samedi 11 octobre 2008

C'est la lutte demi-finale


Salut à tous,

Dans le football français, en ce moment, pas grand chose ne va. L'équipe de France est dans un creux générationnel, les clubs français sont quelconques en Coupe d'Europe, et en plus le PSG n'est pas relégable. C'est dire si le moral du supporter moyen est au plus bas.

Alors, quand on lui annonce que les footballeurs vont probablement faire grève, il est forcé de reprendre la même chose, Paul. Bah ouais, lui qui émarge à peine au-dessus du seuil de pauvreté grâce au Smic, imaginer que les "millionnaires" (qui doivent être cinq en Ligue 1, et par an, pas par mois, sachant que le salaire moyen en Ligue 1 est de 49 000 euros, mais passons) du foot veulent faire grève, ça le perturbe le supporter, et y a de quoi. La désinformation est toujours très forte quand elle est portée par la démagogie.

Le fait est que cette grève n'a absolument rien à voir avec l'argent, ils ne revendiquent évidemment pas d'augmentation ou des primes ou quoi ou qu'est-ce. Mais va dire ça au supporter lambda, complètement désinformé... Si tu demandes au premier type venu pourquoi les gens font grève, il va te répondre quoi ? Pour avoir des touillettes à la machine à café ? En plus, les joueurs ne sont pas seuls : les entraîneurs et les arbitres sont solidaires, et bien comme il faut. Et ils sont ou là, les millionnaires ?

Alors pourquoi cette grève ? Parce que les présidents de club vont faire un pusch, sans rien demander à personne. Vous savez, les mêmes présidents qui veulent entrer en bourse, avoir des droits télé importants et qui râlent quand leurs joueurs partent en sélection, même si ces derniers valorisent leur club. Au conseil d'administration de la Ligue, le gouvernement du foot français quoi, les présidents comptent 12 membres sur 25 (8 de Ligue 1, 3 de Ligue 2 et le président de l'UCPF, le syndicat des présidents, le MEDEF quoi). Fort démocratiquement, ils veulent tout simplement passer à 14, ce qui leur offrirait de facto la majorité. Un pusch que les autres familles du foot, celles qui font le jeu, qui le créent et le régulent, je le rappelle, vivent mal, on s'en doute.

Ce qui est extraordinaire, c'est que depuis que l'étandard de la grève a été agité, les présidents sont fous de rage, et démontrent qu'ils ont deux siècles de retard en matière de droit de grève, même si, depuis l'élection de Sarkozy, celui-ci est totalement dilué. Le président de Bordeaux bat le record du monde de démagogie en ironisant sur cette "grève de millionnaires" et assure qu'elle n'aura pas lieu, celui de Nice annonce que même avec les jeunes, Nice jouera, et que les grèvistes auront une retenue sur salaire de 25 % (!), tandis que les représentants de l'UNFP, le syndicat des joueurs, notamment l'exemplaire Sylvain Kastendeuch, sont refoulés au Mans, à Marseille ou à Saint-Etienne (ou Kastendeuch a joué, mais il n'est pas le premier ancien Vert à vivre cette humiliation). Pas grave, ils rencontreront les joueurs (qui semblent particulièrement réceptifs, et comment ne le seraient-ils pas ?) sur le parking du centre d'entraînement, mais ces faits sont particulièrement symptomatiques.

Enfin, quand Bernard Laporte leur donne raison mais leur demande de discuter, ce qui semble être un minimum quand on demande à des gens de céder des sièges et devenir minoritaire dans une instance, et de reporter leur demande de quatre années, ces chantres de la démocratie disent "ok, on va discuter mais on attendra pas et on le fera". Ah. Ok alors pourquoi discuter ?

Sous prétexte qu'à l'étranger, les présidents ont également la majorité, comme en Angleterre par exemple, on devrait faire la même connerie ici aussi. Mais regardez le résultat en Angleterre : tous les clubs sont en bourse, il me semble, ce qui semble assez risqué en ce moment, la moitié d'entre eux ont été rachetés par des fonds étrangers, notamment du golfe, en général très douteux, et qui font des chèques à huit zéros sans regarder à la dépense pour acheter des joueurs ; dans le même temps, la formation de jeunes joueurs anglais est complètement négligée, les joueurs anglais sont en minorité dans les clubs, avec pour résultat une sélection nationale tombée dans la deuxième division européenne... D'accord, ils gagnent des coupes d'Europe, mais moi je préfère ne pas les gagner et avoir des clubs sains et à visage humain, que l'inverse. Et tant que l'ambition mégalomaniaque des présidents sera contrôlée, ce sera le cas.

Voilà, sur ces bonnes paroles, je vous laisse.

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