie du conseil de sécurité de l'ONU et se fiche pas mal que sa politique, intérieure et extérieure, ne plaise pas au reste du monde.

Ca me fait peur, parce que c'est un véritable rideau de fer que la Russie essaie de faire tomber à nouveau sur l'Europe. Après avoir récupéré la Géorgie, comme on peut le craindre malgré ses promesses faiblardes de bonne conduite, ou s'arrêtera-t-elle ? Les pays Baltes, l'Ukraine, le Bélarus, le Khazakhstan ou la Moldavie peuvent tous trembler, et j'en oublie.

A la fin des années 30, à chaque fois qu'Hitler envahissait un pays, cela faisait suite à des promesses de non agression de sa part, tandis que les leaders occidentaux, la France et l'Angleterre en tête, promettaient à leurs peuples qu'il n'y aurait pas d'autre guerre, même pour défendre la Tchécoslovaquie ou la Pologne, envahies sans la moindre raison valable. Du coup, comment aurait-on pu espérer arrêter Hitler ? Comme toujours, l'Histoire se répète, et le présent fait penser au passé.

Je voudrais juste une chose : que je me trompe. Je fais partie de la deuxième génération n'ayant pas connu de guerre sur le sol français, et franchement, j'ai pas envie de savoir ce que ça fait.

Bonnes journées quand même :p

5 commentaires:

Zaza a dit…

Je suis bien sûr assez d'accord avec tout ça, mais je vais te prêter un article intéressant de Marianne sur la Russie qui tempêre un peu tout ça. Entre autre chose, il montre comment l'Europe a bien lâché Gorbatchev au moment ou celui-ci tentait de sortir l'URSS du communisme.

Gildas Devos a dit…

Pas de problème ! Ça change rien au fait que la Russie fait furieusement flipper en ce moment :p

Zaza a dit…

La Russie, l'Europe de Sarko, l'Amérique de McCain...

Gildas Devos a dit…

Certes, mais eux n'ont pas (encore ?) envahi de pays... euh... bon bref :p Effectivement.

Zaza a dit…

Ah oui non mais c'était juste pour dire qu'en plus, y avait pas que la Russie d'emmerdant !