dimanche 27 décembre 2009

Lamballe


Comme toujours, un peu avant d'arriver sur Avranches, le Mont-Saint-Michel s'offre à moi, fendant de son éternité le ciel bleu. La météo est généreuse, je ne rate rien du vénérable, illuminé de soleil, au point de pouvoir presque deviner le moindre détail à 20 kilomètres de distance. Cette satanée route, en revanche, m'oblige à réduire à son minimum mon admiration habituelle. Quelle merveille, quand même !

Nous sommes partis de Issou vers 8h30 avec ma grand-mère et sa petite chienne si collante et léchante, Athéna. Comme toujours, mes parents m'ont conseillé une autre route, plus au sud, plus rapide, plus payante aussi. Mais moi, j'aime la route du nord, qui évite les péages de l'A13, qui passe par Evreux, Lisieux et sa basilique sublime, puis Caen, Avranches avant Lamballe. C'est la route ou je peux voir le Mont, et qui me permet de voir le plus longtemps la mer, qui m'attire tant, continuellement.

Je me demandais si le trajet allait être long, sachant que ma grand-mère est aussi bavarde que moi chevelu. Mais en fait le début passera très vite, elle me raconte son enfance pendant la guerre (elle a 10 ans à la libération, et voit la 2e DB du général Leclerc défiler à la Porte d'Orléans, elle qui vit alors à Malakoff), les choses qu'elle a vu, les résistants qui piquait le charbon dans les trains, puis comment elle a rencontré quelques années plus tard mon grand-père, puis a eu ma mère à 18 ans. Le genre de trucs de personnes agées qui repoussent habituellement les générations plus jeunes, mais dont je ne me lasse pas, je la bombarde de questions.

En fin de parcours, je suis fatigué, je n'ai pas vraiment dormi lors des deux nuits précédentes, sur le canapé familial. On est matinal de mère en fille dans la famille, et mon père ne dort pas plus longtemps, à 7h c'est le branle-bas de combat. L'arrivée à Lamballe, vers 13h15, est un soulagement, j'ai mal à la jambe qui accélère et je n'ai qu'une envie, aller m'allonger pour faire une sieste. Pourtant, si j'ai voulu faire l'aller-retour c'est pour pouvoir aller faire un retour au Val André, le petit port et la plage ou, pendant toute mon enfance, j'allais me baigner dans l'eau glacée, hiver ou été, j'allais faire de la varape avec mon grand-père et mes frères dans les rochers qui forment une main gigantesque, qui s'avance dans la mer montante.

A chaque fois que je viens à Lamballe, j'y vais. Mais là, je ne veux plus voir un volant. En revanche, un oreiller je prends. Après avoir mangé, je monte m'écrouler sur mon lit, avec un mal de crâne épouvantable pour me tenir compagnie.

Quand la langue humide d'Athéna vient me tirer de mon sommeil réparateur, je ne peux que constater l'évidence : en ces jours les plus courts, partir voir la mer à 16h30 ne vaut pas vraiment tripette. Surtout qu'en bas de l'escalier, mon aïeule demande mon aide de passionné transi d'électricité pour ranimer le néon de la cuisine. Autant demander à un chêne de fournir des pommes. J'arrive tant bien que mal à changer le starter, marche pas. Je change le tube, marche pas. Je pars au radar, avec la tête toujours fendue en deux, chez les fameux établissements Derrien, dont les immenses parking supportent tant bien que mal trois voitures, pour acheter un nouveau starter à 1 euro 10, je reviens après avoir acheté un tube de Nurofen en ville. Marche pas. Une fois de plus, la technologie, même des années 80, me résiste. Tant pis, on mangera dans le salon !

Le soir, je somnole devant Arthur, si j'étais allé me coucher à 20h je me serais écroulé. Finalement, j'y vais à 23h. A 7h, retour d'Athena, qui a elle aussi un contrat avec mon sommeil, mais dans le sens inverse que dans la chanson de Goldman. Je repars à 9h moins 20, déçu d'avoir raté le Val André. mais heureux d'avoir encore renoué avec Lamballe, mon petit Lamballe dont je ne me lasse pas.

Je vous laisse.

2 commentaires:

Zaza a dit…

Ta grand-mère n'a que 2 ans de plus que mon père !! Outch !!

Gildas Devos a dit…

En effet...